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DIE

Rois, en a pris le nom de Dieppe ; &, comme cette ville est devenue considérable, ce même nom s’est communiqué ensuite à la rivière, qui porte aujourd’hui celui de Neuf-châtel, & a fait disparoître insensiblement le nom de Tale, qu’elle portoit dans les premiers temps. Sur la ville de Dieppe, voyez la Description Geogr. & Hist. de la Haute-Normandie, Tome I, p. 50. 124 & suivantes. Long. 49. 55′. 17″. latit. 12′. 44″. 18.

La petite Dieppe. Ainsi s’appeloit un établissement que les Marchands de Dieppe avoient fait sur la côte de Malaguette, en Guinée : mais il l’ont abandonné.

DIEPPOIS, oise. s. m. & f. Habitant de Dieppe. Deppiensis. Le Dieppois est adroit, industrieux, laborieux. Les Dieppois font un grand commerce de dentelles, d’ouvrages d’ivoire, de peignes de corne, d’épiceries, de quincaillerie, de poisson, dont la pêche est abondante sur leur côtes, &c.

DIÉRÈSE. s. f. figure de Grammaire. Division. La diérèse se fait lorsqu’on divise une diphongue en deux syllabes : comme aulæ, en aulai. Diaresis, syllabæ divisio. Les Poëtes latins prennent cette liberté, lorsqu’ils ont besoin d’une syllabe de plus pour faire un vers.

Diérèse. Terme de Chirurgie. C’est une opération qui divise & sépare les parties dont l’union & la continuité est un obstacle à la guérison, ou qui sont jointes & collées ensemble contre l’ordre naturel. Il y a quatre manières de faire la diérèse ; savoir en entraînant, en piquant, en arrachant & en brûlant Voyez M. Dionis dans son Traité des opérations de Chirurgie.

Ce mot vient du Grec διαίρεσης, qui signifie division.

DIERRY. s. m. Nom d’homme. Deodericus. Les Reliques de sainte Sérène furent apportées autrefois de Spolète à S. Vincent de Mets, par l’Evêque Dierry. Chast. 30 janv. Sigebert, sous l’an 966, dit ceci : Dierry, Evêque de Mets, parent & ami de l’Empereur (Othon I.) sous lequel il porta les armes en Italie, pendant trois ans, y ramassa pour lors tout ce qu’il put de corps saints & de reliques &c. Id. Ib. p. 462.

DIÈSE, ou DIESIS. s. m. Terme de Musique. C’est la division d’un ton au-dessous d’un demi-ton, ou un intervalle composé d’un demi-ton mineur ou imparfait. Diesis. Le dièse est un écoulement de la voix le plus doux que l’on puisse presque feindre. Lancelot. Le dièse marque qu’il faut hausser d’un demi-ton le son de la note qui le suit. Monteclair. On l’appelle aussi feinte, & on le marque avec une croix de S. André ou sautoir. Les dièses sont les plus petites parties du son, & Aristote les appelle les élémens de la voix, comme les lettres sont les élémens du discours, dont elles sont les plus petites parties. Vitruve dit que le dièse est la quatrième partie d’un ton ; les Pythagoriciens, qu’on tient être les inventeurs du nom de dièse, ne le faisoient pas si petit : ils partagoient le ton en deux parties égales, ils appeloient dièse la plus petite, que nous appelons semi-ton mineur ; & la plus grande, qui est notre semi-ton majeur ; ils l’appeloient anatome. Depuis, les tons ayant été divisés en trois & en quatre parties, ces parties furent appelées dièses. On voit par-là comment on doit entendre & comment on doit concilier les différens sentimens des Auteurs qui ont parlé des dièses.

Le dièse enharmonique est la différence du demi-ton majeur & du mineur. Il y a trois espèces de dièses : le dièse enharmonique mineur, ou simple dièse, qu’on marque par une croix simple, éleve la note suivante de deux comma, ou d’environ le quart d’un ton. Le dièse chromatique, ou double dièse, qu’on marque par une double croix, élevé la note suivante d’un demi-ton mineur, ou d’environ quatre comma, c’est le dièse ordinaire. Le dièse enharmonique majeur, qu’on marque par une triple croix, éleve la note de six à sept comma, ou d’environ les trois quarts d’un ton. Il n’y a que le dièse enharmonique, ou double dièse, qui soit en usage dans la Musique enharmonique. Le double dièse, devant ou après les lettres B. C. (Basse-continue) a le même effet que devant les notes. Souvent le double dièse ne se marque, dans les livres imprimés, que par une simple croix, faute de caractère propre, mais il faut pour l’ordinaire prendre cette simple croix pour la marque d’un double dièse. Voy. M. Brossard.

Quand on place des demi-tons à l’endroit où il y devroit avoir ordinairement des tons, c’est ce qu’on appelle dièse, ou feinte ; & de même quand on met un ton où il n’y devroit avoir qu’un demi-ton.

Diesis a été le mot primitif. Celui de dièse paroît avoir pris sa forme de notre langue. Ils sont également autorisés par l’usage. Cependant celui de dièse est plus usité parmi les Musiciens. Il vient du Grec δίεσις, division, séparation.

On étoit autrefois partagé sur le genre du mot de dièse : l’usage & l’Académie ont décidé pour le genre masculin. On le trouve écrit avec un z dans des ouvrages de Musique composés de nos jours. Le dieze hausse d’un demi-ton. Monteclair. On se sert du b mol pour ôter le dieze : & du dieze pour ôter le b mol. Id. Dans le manche harmonique, & dans le manche chronomatique de la viole, toute note qui est marquée d’un dieze veut être touchée à une touche plus bas que son ton naturel. Rousseau. L’usage est aujourd’hui partagé sur l’orthographe de ce mot.

Dièse, se dit aussi adjectivement. Cette note est dièse, pour dire, qu’elle doit être haussée d’un demi-ton.

DIÉSÉ, é. adj. Terme de Musique, Qui est marqué d’un dièse. Diesi signatus. D’un degré diésé à celui de dessus, il n’y a qu’un demi-ton, parce que le dièse a déjà élevé la note d’un demi-ton. Lancelot. Pour rendre les noms que je viens d’établir sur les notes diézées & bémolizées plus présens à la mémoire, &c. Monteclair. Diésé est écrit par un z, dans le second exemple.

Les Imprimeurs appellent aussi diese, ou diesis, les doubles croix jointes ensemble, qui sont les marques du dièse de la Musique.

DIESPITER. s. m. Terme de Mythologie. Nom de Jupiter. Diespiter. Ce nom, selon quelques-uns, est la même chose que Dios pater, Jupiter père, car Jupiter, en Grec Ζεύς, ou Δεὶς, d’où viennent les cas obliques Διός Διί, &c. D’autres disent que Diespiter est la même chose que Diei pater, Père du jour. S. Augustin tire ce nom de dies, jour, & partus, production, enfantement, parce que c’est Jupiter qui produit le jour. Servius & Macrobe sont du même sentiment. Le premier dit que, dans la langue des Osques on disoit Lucecius & diespiter en Latin. Du reste, voyez Jupiter, c’est la même Divinité. Struvius, Antiq. Rom. Synt. C. I. p. 117 prétend, ce semble, que Diespiter est Pluton : mais, si c’est-là ce qu’il veut dire, il se trompe, & dans Cicéron, aussi-bien que dans l’Inscription qu’il cite d’après Gruter XXI. 8. il n’y a que ꟽis pater, & non pas Diespiter.

DIESSENHOVEN, ou, comme il est écrit dans toutes les Cartes du Grand Atlas, Diessenhofen, & non pas Diestenhoffen, comme écrit M. Corneille. C’est une ville du Turgow en Suisse, située sur le Rhin, entre Stein & Schafouse. Les Suisses s’en rendirent maîtres en 1640. Diessenhovia. Prononcez Dissenhoffen. Elle se gouverne presque entièrement en ville libre. Elle a son Sénat, son Avoyer & sa Jurisdiction sur les villages voisins, qui sont obligés de marcher en guerre sous son drapeau. Ses habitans ne prêtent serment qu’à huit Cantons & ont beaucoup de privilèges. Voyez Jovin de Rochefort, dans son Voyage d’Allemagne & de Pologne. Long. 26 d. 25′. Lat. 47 d. 45′.

DIEST. Prononcez Dist, ville du Duché de Brabant,