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PAS–PAS


ressée. Id. Dans l’état passif, l’ame n’a plus ni action, ni situation propre & naturelle, c’est une souplesse infinie de l’ame, que la plus insensible impulsion de la grâce, fait mouvoir. Fén. Voyez encore Contemplatif, Contemplation.

☞ Passif, en Grammaire, est une seconde inflexion du verbe, qui d’actif devient passif, en prenant le verbe auxiliaire je suis, au lieu de j’ai, qui le conjuge à l’actif. Voyez Verbe.

Passif, en ce sens s’emploie aussi substantivement ; ainsi, l’on dit, conjuger le passtf d’un verbe. Ce verbe n’a point de passif.

Neutre passif est un verbe qui a la conjugaison passive, & la signification neutre. Voyez Verbe & Neutre.

☞ En parlant des verbes ou des adjectifs verbaux, on dit qu’ils ont une signification active, ou une signification passive, pour dire, qu’ils servent à marquer une action ou une passion.


PASSIGNIANO. Nom d’une petite ville, ou bon Iwurg de l’Etat de l’Eglise, en Italie. Pajfinianum. Ce lieu est dans le Pérugin, iur le lac de Pèrugia, qui prend souvent le nom de ce bourg, &z aussi de celui de Castiglione.

☞ PASSION, s. f. Terme de Phyfiquc, relatif & oppofé à adl’ion, qui le dit lorsque quelque corps naturel reçoit, ou foudre l’aition de quelque agent. Passion. C’est proprement rimpredion de l’agent reçu dans le lujct. Il n’y a point d’action sans passion. On le dit aussi en Grammaire. Le verbe aâif est celui qui marque laAion ; le passif, celui qui marque la pajfion ; ou plutôt l’objet de l’adtion.

Passion, signifie aussi, souffrance corporelle. Jésus-Christ a souffert mort & ni7// ?o« pour racheter le genre humain. Jésus Chr’ijïus cruciatus jfuppUcia & cormenta fuflinu’u. La passion a. été écrite par les quatre Evangélistes. Depuis, ce mot a été conlacré à ce mystcre, il n’a plus été en usage pour les autres fouffrances corporelles, h ce n’est à l’égard de quelques Martyrs ; & en cette phrase proverbiale : il m’a fait souffrir mort &c passlon ■ pour dire hyperboliquement, il m’a fort tourmenté, incommodé, ou ennuyé.

Ce mot de passion en Bretagne, signifie encore agonie. Il est emprunté du Latin passlo.

Passion, se dit aussi dans l’Eglise, de la Fête j qu’on fait en mémoire de la PaJJlon de Notre-Seigneur pendant la cinquième lemaine de Carcme, qu’on appelle la semaine de la Pajfion. Le Dimanche de la PafJîon. Hehdomada passîonis. On le dit aussi de l’Office. Il y a des Dioccfcs où l’Office se fait en rouge le jour de la Passion, comme du premier, & du Roi des Martyrs.

Passion, se dit aussi du fermon qu’on fait le jour de la PaJJlon fur ce mystcre, c’est-à-dire, lut la Passion de Notre-Seigneur, fur ses fouffrances & fa mort. Oratio de Chrljli morte. Vous avez été à la Passion ce matin, pour moi j je n’y irai que ce loir. Prêcher la Pajfion. J’ai entendu la Passion d’un tel Prédicateur. Le P. Bourdaloue a trois ou quatre Pajfions, toutes fort belles & d’un grand maître, c’est-à-dire, nos ou quatre fermons fur la Passion de Notre-Seigneur. Le P. Surin dit qu’on ne peut bien prêcher la Passion, qu’on n’y employé trois heures, h elle ne dure trois heures. Autrefois les Prédicateurs prêchoient la Passion pendant toute la semaine sainte, prenant chaque jour, pour le sujet de leur fermon, un mystère de la Passion.

☞ On le dit aussi de la partie de l’Évangile, où est racontée la Pajfion de Notre-Seigneur. La Passion selon S. Jean, selon S. Matthieu, &c.

Passion, se dit aussi parmi le peuple, d’un son de cloche qu’on fait au milieu de la Melfe vers la confécration, & dans les villages avant le dernier coup de la grande Meffie, auquel tenis le Curé récite la Pejfion. On le dit aussi d’un certain Ion de cloche qu’on fait pour les Agonifans, afin qu’on se mette en prière pour eux.

☞ Passion. Terme de Médecine. C’est le nom que les Médecins donnent à certaines maladies très-doulourcules, telles que les vapeurs hystériques, qu’ils appellent ^a//Zo«-hystérique, la colique dite de Mi-Icréré, qu’ils nomment P.{/7zo/2-iliaque, & le Hux de ventre chylcux, qu’ils désignent parle nom de P.7P /"ora-cosliaque. Voye^^ Hystérique, Iliaq.ue & CoE LIAQUE.

Passion, en Morale, se dit des mouvemensj & des dihérentes agitations del’ame, selon les divers objets qui (eprélentent aux sens. Anïmï affecliones, affeclus^ passiones. La raison ne doit être appelée que pour tempérer zs pajfions, & non pour les éteindre. Id. A soixante ans il est mal ailé de juger li les pafJions qu’on ne relFcnt plus, (ont éteintes, ou alîujéties. S. Evr. On peut dire que toutes les passions par lesquelles l’ame le porte à quelque chose, comme l’amour ou l’ambition, font plutôt de véritablesidions que des pajfons, & qu’au contraire, tous ces mouvemens par lelqucls l’ame se trouve interrompue dans son action, font de véritables/îiZ//îo, -2J, comme la tri (telle. Nos passions se jouent de nouSj & nous perfuadent à leur gré ce qui les Hâte. Disc. d’Él. Les pajf ans ne le présentent pas toujours fous leur forme naturelle ; c’est sous les apparences même de la vertu, que se cachent celles dont nous nous défions le plus. Id. Si les hommes n’avoient point de passions, que feroient-ils au monde ? ce font elles qui font naître tous les plaisirs. M. Scud. Les paj^ Jions ont en elles un certain feu qui anime toutes les actions des hommes, & la fagelfe n’a jamais conlîsté à n’avoir point de pajfions, mais à leur donner des bornes. Id. Dans les choies de pajfion, il vaut mieux imiter le langage des personnes d’un esprit médiocre, que celui des autres. Font. Les passions ont une injustice, & un intérêt propre, qui fait qu’on s’en doit défier, lors même qu’elles paroissent les plus raisonnables. La Roch. Les pajfons sont en l’homme comme des troupes qui servent à lui procurer le bien j & à le garantir du mal. S. Evr. Chaque/7iz//Zi)« parlé un différent langage. Boil. Toutes les passions humaines sont vicieules & defordonnées, comme l’amour propre qui leur donne la nailîance. M. Esp. Les effets extraordinaires des passions ne peuvent être imités par la raison ; leurs mouvemens dépendent des objets. Nie. M. Courtin, dans son excellent Index fur fa traduction du Traité de Grotius de la paix & de la guerre, appelle les vertus les pajfons louables. f^oye^ Vertu, hxpajfon entraîne & la fagefle conduit. P. Le Comte. C’est une maxime de Confucius.

☞ Les passions font des impreffions qui nous inclinent à aimer notre corps, & tout ce qui peut être utile à fa conlervation. La cause naturelle de ces imprellions est le mouvement des esprits animaux, qui se répandent dans le corps pour y produire & pour y entretenir une difpolîtion convenable à l’objet que l’on apperçoit, afin que le corps & l’esprit s’aident mutuellement dans cette rencontre.

☞ On peut distinguer sept choses dans chacune de nos pajfions, excepté dans l’admiration, qui n’est aussi qu’une passion imparfaite.

☞ La première est le jugement que l’esprit porte d’un objet, on plutôt la vue confufe ou distincte du rapport qu’un objet a avec nous. La seconde est une atiuelle détermination du mouvement de la volonté vers cet objet, supposé qu’il f’oit ou qu’il paroilfe un bien. La troisième est le sentiment qui accompagne nos

' !î// ?o«j ; sentiment d’amour, d’averlion, de defir,

de joie, de tristelle, &c. La quatrième est une nouvelle détermination du cours des esprits & du sang vers les parties extérieures du corps, & vers celles du dedans. Avant la vue de l’objet de la passion, les esprits animaux étoient répandus dans tout le corps, pour en conserver toutes les parties. À la présence de l’objet cette économie se trouble. La plupart des esprits font portés dans les muscles des bras j des jambes, du visage, &c. afin de mettre le corps dans la difpolîtion propre à la.passion qui domine, & : de lui donner le mouvement nécessaire pour l’acquilition du bien,