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CUR

mal son bien, qu’il lui faut donner un curateur. Acad. Franç.

Curateur d’Académie. C’est dans les Provinces-Unies une charge élective, dont la fonction est de diriger les affaires des Académies ; comme d’administrer les revenus, d’appeler les Professeurs, & en général de veiller pour le bien & l’avantage de l’Université. Curator Academiæ. Ces Curateurs sont élus par les Etats de chaque Province. L’Académie de Leyden a trois Curateurs. Celui qui est pris du corps des Nobles est le premier. Les quatre Bourguemestres de la ville font une quatrième voix dans le Collège des Curateurs.

On dit aussi, un Curateur aux causes ; pour dire, celui qui a soin des affaires de quelqu’un, soit interdit, soit mineur. Un Curateur aux biens vacans, celui qui est élu pour défendre & pour régir une succession abandonnée. Un Curateur à un corps mort, ou à un muet, celui qu’on nomme pour défendre un corps mort, un muet, pour la forme & la validité d’une procédure criminelle.

☞ Il y avoit à Rome plusieurs sortes de Curateurs. Curatores omnium tribuum : Syndics qui étoient comme les protecteurs des quartiers de Rome, auxquels répondent les Quartiniers de Paris.

Curatores operum publicorum, les Surintendans des ouvrages publics, qui en prenoient soin.

Curatores alvei Tiberis & Cloacorum, Commissaires pour le nettoyement du canal public & des égoûts de la ville, qui furent établis par Auguste.

Curatores viarum, extra urbem, Commissaires des grands chemins hors de Rome, & des ponts & chaussées.

Curatores denariorum flandorum, désignés par ces trois lettres dans les inscriptions antiques C. D. F. Maîtres des monnoies, qui sont encore appelles viri Monetarum, qui avaient soin de faire battre monnoie. On trouve dans les inscriptions des pièces d’or & d’argent anciennes, ces cinq lettres A. A. A. F. F qui signifient Ære, Argento, Auro flando, feriundo, Commis à faire fondre & battre les espèces de cuivre, d’argent & d’or.

Curatores Kalendarii, ceux qui donnoient l’argent de la maison de ville à usure, & qu’on payoit aux Calendes, ou le premier jour du mois, d’où ils ont été nommés Kalendarii. Antiquités Grecques & Romaines.

CURATIF, ive. Terme de Médecine, épithète que l’on donne aux remèdes qu’on emploie pour la cure, la guérison d’une maladie déjà formée, pour les distinguer des palliatifs & des préservatifs. Curativus, curationi, sanationi serviens. Il y a des remèdes préservatifs, & des remèdes curatifs. Dans la peste tous les remèdes curatifs doivent tendre à favoriser les éruptions critiques, comme dans la petite vérole. Didier. Ceux qui seront curieux de recueillir un grand nombre de remèdes, tant préservatifs que curatifs contre la peste, peuvent lire le livre de M. Pestalossi, intitulé : Avis de précaution contre la maladie de Marseille. Journal des Sav. 1721.

☞ Ce mot s’applique, non seulement aux remèdes employés dans le traitement d’une maladie, mais encore aux indications qui se présentent à remplir dans ce traitement même. Indication curative, méthode curative, remèdes curatifs. C’est l’indication curative qui détermine le Médecin à faire usage de la méthode curative & des remèdes curatifs, qui peuvent détruire la maladie, ou en faire cesser les effets.

CURATION. s. f. Terme de Médecine. Cure, traitement d’une maladie, manière dont il faut la guérir. Curatio. En comparant les différentes descriptions avec les symptomes qui caractérisent telle ou telle peste actuellement régnante, on peut découvrir des conformités suffisantes pour établir plus sûrement une méthode de curation. Journal des Sav. On dit plus ordinairement cure, cependant on trouve le mot curation dans les Médecins. Il n’y a rien qui fasse plus de peine à un Chirurgien dans la curation d’un ulcère, que lorsque la carie y est jointe. Degori.

☞ Le mot de cure est équivoque lui-même. Il est quelquefois synonyme à guerison, quelquefois il désigne simplement le traitement d’une maladie. C’est dans cette dernière acception que le mot cure peut être regardé comme synonyme à curation. Voyez Cure.

Ce mot vient du Latin Curatio.

CURATRICE. s. f. Celle qui a la curatelle de quelque personne. La veuve est ordinairement curatrice de ses enfans. Voyez Curateur & Curatelle.

CURCAS. s. m. C’est le nom d’un fruit de l’Amérique, dont parle Lémery après Garzias du Jardin. Il est gros comme une aveline avec sa coque, mais il est moins rond. Il est blanc, & a le goût d’une truffe cuite. Il croît en Malavar & en Cambaya. On en voit aussi au Caire, mais il ne garde pas par-tout le nom de curcas. Lémery du qu’en Cambaya on l’appelle Carpata, & que celui du Caire est peut-être ce que Sérapion appelle Habelculcul.

CURCE. s. m. Nom propre d’homme. Curtius. Il ne faut dire Curce que lorsqu’on parle de l’Historien Quinte-Curce ; hors de-là il faut toujours dire Curtius : de plus il ne faut pas dire Curce tout seul, mais y joindre son prénom, à qui nous donnons aussi une forme Françoise Quint-Curce, & plus ordinairement Quinte-Curce. Voyez Curtius, & Quinte-curce, & les remarques de Vaugelas, p. 68. de l’édition in-4o.

CURCHUS. s. m. Faux-Dieu des anciens habitans de la Prusse. Curchus. Il présidoit au boire & au manger. Après la récolte des biens de la terre on lui en offroit les prémices. Harznoch qui, dans sa dissertation sur les Dieux des anciens Prussiens, parle de celui-ci, ajoûte qu’ils entretenoient un feu perpétuel en son honneur, & que tous les ans on brisoit sa statue, & qu’on lui en érigeoit une nouvelle ; apparemment parce que les fruits se renouvellent tous les ans.

CURCUMA. s. m. Plante que quelques Botanistes appellent souchet d’Inde, & d’autres terra merita. Sa racine est semblable à celle de la gentiane, & de couleur jaune, au dedans : elle teint aussi en jaune comme le safran, d’où vient qu’elle est encore appelée safran d’Inde. Ses feuilles ressemblent à celles de l’ellébore blanc. Sa fleur est d’une très-belle couleur de pourpre. Ses fruits sont des hérissons de même que nos châtaignes, dans lesquels leur semence est renfermée, qui est ronde comme des pois. On se sert en Médecine de sa racine, qui est amère & apéritive, dans la jaunisse, dans l’hydropisie, & dans la cachexie. Les Chinois en mettent dans leurs sternuratoires. Curcuma, cyperus Indicus, ou crocus Indicus. Il est venu à M. de Jussieu de l’île de Bourbon des pieds de Curcuma ou Terre-Mérite, qui étoient si frais, qu’ayant été plantés au jardin du Roi, ils s’y sont conservés près de deux ans : ce qui a donné lieu de se convaincre que c’étoit de vraie terre-mérite, dont la racine fraîche donne un beau suc jaune, couleur qu’elle conserve étant seche, & qui est très-nécessaire pour les teintures de cette couleur. Elle est bonne aussi pour la guérison de la jaunisse. De Juss. Mém. manuscr.

CURDE. s. m. & f. Nom des peuples du Curdistan, Curdus. Les Emirs des Curdes sont sous la protection du Roi de Perse. La langue des Curdes approche de celle des Persans. Les Curdes sont moitié Mahométans, & moitié Jésides, c’est-à-dire, disciples de Jésus, Chrétiens. Maty. Les Curdes sont originaires des monts Gordiens, branche du mont Taurus, qui sépare l’Arménie de la Haute-Médie. Les anciens ont appelé ces montagnes & les peuples d’alentour Corduci & Corduchi. Cette nation s’est répandue dans l’Assyrie le long de l’Euphrate & du Tigre, & a donné à ce pays le nom de Curdistan. Ils n’ont reçu que fort tard la Loi Mahométane. D’Herb. Voyez cet auteur au mot Curd.

CURDISTAN. Pays des Curdes. Curdorum regio, Curdi, Curdia, Curdistania. C’est une contrée de l’Asie, située entre l’Empire du Turc & celui du Sophi de Perse. Le Curdistan s’étend le long du bord orientai