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DED — DEE

pas exécuter. Multa. Il lui a vendu cette charge & a stipulé un dédit de mille écus.

En la Coutume de Bordeaux, dédit & dédire signifie simplement dénégation, & dénier, ou soutenir le contraire, & non pas changer d’avis.

DÉDOMMAGEMENT. s. m. Réparation du dommage. Damni reparatio, compensatio. Quand on a mis le feu par malheur en quelque maison, on est obligé au dédommagement. Les fausses prudes tâchent de trouver dans leur modestie forcée, & dans leur déchaînement contre toutes les jolies femmes, le dédommagement de leur beauté. Damna formaæ rependere.

Pour se payer des frais d’un amour inutile,
Cléon au Châtelet fait assigner Camille.
Et poursuit de son cœur le dédommagement. Vill.

DÉDOMMAGER, v. a. Réparer un dommage. Voyez ce mot. Damnum refarcire, rependere, compensare. On a ruiné sa maison ; mais il en a été bien dédommagé. Une jeune femme cherche quelquefois à se dédommager de l’ennui que lui donne un vieil époux. Bell. L’orgueil se dédommage toujours, & ne perd rien, lors même qu’il renonce à la vanité. Rochef.

DÉDOMMAGÉ, ée. part.

☞ DÉDORER. v. a. Oter, effacer la dorure d’une chose, en tout ou en partie. Aurum alicui rei illitum detergere. Dédorer une chose à force de la toucher, de la manier.

☞ Il est aussi verbe réciproque, & signifie perdre peu-à-peu de sa dorure. Les choses dorées, la vaisselle de vermeil se dédorent avec le temps.

Dédoré, ée, part.

DÉDORMIR. v. n. Qui ne se dit que de l’eau qui est trop froide, qu’on approche du feu pour lui ôter sa crudité, ou fondre la glace. Temperare aquæ frigus. De l’eau dédormie. Vous dites que ce pot bout, à peine est-il dédormi. Si ce mot est en usage quelque part, ce ne peut-être que dans quelque province. On dit faire dégourdir de l’eau, la faire tiédir.

Dédormi, ie, part.

DÉDOUBLER, v. a. Oter la doublure d’un habit, d’un meuble, d’une tapisserie. Assutum interius vesti pannum eximere. Il a fait dédoubler son manteau à cause de la chaleur.

Dédoubler, Rendre simple & unique ce qui étoit double. On dit, en termes de guerre, dédoubler les rangs, comme on dit, les doubler. Ordines simplices efficere. Lorsqu’il faut doubler ou dédoubler les rangs pour marcher par plus ou moins de files, il faut faire comprendre aux soldats que l’on double toujours sur la gauche des premiers rangs par la droite des derniers, de même que l’on dédouble toujours par la gauche qui devient pour lors la droite du rang qui va se former ; qu’ils doivent s’accoutumer à se compter d’eux-mêmes, pour savoir ceux qui doivent doubler ou dédoubler, & se remettre insensiblement à leur chef de files en marchant. On ne sauroit trop accoutumer les soldats à doubler & dédoubler, rompre & former leurs rangs. Bombelles.

Dédoubler une pierre. Terme de Carrier. C’est la séparer en deux, dans toute sa longueur, avec des coins de fer en prenant son fil, ou litage. Il faut scier ou couper celles qu’on ne peut pas dédoubler : travail plus long & plus pénible.

Dédoublé, ée, part.

☞ DÉDUCTION. s. f. Mot équivoque & qui, suivant les différens emplois, se prend dans un sens différent. En parlant d’affaires, de calcul, il est synonyme à soustraction ; c’est ainsi que l’on dit qu’un bénéfice, déduction faite des charges, vaut tant ; qu’une succession, déduction faite des frais, des legs, &c, ne monte qu’à telle somme : c’est-à-dire, que les frais, les legs, &c. prélevés & déduits sur le principal, il ne reste de net que telle somme. Deductio.

☞ En logique & dans les autres sciences, déduction signifie une suite de raisonnemens ou de conséquences tirées d’un premier principe, qui, pour que la déduction soit bonne, doit être évident ou reconnu pour vrai. Il faut de plus que chaque conséquence suive exactement de celle qui la précède.

☞ Dans le langage ordinaire ce mot se prend souvent pour énumération en détail. Il nous a fait une longue déduction de ses raisons.

DÉDUIRE, v. a. Soustraire, rabattre, retrancher. Deducere, detrahere. On a couché cette recette tout du long, sauf à déduire. Il ne faut pas compter son bien qu’on n’en ait déduit les dettes.

Déduire, signifie aussi, Tirer une conséquence de quelque principe. Deducere. Vérités fort différentes des principes d’où elles sont déduites. Roh.

Déduire, se dit encore pour raconter fort au long & par le menu ; enarrare, exponere. Un Avocat doit avoir soin de bien déduire & expliquer le fait & les circonstances de sa cause. Si je voulois entreprendre de déduire ce qui s’est passé en Grèce, il faudroit interrompre le fil des affaires d’Asie. Vaug. Déduire ses défenses. Ce mot sent un peu le palais.

Se Déduire, signifioit autrefois se divertir. Delectari, genio indulgere. Ils se déduisoient, ils se divertissoient.

Déduit, ite. part. Un fait bien déduit éclaircit beaucoup une affaire. Narratus, expositus, deductus. Toutes choses déduites & compensées, il est dû tant de reste.

DÉDUIT. s. m. Divertissement, plaisir. Oblectatio, oblectamentum. Il aime le jeu, c’est tout son déduit. Cette femme n’est bonne que pour l’amoureux déduit. On dit aussi le déduit, le plaisir de la chasse.

Ce mot a vieilli, & ne se dit où plus qu’en style badin ou burlesque.

On appelle déduit de Vénerie, de Fauconnerie, tout le train & équipage qui sert à prendre le déduit de la chasse, les Veneurs, les chiens, les oiseaux, les valets. Venantium caterva, canes, accipitres, & reliqua suppellex. Et l’on dit, écarter le déduit, suivre le déduit, devancer le déduit.

DÉDUYER. v. n. Vieux mot. Se récréer, prendre plaisir à faire quelque chose.

DÉDYMNÉE. s. m. Dedymnæus. Premier mois de l’année chez les Achéens, qui répondoit à Janvier. Fabricii Menolog. p. 48.

DÉE.

DÉE, Nom de Rivière. Dea, Deva, Diva, Deuva. Il y a dans la Grande-Bretagne trois rivières de ce nom. L’une, qui est en Angleterre, a sa source dans le Comté de Merioneth, arrose ceux de Denbic & de Chester, & se jette dans la mer à Chester. Une autre qui est dans l’Ecosse méridionale, a sa source aux confins du Comté de Kyle, traverse celui de Galloway, du nord au sud, & se décharge dans la mer d’Irlande vis-à-vis de l’Isle de Man. La troisième est dans l’Ecosse septentrionale, traverse le Comté de Marr, & se décharge dans la mer d’Allemagne à la nouvelle Aberdéen. On pêche beaucoup de saumons dans cette rivière. Il semble que Dée est la même chose qu’en François Dive, rivière de Normandie, Diva.

DÉEL. s. m. Nom d’homme. Deicolus. S. Déel fut Moine à Luxeuil en Franche-Comté sous S. Colomban. Chastelain. Martyrol. T. I. p. 333. Il mourut en Franche-Comté à Lure, dont il a été le premier Abbé. Id. Il eut pour successeurs S. Colombin. L’Auteur du Martyrologe Anglois a fait de S. Déel un Abbé de Sutri en Toscane, où il n’a jamais été. Cela ne peut-être venu que d’avoir lu quelque part Sutrinsis pour Lutrinsis. Id. Le nom de Déel se donne assez ordinairement au baptême en Franche-Comté, surtout dans la maison de Beaufremont, même aux filles que l’on nomme Déele, & en Latin Deicola, qui est le nom dont les Modernes ont appelé ce Saint, à cause que ce mot signifie Adorateur de Dieu, au lieu que son vrai nom est Deicolus, comme on lit dans tous les Manuscrits. Il est nommé S. Diey à la marge de sa vie dans le P. Mabillon, ce qui peut le faire confondre avec S. Dié de Nevers, & avec