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hortes ; la 1re, la 3e la 5e la Ge la 8e et la 10e cohorte qui occupaient le centre et les extrémités des deux lignes, étaient composées des soldats les plus braves et les plus robustes 41.

Dans tous les temps, le centre de la ligne de bataille était désigné par l’expression media acies 42 : quant aux deux extrémités de cette ligne, elles ont été quelquefois appelées alae 43 ou latera 44, mais presque toujours cornua 45 ; c’est là qu’on plaçait généralement la cavalerie 46 et quelquefois l’infanterie légère 47. Sous le Bas-Empire on y mettait une troupe spéciale appelée ύπερκέραστεζ 48. Dans tous les temps aussi il y eut des troupes placées en réserve, subsidia : celles qui occupaient la deuxième et la troisième ligne étaient généralement considérées comme telle 49, mais ce rôle était quelquefois confié à la cavalerie 50 ou à un certain nombre de cohortes, subsidiariae cohortes 51 : sous le Bas-Empire, il fut attribué à une troupe spéciale appelée νωτοφύλακται 52.

Végèce 53 énumère sept ordres de bataille : 1° former un rectangle allongé en présentant l’une des grandes faces à l’ennemi, frons longa quadro exercitu ; 2° former l’ordre oblique en refusant l’aile gauche et attaquant avec la droite composée des meilleures troupes, sinistram alam a dextra adversarii longius separare, dextram alam cum equitibus optimis et probatissimis peditibus sinistrae alae illius jungere : c’est la manœuvre des batailles de Leuctres, de Mantinée et d’Issus ; 3° former l’ordre oblique en faisant avancer la gauche et en refusant la droite, a sinistro cornu cum adversarii dextro confligium incipere, manœuvre plus dangereuse que la précédente pour les anciens qui, en marchant vers la gauche, présentaient à l’ennemi le flanc droit que ne protégeait pas le bouclier ; 4° attaquer l’ennemi par les deux ailes, ambas alas incitare, et alors le centre se trouve découvert, media acies nudatur : on peut rattacherà cette disposition la formation des troupes de Scipion à la bataille d’Ilinga, et l’ordre concave adopté par Annibal à la bataille de Cannes 54 ; 5° renforcer son centre au moment où les deux ailes font leur attaque, levem armaturam et sagittarios ante mediam aciem ponere : cet ordre n’est évidemment qu’une modification du précédent ; 6° attaquer avec sa droite en laissant le centre en colonne et la gauche déployée en arrière de celui-ci, mais placée parallèlement à l’ennemi, pour être à même de tomber sur lui s’il veut marcher au secours du point attaqué, dextram alam sinistrae alae hostium jungere, reliquam partem longissime ab acie adversariorum removere et in directum porrigere, quasi veru ; 7° appuyer une de ses ailes à un obstacle naturel, montem, aut mare, aut flumen, aut lacum, aut paludes, aut abruptu, in una parte habere et reliquum exercitum directa acie ordinare : ceci constitue plutôt un choix de position qu’un ordre de bataille : telle fut la disposition adoptée par Pompée à Pharsale 55.

Ces ordres de bataille peuvent se résumer en trois seulement : l’ordre parallèle, l’ordre oblique et l’attaque par les deux ailes.

L’empereur Léon 56 ne donne, comme l’empereur Mau-

41 Vcg. II. 6, 13 ; Léo, Inst. XII. — " Tit. Liv. XXIII, 29 ; Cacs. Bell. gall. m, i » ; Uell. cio. I, 8:i ; III, 07, 88; Jlctl. afr. 60. — " Veg. Il, 1 ; Aul. Coll. XVI, 4. — <>■> Sali. Jug. 49. — <•’<■ Til. Liv. IX, 27 ; XXIII, 29 ; XXVII, 2 ; XXXIII, 39 ; Caes. Bell. ijlUl. I, S2 ; II, 23 ; VII, 62 ; Bell. civ. III, 67, 69 ; Bell. afr. CO, SI ; Veg.’H, 15. —’6 l’olyb. I, 33 ; 111, 72, 113 ; XIV, 8. —’7 Ti(. l ;,. XWVll, 29. — *8 Lco, fnst. XII. — W Tit. Liv. V, 38 ; XXVII, 1, 2, 12, 1, 1 ; XM’i, 2 ; XXX, 8, 18 ; XXXI, 21 ; X.VXV, 5 ; Cms. Bell. civ. 1, 83. — 50 Tit.’Liï ! XXXV. 5. — 51 Tit.LIv. 1X, 27 ; XXXIV, 13 ; Tac. Ann. I, 63.-52 Léo, Insl. XII.— 13 ai.. 11.-5’Til. l.iv. XXll, 17 ; XXVIU, 14 ; Kl-out. Slrat. II. 3, 4 ; Puljb. 111,

rice, que quatre ordres de bataille appelés par ce dernier le scythique, l’alanique, l’africain et l’italique. Par le premier, on formait une ligne pleine dont les ailes s’inclinaient en avant pour cerner l’ennemi ; dans le second, des parties de toute la ligne s’avançaient pour attaquer, en laissant des intervalles où elles pouvaient rentrer:c’est une marche en avant en échiquier ; dans le troisième, le centre restait immobile et la manœuvre indiquée ci-dessus n’avait lieu qu’aux ailes; enfin, dans le quatrième, l’armée se formait sur deux lignes, ayant des corps séparés pour couvrir ses flancs et des réserves qui, au besoin, protégeaient les derrières : c’est celui qui se rapproche le plus de la manière de combattre des troupes modernes.

Aulu Gelle 57 indique sept manières de ranger les troupe en bataille, qu’il dit avoir vues mentionnées dans certains ouvrages d’art militaire et qu’il appelle frons, subsidia, cuneus, orbis, globus, forfices, serra, alae, turres : or, ce ne sont que des termes de tactique qui, généralement, ne se rapportent pas à des ordres de bataille, mais bien à des formations de corps de troupes placés dans des conditions particulières.

Le frons est une formation d’attaque et de défense : c’est la plus simple et la plus naturelle, un rectangle allongé présentant à l’ennemi une de ses grandes faces.

Le second mot de cette nomenclature ne désigne pas proprement une formation : Aulu-Gelle a dû le prendre dans les écrivains militaires qui insistaient sur l’utilité de constituer, les jours de combat, un corps de réserve, subsidium.

Le troisième mot, cuneus, se rapporte à une formation d’attaque bien connue. Le cuneus était composé d’un certain nombre de soldats rangés en triangle, ce qui leur procurait deux avantages, celui de lancer un grand nombre de traits sur un même point de l’armée ennemie en y provoquant ainsi un trouble extrême, et celui d’enfoncer plus facilement cette armée en lui opposant une troupe d’une


grande profondeur : cette formation, qui rendit souvent de grands services à ceux qui l’employèrent, était aussi appelée tête de porc, caput porcinum 58 ou caput porci 59. Le triangle avait sa base appuyée sur la ligne de bataille et l’angle antérieur était tronqué 60. La cavalerie 61 adoptait quelquefois cette disposition qui était fort en usage chez les Germains 62 chez les Francs 63 chez les Bataves 64, chez les Espagnols 65, chez les Scythes et les Thraces 66 ; les Grecs, qui y eurent quelquefois recours, l’appelaient έμβολον 67 : quant aux Romains, ils n’en firent généralement usage que pour de petits corps de troupes ayant à se dégager de l’ennemi qui les entourait ou à agir sur un point isolé 68. Néanmoins, s’il faut croire Frontin 69 on vit un consul l’adopter pour toute son armée qui avait à combattre la phalange macédonienne.

La disposition appelée orbis n’était autre que la manœuvre instinctive et suprême employée par les petits corps de troupes qui, entourés par l’ennemi, se groupaient en cercle pour faire face de tous côtés 70 ; par le même motif on donnait aux camps non fortifiés et dressés en toute hâte la forme ronde, in orbiculatam figuram 71.

; XI, 20. — 53 Caes. Bell. civ. III, S, S. — 56 ln.iiit. XVIII.— 57 x, 9. —58 Wg. 

I, 26 ; m, n, 13, 19, 20 ; M.idest. î, 20 ; Anim. Marc. XVU, 13. — 69 Amm. Marc. XVII, 13. — 60 Veg. m, 19. — 61 Arrian. Tact. 16 ; Amm. Marc. XXVIU, 5. — 62 Tac. Œrm. 6. —63 Agath. II. — 6* Tac. JJist. IV, SI.— « 5 Til. Li « . XXII, 47 ; XXIX, 31 ; XL, 40. — 66 Arr. Tact. 16. — 67 Xen. Hellen. VII, 5 ; Arr. Tact. 16 ; .El. Tact. 13, 34. — 68 Til. Liv. II, 50 ; VII, S4 ; XXII, 50 ; XXXIV, In : XLIV, 4u ; Caes. Bell. gall. VI, 40 ; Amm. Marc. XVIII, 13 ;.VXVUI, 5 ; Vcg. III, 20. — 69 Slrat. II, 3, 20. — 70 Tit. Liv. IV, 28, 39 ; XXI, 50 ; Caes. Uell. gall. IV, 37 ; V, 33 ; Bel !, alcx. 40 ; Bell. afr. 11. ; Sali. Jug. 97 ; VVg. I, 26. — 71 AiMiii. M.ii-c, XXIV, 8.