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Chypre ’

toute la nature’, sans en excepter l’homme don tel le perpé- tue la race par l’amour. Rappelons les vers doV/Iippolytc :

ic Cypris vit dans les airs, comme elle est au fond de la mer ; tout est né d’elle ; c’est elle qui fait germer et qui fait naître l’amour, auquel, tous sur la terre, nous devons la vie -. »

C’est à ces différents points de vue qu’il convient ’ zène d’étudier Aphrodite.

1. Aphrodite astra/c l’t célesle. Aphrodite ar- mée. — Par suite de la concurrence d’autres di- vinités lunaires, l’Aphro- dite grecque n’est pas unie à la lune par des liens aussi étroits que ses prototypes orientaux ^ Cependant, les épithètes qui lui sont décernées de

naTi»i£752, nï(7tCpiT|, Ilï-

(jisïY- ; ’, ses appellations d’A(7T£pi’i " et d’O'Jpavia sont assez signilîcalives. Uranie est identique à l’Astarté lunaire des

Sémites, qui reparait à Carlhage sous le nom de I ’//’ ;/<) Caelesti.i^. Les rapports d’Aphrodite avec l’astre nocturne sont encore impliqués dans le mythe de Pliaéthon, que la déesse a ravi pour en faire le gardien de son temple ’. Plia(’lhon est, en elVct, l’étoile du malin et du soir, astre que son vif éclat fait naturellement associer à la lune dont il semble être le lirillant acolyte ’. Cette étoile, d’ailleurs, est aussi nommée étoile de Vénus ’, et rassimildtion de la déesse à cet astre double a peut-être contribué, à Chypre et en Pampiiylie, A la conception d’une Aphrodite andro- gvne ">.

D’une façon plus générale, Aphrodite est la déesse des espaces célestes ; aussi réside-t-elle sur les hauts lieux qui baignent dans l’éther. Son culte était parfois célébré sub divo, à Paphos par exemple, où elle porte le nom d’Asifx". En plusieurs endroits, comme à

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Aphroililc accucîllÎL’ par Ips He

I tirph. Hijmn. LV, ,-. :«. ! «ioTiti ; ts.itoSv iio.ç.T., ; Ov. Fusl. IV, ill, juraque l’al caeio-, terme et natnlibus imdis. Cf. Perritj, Yen. 65. y’Mvt les AUiqiies, d’aillciiis, .A|)liroJilc sera conrue comme principe du cosmos ; à ce tilre elle sera assimili’-e à Ncmésis, ou déclarée sœur des Erynies et des .Moires, ou encore la plus ancienne des .Moires (Gruppe, Op. c. p. l’iGG cl n. i, 3, 4). — 2 Hipp. H7 sq. — 3 Itosclicr, Op. c. p. 39G. - * l’s. .rislol. Mir. 133, p. 843 b, i9 ; Lyd. de mens. 44. p. m r. CultJ d’.|ilirodi(e-Pasip|]aé à Thalamai (l’aus. Ill, 35, I). Les épillièles de na ;.iT«<- ;, -«Ttsa^ ; sont caract(’rlstii[ues des divinités sidérales (Kosclicr, /. c). — ^ Oamcr, Aneed. Paris. 1, 31«. — 1 Decliarrne, Op. c. p. 18 ? ; Kosclier, Xex. p. 391 ; Gruppe, Op. c. p. I3G4. Sur Aphrodilc lunaire, v. Usener.AA.J/us. XXIII, IS68, p. 3t ;i ; ForlwSngler, Sit :. ter. llaijer. Ak. 1899. i, p. 590 si|. ; cf. l’ililo- clior. frag. hist. (jr. I, p. 38ti, 15 ; liut. Am. 19. Les anivrcs d’art i|ui mon- trent Aplirodile chevauchant des animaux correspondant aux signes du Zodia<|ue font bien ressortir ce caractère. V. Jahrb. d. Inst. Artk. Anz, V, 1890, p. il. et surtout un dis<|nc de mêlai, de Taris, où le bélier de la déesse est environné de scpl étoiles, V. notre lig. 7393(j !r< :/i. Zlij, XX, l8Ci, p. 30J, pi. IGfi, 4 ; Babelon- b’auchet, Cat. des bronzes du Cad. des à/éd. p. I IJ, n" i39. cf. Gruppe. Op. c. p. 912 et I3ti4, u. 5). t’his lard, des montures tle ce genre earaclériscront Pandènios, el seront inlerprélées comme un symbole mor.il : elles dérivent du caractère primi- tivement célesle de l’andèmos (|ui lui est conunun avec Uranie (Purtwiingler, (. c). — 1 TAeoj. 989 sq. : r’aus. I, 3, l (cf. IllUig-Bliimner, Paus., I, note à p. C). Le mythe de l’haéthon est pcut-éire d’origine phénicienne (Wilamonilr, Hermès. XVIII, 1883, p. VU) sq.). — » Kosclier, Op. c. p. 396 ; Decliarrao, ilijlh. p. 189 el 5i0. — 9 l’Ial. Epin. IX, 987 b ; llyg. Astr. Il, 4i ; cf. Gruppe, Op. c. p. 1359 el 458. — 10 Gruppe, Op. c. p. 1359 et n. 3 ; cf. p. I35C, n. 6. Cf. C. W. Manscll, La Venus androytjne aiiali(/ue, Ga :. nrcli. V, 1S79, p. 63 sq. On lit, dans un des fragments de l,i colleclion aslrolog-quc de la bibliothèque du palais de Ninive : L’asire parmi les fimeiles est ta planète Venus, elle est femelle au coucher du soleil ; l’astre parmi les mâles est la plant-te Vénus, elle est mule au lerer du soleil iMansell. a. c. p. 63). — Il Tac. Uist. Il, 3 ; l’iin. jyat. hisl. Il, ilO. Cf. Iteat-Encijcl. 1, p. 2757. Laulel de l’Éry» était aussi en plein ^ir ^ Real- Enc’jcl. I, p. 2704). — 12 Slrab. XIV, p. 682. — 13 J’aus. I, 1, 3. — It l’aus. Il, 3, I.— ’J Hesych.5. r. ’.luf :». — 16 paus. Il, 32, C. — " Le culle d’Uranie-Akraia était très simple el peu matériel. . Alhènes, par exemple, on lui consacrait seu-

1 Cnide", à Corintlie", à Argos’», à Tré- est vénérée à titre d"Axpaia. Protectrice des acropoles, elle est aussi une déesse armée" (fig. ■.’58 ’0, ce qui peut, d’ail- leurs, être dû à l’analogie établie entre les rayons sidéraux et des flèches ou des lances, ou au rapport imaginé entre la lune el l’orage, dont le tumulte emplit les nuées ". Ce caractère guerrier appa- [ ait surtout à Chypre-", à lythère-’, n Corintho ’^■^ à Sparte, où l’on signah ; une Aphrodite ’ApEi’a ", à Argos, où la déesse est appelée Nt)iY,(fôpo ;-*. 2. Aphrodite marine. orientales de nature ana- relation étroite avec Félé- Les Grecs reconnaissaient

— .insi que les diviiiili logue, Aplirodile est ei ment humide et liiiiiide-

en elle une déesse de la mer -", peut-être à cause de l’influence de la lune sur le flux et le reflux -, peut-être aussi parce que, conçue, à tilre d’Uranie, comme déesse du beau leiiips-", elle tievait favoriser la navi- gation. Son nom même, on l’a vu, rappelait aux an- ciens sa naissance marine-’. On la qualifiait de rovria^", E’.vaÀiY,’^', OaÀa<r7a ;rj’- elon l’évoquait, portée par Zéphyre, dans la mtille écume, des parages de Cythère àChypre, où l’accueillent les Heures aux bandelettes d’or" (lig. 738o).

lemeut des ,i.-.A :«. i-.i, libalions d eau pure mélangée de lait ou île miel O’olem. fr. 42 in Sch. Sopli. Oed. C. 1001. Aucune offrande sanglante ne devait approcher de Faulel de l’aphos (Tac. Hist. U, 3), et l’on disait ipie la déesse de l’Éryx prenait soin elle-même il’efl’acer chaque jour, par la fraîche rosée, les vestiges des sacrifices (Porph. de abst. IV, 13 ; Ael. Nat. anim. X, 50|. — m PrelIcr.Kobcrt. Op. c. p. 336 ; Gruppe, Op. c. p. 1332 et n, 4. l’e caractère apparticul aussi aux divinités orientales {Prellerltolierl. Op. c. p. 337, n. 1 ; lioschcr. Op. c. p. 39 k). Notre fig. 7381 =L llcydemann, Pariser Anti/cen, vignette, p. 3 et p. 8 ; cf. Anliri. Bosphore Cimm. I, p 107, pi. xv, 9 (pierre gravée de bague grec(pie). — lî" Kosclier, Op.c. p. STV. — 2i»llesych. s. >. î-^ii, ;; ’Ass. — 21 Paus..lll, 23, 1.-22 Pans. 11, 4, 7 ; Strab. Vlll, p. 379. —23 Pans. III, 17, 5. — 24 Paus. Il, 19, li ; probablement analogue à r ’A.o.’-/ uieuliounée n. 13. IX /leal-Encijcl. p. 2737. On cite encore d’autres Apliro- dites armées, mais (jruppe fait observer avec raison que toutes ces déesses armées ncdoivent pas être rapportées .i rantifjue idée de l’Apliroditc guerrière, llfaul tenir compte, en effel, de motifs arlislitjues à la mode. Selon Gruppe, seules, les décsi^es de Chypre et de Cythère offrent incontestableiiienl un caractère guerrier {Op. c. p. 1352. n. 4). Notons pourtant que, môme à l’époque liistori(|Ue, on rend à Apliro- dile hommage d’une victoire ; après Aegos-Potamos, les Spartiates consacrèrent, à Amyclécs, nue statue armée de la déesse, u-uvre de Polyclèle le Jeune (Gruppe, ibid.). On ne saurait nullement anirmer que l’union avec Ares ait eu pour principe ce caractère guerrier d’Aphrodile (Kosclier, Op. c. p. 403 ; cf. Gruppe, Op. r. p. 1362). — SI Decharme, Op. c. p. 190 ; Koscher, Op. c. p. 393 ; Gruppe, Op. c. p. 1343 sq. — 26 Preller lîobcrl. Op. c. p. 364 ; Gruppe, Op. c. p. 13 19 sq. —27 Koscher, Op. c. p. 394. — 2* Gruppe, Op. c. p. 1333, n. 3. — 29 V. p. 721. — 30 Kur. Uipp. 524 ; cf. Paus. Il, 34, 11. — 31 Nonn. Dion. 34,53 ; 42, 436. — ii Anth. Pal. V, 301, 6 ; Mus. Hero et L. 320 ; Nonn. Dion. 2, 103 ; 4, 239 ; 6, 308 ; 7, 229, etc. — 33 Theorj. 192 sq. ; Hom. Uymn. VI, 3 sc|. Rappelons que, sur la base du Zeus d’Olympie, Phidias avait représenté iiros accueillant Aphrodite à sa sortie des Ilots, Peilho la couronnant, et les dieux du ciel, de la terre et de la mer renlouranl avec admiration (Paus. V, II, 8). .Selon de Witle, une plaque d’argent doré, du Louvre. oITrirait une réplique ilu groupe central (Gaz. arch. 1879, p. 171, pi. %i, i). Le dossier du « troue Ludovisi » montre aussi Aphrodite accueillie par lis llcnris ou les Charités ; notre fig. 7385 d’après Antike Denkmûler Inst. Il, pi. B ; llôm. Mitt. Vil, 1892, pi. i.