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commt sa conservatiooirs de famille ; il est aussi un refuge p^c/e/-, l’une eue vient s’y asseoir, en se récla- mant des d> iraditioriuimanité’.

Dans tous.gqu^l" ’"ceson avait coutume de commen- cer et de terminer par l’otTrande à Ileslia. La formule rituelle : àsp’ 'Ean’aç àp/.-<76ai se rattache à l’antique tra- dition qui accorde à Heslia, pour avoir contribué à la défaite des Titans, et le droit à la virginité perpétuelle et les prémices de tous les sacrifices^. Autre privilège qui se résume également dans la formule rituelle : ’EgtÎx Oùeiv ; elle s’appliquait à ceux qui se cachaient pour agir et qui, n’écoutant que leur égoïsme, prenaient dans un festin la part des autres ^ Preuner explique l’usage dont le proverbe est issu, par ce fait qu’en sacrifiant à Heslia on ne sortait pas de la maison, et que, dans les offrandes présentées sur le foyer par le chef de la famille, il n’y avait point de part pour les étrangers.

Tous ces sacrifices commençaient par des libations, qui elles-mêmes primaient toutes les autres. Platon en donne celle explication toute philosophique : « Sacri- fier à Heslia la première est légitime pour ceux qui ont appelé Heslia l’Universalilé des exislences ’. » On peut en rapprocher la mélaphore, déjà citée, de Sophocle : Hestia est la proue de la libation : Tcpwpa XoiSf, ;. A Athènes en particulier, toute cérémonie religieuse commençait par l’olTrande à Hestia ; nous en trouvons la caricature chez Aristophane, lorsque le prêtre de la ville des Oiseaux met en demeure les fondateurs d’offrir un sacrifice à Hestia-Oiseau et au Mitan-Zeus, maître du foyer . C’est encore une parodie de la praliciue : àa.’ ’E^Ti’oe ; âp/Edôort, que la scène de la comédie des Guêpes, où l’esclave chargé d’installer l’appareil de la justice apporte, en guise de barre, l’auge dans laquelle on donnait à manger aux porcs ; il était d’ailleurs de règle qu’on sacrifiât des porcs ù Heslia".

Comme divinité de la famille, Heslia avait son rôle dans la cérémonie des ajipuidromia (I, p. 238) : c’était la fête de la purification de la mère après. les couches, et aussi des sages-femmes et de l’enfant, par le feu du , foyer. Un commentateur dit que la fêle lirait son nom de la course autour de ce foyer, dont la divinité était xoupoTpoçoç. C’est l’unique texte où ce vocable, fréquent pour Démêler, Gaea et d’autres, est donné à Heslia ’. A Rome, où la fêle grecque des Ampliidromies avait son

1 Cic. Leg, 11, 12, 29. — 2 Le proverbe pour la première fois cliez ArisLoph. Yesp. 844 ; cf. f’Ial. Vrat. 401 A ; el Eulyphr. i A {avec la noie du srlioliasle) où Socrale cl Mélétos commencent tous les deux par Hestia ; l’iul. de amie, mult. p. 93 D ; de ser. num. vind. 549 E ; de fac. in orh. lun. p. 920 F. Le proverbe, d’après le sclioliasle d’.ristopli. l. c, a pour origine la coutume dolTrir à Hestia les prémices des victimes, u A Kome comme en (irècC ; Hestia a un droit de préférence dans les sacrilice ?. » Preuner, I/estia-Vesta^ p. 33 ; cliei Rosclier, p. i615 sq. — i Paroemiogr. Gr. 1, p. iOl cl 24J ; Preuner, Hestia-Veita, p. 74, note i, qui cite Uicli. Aposlol. IX, SI ; Diogcnian. Il, 40 ; IV, 6S ; Zenob. I, 40 : Arsenius, p. Ï42, édit. WAz. Cf. Pauly, lUai-gncycl. III, 1278. Dans le trésor moral des Sept Sa ?es fleurait la recommandation : ’Einiav -’il. ; Stob. Floril. I, 3, 80. — « Plat. Cral. 401 A : -rr.-. i :à»T„v ^Wm -Ks : «■- ijuvii^a. ?».. Cf. Welckcr, Griech. Goelterle/ire, II, p. 689. Son rôle dans la pliilo- aopliie pytbagoricienne est connu. V. Kivaud, Le Problème du denenir, § 34r I3(i et note 3li.î. Chez le moine Albricus (iiu- s. De deorum imaij. i : ap. Mylhogr. lut.) on voit représentée, sur la toiture duo temple, Vcsta portant dans ses bras Icnfant Jupiter ; de même à Préneste fortcxa s’appelait la mère de Jupiter et de Junon. — 5 Aristoph. Av. 664. Hestia était tout tndi()uée pour prendre sous sa protection la ville des Oîseaui. de même qu’au Prylanc’c elle présidera à la vie d Atbèues nouvelle ; elle est adaptée à sa fonction par le vocable de oovi’Ouo ;. Quant à Zcus-milan. il est bon de remarquer que l’oiseau est le plus rapace de tous : Plm. A’at. hist. X, 10, 12, et Pans. V. 14, I. — 6 Ve,p. 844. L’esclave qui apporte l’auge cite plaisamment le proverbe religieux : à»’ 'Effr-’aç ioyoïAevo ;. Pour le porc immolé à cette déesse, t. le schol. sur ce passage. Pour le sacrifice des porcs, cf. Aristoph. Lyaislr. 1073, et les scliolies. — ’ Etym. Maijn. i’^zi-

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pendant dans les pratiques du dies lustricus, appelé encore noininalia, parce que les enfants y recevaient leur nom, Vesta n’y a aucune part^ A Athènes les Pe’risties, auxquelles présidait le Péristiarque k-Ko xt< ; ’Eatiaç (IV, p. 397), étaient une fêle de lustration, qui avait pour objet de purifier les lieux habituels des réu- nions populaires, notamment les théâtres ; on y sacri- fiait des porcs, qui étaient jetés dans la mer".

On a essayé de démontrer, sur la foi d’un texte du rhéteur Ménandre, qu’Hestia avait un rôle dans la célébration du mariage en Grèce ; ce texte la met en compagnie d’Éros et des dieux de la génération (^evé- ôAioi) ’°. Ce qui n’est pas douteux, c’est que les torches nuptiales étaient allumées au foyer de la famille et que le simulacre du rapt, après lequel la jeune fille était conduite dans la demeure de son époux, avait égale- ment le foyer pour théâtre. Cependant. la divinité chaste par excellence n’intervenait pas autrement dans la cérémonie ; il existe même des vers caractéristiques d’Hésiode, où la pudeur d’IIeslia est abritée contre les démonstrations de la chambre nuptiale". D’autre part, H. Weil a découvert une formule de serment irpôç tt,< ; ’EîTtaç, formule placée dans la bouche d’une femme, qui affirme sa résolution de demeurer fidèle à son mari, tombé dans le malheur-^. Ce serment, se rencontre surtout chez les comiques et dans la bouche de gens de basse condition ; il est tout différent de la prière d’Alcesle, chez Euripide, alors que, debout devant le foyer, elle supplie la déesse, en qui s’incarne la perpé- tuité de la race, de donner longue vie et bonheur aux enfants qu’elle laissera après elle ’^.

L’importance morale et sociale de la religion d’IIestia est cause que la déesse, si nous mêlions à part les rares parodies sans conséquence des comiques, s’offre à nous avec le caractère d’une pureté grave, exempte de toute grossièreté anthropomorphique et sensuelle ’*. Vierge volontaire de par les plus anciennes traditions, elle est prédestinée à se transformer sous l’influence de la philosophie, particulièrement chez les Pythagoriciens, en la personnification de la mesure dans la nature, à être considérée comme la mère des dieux, à s’identifier avec leur demeure céleste et avec l’autel qui en est la représentation parmi les hommes ’^ Et ces doctrines ont leur écho, discret dans le drame de Sophocle, plus

.îowata ; Hcsych. ; Paroeniiogr. Or. II, p. 278 : iiJiçiSûoixîav &7(t ;, Ut twv xa(la&’.- i<." ;vu,v ; Sclioi Plat. Theael.f. 122 B. Cf. AMPimnoMiA, l.l.p. d38 sq. ;flcrhard, .liid/fc Bildwei-lte, I, 50-52 ; Griech. Vasenhilder, ’lab. LXIX, LXX ; tom. I, p. 190 ; Welcker, Griech. Goetlerl. III, p. 216, n. 1 ; Wiesclcr, Denicmaeler der ait. Kunst, 11,414 ; Samter, Familienfeate der Griechen und Iloemer, Berlin, 1907, p. 60 ; Preuner, Heatia-Vesla, p. 52 sq. — » Tertull. de idol. c. 16 ; Paul. Diac. p. 120 ; Marc. I, 16, 36 ; Ulp. XV, 2, 16. Cf. Preuner, Op. cit. p. 61. — 9 Harpocr. s. v. »a»i ;«cov ; Suid. S. V. ; scliol. Aristoph. Acharn. 44. Cf. Schoemann, De comiliis, p. 91. _ 10 iMenand. Kbcl. itisl I. :t5î.>-,»S», cap. 1 ; Wiet. Graec. (édit. Walz), IX, p. 275 ; cf. Hermann, Griech. PrimlalterthBmer,p. 149 ; Schoemann, tricc/i. .ilterlh. Il, p. 492 ; Preuner, Op. l, p. 65 sq. Il y a des allusions à cet usage chez Aristol. Oecon. 1, 4, I ; Jambl. VHa Pythayor. 48 et 84. La coutume y est subordonnée à des prescriptions pythagoriciennes ; cf. Suid. I, 2, p. 714 : xaîw- /i^juiTa. — " Hesiod. Op. et V. 7i3, avec le commentaire du schol. On peut rap- procher l’idée de la force génératrice du foyer, qui se dégage de la légende de Servius ; Plin. iVo(. hist. XXXVI, 70, et XXVIII, 7 : Fascinus a Vestalibus colitur ; cf. Klausen, Aeneaa und die Penaten, p. 735. — I* H. Weil, Monum. Gr. [As- sociation pour t encouragement des Et. Gr.) Paris, 1879, p. 39. Cf. IÎ05cher, Lexik. d. ilylh. I, 2, p. 2623 (art. ffeatia). — " Mcest. 162 ; cf. le fragm. chez .Nauck, 938, où Hestia se confond avec Gaea, ce qui donne à l’idée la couleur philosophique. Cf. le fragm. du Triploiéme de Sophocle, chez Philodéme, flif ! ,. ;„g„-, ;, p. J3, — H Preuner, chez Hoscher, l. c. p. Ï643 ; Uestia-Vesla, p. 159. — 1511, Martin, Sur la signification cosmoyr. du mythe d Hestia {ilém.de l’Acad. des Inser. T. XXVIH, I). V. Theophr. chez Pi.iphyr. de aiistin. Il, 32 ; Pseud. Aristol. i :i« ; toî »«c(iou ; Plut. Quaest. symp. 7, i, 7, p. 704 ; Cornut. cap. 28.

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