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même de ces Anniversaires de dédicace, comme celle du temple de Parthénope, dont parle Lycophron.

Dans le Christianisme, dédicace ne se dit que d’une Eglise, & c’en est la Consécration faite par un Evêque avec beaucoup de cérémonies prescrites par l’Eglise. Les Chrétiens se voyant en liberté sous Constantin, à la place des Eglises ruinées, on en bâtissoit partout de nouvelles. Leurs Dédicaces étoient des fêtes magnifiques : les Evêques s’y assembloient en grand nombre, les peuples y accouroient en foule. Fleur. A la dédicace de l’Eglise de Tyr, Eusèbe Evêque de Césarée, prononça un Panégyrique. Id. S. Athanase fut accusé d’avoir célébré l’office dans la grande Eglise d’Alexandrie avant qu’elle fût dédiée. Oui, dit-il, on l’a fait, je le confesse, mais nous n’avons pas célébré la dédicace ; il n’étoit pas permis de le faire sans votre ordre. S. Athanase ne méprisoit donc pas cette cérémonie de la dédicace des Eglises, puisqu’il se détend si sérieusement sur ce point, mais il croyoit que l’on pouvoit, en cas de nécessité, se servir d’une Eglise avant qu’elle fut dédiée. Id. Le Concile de la Dédicace, est un Concile d’Antioche qui s’y tint en 341. à l’occasion de la dédicace d’une grande Eglise que Constantin y avoit fait bâtir.

La dédicace des temples ou Eglises des Chrétiens ayant commencé à se faire solemnellement sous l’Empire de Constantin, comme on l’a dit ; on la faisoit ordinairement dans un Synode, ou pour le moins on assembloit plusieurs Evêques pour rendre la cérémonie plus auguste. Nous avons dans Eusèbe la description de celle des Eglises de Jérusalem & de Tyr, sous Constantin, & beaucoup d’autres dans des Auteurs postérieurs. Dans le Sacramentaire du Pape Gelase ; la dédicace du baptistère est marquée séparément de celle de l’Eglise, qui se faisoit alors avec moins de cérémonies, que dans les derniers temps.

On appelle aussi dédicace de l’Eglise, une Fête qui se célèbre tous les ans, le même jour, en mémoire de sa consécration, & qui est marquée par des cierges qu’on met à tous les piliers. Consecrati templi anniversarius dies. La dédicace est une Fête double qui se célèbre avec son octave.

Dédicace, terme de littérature. Adresse d’un livre qu’on fait à quelqu’un par une épitre ou par une inscription à la tête de l’ouvrage. Dedicatio. Votre Majesté n’a que faire de toutes nos dédicaces. Mol. Furetière dit, dans son Roman Bourgeois, que le premier inventeur des dédicaces fut un Mendiant.

Tu verras les Auteurs,
Dégrader les Héros pour te mettre en leurs places,
De tes titres pompeux enfler leurs dédicaces ? Boil.

DÉDICATEUR. s. m. Auteur qui dédie un livre à quelqu’un.

Rien n’est si fâcheux qu’un Auteur
Qui s’érige en dédicateur. De Malezieu.

Le mot de Dédicateur est grave & sérieux, & c’est dans ce sens que M. Bayle a dit dans ses Nouv. de la République des Let. Septemb. 1685. que M. de La Fontaine s’acquitta d’une manière fine, nouvelle & courte de sa charge de Dédicateur.

DÉDICATOIRE. adj. Ne se dit qu’en cette phrase, Epitre dédicatoire, pour dire, celle par laquelle on dédie un ouvrage à quelqu’un. Somme dédicatoire, ou Traité des dédicaces, est une satyre contre le faux Mécénas insérée dans le Roman Bourgeois. On dit que l’Arioste & le Tasse on été très-malheureux en Epitres dédicatoires. Théodore de Gaza, pour une Epitre dédicatoire qu’il fit au Pape Sixte IV. du livre d’Aristote de la nature des Animaux, n’en reçut pour récompense que le remboursement de la reliure. Il n’est pas permis de s’émanciper, & de se servir de mots douteux dans une Epitre dédicatoire comme dans le cours d’un grand ouvrage. Vaug. Une Epitre dédicatoire n’est pas une chose aisée ; on s’est déjà servi de tous les tours de souplesse qui y peuvent entrer. Bayl.

DÉDIER. v. a. Consacrer une Eglise, la destiner au culte de Dieu sous l’invocation de quelque Saint. Dedicare, consecrare. L’Eglise de Paris est dédiée à Dieu sous l’invocation de Notre-Dame. Les Payens ont dédié des temples, des autels, des statues à leurs faux Dieux, à leurs Empereurs.

Dédier signifie dans le langage ordinaire, destiner à quelque chose de saint, à une profession sainte. Destinare, addicere. Ses parens le dédièrent ds bonne heure à l’état Ecclésiastique. Il se dédia au service de Dieu.

Dédier. Signifie aussi, adresser un livre, un ouvrage à quelqu’un par une épitre ou par une inscription à la tête de l’ouvrage. Librum dicare, dedicare, honori & meritis alicujus. L’Auteur qui rabaisse trop le livre qu’il dédie n’est pas judicieux en faisant un si mauvais présent. M. Scud.

Ce n’est que maroquin perdu,
Que les livres que l’on dédie. Scarron.

DÉDIÉ. ée. part.

DÉDIRE. v. a. Je dédis, tu dédis, il dédit, nous dédisons, vous dédisez, & selon quelques-uns, vous dédites. Molière a dit.

Puisque je l’ai promis ne m’en dédites pas. Mol.

☞ Mais il ne faut pas l’imiter en cela. Le reste du verbe se conjugue comme dire. Dédire quelqu’un, c’est désavouer ce qu’il s’est avancé de dire ou de faire pour nous. Improbare, irrita habere quæ alius nostro nomine fecit ; nolle præstare quæ promesit alter nostro nomine. Il ne se dit guère qu’avec la négative. Vous voulez que cette affaire aille ainsi, je ne vous en dédirai pas. Vous me conseillez de payer cent écus de ce cheval, je ne vous en dédirai pas. Si mon Courtier en a offert davantage en mon nom, je l’en dédirai. Vous n’en serez pas dédit.

Dédire, avec le pronom personnel, signifie, rétracter sa parole. Revocare quod dictum est. On dit que c’est un privilége de Normandie, de se pouvoir dédire. Cela vient de ce que par la vieille Coutume de Normandie, il étoit permis de se dédire dans les 24 heures après la signature d’un contrat. On donnoit ce temps-là pour en délibérer, & il étoit libre de l’anuller, ou de le ratifier. Il avoit promis relie chose ; il s’est dédit.

Se dédire, se dit aussi de ceux qui disent le contraire de ce qu’ils ont dit. Palinodiam canere ; recantare dicta. Quand un témoin se dédit après la confrontation, il lui faut faire son procès. On oblige ceux qui ont dit des injures atroces, d’en faire réparation à l’Audience, & de s’en dédire. C’est un homme qui n’a point d’opinion que celle qu’on veut lui donner & qui, par une complaisance fade, se dédit tant qu’il vous plaît. M. Scud. Se dédire de ses anciennes maximes. Ablan.

☞ En parlant de ceux qui sont trop engagés dans une affaire pour reculer, pour ne la pas suivre, on dit figurément, qu’ils ne sauroient s’en dédire. La cause est appelée, il faut qu’on plaide, on ne s’en peut plus dédire. L’affaire est trop engagée ; il faut la suivre ; il n’y a plus moyen de vous en dédire.

Dédit, ite, part.

☞ DÉDIT. s. m. Révocation d’une parole donnée. Il n’est guère d’usage que dans cette phrase familière. Il a son dit & son dédit, pour dire qu’on ne peut pas se fixer à sa parole.

Dédit, se dit plus communément dans le commerce ; & signifie peine stipulée par un marché, ou dans un contrat, ou dans un compromis entre deux ou plusieurs personnes, contre celui qui ne le voudra