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DIA

nes de l’ordre Corinthien ont dix diamètres, ou modules de hauteur. Dict. de Peint. & d’Arch.

DIAMORUM. s. m. Terme de Pharmacie. Il y a le diamorum simple & le composé. Le diamorum simple est le sirop de mûres ordinaire, qu’on fait avec le suc de mûres & le sucre. Il est bon pour les maux de gorge & pour arrêter la dysenterie. On fait aussi un diamorum simple avec le suc de mûres & le miel, qu’on appelle autrement rob de mûres. Le diamorum composé se fait avec du suc de mûres, du sapa, du verjus, de la myrrhe & du saffran. On s’en sert pour déterger les flegmes de la poitrine, & pour faciliter la respiration. Ce mot a été fait de morum, mûre.

DIAMPER. Ville des Indes, dans le Royaume de Cochin, sur la rivière & la côte de Malabar.

DIANE. s. f. Terme de Mythologie. Déesse des anciens Payens. Diana. Les Grecs l’appellent Artemis. Diane étoit fille de Jupiter & de Latone, sœur jumelle d’Apollon, née avec lui dans l’Ile de Delos, & élevée avec lui, comme le disent Hésiode, dans sa Théogonie, v. 14 & 918, & Homère dans l’Hymne qu’il a fait à sa louange, & tous les Poëtes. Au reste Diane étoit le nom qu’elle portoit sur la terre ; car cette Déesse étoit en quelque sorte une triple Divinité, qui avoit dans les Enfers, au Ciel & sur la Terre, des noms, des qualités & des emplois tous différens. Aux Enfers elle s’appeloit Hécaté. Voyez ce nom ; au Ciel, Lune, Phœbe, Délie & Cinthie ; sur la Terre, Diane & Lucine. Nous ne parlerons ici que de Diane, Divinité de la Terre. Voyez aux autres noms ses qualités & ses fonctions. Diane avoit deux emplois sur la terre. Elle étoit Déesse de la Chasse, des forêts & des Montagnes, comme il paroît par Horace, Liv. III, Od. 22, & par les Poëmes séculaires du même Auteur & de Catulle. Celui-ci même met encore les Fleuves dans sa dépendance. Diane étoit Vierge, & aimoit sur tout la pureté & la virginité. C’est pour cela qu’on dit qu’elle fuyoit les compagnies & les assemblées, & qu’elle étoit toujours dans les forêts & sur les montagnes, accompagnée seulement de quelques Nymphes aussi chastes qu’elle, & qu’elle s’occupoit continuellement de la chasse, exercice capable de l’éloigner & de la détourner de tout ce qui étoit contraire à sa vertu favorite. Cicéron, Lib. III, De Nat. Deor. n. 58, distingue deux autres Dianes. La première étoit fille de Jupiter & de Proserpine, mère de Cupidon ; & l’autre, que Cicéron met la troisième, avoit Upis pour père, & Glaucé pour mère, & les Grecs l’appeloient souvent du nom de son père Upis.

On représentoit Diane en habit de Chasseresse, les cheveux retroussés & noués par derrière, sa robe retroussée avec une seconde ceinture, le carquois sur l’épaule, tenant un arc bandé, dont elle décoche une flèche, & ayant à ses côtés un chien qui court. Tel est l’équipage dans lequel elle paroît sur plusieurs médailles, & en particulier sur celles de Syracuse. Quelquefois ses cheveux détachés flottoient au gré du vent. Quelquefois on ajoutoit des rets, des dards, des chiens en lesse, & d’autres instrumens de la chasse. La figure de Diane qui étoit à Segeste portoit en main une torche ardente. On la voit aussi souvent sur les médailles avec une torche en main, ou même deux, une en chaque main, & le titre de Diana Lucifera.

Le premier temple que Diane eut à Rome, fut bâti sur le mont Aventin du règne de Servius Tullius. Ce temple, dont Denis d’Halicarnasse décrit la consécration, étoit orné de cornes de bœufs ; au lieu que les autres temples de Diane l’étoient de bois de cerfs.

On célébroit à Rome deux fêtes à l’honneur de Diane : l’une tomboit au mois de Mars, & l’autre aux Ides, ou au 13e d’Août. Ces jours-là les femmes, qui croyoient avoir obtenu quelque grâce de Diane, portant des torches ardentes, alloient de Rome à la forêt d’Aricie, où Diane étoit singulièrement honorée. Ovide, Fast L. III, v. 270. Les Chasseurs faisoient aussi le même pèlerinage ayant des torches en main, & conduisoient avec eux leurs chiens malades, ornées de bandelettes sacrés, les présentoient à l’Idole, & déposoient à ses pieds tous leurs instrumens de Chasse. Voyez Grot. de Venat. On étoit persuadé qu’en ces jours, occupée à recevoir les vœux & les hommages des mortels, elle laissoit les bêtes en paix, & n’alloit point à la chasse.

On sacrifioit à Diane une biche ; & quand elle voulut soustraire Iphigénie au couteau du Sacrificateur, elle y substitua elle-même une biche, comme on le peut voir dans l’Iphigénie d’Euripide, & dans les Métamorphoses d’Ovide, Liv. XII, v. 34.

La Diane d’Ephèse étoit la plus fameuse qui fût au monde. Elle avoit trois temples dans cette ville, & on l’y représentoit d’une manière singulière, que toutes les villes de l’Asie imitoient, dit M. Tristan. C’étoit une espèce de terme qui par en bas représentoit un cippe carré ; par en haut, c’étoit une figure de femme jusqu’à la ceinture, ayant toute la poitrine & le ventre depuis la gorge jusqu’à la ceinture, pleine de mammelles : ce qui la faisoit appeler Multimammia, & Πολύμαστις. Sur sa tête elle porte une espèce de boisseau, ou de vase ; d’un côté de sa tête est le Soleil, & de l’autre la Lune : elle a les deux bras étendus, & les mains appuyées sur deux bâtons tournés en boulettes, & à ses pieds un enfant à droite. M. Tristan, T. II. pag. 516 a fait graver un beau médaillon de Gordien, où elle est encore représentée avec tous ses attributs. Elle est accompagnée de deux Nymphes au haut du champ de la médaille, & de deux fleuves au bas, les mains étendues & appuyées, comme j’ai dit ci-dessus, & elle a deux chiens à ses côtés. Elle n’est point nue, toutes les mammelles qui sont à l’autre ne paroissent point ; elle est vêtue d’une espèce de stole, ou étole qui lui prend sur les épaules, & descend jusqu’en bas : ce vêtement est partagé en deux parties dans sa longueur, & chacune de ses parties est chargée d’un rang de petits cercles ou globules de haut en bas. Elle a sur la tête un vase couvert. L’un des fleuves tient un roseau, & l’autre une flûte à l’antique.

Saint Luc aux Actes des Apôtres, C. XIX, v. 24, parle d’un Orfèvre d’Ephèse qui faisoit des temples d’argent de Diane, qui troubla la prédication de S. Paul, & excita contre lui tous les ouvriers qui gagnoient leur vie à ces ouvrages. On demande ce que c’étoit que ces temples d’argent de Diane. Erasme répond, que c’étoient des châsses en forme de petits temples, dans lesquels on renfermoit des statues. Bèze croit que c’étoient des monnoies sur lesquelles la figure du temple de Diane étoit représentée, & que, pour cette raison, on appela temples de Diane, comme on appela bœufs, vierges tortues, poulains, les monnoies sur lesquelles ces choses étoient empreintes.

Quelques-uns disent que ce mot Diane vient du mot Grec Διος, Jupiter, parce que Diane étoit fille de Jupiter. D’autres prétendent que Diana s’est dit pour Deviana, parce qu’elle couroit çà & là dans la forêt Devia. Vossius, De Idolol. L. II. c. 16, p. 186. croit que ce mot s’est formé de Dea, ou Diva Luna, il devoit ajouter, ou Dia Luna, Déesse Lune, Voyez encore cet Auteur au même endroit, c. 25, c. 53 & 57.

Diane étoit appelée Aristobule à Malte, où elle avoir un temple, dans lequel on inhumoit ceux qui étoient exécutés à mort pour leurs crimes. Les Thraces l’appeloient Bendis ; les Egyptiens Bubastis, ou Bubastide ; les Syriens, Reine du Ciel. Enfin, on la confondoit quelquefois avec Proserpine. On lui donnoit encore plusieurs épithètes qui exprimoient les lieux où elle étoit honorée, & où elle avoit des temples, ses attributs, ses qualités, ses emplois : Diane Ethiopienne, Ethiopica ; Aricie, {{lang|la|Aricina} ; Léphrienne, Lephria ; Munichienne, Munichia, du temple qu’elle avoit à Munichie près