desseller. Voilà un cheval essouflé qui crève, il le faut un peu dessangler, lui lâcher ses sangles. On dit aussi, desanggler des chaînes, un lit de repos, quand on ôte les sangles qui soutenoient leur garniture.
Dessanglé, ée. part.
DESSAOULER, v. a. (On prononce dessouler, & quelques-uns l’écrivent.) Terme bas & populaire. Abattre les fumées du vin, faire qu’on cesse d’être saoul. On croit que le tabac en fumée, la soupe à l’oignon dessaoulent.
☞ Ce verbe est aussi neutre. Cet homme ne dessaoule pas, il est toujours ivre.
Dessaoulé, ée. part.
DESSARTER, ou DESSERTER. Terme d’Agriculture, défricher une terre couverte de ronces, de buissons, de mauvaises herbes, &c. Incultum & rude solum colere, arare.
DESSAU, ou DESSAOU. C’est un petit Fort ou Château de la Judée, dont il est parlé au 2e Mach. xiv. 16. mais dont la situation n’est point marquée. Ziegler & le P. Lubin conjecturent qu’il étoit assez près de Jérusalem, au septentrion.
☞ DESSAUTEUR. s. m. Nom que les Grecs donnoient à ceux qui révéloient les mystères des orgies de Bacchus qui ne devoient point être connus du peuple. Enc. Voyez Orgies.
DESSAW. Ville du Cercle de la haute Saxe en Allemagne. Dessavia. Cette ville est la capitale de la Principauté d’Anhalt, & la résidence des Princes d’Anhalt Dessaw. Dessaw est situé au confluent de la Multe & de l’Elbe. Ce n’étoit autrefois qu’un bourg dépendant de la Seigneurie de Waldersée. Albert le Jeune & son frère Waldemar le firent agrandir, & entourer de murailles l’an 1341. Corn.
DESSÉCHANT, ante. part. prés. & adj. Exsiccans. Qui consume, qui emporte l’humidité. Des remèdes désséchants, un vent desséchant.
DESSÉCHEMENT. s. m. Action par laquelle on dessèche, & qualité, disposition, état d’une chose qui a été desséchée. Siccitas, pour ce dernier sens ; & pour le premier, Siccatio, exsiccatio, dessicatio. Ces tubercules ne diffèrent entr’eux que du plus au moins de dureté & de desséchement de la matière qui les compose. Dion. On est venu à bout du desséchement des marais de Poitou. En Hollande on est continuellement occupé au desséchement des terres. On ne remédie point au desséchement du poumon.
☞ Dessèchement, se dit, en Médecine, de l’état où est le corps humain, lorsqu’il est parvenu à une extrême vieillesse. On l’emploie aussi comme synonyme à marasme. Voy. ce mot.
DESSÉCHER, v. a. Oter l’humidité de quelque chose, la rendre seche. Siccare, exsiccare, dessicare. Le tabac pris en fumée dessèche le cerveau, en dissipe l’humidité. Le soleil fait le sel, en desséchant les marais salans. On dit aussi, dessécher des marais, quand on fait écouler les eaux par plusieurs rigoles ou saignées, ou avec des machines, les mettre à sec. On desséche un étang pour pêcher le poisson. On desséche des terres pour les mettre en labour. M. Fléchier s’en est servi dans le figuré. La grace éteint le feu des passions, & desséche l’amour propre jusqu’aux racines. Fléch. L’extrême justesse desséche le discours. Bouh. C’est-à-dire le rend moins fleuri, moins élégant. L’étude des sciences abstraites desséche l’esprit.
On dit aussi, en termes de spiritualité, Dessécher le cœur ; pour dire diminuer le goût de la piété, diminuer la dévotion, ôter l’onction. Il est impossible qu’avec le temps les sciences profanes & abstraites ne dissipent l’esprit & ne desséchent le cœur. Bouh. Le commerce du monde desséche la dévotion.
Dessécher. Terme de Philosophie Hermétique, qui signifie, rendre la nature parfaite à force de la faire cuire. Coquere, coquenda perficere.
Dessécher. Terme de Pharmacie. Consumer l’humidité des médicamens, qui étant nuisible ou superflue y causeroit de la pourriture, & empêchant qu’on ne les pût mettre en poudre, offusqueroit & surmonteroit la chaleur.
☞ Dessécher. Terme d’Affinage. Désunir le plomb & l’étain d’avec le cuivre qui a servi à l’affinage.
☞ Dessécher les pignes d’argent, les faire passer au feu, pour faire évaporer le mercure ou l’on auroit pu les tremper pour les rendre plus pesantes.
Desséché, ée. part. Siccatus, exsiccatus.
DESSEIGNER. v. a. Delineare. Le plus grand nombre écrit & prononce dessigner. Voy. ce mot, M. Félibien dans le premier tome de ses entretiens sur la Vie des Peintres, met toujours dessigner & Dessignateur ; mais il se corrigea dans le second tome, & depuis & compris l’endroit où il parle d’Annibal Carache, il a toujours mis dessiné & Destinateur.
☞ DESSEIN. s. m. Concilium. Le dessein est proprement ce mouvement de l’ame par lequel on se détermine à tenter ou à ne pas tenter une chose. Ce mot est synonyme à projet.
☞ Ces deux mots se prennent aussi également pour la chose même qu’on veut exécuter. Quoiqu’ils soient alors encore plus synonymes, on ne laisse pas d’y trouver une différence : la voici, dit M. l’Abbé Girard, telle que j’ai pu la déveloper. Il me semble que le projet regarde alors quelque chose de plus éloigné & le dessein quelque chose de plus près. On fait des projets pour l’avenir. On forme des desseins pour le temps présent. Le premier est plus vague, l’autre est plus déterminé. Un bon Ministre d’Etat n’a d’autre projet que la gloire du Prince & le bonheur des sujets. Un bon Général d’armée a autant d’attention à cacher ses desseins, qu’à découvrir ceux de l’ennemi.
☞ On dit faire des projets, former un dessein des desseins. On dit aussi commettre un crime de dessein formé, de guet-à-pens.
☞ Il y a de la différence entre dessein & projet, un projet est médité & arrêté ; ainsi on fait un projet. Dessein donne une idée plus vague, voilà pourquoi on dit qu’un Général fait un projet de campagne & non pas un dessein de campagne. Voltaire.
☞ On peut encore considérer ce mot comme ayant quelque rapport avec volonté, intention. M. l’Abbé Girard nous apprend les nuances délicates qui distinguent ces mots. La volonté est une détermination fixe, qui regarde quelque chose de prochain ; elle le fait rechercher. L’intention est un mouvement de l’ame qui envisage quelque chose d’éloigné, elle y fait tendre. Le dessein est une idée adoptée & choisie, qui paroît supposer quelque chose de médité, de méthodique ; il fait chercher les moyens & l’exécution.
Quand la volonté de servir Dieu vint à l’Abbé de la Trape, ses premières intentions furent de faire une austère pénitence, & il forma pour cela le dessein de se retirer dans son Abbaye & d’y établir sa réforme.
On peut enfin le considérer comme synonyme à but & vues par l’idée générale que présentent ces mots. Dans ce cas voici les idées particulières qui les distinguent. Le but est plus fixe : c’est où l’on veut aller ; on suit les routes qu’on croit y aboutir, & l’on fait ses efforts pour y arriver. Les vues sont plus vagues ; c’est ce qu’on veut procurer, on prend les mesures qu’on croit y être utiles ; & l’on tâche de réussir. Le dessein est plus ferme ; c’est ce qu’on veut exécuter ; on met en œuvre les moyens qui paroissent y être propres ; & on travaille à en venir à bout. Le véritable Chrétien n’a d’autre but que le ciel, d’autre vues que de plaire à Dieu, ni d’autre dessein que de faire son salut.
Le mot de dessein par rapport aux Sciences & aux Arts signifie la pensée, le plan, la représentation géométrale de l’ordre, de la distribution, & de la construction d’un tableau, d’un Poëme, d’un livre, d’un bâtiment. Designatio, descriptio, adumbratio. On peut encore se servir du mot Ichnographia, quand
