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CYP — CYR

de spic-nard, de cassia lignea, de souchet, de grains de genièvre, d’aspalath & de safran ; à quoi on ajoûte du miel & un peu de vin pour en former une masse.

CYPHOME. s. m. & CYPHOSE. s. f. Terme d’Anatomie. Courbure de l’épine du dos, dans laquelle les vertèbres s’inclinent contre nature, & prominent en dehors. Κύφωσις, & κύφωμα, de κύφω, je courbe. Dict. de James.

CYPHONISME. s. m. Cyphonismus. est le nom d’un supplice autrefois en usage. On ne sait point quel il étoit. Quelques-uns croient, dit Rosweid dans son Onomasticon, que c’est celui dont parle S. Jérôme dans la vie de S. Paul, Hermite, C. II. & qui consistoit à frotter de miel le corps du patient, & à l’exposer à un soleil ardent les mains liées derrière le dos, afin que les mouches le piquassent sans qu’il pût les chasser. Voyez Galonius., De Tormentis, C. I.

CYPPUS. s. m. Capitaine Romain, qui se retira de Rome, parce que les Devins lui avoient prédit que s’il rentroit dans cette ville, il seroit déclaré Roi. Le Sénat, pour récompenser sa générosité, lui décerna des terres hors de Rome, & fit élever un monument en son honneur.

CYPRE, ou CHYPRE. Voyez ce mot.

Il y a une Poire que la Quintinie appelle la poire de Cypre, & qu’il met au rang des mauvaises.

CYPRÈS, s. m. Cupressus. Arbre toujours vert, & qu’on distingue en deux espèces, qui ne différent que par la direction de leurs branches. L’une par la direction de ses rameaux prend & conserve une forme Pyramidale ; & c’est le cyprès femelle des Botanistes. Cupressus fastigiata sive femina. C’est ordinairement cette espèce que l’on éleve dans les jardins, soit pour des palissades, soit pour former des pyramides. L’autre espèce prend une forme toute opposée, & étend ses branches de côté. Cupressus fusa, fivè mas. Mais comme chacun de ces arbres porte des fleurs & des fruits, il est en même tems mâle & femelle, & la distinction des Botanistes est chimérique.

Cet arbre est plus ou moins haut, suivant son âge. Le grand hiver de 1709. fit périr tous les cyprès du Royaume. Il arriva à peu près la même chose en 1683. mais heureusement cet arbre leve fort bien de graine, & il croît assez vite. Son bois est dur, un peu rougeâtre, pâle cependant, veiné, d’une odeur douce & d’un goût un peu aromatique. Ses feuilles couvrent presque toutes les branches, qui sont divisées en une infinité de petites ramifications. Ces feuilles sont dans les jeunes branches de petites écailles vertes & pointues ; mais dans les vieilles ces mêmes écailles sont collées les unes sur les autres, & sont plus obtuses. L’extrémité de quelques-unes de ces ramifications est terminée par de petits chatons roussâtres, qui n’ont pas quatre lignes de longueur, sur une ligne & demi de largeur ; ils sont formés par des écailles qui sont chargées de sommets dont la poussière est jaune. Les fruits naissent dans des endroits séparés ; ils sont ronds & gros comme des noix dans leur maturité, couleur d’olive.

Les Latins l’appellent conus, à cause de sa figure ; ils s’ouvrent de la circonférence au centre en quelques pièces coniques semblables à des écailles : elles cachent dans leurs fentes de petites semences aplaties & anguleuses. On appelle ces fruits des noix. On s’en sert dans les décoctions astringentes pour les hernies, les cours de ventre, pour arrêter les hémorrhoïdes ; ces mêmes noix prises intérieurement guérissent quelquefois des fièvres, comme font la plupart des astringens.

Cyprès, se dit du bois de l’arbre de cyprès. Cupressus se dit de même en Latin. Le bois de cyprès est fort massif & de bonne odeur, quasi comme le santal. Il n’est jamais pourri, ni vermoulu, non plus que celui du cèdre, de l’ébène, de l’if, du buis, de l’olivier & du lotus sauvage. C’est pour cette raison que les Anciens en faisoient des statues, comme celle de Jupiter au Capitole. En Candie & au mont Ida le cyprès vient si naturellement qu’en quelque lieu qu’on remue la terre, il y vient des cyprès sans semer, quoiqu’ailleurs on ait grande peine à les élever. Les cyprès haïssent le fumier, qui les fait mourir, aussi-bien que les lieux aquatiques. Mathiole.

Petit Cyprès, est une plante aromatique. Voyez Garde-robe.

☞ Le Cyprès étoit consacré à Pluton. On le plantoit autour des tombeaux. A Rome on mettoit des rameaux de cyprès devant les maisons des morts : c’est pourquoi il est appelé funeste, & en Poësie Cyprès se prend quelquefois pour le symbole de la mort. Les funestes cyprès.

Et de cette maison, de ce bois agréable,
Que les siècles firent exprès,
Tu n’en remporteras, possesseur peu durable,
Qu’un funeste cyprès.

Nouv. ch. de Vers.

☞ CYPRINÆ. Voyez Cyprès.

CYPRIOT, OTTE. s. m. & f. Qui est de l’île de Chypre, ou Cypre, Cyprius, a. Quoiqu’on dise Chypre, on ne dit point Chypriot, mais Cypriot. On a dit autrefois Cypriens, comme on le voit dans Paradin, Annales de Bourgogne, p. 233.

CYPRIS, ou CYPRINE. Surnom donné à Vénus, ainsi appelée de l’Ile de Cypre qui lui étoit consacrée.

CYR.

CYR. s. m. Et nom propre d’homme. Cyriacus.

Cyr. Se dit aussi pour Cyrique, Cyricus, autre nom d’homme. Sainte Julitte, issue du sang des anciens Rois d’Asie, si l’on en croit ceux qui se vantoient d’être de la race au tems de l’Empereur Justinien, avoit un fils nommé Cyric, appelé parmi nous S. Cyr.

Ce mot vient de κύρικος, dominicus, de κύριος, dominus, qui vient de κῦρος, auctoritas. Baillet le tire de κῆρυξ, præco ; d’où il prétend que l’on a fait Quiricus, Cirgues, Ciergues, Circ, &c.

Saint CYR. Lieu célèbre situé dans le parc de Versailles. Louis le Grand y a fait construire une belle maison pour y élever de pauvres Demoiselles sous la conduite de Religieuses. Ces Religieuses s’appellent les Dames de Saint Cyr, & les filles nobles qu’on y élève les Demoiselles de Saint Cyr. Les Lettres patentes pour l’érection de cette maison sont du mois de Juillet 1686, & en forme d’Edit. Le Roi y ordonne que les Dames de S. Cyr seront au nombre de trente-six, & que ce nombre ne pourra être augmenté ; que les Demoiselles seront au nombre de deux cens cinquante, que quand il viendra à vaquer une place des Dames, elle ne pourra être remplie que par une des Demoiselles qui sera choisie par la Communauté à la pluralité des suffrages, & âgée au moins de 18 ans accomplis pour être reçue au Noviciat, & le tems du Noviciat passé, à la Profession. Que ces Dames feront les vœux simples ordinaires de pauvreté, chasteté & obéissance ; & un vœu particulier de consacrer leur vie à l’éducation & à l’instruction des Demoiselles. L’Evêque de Chartres nomme un Supérieur Ecclésiastique, qui doit être agréable au Roi. Sa Majesté se réserve & aux Rois ses successeurs la nomination & entière disposition par simple brevet des deux cens cinquante places des demoiselles, qui ne sauroient être admises qu’elles n’aient fait preuve de noblesse de quatre degrés du côté paternel, à compter le pere.

Elles ne peuvent être reçues avant sept ans, ni au dessus de douze, & ne peuvent demeurer dans la maison après vingt ans accomplis. Il y a 24 sœurs converses, qui font les mêmes vœux que les