Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
DEC

mont Garizim, comme ils faisoient, & pour décréditer s’ils avoient pu, le temple de Jérusalem, & le culte qu’on y rendoit à Dieu. Du reste, quoiqu’aux Samaritains près, tous, Juifs & Chrétiens, conviennent du nombre de dix préceptes, il y a quelque différence pour la manière de les diviser. Le Décalogue est un abrégé de ce que nous devons faire, somme le symbole est un abrégé de ce que nous devons croire, & l’Oraison Dominicale un abrégé de ce que nous devons demander à Dieu. Confer. d’Ang. Le décalogue est un abrégé des loix de Dieu, qui contient les devoirs de l’homme envers Dieu & envers le prochain. Il fut donné à Moïse écrit sur deux tables, dont la première contenoit les trois premiers préceptes qui regardent Dieu, & la seconde les sept autres, qui concernent le prochain.

Les Talmudistes, & après eux Postel dans son traité De Phœnicum litteris, disent que le Décalogue, ou ces dix Commandemens étoient gravés d’outre en outre sur les Tables que Dieu donna à Moise, & que néanmoins le milieu du ם, mem final, & du ס, samech, demeuroit miraculeusement suspendu sans tenir à rien. Voyez la Dissert. sur les Médailles Samarit. imprimée à Paris en 1715. Ils disent encore que le Décalogue étoit écrit en lettres de lumière, c’est-à-dire, lumineuses & brillantes.

DÉCALQUER, v. a. Terme de Peintre & de Graveur. Tirer une contre-épreuve d’un dessein. On pose pour cela un papier blanc dessus, & on le frote avec quelque chose de dur, afin de lui faire recevoir l’impression. Voyez ci-devant Contre-Epreuve.

DÉCAMERIDE. s. m. Decameris. Ce mot, qui veut dire dixième partie, est employé par M. Sauveur, dans son Traité des principes d’Acoustique, pour désigner, mesurer, connoître les intervalles & les rapports des sons.

☞ il divise l’octave en quarante-trois parties, qu’il appelle Mérides, & chaque Méride en sept parties qu’il appelle Eptamerides, & enfin chaque Eptaméride en dix autres parties, qu’il appelle Décamérides. Ainsi l’octave se trouve divisé en 3010. parties, par le moyen desquelles on peut exprimer les rapports de tous les intervalles de la Musique.

Ce mot Décaméride vient de δέκα, dix, & de μερίς, pars, partie, portion.

DÉCAMÉRON. s. m. Ouvrage qui contient les actions, ou les entretiens de dix journées. Rerum per dies decem gestarum aut dictarum narratio. Le Décaméron de Bocace contient cent Nouvelles racontées en dix Journées.

DÉCAMPEMENT. s. m. Action de quitter un camp, pour en aller occuper un autre. Voyez Camp. Le décampement se fit avec précipitation.

DÉCAMPER. v. n. Lever le camp, quitter le camp pour en aller occuper un autre. Castra movere. C’est le plus souvent la nuit qu’on décampe, quand on est près des ennemis.

On dit figurément dans un discours ordinaire, qu’on a fait décamper quelqu’un lorsqu’on lui a fait quitter la place, qu’on l’a mis en fuite, Ejicere, expellere. Dès qu’il a su qu’on avoit décrété contre lui, il a décampé. Excedere, evadere.

DÉCAMYRON. s. m. C’est le nom d’un cataplasme dont il est parlé dans Oribase, auquel on a donné ce nom, parce qu’il est composé de dix aromates différens. De δέκα, dix, & μύρον, onguent. Voyez en la composition dans le Dict. de James.

DÉCAN. Royaume de l’Asie, dans la presqu’Île de l’Inde deçà le Gange. Decanum, Decanum Regnum. Le Décan est borné au midi par le Royaume de Bisnagar, au couchant par l’Océan Indien, au nord par les Etats du Mogol ; au levant les montagnes de Gate le séparent du Royaume de Golconde. Maty dit que la Capitale est Visapour, & le P. Catrou, dans son Histoire générale du Mogol, dit que c’est Oramgabad.

DÉCAN. s. m. Decanus. Les Décans étoient de petits Officiers sous le Chambellan de l’Empereur de Constantinople, qui commandoient chacun à neuf autres. Chastelain. Ce n’étoit pas seulement à la Cour que ce mot étoit en usage ; on appeloit à l’armée Décan un soldat qui commandoit à dix autres (Nous disons Dixainier, ou Dizainier) dans les Monastères, un Moine qui avoit soin de dix autres ; dans les grandes Eglises, un Prébendé, ou Chanoine, qui en avoit dix à sa charge, & qui étoient ordinairement dix Prêtres, d’où vient que ce Décan passoit pour Archiprêtre. Dans la division d’un Evêché, un Prêtre qui avoit inspection sur dix Clercs, ou dix Paroisses, étoit aussi Décan. C’est ce que nous appelons Doyen rural, quoiqu’à présent ils ne soient pas restreints à dix Paroisses, mais qu’ils en aient souvent plus ou moins. Sur les Décans militaires, voyez Végèce, L. II. C. 8. & sur les Décans Monastiques, S. Augustin, De Moribus Eccl. Cath. L. I. C. 31. Il y a dans le Code un titre De Decanis. S. Jean Chrysostome, hom. 13. sur le Ch. VII de l’Epitre aux Hébreux, & S. Ambroise, L. V. ép. 35. parlent aussi des Décans.

Constantin fit à Constantinople un corps de 950 personnes ou familles prises de divers métiers, qu’il donna à l’Eglise cathédrale, en les déchargeant de toutes sortes d’impositions pour qu’ils rendissent gratuitement aux morts les devoirs de la sépulture, particulièrement aux pauvres. On les appeloit Decani & Lecticarii, peut-être parce qu’ils étoient divisés par dizaines, dont chacune avoit une bière, ou litière pour porter les corps. On croit que ce sont ceux que l’on commença sous Constance à appeler Copiates, c’est à dire, des Clercs destinés au travail ; car on leur donne ordinairement rang parmi les Clercs, même avant les Chantres. On les a aussi nommés fossoyeurs à cause qu’ils avoient soin de faire les fosses pour les morts. Il paroît par une loi de l’an 537. qu’il y avoit à Rome de ces Copiates : on le voit de même des Gaules sous Honorius. Mais leur nom qui est tout Grec, fait juger qu’ils venoient originairement de l’Orient, & peut- être de l’établissement que Constantin en avoit fait dans sa nouvelle ville. Tillem.

Ce nom vient de Decanus, dérivé de decem, dix. Et quoique de Décan nous ayons fait Doyen en François, on croit cependant que, quand il s’agit de ces Offices anciens, tant Ecclésiastiques que civils, on fait bien de dire Décan à l’exemple des Auteurs cités ci-dessus, & non pas Doyen ; l’usage a attaché une signification particulière au mot Doyen, qui ne conviendroit pas à ces autres Officiers. Cependant l’Abbé de la Trappe en a usé autrement au Chapitre XXI. de la Règle de S. Benoît, où il est traité des Décans des Monastères que cet Abbé appelle Doyens.

DÉCANAL, ale. adj. Qui appartient à un Décanat. Decanalis, e. Chez les Barthélemites tous les ans le Président du consentement de l’Ordinaire, doit s’assembler avec tous les supérieurs du district décanal, pour traiter des affaires qui regardent l’Institut. P. Heliot, Tome VIII. C. 6.

DÉCANAT. s. m. Décanat & Doyenné sont la même chose & signifient la dignité, la qualité de celui qui est Doyen d’un Corps ou d’une Compagnie ; mais il faut distinguer les Corps ou Compagnies Ecclésiastiques, comme un Chapitre, un Monastère, & les Corps ou Compagnies civiles & politiques, comme un Présidial, un Parlement, un Conseil, &c. Dans les Compagnies Ecclésiastiques on dit communément Doyenné, & en quelques endroits seulement Décanat. Dans les Compagnies civiles ou politiques on dit toujours Décanat, & jamais Doyenné. Ainsi on ne dira point le Doyenné du Conseil, le Doyenné du Parlement, &c. mais le Décanat du Conseil du Roi, le Décanat du Parlement, &c. On par vient au Décanat du Parlement par Antiquité. Il y a eu une grande question sur le Décanat du Conseil, savoir si les Conseillers d’Etat ordinaires pouvoient prétendre au Décanat du Conseil à l’exclusion des Conseillers sémestres, si le plus ancien Conseiller d’Etat ordinaire doit être Doyen du Conseil préférablement à un Conseiller sémestre, quoiqu’il soit dans le Conseil avant le Conseiller ordinaire. Le Conseiller ordi-