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DIA

cipe aux saints mystères, & la cérémonie finit. Voyez la Version des Ordinations des Maronites du P. Jean Morin.

L’éventail, flabellum, dont il est souvent parlé dans les Pontificaux, & qu’on donnoit aux Diacres dans la cérémonie de leur ordination, a été en usage dans l’Eglise Latine, aussi bien que dans l’Eglise Grecque ; mais bien plus dans la Grecque que dans l’Eglise Latine, où le froid du climat rend les mouches & les autres insectes semblables moins incommodes : & parce que c’étoit une des fonctions des Diacres de chasser les mouches durant le saint sacrifice, on leur donnoit un éventail en les ordonnant.

Diacre d’honneur. Diaconus honorarius, ou assistens. Le Diacre d’honneur est un Diacre qui assiste celui qui dit une Messe solennelle, sans faire aucune fonction de Diacre : il est seulement revêtu des ornemens de son Ordre. Quelques Auteurs disent que les Diacres d’honneur dans leur institution n’avoient point l’Ordre de Diacre, & qu’ils pouvoient par conséquent se marier ; mais, parce qu’ils approchent de si près des autels, on jugea à propos dans la suite de ne point recevoir de Diacres honoraires qui n’eussent l’Ordre de Diacre, & qui ne fussent obligés au célibat.

Diacre d’Office. Diaconus ministrans. Le Diacre d’office est celui qui assiste un Prêtre qui dit la Messe, & qui fait les fonctions de son Ordre de Diacre, en quoi il diffère du Diacre d’honneur, qui ne fait aucune fonction de son Ordre, & qui assiste simplement. Les jours les plus solennels il y a à la Messe un Diacre d’honneur & un Diacre d’office.

DIACRIEN, enne. s. m. & f. Nom d’une ancienne faction dans Athènes. Diacrianus, a. Il y avoit deux partis dans Athènes. L’un étoit des partisans de l’Oligarchie, qui vouloient qu’il n’y eût que peu de personnes employées au gouvernement. L’autre étoit de ceux qui vouloient que le gouvernement fût démocratique ou populaire, c’est-à-dire, que tout le peuple y eût part. Les premiers s’appeloient Diacriens, & les autres Pédiaques. Ceux-ci habitoient dans la basse-ville, & ceux-là dans le haut quartier d’Athènes. Les loix de Solon portoient que Pisistrate seroit le Chef des Diacriens. On dit cependant que Pandion distribua le quartier des Diacriens à ses fils, & mit Lycus à leur tête ; c’est le Scholiaste d’Aristophane qui nous l’apprend sur la Comédie des Guêpes, p. 518. édit. de Genève.

DIACRIZER. Soudiacrizer. Ces verbes, inventés par Henri Etienne, sont neutres, quand ils signifient faire les fonctions de Diacre & de Soudiacre aux Messes hautes ; & actifs, quand il s’agit des Messes qu’il appelle Diacrizées & Soudiacrizées, c’est à dire, servies par des Diacres & des Soudiacres. Voy. son apologie pour Hérodote, chap. 39. art. 6. Tom.3. pag. 292.

DIACYDONITE. adj. Terme de Médecine & de Pharmacie. Il se dit des choses, des remèdes où il entre des coins. La confection diacydonite est de la confection de coins, de la confection où il entre des coins.

Ce mot vient de διὰ & de κυδάνιον, coin. Voyez Dia.

DIADÊME. s. m. C’étoit autrefois un bandeau Royal tissu de fil, de laine, ou de soie, qui étoit la marque de la Royauté, parce que les Rois s’en ceignoient le front, pour laisser la couronne aux Dieux. Diadema, fascia candida. Il étoit d’ordinaire blanc & tout simple ; mais quelquefois il étoit de broderie d’or, chargé de perles & de pierreries. On entortilloit quelquefois le diadême autour des couronnes & des chapeaux de laurier, & on le portoit en diverses parties du corps : car Phavrionus témoigne que Pompée fut soupçonné d’aspirer à la Tyrannie, à cause qu’il portoit une jarretière blanche, pour servir de ligature à un ulcère qu’il avoit à la jambe. Pline, liv. 7. chap. 5. dit que Bacchus fut le premier inventeur des diadêmes. Athénée dit que les buveurs s’en servoient pour se garantir des fumées du vin en se serrant la tête, & que depuis on en a fait un ornement royal. On ne convient pas du tems où les Empereurs Romains prirent le diadême, qui étoit la marque de la souveraineté. On dispute si ce fut Caligula, ou Aurélien, ou le Grand Constantin. Il est certain du moins que les premières effigies des Empereurs Romains sont ornées de diadêmes, ou de bandeaux seulement. Depuis ils prirent des couronnes rayonnées, pour représenter l’éclat de la Divinité.

Le diadème est plus ancien que la couronne. C’est le propre ornement des Rois, qui n’est devenu que dans le bas-Empire celui des Empereurs. Je sais qu’un Savant a prétendu que le diadême étoit un privilége attaché à la qualité d’Auguste. Jornandès dit qu’Aurélien est le premier des Empereurs Romains qui ait pris le diadême. C’est un tissu tantôt plus & tantôt moins large, dont les extrémités, nouées derrière la tête, tombent sur le col. Ce n’est que depuis Constantin, que les Empereurs Romains s’en sont servis (sur les médailles) en le relevant par des perles, ou par des diamants, ou simples, ou à double rang, & ont permis aux Impératrices de le porter ; ce qui ne s’étoit point vu dans le haut-Empire, où jamais tête de femme ne fut couronnée. Je dis dans l’Empire & dans le haut-Empire, parce que nous trouvons des Reines sur les médailles Grecques, & dans le bas-Empire, qui portent le diadême, ou la couronne, témoin Josape, Théodora, Galeria, Valeria. P. Jobert. Les Rois de Syrie, d’Egypte, du Pont, de Bithynie, & autres d’Asie, portent aussi le diadême sur leurs médailles.

Le jeune Victor dit qu’Aurélien prit le diadême, ce qu’aucun Empereur Romain n’avoir encore osé faire ; car, quoique le même Victor écrive que Caligula l’avoit fait, on voit par Suétone qu’il en avoit seulement eu la pensée, & on l’empêcha de l’exécuter. Héliogabale en prit un ; mais ce ne fut que dans le Palais, & non pas pour paroître en public : Jornandès en attribue même le commencement à Dioclétien. Néanmoins il y a une médaille d’Aurélien, avec une couronne assez semblable à celle de nos Ducs, soutenue par une bordure de perles, qui a grand rapport à un diadême ; & ceux qui ont expliqué cette médaille, disent que c’en est un : Spanheim convient aussi qu’il le prit. Ses successeurs l’imitèrent ; & néanmoins cet ornement Royal ne devine commun & ordinaire que sous Constantin. Tillem.

Un Auteur du V. siècle dans Bollandus, Jan. T. I, p. 45. A. prétend que Constantin a porté le premier le diadême, & qu’il ne le prit d’abord que pour serrer ses cheveux, & les tenir en état. Cela a peu d’apparence ; & il est certain au moins que quelques Empereurs ont porté le diadême avant lui, comme Aurélien & Carin. Eusebe l’attribue à Constance Chlore, lors même qu’il n’étoit encore que César ; & cela se vérifie par une de ses médailles, où on le voit avec un diadême orné de rayons ; quoique, même depuis Constantin, & depuis que le diadème fut devenu un ornement ordinaire des Augustes, on ne le donnât pas toujours aux Césars. On le trouve dans quelques médailles de Julien encore César ; & néanmoins il ne l’eut point qu’étant Auguste. M. du Cange ne veut point soutenir que Constantin ait pris le premier le diadême ; mais qu’il en a fait le premier une espéce de casque, ou de couronne fermée, comme on le voit dans quelques-unes de ses médailles, & dans celles de ses successeurs. Tillem.

Le mot de diadême vient de diadema, en Grec διάδημα, qui veut dire, une bandelette qui entoure la tête : dans son origine il veut dire, ce qui lie, ce qui entoure, & διάδημα vient de διαδέω alligo, verbe composé de la préposition διὰ & δέω je lie.

Diadême, se prend en général pour la dignité Royale, ou la souveraineté, sur-tout en poësie. On lui a offert le diadême. Refuser le diadême.

Nul n’a porté si haut l’honneur du diadême, Bens.