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d’oreilles de cheval. Ils ont une chevelure en désordre, une longue barbe pointue, le nez camus et l’air bestial. Ces traits, rendus familiers par les monuments attiques. sculptures^^1, gemmes^^2, et vases à figures noires, doivent sans doute une grande partie de leur popularité aux fêtes bachiques. Aux grandes Dionysies, des processions bruyantes d’hommes costumés en Silènes parcouraient les rues d’Athènes. Nous avons quelque chose de ces mascarades dans les tableaux figurés sur les vases^^3.

Le type ionien courant se modifie sensiblement, dès l’origine, dans les terres cuites. Un masque du Musée Britannique^^4 donne au Silène un front chauve sillonné de rides, et le faciès des négroïdes. À l’époque archaïque, le Satyre, c’est le suivant de Dionysos, gros, ventru, danseur jovial, que l’on voit figurer surtout sur les vases de Corinthe, de Cyrène et de Samos^^5, véritable ancêtre des histrions de la comédie attique et du Silène ventripotent adopté par l’âge classique^^6.

B. Période classique. — Le type du Silène archaïque s’adoucit au v siècle dans les vases à figures rouges où [[File:Silène-aidant-Dionysos.<jpg>|200px|alt=]]
Fig. 6129. — Silène aidant Dionysos à s’armer.
foisonnent les sujets bachiques. Dans ces scènes [maenades], les Silènes, très nombreux, sont en général chauves ; leur barbe encore fournie n’a plus la forme triangulaire d’autrefois (fig. (6129)^^7 : elle est traitée indépendamment de la chevelure. D’ailleurs, la calvitie ne sévit pas chez tous ; plusieurs gardent les cheveux relevés sur le front. Leur visage laid et expressif, n’a plus un caractère aussi bestial ; il revêt même parfois une certaine noblesse^^8. La statuaire a fixé dans un chef-d’œuvre le type du Silène barbu : le Marsyas de Myron^^9 tombé en arrêt, paralysé d’étonnement devant les flûtes d’Athéna, offre des formes élancées et nerveuses, qui se dessinent déjà dans les Silènes du Vase François. Le Silène barbu, aux cheveux redressés sur le front, restera en faveur jusqu’à l’époque hellénistique et romaine^^10. C’est le plus fréquent et le plus familier. Héritier direct de l’art archaïque, il se maintient sans grand changement jusqu’à la fin de l’antiquité. Toutefois, M. Furtwängler a établi^^11 que de ce type du Satyre-Silène barbu

1 Relief de tuf, Ath. Mitth. 1886, pl. ii. 78 (Studniczka).

2 Furtwängler, Die aniik. Gemmen, pl. vi, 60 : VIII, 20 ; VI, 53. etc.

3 Le témoignage le plus direct est donné par un cotyle où l’on voit des Satyres assistant à la fête des Dionysies célébrées par des jeunes filles nobles d’Athènes, Amer. Journ. of Arch. 1907. p. 423, fig. 5 : cf. aussi Pottier, Catalogue, p. 905.

4 Bochlau. Aus ionischen und ital. Neer. fig. 74 ; cf. pl. i. I et 6 ; Loescheke. Ath. Mitth. 1894, pl. viii, p. 510.

5 Corinthe : Loeschecke, L.c. Duiuont el Cliaplain, Céramiques de tu Grixe. p. 239 ; cf. Wilisch, Die Attk-rinttiiseh. Tlioniiulitstrie, p. 48 ; Cyrénc : Arch. Zeitg.liii, pi. Jii. 1 ;)3, 1 et 4 : Sanios : Loelilau, Aus iontsc/ten Aecrop. fig. 2G-28, p. 71.

6 M. Heiizey a rapproché le Silène ionien du dieu Bês des Égyptiens, Catalogue des fiijurmes de t. c. du Louvre, p. 77 cl Bull. corr. hell. 1SS4, ICI si). ; cf. Furtwängler, Archiv. fur Itelhjionswistienchaft^ 1907, p. 325, et Antik. Cemiiten, III, 40 sq. SI. Kf.ite. Jairbucit. d. arch. Inst. IS93, p. 89 si|, voit dans uns dénions le proloUpe l’es PIilyaLcs ilaliotes [phlyakes].

7 Frœhner, Musées de France pl.viii.

8 Pottier. Catalogue des vas. du Louvre, p. 1099, C 401. Vatiran, Musée Étrusque, cratère campanien, no 120, Papposilène, endormi au premier plan d’un banquet d’acteurs. Cf. aussi, n" 161, Papposilène dansant.

9 Brunn-Bruckmann. Denkmäter, pl.ccviii : statue du Latran, Helbig, Fuhrer, no 682.

10 Ann. d. Inst. 1877, p. 232 sq.

11 Ann. dell. Inst. 1877, p. 277 sq.)

12 Pausan. I, 20. 1.

13 Louvre, Brunn-Bruckmann, Denkmäler, nos  126, 127 ; Rome, Capitole, ibid. pl.ccclxxvii : Helbig, Führer, no 539 ; Vatican, Ibid., no 56, p. 33 ; Michaelis, Ancient Marbles. Petnortli,u> 8, p. 601.


se détachent, par une évolution facile à suivre, deux nouveaux types appelés également à jouir d’une grande vogue : le Satyre juvénile, imberbe, et le vieux Silène ventripotent. Créés tous deux au ive siècle, ils n’ôtent rien de sa vigueur au type fondamental du Satyre-Silène barbu.

C’est à l’image du Pan juvénile [pan] que Praxitèle fil ses statues si vantées de Satyres qui, si l’on ajoute [[File:Jeune-Satyre-au-repos.<jpg>|200px|alt=]]
Fig. 6130. — Jeune Satyre au repos.
créance à un passage malheureusement suspect de Pausanias^^12 ornaient à Athènes la rue des Trépieds. Il y avait alors dans l’art une tendance à rajeunir les divinités masculines : Hermès, Dionysos, Pan, et les Satyres sont entraînés dans ce courant général. C’est à un original de Praxitèle que l’on rattache les nombreuses figures de Satyres accoudés en une pose alanguie, dits Satyres au repos^^13 (fig. 6130). La belle statue de Satyre échanson de l’Albertinum de Dresde est peut-être une réplique du Satyre periboetos du même sculpteur, connu par une anecdote célèbre de Pline^^14. Dès lors, le type du Satyre juvénile est bien établi ; il est imberbe et porte les cheveux relevés sur le front^^15 ; ses oreilles pointues et quelquefois des protubérances peu accentuées sur le front^^16, [[File:Papposilène.<jpg>|200px|alt=]]
Fig. 6131. — Papposilène.
tenant lieu de cornes^^17, sont les seules survivances de la nature animale, plus clairement exprimée aussi dans certains cas par des cornes, des glandes caprines (guttae) et une queue de chèvre^^18.

C’est au ive siècle que se précise le type attique du vieux Silène, personnage au masque socratique, à la fois laid et jovial, à face chauve, aux oreilles de porc^^19, aux membres gras, au ventre replet. Les statuettes de terre cuite montrent bien les rapports étroits de ce nouveau type avec l’ancien Papposilène archaïque (fig. 6131)^^20. D’abord exclusivement théâtral, le Silène est devenu une figure populaire, comme père nourricier de Dionysos (voir plus

14 Furtwängler, Meisterwerke. fie. p. 333 ; et J/on. ined.,I, pi. vu, fig, 2 ; cf, Micliaelis, Ancient Maclues, Orent Britain, p. CiOO, n» 6 ; à Itoinc, Musée des Thermes, Helbig. fûhrer, no 926 = Brunn-Bi-uckinano, Ilenkmâler, n’ 376. Voir Plin. Nat. hist. IV, 31, 69.

15 Reinach. Répertoire de la statuaire. II, p. 134, 1-7 ; 135, 3, 5-7.

16 Satyre praxitélien de Lamia, Arndt et Amelung, Einzelverkauf, 247, 041-042.

17 Sur les cornee des Satyres, cf. Stephani, Comptes rendus de Saint-Péters. 1ÏS74. 66-81. Sur un Satyre à trois cornes, Zoega, liassiritievi, II, pi. nxxii.

18 Brunn-Bruckmann, Denkmäler. Il, 59V ; liueseli, Uuula il’ustrala det museo di Napoli (1907), n> 84 ; Furtwangler, Satyr aus Pcryarnon. t. III ; cf. le Satyre appuyé de Berlin, Beschreibung dcr antik. Sculpturrn, n’ 260 ; /lô’ii. Mitt.i. 1903, p. 1 Kl (Anieliing) ; cf. deux Satyres en marbre rouge, l’un au Vatican, l’autre au Capitole ; Helbig, fûhrer^. a’ 259 et 33i. Voir encore llcibig, Fillirer, 319 et Anielung. Moderne Cicérone, llom, 1, p. l9s. Pour les.’^atyros lysippéens, cf. Pline = Overbeck, Schriftguellen. a’ 1402.

19 Brunn-Bruckmann, Denkmäler, no 433 ; Furtwängler, Annali d. I. 1877, p. 199 : noter un musqué double, du Silène ortlinairc et du type arcbai’quc ; Helbig, Fùhrer, n" 77, où sont réunis les deux types.

20 Archiv. fur Religionswissens. 1907, pi. ii cl p. 331 ; cf. Hcuzcy. Bull. corr. hell. 1883, pi. is : Winter, Vie Anliken Tcrrakutten, II, 398 sq. Dans notre figure le mas |uc siléni<|uc a des cornes d’Ainmon qui se rclrouvenl sur un ti’ssoii arréUii dima colledioii parliciilière.