Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VEN

722

VEN

philosophie, en quête de symboles, dégagera de celle double provenance une antithèse morale ; d’après Platon, la fille dOuranos esl la noble déesse l’ranip ; la fille de Zeus cl de Dioné, plus jeune, est l’Aplirodite Pandèinos’ .

La déesse d’Hésiode estl’épuuse d’Ares- (fig.7 ;: !83), dont

Fig. 73S3. — Aphioilllc cl fill’S.

elle a Phobos, Deimos, Ilarmonia’, et cette tradition semble avoir été capitale dans le culte *. Mais la légende illustrée par le chant de Démodocos^ prévau- dra dans l’imagination populaire : Aplirodile a con- tracté un mariage régulier avec Iléphaistos, qu’elle trompe pour l’amour d’Ares . Parmi ses nombreux enfants Éros brille au premier rang, sans que les anciens aient pu s’accorder sur le nom de son père’*. I. Origine et expansion du culte d’Aphrodite. — 11 est vraisemblable qu’il a existé en Grèce, dès une époque très ancienne, une divinité d’essence analogue à celle de l’Aphrodite historique’ ; mais celte dernière offre de telles analogies avec plusieurs divinilés orientales d’âge antérieur, qu’on doit admettre qu’elle en dérive pour

p, iT72). Les nioiicnirs ont souvent clierclR- des étyniologies sëmiliqiics {Ika(-Enc. p. 2773 ; Giuppe, Up. c. p. I3is, u. 3) ; cf. Hoscher, Op. c. p. 402 ; Nilsson, Op. c. p. 3G3. — I.PIat. Symp. Vlll, 180 d ; cf. Xeu. liymp. Vlll, 9 ; Cicéron ilislinsue i|iialre Aphroditcs (iVai, D. III, 59) ; L’ranie et l’andcnios sont, nous le verrons, des divinités très anciennes ; mais la distinction morale établie entre leurs caractères ne date guère que du v siècle (Prelier- Robert. Op. c. p. 355 ;Gruppc, flp. c.p. 1363).— iTheog. 933 ; Aescli. Suppl. 6iU ;Eur. l’/iocn. 410 ; Pind. Pyth. IV, 87. Ce mytlie est d’origine lliébaine (Roschor, Lex. p. 481-82 ; Ileal-Rnc. p. 27119 ; Prcller-Robert, Op. c. p. 170 ; Ciruppe, Oji. c. p. 1301 et n. 3|. Notre (ig. 7383 = Alonumenti d. Iiisl. X, pi. 23-24 ; cf. Perrol, Uist. de l’Art, X p. 470, (ig. 209 (coupe dOIlos). — 3 Tlleoy. 934 ; l’ind. fr. 29 Bcrgk ; Hur. Plioen. 7. Ilarmonia sera l’i^pouse de Cadmos ; Aphrodite deviendra ainsi l’aïeule des Cadmciones et des Thébains (yïv’..u ; ïîûojxâT.up, Acscli. Sept. 137). — 4 Cliantepie de la Saussaye, Op. c. p. .’)31. Cette union a prévalu dans le système des douze dieux {Beal-J’Snc. p. 2731 ; Gruppc. Op. c. p. 1301, n. 3). On trouve Ares et Aphrodite associés à ’l'hèbes (Aesch. Svpt. 133 s(|.), à Athènes (l’aus. I, S, 4), entre Argos et Manlinée (Paus. Il, 23, I), à Mëgalopolis (Pans. VIII, 32, 2) ; on les voit, aussi, souvent rap proches dans l’art : Vase François [Non. d. Inst. IV, 54 si).) ; colTret de Cypsélos (Paus. V, 18, 3), coupe d’Oltos et dEuiilhdos {Mon. d. Jnst. X, 23, 24 = notre lig. 7383) ; coupe de Sosias (Ar.t. DenUm. I, ix), etc. Déjii, dans VJliade (V, 311-364 ; XXI, 410 s(|.), Aphrodite est en relation amicale avec Ares. On pont douler, d’ailleurs, que cette union soit pour rjuelquc chose dans la conception dune Aphrodite guerrière et armée (Rosclicr, Lex. p. 403) ; en Béotie, les deux divinités associées avaient peul-ètrc un caractère chthonien (Gruppc, Op. c. p. 1302). — S OJ. 8, 206-306. — 6 Aphrodite est l’épouse d’IIéphaislos dans la légende Icmnienne ; le chant de Démodocos résulte d’une libre combinaison de celle légcnilc cl (lu mythe béolien (Hoscher, /.ex. p. 1006 ; IleallCnc. p 2747 cl 27C9 ; l’rclhr-Roberl, 0/j. c.p. ITi ;; Gruppc. Op. c. p. 1301, n. 3). Dans V/liade (XVIII, 382) lliphaislos est l’épous ilc Charis ; il esl l’époux d’Aglaia, la plusjcunc dos Charités, dans la 7’ATOjonic(945 sq). — 7 Gruppe, Op. c. p. 1700

— »0a ledit tour il tour lils d’Ares, d’IIéphaislos, de Dionysos, d’Hermès, de Zeus, d’Ouranos, de Zéphyre (Roschcr, Lex. p. 1347 srj. ; (jruppe. Op. c. p. 1071, n. I).

— 9 Dccharme, Op. c. p. 188 ; Roscher, Icx. p. 401 ; Nilsson, Op. c. p. 303. On .i par- fois exagéré l’imporlancc de cet élément non sémiti(|uc : lingels {Kyiros, II, p. 24 q.) admet l’origine pèlasgique de l’Aphrodite groc(iuo : cf. Rlaury, ffist. des /tel.

l’tjssenliel ’". Même chez Homère qui lui altriinte une ascendance proprement hellénique, le souvenir de son origine étrangère subsiste : elle porte le nom de Krâpt ; dans Vlliade " ; VOdijssée connaît son sanc- tuaire de Paplios’-, elles deux poèmes l’ont allusion à celui de Cylhère ". Or, Chypre et Cythère, colonies et comptoirs phéniciens, ont été comme les deux seuils par lesquels la déesse a pénétré dans le monde grec ’*. Elle venait de l’Asie ’°, où presque tous les peu- ples sémitiques ont adoré une divinité lunaire, prin- cipe de la fertilité et de la fécondité animale’". C’était Alargatis-Derkéto ii Ascalon , Mylilla à Babylone ’*, Istar en Assyrie", et surtout Astarlé chez les Phéni- ciens". De Chypre et même, parfois, directement de Phénicic, celte religion se répandit, dès l’époque prého- mérique, sur la plus grande partie de l’Asie Mineure et jusqu’aux rives de la mer Noire, puis aussi du cùli’ de la Crète, vers les Cyeht- des, l’Allique et la région béotienne-’. De Cytlière, oti l’avaient également intro- duite les Phéniciens, elle rayonna à travers le Pélo- ponnèse, vers Sparte, Si- cyone, Corinlhe, Épidaure. l’Arcadie et l’Élide --. Plus à l’ouest enfin, Aphrodite

,, ,,. . , Fiï. 73^■^. — Aphrodite guerrière.

S établissait sur le mont

Rryx, en Sicile, à Cartilage et dans le Latium -’. H. Caractères d’Aphrodite. — Apiirodite était vénérée à Cnide, un de ses lieux de séjour favoris, sous les trois formes d’àxpxi’a, sjtiXoix et owpÎTiç -*, c’est-à-dire sous ses trois principaux aspects de déesse céleste, marine, et terrestre. Comme le dit Euripide, sa puissance s’étend sur

delà Grèce ant. I, p. 116 et 157. Eumann a essayé de prouver ([uAphrodite élail ^enue de l’HelIas à lihyprc, Kypros u. d. L’rsprttng d. ApltroditekuU {Mèm. de fAciid. de Saint-Pétersbourg, XXXIV, 1886, p. 13). Recemmenl encore, Tiimpel rattache Aphrodite aux Pélasges, et désigne la Thessalie comme la patrie de la déesse ; elle se serait répandue de là vers l’Asie .Mineure, la Béotie, l’Alliquo, Chypre, etc. (//e«/-£’n< ;. arl.4/i/ii-odi(e. p.2729 ; cf. p. 2709). —’"L’origine orienlalc de l’Aphrodile hellénique, opinion unanime des anciens, est acceptée par la plu- part des modernes ; F. Lajard, /ntroU. à ses Itcch. $itr lV/f/5 ; Decharme, Op. c. p. 188 sq. : Hoscher, Lex. p. 390 sq. ; Prellor-Robert, Op. c. p. 345 ; Gruppe, Op. c. p. 1343 sq. ; Mlsson, Op. c. p. 362 sq. On a même parfois rapporlé son nom à une racine sémitique (v. p.7 21,n. G).— u /(. V, 330, 422, 458,760, 883. — 12 Orf. 8,362. — l3/l.V,Ui ; 0(/.8,2SS ;l.>, 103.— H Pans. 1. 1 v, 7 ; cf. Roscher, Op. c. p. 393 ; Preller-Roberl, 0/).c. p. 340 ; .Nilsson, Op.c. p. 303. Rappelons que le mythchosiodiquc (l’Iieag. 192-93) unit les doux îles dans le récit de la naissance d’Aphrodite. La ilécssccstnommée Kii-ji ; {/l. l. c ; llom. Uymn.V, i ; Eur. l/el. 1098), Kv-ol. iPind. 01. I, 73 ; Wem. Vlll,-), Kuroove»Vi ;(r/ieoj. 199 ; lloin. Wi/mil. X,l, etc.),Kj-i’.Y(vii«  (Pind. Pylh. IV, 216), Il«= ;« (Arist. lys. 350 ; Anih. /’ni. V, .301, 303, elc.) ; cf. Hom. f/ymn. V, 38-69, Î92 ; VI, 2 ; X, 5 ; Theocr. XVII, 36. Elle esl dite aussi Kulifiiti (Orf. (. c. ; Hom. Hgmn. V, 6, 175, 287 ; X, 1 ; Soph. fr. 879, etc.). — lôCf. lier. I, 103. — II ! Roscher, /. c. p. 390. — 17 /bid. ; Gruppe, Op. c. p. 1345. Cf. id. p. 1343. — is Roscher, ;. c. p. 391. Rappelons r|u’Ilérodote assimile Aphro- dile-Uranie a Mylilla (I. 131) cl (|u il la reconnaît dans la divinité d’Asralon (I, 11,5). — 13 Roscher, ;. c. p. 390. — 20 Ibid. ; Preller-Roberl, Op. c. p. 347. Cf. K. Meyer, Astarte, ap. Roscher, Lex. p. 045 sq. ; p. 635. — 21 Preller- Robert, Op. c. p. 347-49 ; cf. Koschcr, O ;). c. p. 395. Gruppe élablil ainsi la hlialion des cultes (h’S divinilés analogues à l’Aphrodite classi({uo : Palestine, Crète, Béolie {Op. c. p. 1343 sq.).— 22 Preller-Roberl, Op. c. p. 349-51. On peut croire, il’aillcurs, avec Roscher (0/). c. p. 395) (|ue Chypre cl Cythère n’ont pas élé losseulescolonies plié- nicienuesqui aient contribué à celle propagation. — 23 Proller.lïobort, Op. c. p. 351. Selon Preller, c’est le sanctuaire lio l’Èryx rpii a fait sentir son action sur Carthage et le Lalium. Roscher estime, au contraire. (|ue les colonies groci|uc$ d’Italie et de Sicile onl reçu l’inlhience dos comptoirs puni(]ucs établis dans ces pays, el que c’esl l’Astarté carlhaginuisc (jn’on rolrouve sur l’Kryx [Op. c. p. 396 ; cf. Chan- tepie, Op. c. p. 532). Sur les villes el lieux nommés d’après Aphrodite, v. Jieat- Enc. p. 3725-27,2788,2793. —21 paus. I, I, 3 ; cf. Preller-Riibert, Op. c. p. 355.