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CUI

Ménage, après Saumaise, dérive le mot François cuisse du Latin cossa, qu’on a dit pour coxa.

On dit au Manège, les aides des cuisses, pour dire, les mouvemens des cuisses, par lesquels le Cavalier fait obéir le cheval à ce qu’il lui demande. Femorum motu equum regere, moderari.

A la boucherie on appelle la cuisse de bœuf, la partie de derrière du bœuf qui se divise en quatre, le cimier, le gîte, la culotte, & le trumeau.

On appelle aussi cuisses, certaines parties ou divisions de fruits coupés par quartiers. Une cuisse de noix. Quatripartitæ in nucleo distinctionis pars quælibet.

On dit accoler la cuisse à un homme, quand on le va saluer à son arrivée en descendant de cheval. Alicui descendenti ex equo gratulari, blandiri.

Cuisses, en termes de Verrerie, sont des manières de piliers qui supportent la couronne & l’arche.

Les serruriers appellent cuisse de grenouilles certains anneaux de clefs qui sont limés &arrondis, en sorte que ce qui touche la tige est plus menu que le milieu de l’anneau, lequel est partagé avec la lime par une espèce de ciselure qui forme comme les deux cuisses.

Cuisse de triglyphe. Terme d’Architecture. C’est la nervure, la côte élevée entre deux glyphes ou cavités dans un triglyphe. Vitruve l’appelle Femur.

CUISSE-MADAME. s. f. Espèce de poire. Pyrum Onychinum. La Cuisse-madame est une espèce de rousselet ; elle en a la figure & le coloris ; elle a la chair entre tendre & cassante, accompagnée d’une eau assez abondante, un peu musquée, & fort agréable quand elle est bien mûre. Elle mûrit au commencement de Juillet. Son arbre fait de fort beaux buissons ; il est très-difficile à se mettre à fruit ; mais aussi fait-il merveilleusement des qu’il a commencé. La Quint. L’arbre & le fruit portent ce nom, comme la plupart des autres fruits.

CUISSETTE. s. f. Terme de Manufacture de lainage. Il se dit de la moitié des fils d’une portée.

CUISSON, s. f. Manière de faire cuire une chose, & le degré convenable auquel il faut faire cuire. Coctio, coctura. On a tant payé pour la cuisson des viandes. Les viandes doivent être servies dans une certaine fleur de cuisson qui passe en un moment. Citri.

☞ On appelle pain de cuisson, le pain de ménage qu’on fait chez soi.

Cuisson se dit principalement, parmi les confiseurs des différentes préparations du sucre qu’on fait passer au feu. Voyez Caramel, Cassé, Lissé, Plumé, Soufflé.

Cuisson, se dit aussi passivement de la douleur que cause une brûlure, une inflammation, une plaie, une excoriation. Urens doloris sensus. Il sent une grande cuisson dans l’œil, dans les reins, dans les uretères.

CUISSOT. s. m. Cuisse de cerf, de sanglier, de chevreuil, il ne se dit qu’en parlant de vénaison. Ferinæ femur. Il m’a fait présent d’un cuissot de cerf. Ce cuissot de chevreuil sera bon en pâte.

CUISSY. Abbaye de Prémontrés. Cuissiacum. Elle est au pied de la montagne de Cuissy, assez près de la rivière d’Aisne, à quatre lieues de Laon. Elle doit ses commencemens à Luc, Doyen de la Cathédrale de Laon, qui quitta le monde, & se retira dans une Chapelle au lieu où est cette Abbaye. L’Evêque de Laon Barthelemi, à qui cette Chapelle appartenoit, en fit la donation à Luc par un Acte de 1117. Voyez la Vie de S. Norbert par le P. Hugo, p. 194 & 253.

☞ CUISTRE. s. m. C’est le nom qu’on donne ordinairement aux valets de Collège.

☞ C’est aussi un terme d’injure dont on se sert pour désigner un pédant rustre & grossier. C’est un cuistre, un vrai cuistre, un cuistre fieffé.

Plusieurs dérivent ce mot de l’Allemand kuster, qui signifie un serviteur d’Eglise. Mais il vient plutôt du Latin coquere.

CUIT, ite. Voyez CUIRE.

CUITAPERI. Montagne de Laponie, près du bord oriental du fleuve de Torno, à 4 ou 5 lieues au Sud d’Avasaxa. Cuitaperus Mons. A 4 lieues d’Avasaxa nous quittâmes nos bateaux, & ayant marché environ une lieue dans la forêt, nous nous trouvâmes au pied de Cuitaperi, montagne fort escarpée, dont le sommet n’est qu’un rocher couvert de mousse, d’où la vue s’étend fort loin de tous côtés, & d’où l’on voit au midi la Mer Botnia. Maupert.

☞ CUITE, s. f. Quantité de pain ou d’autre chose qui a été mise au four, & retirée chaque fois. Du pain de la première, de la seconde cuite. Dans ce sens il faut dire du pain de la première ou de la seconde fournée.

On le dit aussi du degré de cuisson. Coctura. La cuite de ces briques n’a pas été assez forte. La cuite de la chaux, du verre, la première, la seconde cuite. Les Chimistes tiennent que le succès de leurs opérations dépend de la cuite, de la manière de donner le feu pendant la cuite.

On a dit à cuite dans le vieux langage, pour dire à force. Brochent à cuite d’éperon.

CUIVRE. s. m. Métal qu’on tire de plusieurs mines de l’Europe, mais particulièrement de Suède. Æs cyprium, cuprum. Il est dur, sec & pesant, & le plus ductile après l’or & l’argent. Il abonde en vitriol & en soufre. Les Chimistes l’appellent Venus, croyant qu’il a du rapport à cette planète. Ils disent qu’il est composé d’un soufre mal digéré, d’un mercure jaune & d’un sel rouge. On le trouve en poudre & en pierres, lesquelles on lave bien pour les nettoyer d’une terre qui y est mêlée. On les fait fondre ensuite par le moyen d’un feu très-vif, & l’on jette la matière fondue dans des moules. C’est le cuivre ordinaire. Pour le rendre plus dur & plus beau, on le fait refondre une ou deux fois ; il s’en sépare à chaque fusion quelques parties grossières & terrestres. On l’appelle alors cuivre de rosette. Toute la fonte ou le bronze est de cuivre avec quelque mélange d’étain ou d’antimoine. Le cuivre jaune est un mélange de cuivre avec de la calamine, qui est une terre jaune que l’on trouve vers le Pays de Liège, avec laquelle on le fond ; & il augmente son poids de dix pour cent. On l’appelle aussi laiton, & en Latin aurichalcum, comme qui diroit æs aureum. On en fait la plupart des ustensiles du ménage & de cuisine. On reblanchit le cuivre jaune avec de l’esprit d’arsenic & d’orpiment. Pline dit qu’il y a du cuivre naturellement blanc, & qu’il se trouve au-dessous de la mine d’argent.

☞ On connoît à la Chine le cuivre blanc & le noir.

☞ Il y a au Japon du cuivre couleur de feu, qui est extrêmement fin & cassant.

☞ Il y a à la Chine un très-beau cuivre vert, qui est par petites aiguilles, velouté & soieux ; on diroit qu’il chatoye.

On appelle cuivre vierge, celui qui fort de la mine, qui n’a point été fondu.

Les Chimistes appellent safran de Venus, celui qui se fait de lames de cuivre stratifiées avec du sel décrépité en poudre dans un creuset, quand on les a éteintes dans l’eau, & ratissées avec des brosses de fer. Ce safran est très-rouge, & on en fait des emplâtres pour mondifier les plaies & les ulcères. On a prétendu que l’esprit de Vénus étoit un véritable alkaëst capable de dissoudre totalement les perles, les coraux, les yeux d’écrévisse, plus facilement que tous les autres dissolvans, sans rien perdre de sa force ; mais l’expérience est contraire. On donne aussi le nom de safran de Venus à l’æs ustum. On appelle le vert de gris ou rouillure de cuivre, ærugo. Le cuivre rouge fondu avec vingt-deux à vingt-trois livres d’étain fin par quintal, est appelé métal, & c’est celui dont on fait les cloches. Quand le cuivre rouge & le jaune sont fondus ensemble quintal pour quintal, alors on l’appelle bronze, & on en fait les figures, les statues, & les autres ornemens. Dans la province de Fokien à la Chine, il y a un