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JESUS-CHRIST


prodigue. Luc, xv, 11. Mais si, dans cette parabole, on voulait s’en tenir à l’application morale individuelle, toute la fin du récit, qui relate la conduite du fils aîné, Luc, xv, 25-32, semblerait un hors-d œuvre sans grande portée intelligible. L’ensemble des paraboles constitue ainsi comme une histoire prophétique qui explique les destinées de l'Église, tout en ménageant à chaque âme en particulier les plus hautes leçons de la morale chrétienne. Le Sauveur seul pouvait parler ainsi, seul il pouvait enfermer dans les mêmes récits les prophéties les plus saisissantes de vérité pour ceux qu’il voulait initier aux secrets divins, et les instructions du charme le plus pénétrant pour la direction morale des hommes de tous les temps et de tous les pays.

Sur les paraboles, voir Maldonat, Comment, in IV Evang., Pont-à-Mousson, 1597 ; Salmeron, Sermon, in parabol., Anvers, 1600 ; Unger, De parabol. Jesu natura, interpretatione, etc., Leipzig, 1828 ; Lisco, Die Parabeln Jesu, Berlin, 1831 ; Ed. Greswell.JS’acposifion of theParabtes, Londres, 1839 ; Trench, Notes on the Parables, Londres, 1841 ; Wiseman, Mélanges religieux, scientif. et httér., trad. Bernhardt, Paris, 1858, p. 8-67 ; Buisson, Paraboles de l'Éiiangile, 1849 ; Guthrie, The Parables, W& ; Stier, Reden des Hen-n/1865-1874 ; W. Arnot, The Parables of our Lord, 2e édit., Londres, 1883 ; W. Beyschlag, Die Gleichnissreden des Rerrn, Halle, 1875 ; H. W. J. Thiersch, Die Gleichnisse Çhristi nach ihrer moralischen und prophetischen Bedeutung betrachtct, 2e édit., Francfort-s.-M., 1875 ; H. Tamm, Der Realismus Jesu in seiner Gleichnissen, Iéna, 1886 ; S. Gobel, Die Parabeln Jesu, Gotha, 1880 ; Curci, Lezioni sopra i qualtro Evangeli, t. ii, p. 453-467 ; Bruce, The parabolic Teaching of Christ, Londres, 1882 ; Bacuez, Manuel biblique, Paris, 1886, t. iii, p. 400-426 ; Julicher, Die Gleichnissreden Jesu, Fribourg-en-Brisgau, 1886 ; Id., Die Gleichnissreden Jesu in Allgemeinen, Fribourg-en-Brisgau, 1888 ; Id., Auslegung der Gleichnissreden der drei ersten Evangelien-, Fribourg-enBrisgau, 1899 ; A. Freystedt, Die Gleichnisse des Rerrn, Predigten, Leipzig, 1896 ; I. Stockmeyer, Exegelische. und praktische Erklarung ausgewâhlter Gleichnisse Jesu Vorlesungen, Bàle, 1897.

IX. Sa divinité.

Quand il s’agit de Jésus-Christ, la question capitale à résoudre est celle de sa divinité. S’il n’est pas Dieu, l’Ancien Testament est un livre sans objet défini et sans conclusion. Quant à l'Évangile, il devient tellement inexplicable, qu’il faut en atténuer tous les traits pour qu’il ait quelque sens. Par contre, ces livres entendus dans leur signification naturelle et historique fournissent une démonstration invincible de la divinité de Jésus-Christ. Il sort de ces écrits trois preuves qui, séparées l’une de l’autre, n’auraient qu’une valeur relative, mais qui, réunies, forment l’ensemble le plus convaincant qu’on puisse désirer. Les prophéties accomplies et les miracles opérés prouvent péremptoirementque Jésus-Christesttout au moins l’envoyé de Dieu ; ils iraient même parfois jusqu'à prouver logiquement sa divinité. Mais entre les deux se place l’affirmation solennelle de Jésus-Christ sur sa divinité ; affirmation qui, appuyée d’une part sur les prophéties accomplies en sa personne, de l’autre, sur les miracles opérés, démontre que celui qui est manifestement envoyé par Dieu, et que Dieu ne cesse d’autoriser par les miracles qu’il lui fait opérer, est vraiment Dieu lui-même, puisqu’il l’affirme. I. les prophéties.

1° Prophéties concernant Jésus' Christ. — 1. Parmi les prophéties qui concernent le Messie, il en est qui fixent le temps et les circonstances de sa venue, et d’autres qui tracent à l’avance les caractères de sa personne et de sa mission, quelques-unes seulement laissent entendre qu’il sera Dieu. Ps. ii, 7 ; xlv (xliv), 7 ; Is., ix, 6. Mais ces dernières sont rares. Elles ne pouvaient d’ailleurs constituer un signe pour reconnaître le Messie ; elles affirment seulement et comme

en passant, pour ne pas dévoiler trop clairement aux anciens un mystère qui devait rester pour eux dans une ombre discrète, que celui qui est promis et qu’on attend sera Dieu. Or toutes les prophéties messianiques que nous avons énumérées plus haut, col. 1430, se sont exactement vérifiées en Jésus-Christ. Cf. S. Justin, ûialog. cum Tryphon., 49-53, 66, 77, 78, 85, 91, 98, t. vi, col. 586-594, 627, 655-663, 675-679, 691, 706 ; Freppel, Saint Justin, Paris, 1869, p. 386-391 ; Pascal, Pensées, édit. Guthlin, Paris, 1896, p. 170-215. Jésus-Christ et les prophéties se sont éclairés mutuellement. Les prophéties ont permis de reconnaître en Jésus le Messie promis, l’envoyé de Dieu, et Jésus-Christ a fait comprendre les prophéties, en réalisant dans sa personne des caractères qui paraissaient tout d’abord inconciliables et en démontrant quel sens, littéral ou spirituel, il fallait attribuer aux oracles messianiques. L’argument à tirer de l’accomplissement des prophéties est de telle importance que, pour conserver ces textes antiques, la Providence a perpétué et perpétuera jusqu'à la fin des temps, Rom., xi, 25, 26, le peuple juif, dans les conditions les plus anormales, au milieu de tous les autres peuples, aux mœurs desquels il s’accommode sans rien perdre de son caractère national et en s’assurant une prospérité matérielle qui est une des conditions nécessaires de sa durée. « Si les Juifs eussent été tous convertis par Jésus-Christ, nous n’aurions plus que des témoins suspects ; et s’ils avaient été exterminés, nous n’en aurions point du tout. » Pascal, Pensées, p. 210. — 2. Pour être démonstratif, il faut que l’accomplissement des prophéties messianiques ne puis « e être attribué à aucune cause naturelle. — a) Tout d’abord, cet accomplissement n’est pas fortuit. Si les prophéties portaient seulement que le Messie naîtrait à Bethléhem et serait crucifié, il pourrait se rencontrer assez facilement un homme qui réalisât ces deux conditions. Si on en ajoute une troisième, que ! a naissance aura lieu à telle époque donnée, déjà la réalisation par le hasard de l'événement prédit devient beaucoup plus improbable. Mais ce ne sont pas seulement deux ou trois traits, c’est un portrait compliqué, avec des centaines de particularités importantes, qui a été tracé à l’avance par les prophètes et auquel correspond de point en point la figure de Jésus-Christ. Il est absolument impossible de ne voir là qu’une coïncidence fortuite ; ce serait contraire à toutes les règles du bon sens. — 6) On ne peut dire non plus que Jésus-Christ n’est que le résultat naturel de tout un mouvement d’idées et d’inspirations créé par les prophéties. Les événements évangéliques ne seraient alors que le produit de la pensée prophétique, la pensée ayant tendance naturelle à se réaliser dans les faits. Deux raisons historiques, en dehors des autres, s’opposent radicalement à l’acceptation de cette théorie. C’est d’abord que la prophétie s'était arrêtée quatre cents ans avant Jésus-Christ. I Mach., ix, 27. « Après quatre cents ans d’interruption, paraissent Jean-Baptiste d’abord et ensuite Jésus-Christ. Est-ce une idée admissible que celle d’un mouvement de pensée et d’opinion qui s’arrête pendant quatre cents ans et qui, au bout de ce temps, se remet à marcher brusquement, pour arriver d’un bond plus haut qu’il ne s’est élevé jusque-là? N’est-il pas certain qu’un mouvement qui s’interrompt ainsi périt entièrement ? » De Broglie, Questions bibliques, Paris, 1897, p. 368. D’autre part il est certain que tout effet est de même nature que sa ^cause. Comment donc des prophéties interprétées par toute une nation dans le sens d’un Messie temporel et glorieux, auraient-elles suscité dans cette même nation un Messie spirituel et souffrant ? La contradiction serait d’autant plus flagrante que, pendant les quatre cents ans qui ont précédé Jésus-Christ, à défaut de prophéties nouvelles, il n’y avait plus à fermenter dans les esprits que les anciennes prophéties entendues dans un sens grossier et étroit qui n’a rien de commun avec ce que