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ROSE — ROSEAU

Malheureusement l’original hébreu de ces deux passages de l’Ecclésiastique, xxiv, 14 (Vulgate, 18) et xxxix, 13 (Vulgate, 17) n’a pas été retrouvé. Quant au ꝟ. 8 du chapitre l, où Simon est comparé, dans le grec et le latin, à la fleur des rosiers aux jours du printemps, le mot hébreu découvert donne un autre sens : « Comme la fleur בענפי, be’anfê, aux branches, aux jours du printemps ». Il faut avouer que la leçon déchiffrée sur les manuscrits, בענפי (pluriel irrégulier), n’est pas très satisfaisante : On s’attendait à trouver ici un nom de plante particulier et non pas un nom vague et général comme celui de branches. Le traducteur grec n’a certainement pas lu בענפי pour traduire par ῥοδών. N’aurait-il pas trouvé dans l’original hébreu le mot ורדים, uardim, pluriel de וָרְדָא, uarda’, « rose » ? Et ce mot ורדים, mal lu dans l’écriture carrée ou dans l’ancienne écriture par un copiste du texte hébreu, n’aurait-il pas été confondu avec בענפי ?

[Image à insérer] 255. — Arundo donax.

Quant au Cant., ii, 1, et Is., xxxv, 1, où quelques versions modernes à la suite de Kimchi et d’Abenesra ont cru trouver la rose, la rose de Saron, le mot hébreu ḥăbaššéléṭ, n’a certainement pas ce sens. Il désigne le colchique, ou plutôt le narcisse. Voir t. ii, col. 831, et t. iv, col. 1477.

Ce qu’on a l’habitude d’appeler rose de Jéricho n’a rien de commun avec les roses proprement dites : c’est l’Anastatica hierochuntina, qui a la propriété, dès qu’elle est plongée dans l’eau, de s’ouvrir peu à peu, et d’étaler ses branches et ses feuilles. Voir t. iii, col. 1291, fig. 227 et 228.

E. Levesque.

ROSEAU (hébreu : qânéh ; Septante : καλάμος ; Vulgate : arundo, calamus), plante aquatique.

I. Description.

Ce nom vulgaire a été appliqué à plusieurs genres de graminées à chaume robuste et vivace, tels que les Phalaris, Calamagrostis, etc. Mais il convient surtout aux espèces de la tribu des Arondinées, très répandues aux bords des eaux dans toute la région méditerranéenne et caractérisées par leurs épillets pourvus de longs poils à la base ; ainsi que par leurs glumelles portant ordinairement 2 ou 3 dents au sommet. Le principal genre Arundo a ses épillets velus sur la glumelle même et comprend comme principale espèce Arundo Donax (fig. 255), vulgairement la Canne de Provence. D’un puissant rhizome tubérisé s’élancent des tiges ligneuses, hautes de plusieurs mètres, à nœuds rapprochés et abondamment ramifiées à la partie supérieure. Les feuilles distiques, planes, largement lancéolées à pointe aiguë, ont une très courte ligule garnie de cils. La panicule terminale dense et dressée en quenouille porte au sommet de ses nombreuses branches des épillets à 3 ou 4 fleurs. Les glumes scabres sur la carène dorsale égalent presque les glumelles à sommet bifide et munies d’une arête courte dans l’échancrure.

[Image à insérer] 256. — Phragmites communia.

Les Phragmites ont leurs poils portés par le rachis, au-dessous des épillets, tandis que les glumes et glumelles sont glabres. Le Phragmites communia (fig. 256) un des roseaux les plus répandus, présente dans la région chaude, principalement en Syrie, en Galilée et en Egypte, une variété plus robuste atteignant 15 à 20 pieds (2 mètres 10) qui rivalise pour ses dimensions avec l'Arundo, mais en diffère par sa panicule de fleurs diffuse et un peu penchée.

F. Hy.

II. Exégèse.

Le qânéh est une plante d’eau mise en parallèle avec le jonc, sûf, III Reg., xiv, 15 ; Is., xix, 6, avec le papyrus, gômê’, Is., xxxv, 7 ; croissant en épais fourré et pouvant fournir une retraite assurée au crocodile, Ps. lxviii (Vulgate, lxvii), 31, à l’hippopotame, Job, xl, 21 (Vulgate, 16), dontla tige droite peut servir de bâton, de canne. IV Reg., xviii, 21 ; Ezech., xxxix, 6. Tous ces caractères conviennent au roseau, à l’Arundo Donax, et aux espèces voisines comme le Phragmites communis. On trouve d’ailleurs le même nom pour désigner cette plante en assyrien : qânû, en syriaque et chaldéen : qanyā’, et même en grec : κάννα et en latin canna. I. Löw, Aramäische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 341.

Cette plante était ré-