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Les qlohi ou dninqi liaient de petits pelotons chargés de harceler l’ennemi et de le tourner’^

La tenaille ou les ciseaux, forfices, constituait la disposition ayant la forme de la lettre V et adoptée pour résister au cuneus en l’étreignant des deux côtés ". Végèce’* dit qu’on appelait xerra une troupe de soldats courageux, opposés à l’ennemi en avant d’une ligne désorganisée à laquelle on donnait ainsi la possibilité de se reformer ; mais cette définition n’explique pas la dénomination adoptée en pareil cas. Nous préférons celle que donne Festus ", d’après Caton, qui dit qu’on appelait ainsi une suite répétée d’attaques et de retraites, ce qui rappelle le va-et-vient de la scie, serra.

Il est difficile de se rendre compte de la formation qu’Aulu-Gellc appelle ala : c’était probablement le double mouvement tournant opéré par les ailes, mouvement dont parle Végèce " et qui fut employé par les Lacédémoniens à la bataille de Leuctres, et par Annibal à la bataille de Cannes ".

Quant à la formation qu’Aulu-Gelle et Caton "’appellent turres, il est probable qu’elle n’était autre que la disposition en colonne appelée axKsÀ pilum ou veru.

Aucun auteur ancien ne nous a fait connaître la distance ([ui séparait les différentes lignes de bataille, et ce n’est qu’en rapprochant certains textes qu’on peut en avoir une idée simplement approximative. D’après l’auteur du Commentaire sur la guerre d’Afrique’", l’armée de Scipion et celle de J. César restèrent pendant toute une journée rangées en bataille à trois cents pas de distance l’une de l’autre sans engager le combat:or, il est naturel de penser qu’on se rangeait en bataille à une distance plus grande que la portée du trait, c’est-à-dire au moins double, et on peut en conclure que la plus grande portée était au plus de 1 30 pas. D’un autre côté, l’auteur des Commentaires sur la guerre civile *’, dit qu’à Dyrrachium Pompée avait rangé son armée en bataille de telle manière que la troisième ligne touchait à ses retranchements, et qu’ainsi toute l’armée pouvait être protégée par les traits lancés sans machines par les troupes placées sur ces mêmes retranchements; or, pour que le tir des soldats de Pompée fût efficace et pour qu’on n’eût pas à craindre de les voir blesser leurs camarades, nous devons supposer que la première ligne était tout au plus à 120 pas du retranchement. Donc, au temps de la formation par cohortes, la profondeur du terrain occupé par une armée rangée en bataille était tout au plus égale à 120 pas (177 mètres). Les soldats, dans la cohorte, étant formés sur dix rangs ^-, chacun d’eux occupant un espace d’environ un pied et demi de profondeur et étant placé à trois pieds de son chef de file, chaque cohorte couvrait un terrain de 42 pieds de profondeur, soit liiO pieds pour les cohortes des trois lignes. Ceci posé, si l’on adopte pour la profondeur totale du terrain occupé par l’armée celle que nous avons indiquée, c’est-à-dire 120 pas, il reste 474 pieds pour la somme des deux distances qui séparaient la première ligne de la deuxième et celle-ci de la troisième, soit 237 pieds (70 m.) pour chacune d’elles. Les résultats "lit. Liv. XXII, 3 ; Tac. Ann. Il, 11 ; IV, 50 ; Vf’;. III, 17, 19 :.Moil. 19.

— ~i Veg. m. IS, 19 ; Mod. 50. — ""< III, 19. —’5 v. Serra. —’ÎS UI, 20.

— • ! ■’Di)d. XV, 55. — ■" Til. Liv. Xll, 47 ; Polyb. UI, 105. — 79 Festiis, V. Serra. — « o Bell. afr. 61. — 8’Bell. civ. m, 56. — 82 Front. Stral. H,

i, 22. _ 83 Poljb..WllI, 13. — 84 Bell. civ. I. 8Î. — 85 n, 53. — 86 pohl>.

XVlll, 1.1. — *" Tit. Liv. VIII, S, 10 ; Vej ;. Il, (fi. — BiDuoGnÀPjim. Cnrioii Nisas, //utuire de l’art militaire, iii-8, 182-4 ; Kogniat, Considf-rntions aur l’art île In >j errr, iu-8, 1S20 ; (luistliuiili, Mcmijirei criti’jita et hist. d’autiq. tnilUcnres, Lvou, de ce calcul s’accordent avec ce qui est dit par l’auteur des Commentaires sur la guerre civile " dans une autre partie de cet écrit, et par Végèce, à propos de la portée du trait’°.

Il est encore plus difficile d’évaluer la profondeur du terrain occupé par l’armée formée en manipules, parce qu’on ignore le nombre de rangs de chacun de ceux-ci. Cependant, si l’on prend en considération ce qui avait lieu dans la cohorte, réunion de trois manipules, et si en outre on remarque que Tite-Live a dit que la profondeur de la légion n’approchait pas de celle de la phalange qui était de seize hommes’^ on est autorisé à croire que le nombre total de rangs des trois manipules était de dix, dont quatre pour les hastats, quatre pour les princes et deux pour les triaires. Mais nous n’avons aucune certitude à cet égard ; on peut seulement conclure de ce que les triaires se tenaient baissés et abrités derrière leurs boucliers ", que la distance qui séparait les trois lignes était peu considérable. Enfin, nous ferons remarquer que les armes en usage aux deux époques étant à peu près semblables, leur portée ne devait pas être différente, et que par conséquent la distance entre les lignes au temps de la formation par manipules était probablement la même qu’au temps de la formation par cohortes. M.squelez.

ACINACES (Άκινάκηζ). — Courte épée ou grand poignard de forme droite 1, dont l’usage paraît avoir été répandu dans tout l’Orient et particulièrement chez les Perses 2. Distinct de l’épée ou du sabre, qui se portaient
Fig. 57. Soldat perse.
à gauche, l’acinaces était suspendu sur la cuisse droite à un ceinturon de cuir 3, ainsi qu’on le voit dans les bas-reliefs de Persépolis, auxquels la figure 57 est empruntée 4. Quand Alexandre fit ouvrir le tombeau de Cyrus, où devaient être enfouis, d’après la tradition populaire, des trésors merveilleux 5 il y trouva un acinaces, à côté d’un bouclier pourri et de deux arcs scythiques 6. Un acinaces, dépouille de Mardonius, était conservé dans le trésor de l’acropole d’Athènes. Il ne valait pas moins de 300 dariques 7. L’acinaces était aussi une arme nationale des Scythes, qui y voyaient une image du dieu de la guerre et lui faisaient des sacrifices 8.

Aucun témoignage ne prouve que cette arme ait jamais été empruntée par les Grecs aux peuples chez qui ils la voyaient en usage ; non-seulement ils la connaissaient cependant, mais ils la fabriquaient. On a trouvé’à Nicopol, près de l’embouchure du Dnieper, dans un tombeau qui paraît être celui d’un roi ou chef indigène, un acinaces dont la lame de fer était entièrement rongée par la rouille, mais la poignée en or est encore parfaitement conservée. Les ornements, d’un goût exquis, sont de travail grec et de la belle époque de l’art (llg. 38). Sur un fourreau recouvert d’une lame de métal du plus délicat travail trouvé au même endroit (fig. 59), on voit parmi

1766 ; Berlin, 1773 et 1774 ; Lange, Hv<toria mutationnm rei militaris, m-, IStfi. .CINACES. 1 Val.Flacc. VI, 701. — « .Xcil. Anab. I, S, § 87 ; S, § 29 ; Hcroil. Vil, 51 et 67 ; 111, 1 IS. — 3 Poil. 1, ISS ; llor. lY, ii, 3. — > Tcjier, Descr. de la Perse, pi. 114 his. — 5 Arr. VI, Ï9. — 6 Q. Ourt.., 1, 31. — 7 Dcmosth. c. Timocr. u 478, iSd. Wolir, 1372. — 8 Herod. IV, 6ij Amm. Marcell. X.XI, 2 ; Lucian. Scylli. 4. Cl id. Anndi. 6 ; Ckert, Grngr. d. Griech. und Boem. III, f th. p. 303. — 9 Compte rendu de la commission impériale archéologique {de Saint-Pétersbourg ; pour ISlU, p. 173, etjjl. v.

Fi ». 57— Soldat perse.