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CUP — CUR

Incas. Le P. Jeronimo Lobo dit qu’on trouve aussi des oiseaux condor dans la région de Sophala, des Caffres & de Monomotapa, jusqu’au Royaume d’Angola. Ils sont semblables à l’aigle. Ils ont des plumes qui ont vingt-huit paumes de long, & trois de large, dont le tuyau est long de cinq paumes, & de la grosseur du bras, lequel est blanc, & la plume non. Il y en a qui ont la grandeur de deux éléphans joints ensemble, qui ont emporté des vaches & autre bétail, & qui ont d’étendue d’un bout d’une aile à l’autre jusqu’à trente pieds. On en a vu qui ont vomi jusqu’à deux cens livres de chair. C’est peut-être le rouch des Arabes. Cela est tiré de l’Histoire d’Ethiopie du Père Bolivar. On garde dans le Trésor de la Sainte Chapelle, une serre d’oiseau, qui fait voir qu’il y en a de bien grands.

CUP.

CUPAYBA, ou COPAÏBA. s. m. Arbre du Brésil dont le bois est fort rouge, & aussi dur que celui du hêtre. On en fait des ais larges qui servent à différens usages. Ses feuilles sont ovales, longues de quatre ou cinq doigts, & larges de deux ou de deux & demi, dans leur plus grande largeur. Il porte une fleur médiocre, composée de cinq feuilles presque rondes. Son fruit est une silique aussi presque ronde, grosse comme le doigt, & de couleur brune : elle contient un noyau de la figure d’une noisette, qui est couvert d’une petite peau noire. Lorsqu’on incise l’écorce de cet arbre, il en sort une huile fort claire, qui a l’odeur & la consistance de l’huile de thérébentine. On l’appelle baume, ou huile de Copayba, qui est admirable pour consolider & pour mondifier les plaies. Les Juifs s’en servent dans la Circoncision pour arrêter le sang. On en prend aussi trois ou quatre gouttes dans un œuf contre la dyssenterie, & les autres flux de ventre.

CUPIDE. adj. m. & f. Vieux mot, qui signifie desireux.

☞ Ce mot, hazardé par quelques-uns, n’a pas réussi : il paroît tout au plus être admis dans le style Marotique, où tout est bon.

CUPIDIQUE. Vieux adj. m. & f. Qui appartient à Cupidon, à l’amour. Cupidineus, a, um.

☞ CUPIDITÉ. s. f. Desir immodéré, convoitise, du Latin cupiditas, qui signifie la même chose ; mais le mot François ne va pas à tout comme le mot Latin. César a dit, cupiditas cibi, pour dire, l’appétit, l’envie de manger ; & Ciceron, cupiditas honoris, pour exprimer le desir d’honneur. Vaugelas dit que de son tems les bons écrivains préféroient convoitise à cupidité ; mais pour parler franchement, ajoûte-t-il, je ne crois pas le mot de cupidité fort bon, & convoitise ne vaut guère mieux. Le mot convoitise est approuvé dans le Dictionnaire de l’Académie, où l’on dit, la convoitise des honneurs, la convoitise des richesses. J’aimerois mieux dire avec Vaugelas, desir, avidité de gloire, de biens, des honneurs.

Bouhours ajoûte avec raison que le mot de cupidité peut passer dans un sens Théologique, & que les écrivains qui l’emploient, ne le prennent guère que pour concupiscence ; hors de-là, dit-il, je ne voudrois pas m’en servir, ni dire, la cupidité des richesses. Cette dernière phrase ne pourroit-elle pas trouver place dans un Sermon, dans un discours Moral, pour dire un desir immodéré ?

Cupidité, se prend aussi absolument pour la concupiscence en général. Nous mesurons nos desirs par la cupidité, & non par la raison. Fléchier. Il n’y a rien dont on tire de plus grands services, que de la cupidité des hommes. Nicol. Pressé d’un côté par la grace qui m’appelle, & de l’autre par la cupidité qui m’entraîne, je fais souvent le mal que je voudrois éviter. Fléch. Il est à craindre que si les hommes ne repoussent pas la cupidité avec assez de vigueur, elle ne se rende la maitresse. Nicol. L’ame est ingénieuse à défendre l’innocence de la cupidité, & à justifier les objets de les passions. Abad. Les gens du monde conçoivent la charité comme une vertu flatteuse qui n’incommode ni la cupidité, ni l’amour propre. Port-Royal. La terre n’a point d’endroits si cachés, où pour trouver l’or & les diamans, la cupidité des hommes ne fasse fouiller. Ce qu’on croit ne souhaiter que pour la charité, la cupidité s’en empare quand on est parvenu à l’avoir. M. le Duc de Bourg.

CUPIDON. Dieu fabuleux de l’amour. Cupido. On le peint avec des ailes, un arc & un carquois, pour blesser les cœurs. On représente Cupidon sous la figure d’un enfant, parce que ceux qui s’abandonnent à leurs passions agissent sans raison comme les enfans. On lui donne des ailes, pour montrer que rien n’est plus inconstant ni plus léger qu’un amant. Enfin, les flèches dont il est armé apprennent que les plaisirs sont suivis de remords & de chagrins.

Cupidon sous les loix de la simple nature
Régit tout ce qui fait soupirer ici-bas ;
Il ne punit jamais rebelle ni parjure
C’est un empire qui ne dure
Qu’autant que les amans y trouvent des appas. Des Houl.

Hésiode, dans sa Théogonie, v. 201. & Anacréon, Ode 51. distinguent Cupidon de l’Amour, l’un est Ἵμερος, & l’autre Ἔρως. Le Lièvre étoit consacré à Cupidon. Marot a fait un Poëme fort ingénieux du Temple de Cupidon : c’est le premier de ses opuscules.

Cupidon, terme de Fleuriste. Tulipe, violet d’Evêque, pourpre clair & blanc. Morin.

CUPIENNIUS, CUPIENNIA. s. m. & f. Nom propre d’une ancienne famille Romaine. Cupiennia gens. Les médailles de la famille Cupiennia sont rares. On y lit C. CVP. & L. CVP. Caius Cupiennius, & Lucius Cupiennius.

CUR.

CURABLE. adj. m. & f. Qui peut recevoir guérison. Sanabilis. Tous les maux sont curables pour des Charlatans. Ce mot ne se dit guère, mais son contraire incurable est fort en usage. Insanabilis.

CURACA. s. m. Terme de Relation. C’est un nom que les Espagnols ont donné aux Seigneurs & aux Gouverneurs du Pérou, qui est la même chose que ce qu’ils ont nommé Cacique dans les Îles au Mexique.

CURAGE. s. f. Plante qui est une espèce de persicaire. On l’appelle autrement poivre d’eau, Persicaria urens, seu Hydropiper. Voyez Persicaire.

Curage, s. m. L’action de curer, nettoyer, ou l’effet de cette action. Le curage d’un puits, d’un fossé, &c.

☞ CURATELLE. s. f. Charge de Curateur ; commission donnée à quelqu’un d’administrer les biens d’un autre, qui ne peut y veiller par soi-même, soit à cause de la foiblesse de son âge, soit pour quelque autre empêchement. Bonorum pupilli curatio, procuratio.

Les Académiciens François sont exempts de tutelle & de curatelle. Un prodigue, un interdit est mis sous la curatelle d’un parent. Les Conciles d’Afrique indiqués par Saint Cyprien, Epître 1 Pamel. 66. exemptoient les Clercs de tutelle & de curatelle.

CURATEUR. s. m. Celui qui est élu ou nommé pour avoir soin des biens & des affaires d’une personne émancipée, ou interdite. Pupilli curator. En pays de Droit écrit, aptes l’âge de quatorze ans on donne un curateur aux mineurs jusqu’à vingt-cinq ans : jusqu’à 14. ans ils ont un tuteur. On dit d’un homme qui fait des dépenses excessives, & qui gouverne