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Dames. Les unes & les autres, aussi bien que les Demoiselles, sont entretenues des revenus de la Maison à laquelle le Roi attribue la Maison de S. Cyr, & tous les meubles dont il l’avoit pourvue, la Terre & Seigneurie de S. Cyr, cinquante mille livres de rente en fonds de terre, & la mense abbatiale de l’Abbaye de S. Denys. En 1694 le Roi permit à la Communauté d’augmenter les Dames & les Converses jusqu’au nombre de quatre vingts, & que si quelquefois il ne se trouvoit point parmi les Demoiselles de fille qui eût les qualités nécessaires pour remplir une place de Dames vacante, la Communauté pourroit en choisir ailleurs. Innocent XII. donna le 23 Janvier 1692 une bulle d’approbation & de confirmation de l’institut & Communauté de S. Louis de S. Cyr, & pour l’union de la mense abbatiale de l’Abbaye de S. Denys. Par Lettres patentes de Mars & Juillet 1698, le Roi a assigné un fonds pour doter les Demoiselles qui sortiront de cette maison, & qui auront contenté la Communauté.

Jusqu’en 1692 les Dames & les Converses ne firent que des vœux simples. Elles supplierent le Roi de vouloir bien consentir à ce qu’elles poursuivissent en Cour de Rome un bref, pour changer leur état séculier en réulier, sous la Règle de S. Augustin ; le Roi y consentit. Innocent XII. leur accorda leur demande par un bref du 30 Septembre 1692. Et quoique le Pape eût consenti qu’elles conservassent leur habit séculier, elles le changèrent en habit régulier l’an 1707 le jour de l’Assomption. Voyez le P. Hélyot, T. IV. C. 56. Cette Maison s’appelle la Royale Maison de S. Louis de S. Cyr, & plus communément S. Cyr. La maison de S. Cyr. Dans tous les actes publics les Religieuse sont nommées Dames, mais entre elles elles se nomment ma sœur, avec leur nom de famille, & la Supérieure ma mere, & les sœurs converses, sœurs avec leur nom de baptême.

CYRAN. Voyez Siran.

CYRBASIE. s. f. Cyrbasia. Bonnet pointu, en usage chez les anciens Perses, qui le portoient penché, le droit de porter la Cyrbasie toute droite étant réservé au Roi. Hésichius.

CYRBES & AXONES. s. m. pl. Termes de l’Histoire ancienne d’Athênes. C’est le nom que l’on donna aux loix que fit Solon, comme les Lacédémoniens donnèrent celui de Rhetra à celles que leur donna Lycurgue. Les Cyrbes contenoient ce qui regardoit le culte des Dieux, & les Axones renfermoient toutes les autres loix civiles & politiques. Ces loix étoient déposées en original dans l’Acropolis qui étoit une Forteresse, & l’on avoit seulement des copies au Prytanée. Ces loix étoient écrites sur des tables de bois, & d’une manière bustrophe, c’est à-dire, qu’au lieu que chacune de nos lignes commencent à la main gauche & finit à la main droite, leur première ligne se recourboit & revenoit de la droite à la gauche, puis se recourboit de même pour retourner de la gauche à la droite, & ainsi de suite jusqu’à la fin, par une seule ligne continuée, comme on fait les sillons du labourage. Plutarque dit que de son tems on voyoit encore des restes de ces tables.

CYRÉNAÏQUE. Nom d’une ancienne province de la Lybie propre, ainsi nommée, parce que Cyrène en étoit la capitale. Cyrenaïca. La Cyrénaïque avoit la Marmatique au levant, la Lybie intérieure au midi, la province Tripolitaine avec la grande Syrte au couchant, & la mer Méditerranée au nord. Vossius, dans ses Notes sur Mela, L. I. C. 8, remarque que les Anciens ne donnent pas tous les mêmes bornes à la Cyrénaïque ; que ce nom se prend même tantôt pour la contrée appelée Pentapole, & quelquefois qu’il s’étend beaucoup plus loin ; que ceux qui lui donnent plus d’étendue la continuent depuis la grande Syrte jusqu’à l’Egypte.

Cyrénaïque. n m. Nom d’une secte d’anciens Philosophes, Cyrenaïcus. Le Chef des Cyrénaïques fut Aristippe de Cyrène, disciple de Socrate. C’est de-là qu’ils furent appelés Cyrénaïques. Aristippe qui vivoit en la 96 Olympiade, c’est-à-dire près de 400 ans avant J. C. Aristippe, dis-je, & ses disciples, faisoient consister la fin de l’homme & sa félicité dans le plaisir ; & ils n’estimoient la vertu louable qu’autant qu’elle pouvoit servir à la volupté, comme on n’estime une médecine, qu’autant qu’elle est utile à la santé. C’étoit-là leur comparaison ordinaire. Ils entendoient par plaisir, ou volupté, non pas seulement la privation de la douleur & la tranquillité de l’ame ; mais l’assemblage de toutes les voluptés particulières, tant de l’ame que des sens, & sur-tout celle-ci. Trois disciples d’Aristippe diviserent dans la suite sa secte en trois branches, qui convinrent cependant toutes trois de ce principe. L’une fut appelée Hégésiaque, Hegesiaca, l’autre Annicérie, & la troisième Théodorie, du nom de leurs Auteurs. Cicéron parle souvent de l’Ecole d’Aristippe, & dit qu’il en sortoit des débauchés.

CYRÈNE. Quelques-uns écrivent CIRÈNE. Ville d’Afrique, l’une des cinq, dont la petite contrée, nommée Pentapolis avoit reçu son nom Cyrcenæ. Postel a cru que c’étoit Carvan, ou Cairoan ; mais cette ville est plus moderne, plus à l’ouest, & plus avant dans la terre terme. Elle étoit entre la grande Syrte, ou le grand banc des côtes d’Egypte, & le Palus Matéotide, mais dans les terres & non sur la côte. Cyrène fut la patrie de plusieurs grands hommes, Aristippe, Callimaque, Eratostène, Carnéade, Synesius, &c. On croit que cette ville fut bâtie par Arcésilas, second Roi d’une Colonie de Grecs qui s’étoit établie proche de la fontaine du soleil, & y bâtit d’abord la ville de Zoa sous Battus son premier Roi. Cyrène fut bâtie par Battus & les Théséens, selon Hérodote, L. IV. Callimaque, L. XVI. Strabon, & Pausanias dans ses Laconiques, l’an 90 de la fondation de Rome, si nous nous en voulons rapporter à Eusèbe ; mais Pline, qui est plus sûr en cet endroit, L. IX. c. 3. le met en l’an 144. Vigenere.

Cyrène. s. f. Terme de Mythologie. Nymphe de Thrace, fut aimée du Dieu Mars, qui la rendit mere du fameux Diomède, Roi de Thrace.

Cyrène, maîtresse d’Apollon & mère d’Aristée.

CYRÉNÉEN, éenne. adj. Qui est de Cyrène. Cyrenæus. Comme Simon le Cyrenéen soulageoit J. C. en apparence, parce qu’il avoit une force divine qui ne laissoit affoiblir son corps qu’autant qu’il vouloit, ainsi c’est nous qui paroissons porter la croix que Dieu nous impose ; mais si nous souffrons par l’esprit de J. C. c’est lui en effet qui la porte, & qui nous empêche d’y succomber en la proportionnant à notre foiblesse. Royaum. On diroit que tous nos nouveaux Traducteurs du N. T. aient évité ce mot. Ils ont toujours dit un homme de Cyrène, ceux de Cyrène. Cependant Cyrenéen, sur-tout en parlant de Simon qui aida J. C. à porter sa croix, est fort en usage. Les Cyrénéens étoient très-voluptueux. Les Cyrénéens excelloient dans l’art de dresser les chevaux, & de conduire un char dans la lice.

CYRIAQUE. s. m. Voyez Quiriace.

CYRIC, ou CYRIQUE. Car c’est ainsi qu’il faut écrire, & non pas Cyric, comme fait Baillet. Voyez Cyr.

CYRNUS. Ancien nom de l’Ile de Corse. Cyrnus. Lors qu’Harpagus vint assiéger Phocée, une partie des Phocéens se retirèrent à Alalie, qu’ils avoient bâtie 20 ans auparavant dans Cyrnus, qui est l’Ile de Corse : mais y étant inquiétés par les Carthaginois & les Tyrrhéniens, ils furent contraints 5 ans après de chercher des lieux de repos, qu’ils trouvèrent le long des côtes d’Italie & de France, où ils bâtirent Marseille. Du Loir, p. 11.

CYRRHE. Nom de deux villes, l’une en Syrie, capitale de la Cyrrestique ; & l’autre dans la Phocide, Cyrrhus. La première s’appelle aujourd’hui Quars, ou selon d’autres Carin ; & la seconde Kôrr.

CYRRHESTIQUE. Cyrrestica. Contrée de Syrie, qui prenoit