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CYC — CYD

drier, montroit le jour des nouvelles lunes de chaque année ; mais il ne sert dans le nouveau qu’à trouver les épactes, lesquelles font voir dans chaque Calendrier que les nouvelles lunes arrivent tous les ans onze jours plus tard. Le cycle lunaire a été appelé ennéadécaétéride, ou la période de Méthon. Le nombre d’or, ou cycle lunaire servoit à marquer les nouvelles lunes, & à fixer la célébration de la Pâque dans l’ancien Calendrier ; mais il est inutile dans le nouveau. On y a substitué les épactes.

Cycle de l’Indiction, est une révolution de trois lustres, ou de 15 années, après lesquelles on recommence à compter, par une révolution continuelle, comme dans tous les autres cycles. Cyclus indictionis. Ce nouveau cycle fut établi par le Grand Constantin, qui voulut que l’on comptât à l’avenir par Indictions, & non plus par Olympiades. Voyez sur les cycles le P. Petau, de Doct. temp. L. VII. C. 3, & Ration. Temp. L. I. C. 3. Dodwel imprima en 1701 à Londres un in 4o. De veteribus Græcorum Romanorumque cyclis, obiterque de cyclo Judæorum ætate Christi.

Cycle, se dit non seulement en général de tous les nombres qui le composent, mais aussi en particulier de chacun de ces nombres. Ainsi on compte que la première année de notre époque commune & ordinaire depuis la naissance de Jesus-Christ, avoit le cycle lunaire 1, le cycle solaire 10 avec la lettre dominicale B, & le cycle de l’indiction 4. La première année de Denys le Petit avoit le cycle lunaire 1 & 9 du cycle solaire, &c.

Cycle lunisolaire. Voyez Lunisolaire. C’est un cycle conciliant les mouvemens de la lune & du soleil, en sorte qu’à la fin de ce cycle ils se trouvent tous les deux au même point du ciel d’où ils étoient partis au commencement du cycle.

CYCLÉE. s. m. Terme de Mythologie. Cycleus. Habitant de Platée dans la Béotie, que ses compatriotes honorèrent comme un Dieu : Ce fut la Prêtresse d’Apollon Pythien qui le leur ordonna pendant la guerre contre les Médes. Vossius, Idolatria, L. 1, c. 13.

CYCLIQUE. adj. de t. g. Qui appartient aux cycles, ce qui les regarde & les concerne. Le Journal des Savans du 15 Mai 1679 ; dit, en parlant de la nouvelle méthode pour tracer des cadrans solaires sur toutes sortes de surfaces planes, que ce qu’il y a de plus particulier dans cet ouvrage, est la manière de construire un cadran cyclique fort curieux.

Cyclique. C’est le nom que l’on donne également à certains Poëtes & à de certains Poëmes. Un Poëte Cyclique est celui qui fait des Vaudevilles & autres vers qui se débitent & se chantent au coin des rues, & les Poëmes cycliques sont les Vaudevilles mêmes. Horace appelle Scriptor cyclicus, un auteur qui va lire ses ouvrages dans les compagnies, dans les cercles. L’exemple d’Ovide que Giraldi allègue en sa faveur & celui des autres Poëtes cycliques, qu’il pouvoit aussi alléguer, ne le justifient pas. Huet.

Les parties qui composent les Poëmes cycliques étant toutes des actions détachées. Id.

CYCLOÏDAL, ALE. adj. Terme de Géométrie. Qui appartient à la Cycloïde. Cycloïdalis, e. M. Bernoulli, Professeur à Groningue, a donné des segmens & des secteurs cycloïdaux quarrables, au mois de Juillet des actes de Leipsik de 1699. Ac. d. S. 1781. Mesurer l’espace cycloïdal. L’espace cycloïdal est triple de son cercle générateur. Carré, Ac. des Sc. 1701 Mém. pag. 164. &c.

CYCLOÏDE. s. f. Terme de Géométrie. C’est une ligne courbe qui est décrite par l’extrémité supérieure du diamètre d’un cercle, lorsqu’il se meut perpendiculairement sur une ligne droite : ou pour parler populairement : ce n’est autre chose que la ligne courbe qu’un clou fiché dans le haut d’une roue trace dans l’air, lorsque la roue se meut. M. Huygens a démontré que, de quelque point qu’un corps pesant puisse commencer à descendre, tandis qu’il se meut dans une cycloïde, les temps de la descente sont égaux entr’eux. Cyclois. C’est sur le fondement de cette ligne qu’on a trouvé le moyen de faire une horloge à pendule, dont le même Mr. Huygens a fait un grand volume intitulé Horologium Oscillatorium. Philippe de la Hire, & le Pere de la Loire, Jésuite, ont fait chacun un Traité de la Cycloïde. Quand les plus grands Géomètres du XVIIe siècle se mirent à étudier une nouvelle courbe qu’ils appelèrent la Cycloïde, ce ne fut qu’une pure spéculation, où ils s’engagèrent par la seule vanité de découvrir à l’envie les uns des autres des théorêmes difficiles. Ils ne prétendoient pas eux-mêmes travailler pour le bien public ; cependant il s’est trouvé en approfondissant la nature de la Cycloïde, qu’elle étoit destinée à donner aux pendules toute la perfection possible ; & à porter la mesure du temps jusqu’à sa dernière précision. Fonten. Hist. de l’Acad. Préf.

Ce mot vient du Grec κύκλος, circulus. On l’appelle aussi roulette. On en attribue l’invention au P. Mersenne.

☞ CYCLOMÉTRIE. s. f. L’Art de mesurer des cercles & des cycles.

CYCLOPE. s. m. C’est un nom que les Poëtes ont donné à des habitans de Sicile, qu’ils ont feint être des ouvriers qui travailloient sous Vulcain pour forger les foudres de Jupiter, & qui avoient fait les armes d’Achille & d’Enée. Cyclops. Ils ont été ainsi nommés, parce qu’ils n’avoient qu’un œil rond au milieu du front. Ulysse fut longtemps engagé dans la caverne du Cyclope Poliphême. Selon Théophraste les Cyclopes étoient des peuples de Phénicie qui avoient appris à employer le fer à différens usages, & c’est ce qui a donné occasion à la fable des Poëtes. Les Cyclopes, disent les fables, étoient fils de Neptune & d’Amphitrite ; Hésiode, Théog. v. 199. dit de la Terre & du Ciel. Les principaux & les seuls dont la fable fasse mention sont Brontès, Stéropès & Argès dans Hésiode, Theog. v. 140. Au lieu d’Argès, Virgile, Eneide, L. VIII. v. 425. & Claudien, de Tert. Honorii consulatu, v. 195. mettent Pyracmon, & Ovide, L. IV. des Fastes, v. 287. Acmonides. Polyphême est encore fameux dans Homère, L. IX. de l’Odyssée, dans Virgile, En. L. III. v. 118. dans Apollonius, Argon. L. I. On dit qu’ils étoient cent en tout.

Les Cyclopes sont les premiers habitans de Sicile. Leur taille gigantesque, leur barbarie, leur brigandage & leur voisinage du Mont Etna donnèrent lieu aux fables. Ceux qui veulent que la Physique soit cachée sous les fables, disent qu’on a signifié par là les vapeurs qui produisent les foudres, le tonnerre & les éclairs, comme on peut le voir dans les notes de Barlé sur l’endroit d’Hésiode que j’ai cité. Thucidide, L. I. Justin, L. IV, c. 1. Leander Alberti, dans sa description d’Italie, & Natalis Comes, L. IX. c. 8. de sa Mythologie, parlent aussi des Cyclopes.

Ce mot vient de κύκλος, circulus, & de ὤψ, oculus. Quelques-uns croient que ce mot est formé de κύκλος, cercle, qui au troisième cas, κύκλω, signifie tout-au-tour, à la ronde, & de ὄπτομαι, je vois, d’où se forme ὤψ, ou ὄψ ; de sorte que Cyclope signifie un homme qui est toujours aux aguets, qui jette toujours l’œil çà & là, & que ce nom fut donné aux premiers habitans de Sicile, grands pirates, parce qu’ils étoient toujours sur la côte à considérer s’il ne passoit point quelqu’un à la ronde, pour le voler.

En 1712. On dit qu’il naquit à Coppenhague un Cyclope, c’est-à-dire un enfant qui n’avoit qu’un œil au milieu du front.

On appelle un borgne, en raillant, un Cyclope. Ah le vilain Cyclope !

CYD.

CYDIPPE. s. f. Prêtresse de Junon, mère de Clébis & de Biton.