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DEP — DER

ou des affaires dont il s’agit. Essayons de ramener les esprits par une seconde députation. Vaug.

Députation, se dit aussi du Corps des Députés. Un tel Evêque est le Chef de la Députation des Etats de Languedoc, il porte les cahiers.

☞ DÉPUTÉ. s. m. ou adj. pris substantivement. Celui qui est envoyé par un Prince, par une Communauté, par son Corps, par sa Compagnie, pour s’acquitter de quelque commission. Legatus. Ce mot ne sauroit s’appliquer à celui qui est envoyé par un simple particulier. Le Parlement n’a point été en Corps à une telle cérémonie, il n’y a assisté que par Députés. Voilà le Député d’une telle Province. Les Députés du premier ordre, du second ordre. Les Provinces d’Etats en France envoient au Roi des députés pour présenter le cahier des Etats ; il y a toujours trois députés un pour chaque ordre. C’est le députe du premier ordre qui fait le compliment au Roi. Il y a des députés en Cour, ce sont ceux que les Etats envoient à la Cour. Il y a aussi des députés ordinaires, au moins dans quelques Provinces, ce sont ceux qui demeurent dans la Province pour y faire les affaires dont les Etats sont chargés. Un Commissaire député pour l’instruction d’un procès.

Dans les villes de Turquie il y a toujours des députés pour traiter avec les officiers du Grand-Seigneur, des Tributs & autres affaires : ces députés sont trois ou quatre des principaux & des plus riches bourgeois de chaque ville : l’emploi de ces députés est fort onéreux & fort désagréable.

On dit proverbialement, les Députés de Vaugirard, qui viennent en corps, & ne font qu’un.

Député, Envoyé, Ambassadeur, dans une signification synonyme. L’Ambassadeur représente la personne du Souverain. L’Envoyé est l’interprète de ses sentimens. Le député est le représentant & l’interprète d’un Corps particulier, d’une Compagnie.

Député, Nom d’un bas officier de l’Eglise de Constantinople. Deputatus. δεποτατος. Le nom de Député, en ce sens, signifie un emploi, & non pas une charge, ou une dignité. Le Député est chargé d’appeler les personnes de condition à qui le Patriarche vouloit parler, & d’écarter le peuple quand ce Prélat marchoit ; le Député étoit, comme il paroît, une espèce d’huissier, ou de bedeau. Il étoit aussi chargé du soin des habits sacrés, de les plier, de les serrer, de les conserver. C’étoit une espèce de Sacristain.

Député, dans l’Antiquité, s’est dit encore : 1o. des Armuriers, ou de certains ouvriers qui travailloient à la fabrique des armes dans les forges. 2o. Députés étoient encore des gens actifs, qui suivoient les armées, & qui, dans les actions, étoient chargés de retirer les blessés, & d’en avoir soin. Toutes ces sortes de gens s’appeloient deputati.

Député, du Commerce. C’est un Marchand qui est élu à la pluralité des voix, ou par le scrutin, dans l’Assemblée générale des Chambres particulières du Commerce, pour assister au nom de la Chambre dont il est Député, au Conseil Royal du Commerce établi à Paris.

DÉPUTER. v. a. Envoyer quelqu’un avec commission. Legare, allegare aliquem cuipiam, ad quempiam. Il ne se dit point d’un particulier qui envoie, mais seulement d’un corps ou d’une personne en autorité. Députer vers quelque Prince, ou quelque Assemblée, pour lui rendre ds soumissions, pour lui représenter ses besoins, lui faire des remontrances, pour faire & négocier ses affaires, assister à quelques délibérations, ou autres choses semblables. Tous les Princes d’Allemagne ont député à la Diète. Chaque ville, ou chaque Corps d’une Province, députe à l’Assemblée des Etats. Le Parlement a député un Président & six Conseillers pour faire au Roi de très-humbles remontrances, pour le féliciter sur une telle nouvelle, pour lui rendre raison d’une telle affaire. Le Chapitre a député deux Chanoines pour venir solliciter ses affaires au Conseil. Tous les Diocèses ont député pour tenir l’Assemblée du Clergé

On diroit que le Ciel le députant exprès
N’a confié qu’à lui ses oracles secrets.

Député, ée. part.

DEQ.

DÉQUEURIR. v. n. Vieux mot. Découler.

DEQUIM, ou DEQHIM. Comme écrivent les Portugais, ainsi qu’on le peut voir dans la Catte des sources du Nil par le P. Jéronymo Lobo. C’est un Royaume de Nubie, au milieu duquel passe la rivière de Tacase. Mary dit que les habitans de ce Royaume sont appelés Baullous ; la Carte que je viens de citer, écrit Ballots, & ne semble pas renfermer ces peuples dans le seul Royaume de Dequim.

DEQUOI. Quand ce mot sert à interroger, il signifie de quelle chose. Quâ de re. De quoi s’agit-il ? De quoi parlez-vous ? Ablanc.

Quand ce mot n’est pas une interrogation, il signifie, quelque chose. Res familiaris. Ainsi l’on dit, qu’un homme a bien dequoi, pour dire qu’il a du bien, qu’il a dequoi vivre, dequoi payer, &c.

Dis-moi, ami, que vaut-il mieux avoir,
Beaucoup de biens, ou beaucoup de savoir ?
Je n’en sais rien : mais les Savans je voi,
Faire la cour à ceux qui ont dequoi. S. Gel.

On dit par manière de civilité à ceux qui eemercient ; qu’il n’y a pas dequoi, pour dire que cela ne vaut pas un remerciement. Non est quod agas gratias.

On dit proverbialement qu’il n’y a pas dequoi fouetter un chat, pour dire, qu’il n’y a pas de matière d’imposer la moindre peine. On dit aussi, voilà bien dequoi, pour dire, que le sujet dont on parle, n’est nullement considérable.

DER.

DÉRAC. s. m. Ancienne mesure d’Egypte. Mensura Egyptiaca, Derac. Le Dérac étoit la coudée Egyptienne. Greaves, dans son Traité du pied Romain, nous a donné la précision du Dérac du Caire, par rapport à nos mesures. M. Cumberland a prouvé, dans son Essai, que ce dérac étoit l’ancienne coudée d’Egypte & des Hébreux ; & que la sixième partie de son cube faisoit le bath. Le Pelletier dans Vign. Marv. Greaves, dans son Traité Anglois du pied Romain pag. 41. assure que le dérac du Caire contient 1824 millièmes du pied de Londres ; donc le pied de Roi de Paris, en comprenoit 1104 plus . Le Pelletier, dans sa Dissertation de l’Arche de Noé C. 30e. croit que le dérac a pu être la coudée de Noé & des Hébreux. Sur des autorités d’Ezéchiel & d’Hérodote il prétend que la coudée des Hébreux étoit la grande coudée de Babylone, que l’on appelle אצילה, atsilah, la coudée des grands ; & que l’autre βασιληίος πήχυς, la coudée royale ; & qu’ils sont de six paumes orientales, ou d’une paume plus longue que la médiocre de Babylone, égale à la coudée de Samos ou des Grecs, & à la médiocre d’Egypte. De sorte que la coudée de Memphis, ou le dérac, ayant été trouvé sur l’étalon du Caire de 1824. millièmes des 1000 qui divisent le pied d’Angleterre, la paume ou sixième partie de cette coudée, ôtée des 1824 millièmes de sa longueur, il en reste 1520 pour la coudée Grecque égale à la médiocre de Babylone & d’Egypte. Et, parce que l’ancien Arpenteur Hygin a remarqué que le pied Grec étoit plus long d’un demi-pouce que le pied Romain, il en infère que la coudée Grecque étoit à la Romaine, comme 25 sont à 24 ; & que, si la coudée Grecque étoit de 1520 de ces millièmes, la Romaine en devoit être de 1459 & le pied Romain qui en avoit les deux tiers, devoit en contenir par conséquent 972 . Aussi Greaves a trouvé que l’ancien pied Romain marqué sur