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DAU DAV

& un hunier au-dessus : leur pont est plat ; ils n’ont point de chambre à l’arriere, mais ils en ont une à l’avant : ils sont bas & étroits à l’avant & à l’arrière.

DAVID, s. m. Nom que donnent quelques Menuisiers à une barre de fer carrée qui a un crochet en bas, & un autre qui monte & descend le long de la barre. C’est ce qu’on appelle plus communément Sergent.

David Georgien, enne. s. m. & f. Nom de Sectaire. Voyez DAVIDIQUE.

DAVIDAN. Lieu des Indes, où se retirent la plupart des habitans de Gomron pendant les grandes chaleurs : il est à quatre ou cinq journées de Schiras, & l’un des plus agréables de la Perse.

DAVIDIQUE. s. m. & f. Nom de Secte. Sectateur de David George. Davidicus. David George, Vitrier, ou selon d’autres, Peintre de Gand, & fils d’un Batelier, commença en 1525 à prêcher une nouvelle secte. Il publioit qu’il étoit le vrai Messie, qu’il étoit envoyé pour remplir le ciel qui étoit vide, faute de gens qui le méritassent. Il nioit la résurrection, comme les Saducéens ; il rejetoit le mariage, avec les Adamites ; il soutenoit avec Manès, que l’ame n’étoit point souillée par le péché ; il se moquoit de l’abnégation tant recommandée par J. C. & du martyre, aussi bien que de ceux qui le souffroient. Telles étoient ses principales erreurs. Il se sauva de Gand, & se retira d’abord en Frise, puis vint à Bâle, où il déguisa son nom, & prit celui de Jean Bruck. Il mourut en 1556. Il laissa quelques disciples cachés, auxquels il avoit promis de ressusciter trois ans après sa mort. Il ne fut pas tout-à-fait faux Prophète ; car les Magistrats de Bâle ayant été informés au bout de trois ans de ce qu’il avoit enseigné, le firent déterrer, & brûler avec ses écrits par le ministère du bourreau. Il y a encore des restes de cette secte ridicule dans le Holstein, sur-tout à Fridérikstadt, où ils sont mêlés avec les Arminiens. Voyez Gautier, Chronic. Sæc. XVI. c. 8. & Alexander Rossæus Anglois.

DAVIER, s. m. Terme de Dentiste. Instrument de Chirurgie qui sert à arracher les dents. Dentarpaga, forceps, ou forceps dentiducus. Il est fait en forme de tenailles, dont les pointes sont fourchues, & entrent l’une dans l’autre. Le bout du davier qui embrasse la dent est recourbé, & tendu en fourchette, pour la tenir avec plus de fermeté. Le davier est un instrument des plus anciens de la Chirurgie, duquel on s’est servi de tout tems. Dionis.

Davier, est aussi un outil de fer à bec crochu, dont se servent les Tonneliers pour faire entrer les cerceaux autour du tonneau. Forfex doliarius.

☞ Les Imprimeurs donnent aussi le nom de davier à une petite patte de fer ou de bois, qui placée entre les deux couplets, sert, au moyen d’une vis qui traverse le grand tympan, à maintenir par en-bas le petit tympan dans l’embrasure du grand.

DAVIS. Le détroit de Davis est un bras de mer entre les Îles de Cumberland & la côte de Groenland. Il s’étend depuis la baie de Basin, qu’il a au couchant & à la mer du Nord, qu’il joint vers l’Île de S. James, ou de S. Jacques. Il a pris son nom de Jean Davis, Anglois, qui le découvrit en 1585, & qui y fit trois voyages, pour chercher un passage dans la met du Sud : ce qu’on a encore tenté depuis bien des fois, & toujours inutilement. Rochefort, dans son Voyage des Antilles, T. I, fait une grande description du pays & des peuples voisins de ce détroit.

DAULET-ABAD. Voyez DOLTABAD.

DAULIES. s. f. pl. Fêtes que célébroient les Argiens, pour renouveler le souvenir du combat de Jupiter-Protée, contre Acrisius au sujet de Danaé.

DAULLONTUS. s. m. C’est un arbrisseau de l’Amérique, haut comme un homme, fort fameux, dont les branches s’étendent tellement, qu’il les faut souvent couper. Ses feuilles ressemblent à la balsamine, découpées en leurs bords. Ses fleurs naissent en grappe comme le sureau, auxquelles succèdent des baies amères. Cette plante a l’odeur & les qualités de la camomille. On se sert des baies pour l’asthme & pour la colique.

DAUMA. Royaume d’Afrique, dans la Nigritie. Il a pour bornes celui de Madra à l’orient, le désert de Seht au septentrion, celui de Seu à l’occident, & le Royaume de Semen au midi.

Dauma. Ville des Indes, dans la grande Java.

DAUMUR. s. m. C’est une espèce de serpent qui entre dans la composition de la thériaque. Johnson.

☞ DAUN. Petite ville de l’Electorat de Trêves, sur la Lezer, à cinq lieues île Montroyal. Dauna.

DAVOS ou TAFAAS. Communauté des Grisons, & la première de la troisième Ligue, qui est celle des dix Droitures ou Jurisdictions. Elle tire son nom de son principal village, & occupe une partie du quartier oriental de la Ligue.

DAUPHIN, s. m. Poisson de mer voûté sur le dos, & couvert d’un cuir lice & sans poil. Il a le museau rond & long, la fente de la bouche longue, avec des petites dents aiguës, la langue charnue, sortant dehors, & un peu découpée al’entour, le dos noir, le ventre blanc, une nageoire au milieu du dos, deux au milieu du ventre. Sa chair ressemble à celle du bœuf ou du pourceau. Rond. Delphinus. La chair du Dauphin est solide, compacte & grossière, elle ne laisse pas d’être estimée en quelques endroits, où on la sert sur les meilleures tables ; elle nourrit beaucoup, mais elle ne se digère pas aisément. La langue & le foie du dauphin sont d’un goût plus délicat que ses autres parties, mais le foie est un assez mauvais aliment, la langue est meilleure pour la santé. On dit que le dauphin est ami de l’homme, qu’il n’en est point épouvanté, & que pour en voir il va au devant des vaisseaux, & joue tout autour en sautant. Les Poëtes ont feint qu’Arion fut sauvé par un dauphin qu’il avoit attiré par le son de sa lyre ; & depuis que la fable est inventée, on a dit que le dauphin aime la musique & le son des instrumens.

Le Dauphin est nommé la flèche de la mer, & quelquefois oie de la mer, parce que son museau a quelque ressemblance avec le bec d’une oie. Il est agréable à la vue, & d’une couleur qui change selon les divers mouvemens qu’il fait. Ses écailles sont fort petites. Il est de meilleur goût que tous les autres poissons. Sa chair a un goût de sauvagine. Il suit les vaisseaux plutôt pour profiter de ce qu’on jette hors le bord, que pour aucun amour qu’il ait pour les hommes. Les poissons volans sont la proie des dauphins & des bonites. On dit que quand ils sont en amour, ils s’accouplent comme les hommes. Ils vont en troupe, & se montrent fréquemment sur la surface de l’eau quand la mer est calme. On prit des dauphins d’une grosseur si prodigieuse, qu’il n’y avoit point de cheval qui approchât de leur taille. On en prit aussi à Gravesend qui n’étoient gueres moins grands. On ne doit donc point douter de l’existence du poisson dauphin ; mais le dauphin est un poisson chimérique & fabuleux, si l’on entend par ce mot un poisson tout-à-fait semblable aux figures de dauphins que l’on voit dans les armes & sur la couronne du Dauphin de France, dans les tableaux, dans les estampes, & dans les ouvrages de broderie, de sculpture. &c. mais il y a de véritables poissons qu’on appelle dauphins : ce mot est génétique, & comprend plusieurs espèces de poissons cétacés, qui sont le dauphin proprement dit, le marsouin, le thon, l’amia, le lamantin. Le Dauphin proprement dit, dont il est parlé ci-dessus, est très-agile, il nage avec beaucoup de vitesse, & saute fort haut hors de l’eau, il va quelquefois avec tant d’impétuosité, sur-tout quand il poursuit sa proie, qu’il s’avance trop près des terres, ce qui le fait prendre aisément, parce qu’il ne peut plus retourner en pleine mer. Quelques Naturalistes disent que la même chose lui arrive, lorsqu’il est piqué par certains petits poissons, qui le poursuivent & le tourmentent d’une manière si insupportable, qu’il est obligé de se jeter hors de l’eau pour les éviter. Les Anciens, Ovide &