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DEM — DEN

DÉMUNIR. v. a. Oter les munitions, les défenses d’une place. Nudare, spoliare munimentis. Le Roi témoigne qu’il ne veut pas garder cette place, parce qu’il la démunit. Un Gouverneur ne doit pas laisser démunir sa place, en laisser tomber les fortifications, en laisser sortir la garnison, emporter les armes, les munitions.

Démuni, ie. part.

DÉMURER. v. a. Ouvrir une porte ou fenêtre qu’on a murée. Oter la maçonnerie qui la bouchoit. Démurer une porte. Januam, fenestram obturatam aperire.

Démuré, ée part.

DEN.

DÉNABA. Ou selon la prononciation Hébraïque, DINAHABA. Denaba. Ville d’idumée que les Septante appellent Δενναϐά, Dennaba. C’étoit la patrie, ou du moins la ville Royale de Bala, ou Bela, ancien Roi d’Edom, ou de l’Idumée. Gen. XXXVI. 32. 1. Paral. I. 43.

DENAIN. Voy. DENIN.

DENAING. s. m. C’est le copec de Moscovie, c’est-à-dire, une petite monnoie d’argent, qui vaut environ quinze deniers de France.

DÉNAIRE. adj. m. & f. Qui appartient au nombre dix. Denarius, a, um. L’arithmétique dénaire ou la dixme. De la Fontaine. Cet auteur écrit dénère, mais mal, il faut écrire dénaire. Ce mot vient du Latin denarius. L’Arithmétique dénaire ou la dixme est celle qui divise un tout en dix parties qu’on appelle primes, puis les primes en dix parties qu’on appelle secondes, les secondes en dix tierces, & ainsi de suite en quartes, en quintes, en sextes, &c. Voyez La Fontaine.

Se DÉNANTIR. v. n. p. Abandonner les assurance qu’on peut avoir. Ce mot est d’usage particulièrement en Picardie, & dans les autres provinces du Nord de la France.

☞ DENAT. Petite ville de France, dans le Languedoc, au Diocèse d’Albi, sur l’Asson, Généralité de Toulouse.

DÉNATES. s. m. & plur. Pénates, Dieux domestiques. Denates, Penates. Denis d’Halicarnasse, L. I. où il parle des Dieux pénates, dit que l’Historien Timée a écrit que la figure, ou statue, l’effigie des Dieux Dénates, ou Pénates, n’étoit autre chose que des bâtons de cuivre ou de fer courbés, & un vase Troyen de terre cuite ; & que c’est-là tout ce qu’Enée apporta de Troye ; mais il dit que pour lui, il a vu un temple à Rome près de la grande place, où ces Dieux étoient représentés assis, tous la forme de deux jeunes hommes, ayant chacun un dard en main ; que tout cela sont des symboles des Dieux tutélaires, que la posture d’un homme assis marque la sureté ; que les javelots signifient qu’ils repoussent les violences & les outrages, & que la jeunesse désigne l’accroissement d’un état ; qu’au reste l’inscription étoit Denates, parce que les Anciens, avant l’invention de la lettre P, se servoient de la lettre D. Tel est le récit de l’Historien des Antiquités Romaines, qui pourroit bien s’être trompé. Souvent la queue du P est si petite sur les médailles, qu’il n’y a nulle différente entre cette lettre P & un D. La même chose pourroit bien être de l’inscription qu’avoit vu Denis d’Halicarnasse, où la queue du P pouvoir être rongée par le temps ; car que les anciens habitans de l’Italie n’eussent point la lettre P, c’est une erreur que plusieurs noms propres qui nous restent de cette antiquité si reculée réfutent suffisamment ; par exemple, Capys, Capetus, Picus, Pilumnus, Pallas. Les Troyens avoient aussi la même lettre, témoins les noms Palinurus, Paris, Pergama, Phriges, Priamus, Procus, &c.

DÉNATTER. v. a. Défaire de la natte, ou détortiller ce qui étoit tortillé en natte. Storeas detrahere. On fait dénatter, ôter la natte de cette chambre. On a dénatté ses cheveux qui étoient nattés. Cirros decussatim implicatos solvere.

DÉNATURALISER, v. a. Mot factice qui signifie, priver quelqu’un des droits & des privilèges de Regnicole, le traiter en étranger, le destituer de ses charges & de ses dignités.

DÉNATURÉ, ée. adj. Qui a perdu les sentimens de la nature ; qui manque des sentimens naturels d’affection & de tendresse pour les plus proches parens. Inhumanus. Une mère qui désavoue sa fille est une mère dénaturée. Un fils qui machine quelque chose contre son père, est un fils dénaturé. Un père qui déshérite son fils sans sujet, est un père dénaturé. On le dit aussi des actions qui sont contraires à ces sentimens. Action barbare & dénaturée.

Dénaturé, ée. part. du verbe dénaturer. Biens dénaturés. Voyez le verbe suivant.

DÉNATURER, v. a. Faire changer de nature à quelque chose. Il ne se dit guère que dans cette phrase : Dénaturer son bien, pour dire, vendre ses propres pour faire des acquêts, dont on ait la libre disposition. Cette partie se plaint de ce que les biens en question sont dénaturés par la disposition d’une sentence insoutenable. On oblige quelquefois une femme à dénaturer son bien avant que de l’épouser, afin de la mettre en état de faire de plus gros avantages à son mari que la coutume du lieu ne le permet. Il faudroit l’obliger à dénaturer son bien, à vendre ses terres, pour vous en donner le prix de la main à la main. Le Marquis d’Argens, quarante-neuvième Lettre Cabalistique. Il est de principe que la Comédie est essentiellement destinée à peindre les mœurs, & à ridiculiser les défauts qui régnent dans la vie commune, & non à représenter les mœurs & les vices des Grands, de ceux qu’on appelle les Dieux de la terre, c’est-à-dire, des Rois, des Princes & de leurs Ministres. C’est dans la Tragédie que leur place est marquée : c’est-là que, par la peinture de leur caractère vertueux ou vicieux, le Poëte se propose d’exciter à la vertu, & d’éloigner du vice. Introduire dans la Comédie ces grands personnages ne me paroît pas plus raisonnable, que de mettre un Financier ou un Médecin dans une Tragédie. Il ne faut jamais dénaturer les genres. Observ. sur les Ecrits Mod. T. XI. p. 4. & 5.

DENBIGH. Ville de la Principauté de Galles en Angleterre. Denbiga. Elle est capitale du Comté de Denbigh, en Anglois, Denbigh-Shire, & située sur la petite rivière de Cluyd. Le Comté de Denbigh est une Province de la Principauté de Galles. Il est borné au couchant par la Province ou contrée de Caernarvan ; au midi par les Comtes de Mérioneth & de Montgommery ; au levant par ceux de Shrop & de Chester ; & au nord par celui de Flint & par la mer d’Irlande.

DENCHÉ ou ENDENCHÉ. adj. Terme de Blason, qui se dit des pièces honorables de l’Ecu qui sont bordées de dents ou de pointes. Denticulatus. On met cette différence entre ce qui est denché & engrêlé, que dénché se dit lorsque les pointes sont assez grosses & taillées droites, faisant un angle dans leurs intervalles, comme les dents d’une scie ; au lieu que l’engrêlé a les pointes petites, & ses ouvertures creuses & vides, & un peu arrondies. On voit plusieurs chefs & sautoirs denchés, plusieurs bandes & bordures endenchées. Il porte d’argent à la croix denchée de gueules. Colomb.

DENDE. s. m. C’est le nom que les Orientaux donnent à une espèce de Ricinus, qu’on appelle encore Abelmoluch.

DENDER. Rivière des Pays Bas. Nous prononçons Dendre. On la nomme aussi Denre & Tenre, en Latin Tenera. La Dender, ou Dendre, a sa source dans le Hainaut, & se jette dans l’Escaut à Dendermonde.

DENDERMONDE ou DENDREMONDE. Ville des Pays-Bas, dans la Flandre, à l’embouchure de la Dender dans l’Escaut. Teneræmunda. Nous prononçons Dendremonde. Elle a été ainsi appelée à cause de sa situation. Voyez le Voyage des Pays-Bas, du P. Boussingaut. On l’appelle aussi Dermonde & Ten-