Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VES

750 —

VES

Le lemple toutefois resta ouvert jusqu’en 39’t, année où la défaite de l’empereur païen Eugène par Théodose l"’ le fit fermer, puis confisquer par le domaine, ainsi que la maison des Vestales. C’est alors que le feu entretenu depuis plus de mille ans par la piété vigilante des Ves- tales et des Pontifes s’éteignit sans retour’.

Pour l’ensemble des monuments consacrés au culte de Vesta sur le forum de Rome, tels qu’ils ont été mis au jour par les fouilles commencées en 1871 et continuées jusqu’en 1885, nous renvoyons à l’article forum, II, 2, 1288 ; cf. THOLUS, p. 272. Pour Vesta dans ses rap- ports avec le culte des lares, cf. III, p. 941, sq. 9’i'.l ; pour les VEST.’VLIA, cf. virgo vestalis.

Représentations inr.URiCES. — Si l’on jugeait de l’im- portance religieuse d’Hestia- Vesta dans les cultes gréco- italiques par la place que tient cette divinité dans les manifestations de l’art, on serait autorisé à la reléguer au dernier rang, non pas seulement des douze grands dieux, mais même du plus grand nombre des divinités secondaires-. Or la rareté de ses représentations plas- tiques s’explique, non par l’indifférence des croyants, mais par le caractère éminemment philosophique et abstrait de sa physionomie. Comme elle n’a été embel- lie par aucune légende ni mêlée à aucune aventure, elle ne donnait pour ainsi dire aucune prise à l’imagina- tion artistique. C’est pour cette raison que l’histoire ne cite qu’un tout petit nombre d’œuvresqui l’ont illustrée et que celles-là même qui sont arrivées jusqu’à nous seraient difficilement reconnaissables par elles-mêmes.

Tel est le cas de llestia qui ligure avec Amphitrite sur le vase de Sosias (flg. 7410) ; la tête est voilée et la main droite tient une patère, tandis qu’Amphitrite porte un sceptre et que sa tète est coiffée d’un diadème : seuls les noms les distinguent toutes deux^ Il devait en être de même de la slalue sculptée par l’Argien Glaukos (v« siè- cle), (|ui mettait llestia en rapport avec Amphitrite et Poséidon, à Olympie ’. Cette association de la divinité du foyeravecles personnifications de la mer agitée ajuste la valeur d’une naïve antithèse. Une idée analogue explique la présence simultanée d’Hestia et des Ilorae sur le vase de Sosias (fig. 3876) et sur le vase François, où elle est représentée en compagnie de Déméter et de Cha- riclo, épouse du centaure Chiron ’^.

Une œuvre plus explicite (et encore son interprétation est-elle rendue difficile par un texte corrompu de Pline l’Ancien) devait être la statue, restée célèbre, du scul|>- leur Scopas (iv" siècle), originaire de Paros. Klle repré- sentait la déesse assise entre deux lampes. Tibère l’avait emportée de Paros à Home et installée au temple de la Concorde. Du temple cité par Pline elle avait été trans- portée dans les jardins do Servilius ; mais sa célébrité

I V. Preuuer, Hcstia-Yesta, p. 4H si|. ; Lanciaiii, .Vofi-ied. scai’j, lS83,p. -iSO sq.

— 2 Preuner, clic/. Roachcr, Lexik. d. Myth. , t, p. 2646. Le schoL du Phitus (l’Arislophanc, v. 3Î)5, qui parle d’images de la déesse dans les maisons, c’criL sans doute aux lemps romains, comitie Porphyre, chez Kuseb. Praep. ct>. 3, p. 109, doDl nous avons cil6 le lémoignagc plus haut ; la rarcl(^ des images de llcslia chez les Grecs csl un fiiit inconleslahle et caracléristirjue. — !i Pour la fig.THO.vo). iioiiAR, III, l,p. 2S2, lig. 3870. Cf. Preuner, chez Kosclier, o ;). (. p. 20.11.

— » Paus. V. iO, 2. Cf. Wclckci". Griecli. Goatlcrlchre, II, p. C97. — li .l/onum. detr /nslil. IV, 54 ; l’urlwaengler- Kuichhold, Cricc/i. Vastnmnl. pi. 1 ; Ovcrbeck, Gai- terre, lom. IX, 121 ; f. i. gr. 8183. — <• Plin. Nul. h. XXXVI, 25 : Veslam sedentem lauilalam duotque campluras circa enm. Il faut lire lumpleras ; cf. Paus. 1, 18, 3 ; V, 21’., 2 ; iJio Cass. 55, 9 ; Tac. Ann. XV, 5 ;!. V. Overheck, Geschichte der l’Iasdk, p. Il ; et Preuner, /icslitt-esla, p. 180 sq. Cf. le même chez Hoscher, op. l. p 2fi6i. B. Slark, chez Gerhard, Ùenlimaeter 11.1./ Farscli. p. 7isi|. ;et Archatol. Zei/iinr/, 1859, p. 72 ; Welckcr, Gricch.

. 7411. — Vesla Giiislininui.

semble antérieure au rapt par Tibère si, comme le voulait la tradition, V’irgile s’en est inspiré, quand il écrivait les vers où nous voyons Ènée ranimant le foyer de la véné- rable Vesta’. En ce qui concerne l’usage de placer une statue de divinité sur un autel entre dei candélabres, on peut citer celle de Hermès Agoraios sur une place publique de Pharées, en Achaïe ; elle avait pour pié- destal un foyer en pierre (euTi’x), encadré par deux lampes en airain, dont la flamme était entretenue avec soin.

Il est probable que Hestia avait une place sur la frise du Parthénon ; on l’a identifiée aussi avec l’une ou avec l’autre des figures qui décoraientle fronton Est ; d’autresl’ontreconnue, sur un bas-relief athénien, dans une divinité placée au- près de Poséidon ^ Cependant la tradi- tion de ces statues remontait plus haut ; Pindare en nomme une qui ornait le Prytanée de Ténédos ; Pausaniasen a vu une semblable dans celui d’Athènes, où elle avait pour pendant Eire’né [pax] ’°. Sur le piédestal de Zeus Olympien, Phi- dias sculpta, entre autres figures, celle d’Hestia en compagnie d’Hermès ". L’Hestia de caractère archaïque qui, sur l’autel des douze grands dieux de la villa Borghèse, est associée à ce dieu, s’inspira sans doute de celle de Phidias ; la déesse, de la main droite, soulève son voile ; la gauche s’appuie sur un sceptre ’^ C’est sa ressemblance avec la Vesta de la villa Bor- ghèse qui a fait considérer comme représentant la même divinité, et d’origine hellénique, la statue d’allure im- posante, d’expression grave et religieuse, qui aujour- d’hui, à Rome, est connue sous le nom de Vesta Giusti- niani (fig. 741 1)’^ Cette identification n’est pas certaine ; et l’opinion qu’il faut voir là une Proserpine ou une Vestale est au moins aussi plausible. Le Musée Torlonia nous en offre une tout à fait semblable, que l’on cata- logue tantôt sous le nom de Muse, tantôt sous celui de Vesta ; l’absence de voile doit faire écarter cette dernière identification ’*.

Nous retrouvons llestia en compagnie d’Hermès sur un bas-relief qui représente les dieux escortant Iléphaistos à sa rentrée dans l’Olympe ; le bas-relief, imitation d’œuvres purement helléniques, provient d’un PUTEAL trouvé au Capitule. La déesse est précédée par Iléphaistos, Poséidon et Hermès. Parmi les divi- nités féminines, elle est la seule qui porte le sceptre et elle partage cet honneur avec Zeus. L’attribut rap- pelle sa qualité de irpuTavÏTii ;. II est juste d’ajouter que la figure n’est pas voilée et qu’à ce titre elle a été

GoMterkhre, M. p. dOti ; AUe DenUmaekr, V, p. 7 sq. et IJ s(|. ; Preller-PIcH, Griecli. Mylhol. I, p. 3VS. — 7 Aen. V, 74V : canae penetraiia Vestae ; Ov. FauL III, 417 : Quisf/uis ades castaefjue colis penetraiia Vestac. — 8 Paus. VII, 22, 2. — " Loake, Topogr. of Athens, p. 233 sq. V. Michaelis, Par- thénon, p. 108 k 6 et 176 ; Atlas, tab. 6. fig. k (à Londres) ; Pctersen, Die Kunst des Phidias, p. 133 sq. — m Pind. Nem. Il ; cf. Paus. I, 18, 3 ; II, 35, 1. - " Paus. V, 1 1, 8 ;cf. Hymn. hom. 29 ; et le grand aulcl des Douze Dieux du Louvre, Clarac, pi. 174, n» 14. Cf. Uriichs, Skopas in .itlikn, p. 12, pour l’aii- tithèscde Hcslia-llermès. — 12 Ovcrbeck, Atlas :ur Kimstmylhot.’ tab. X, n° 2’J. — 13 Welckcr, Alte Denkmaeter.V,^ sq. ;Gcrhard, Archaeol. Zeit.,l. cet Denk- maeler imd For.,ch. XIII, 1853. p. 155 ; Wieselcr, /)«i*»i. der allen Kunst, U, MU : Brunn, Kunstmythol. lab. 33 ; Clarac, Statues antiques, pi. 766, n» 1887 = notre fig. 7411 ; 0. Muelier, Handbuch,p.3Si. Cf. Preuner, chez Roschcr, op. /.p. 2648. — I* Chez S. Ueinach,/(ti/)er(oirc(/escii//)(ure, p.27s.pl.334(i :iarac, II22A|, ellecsl dénommée Musccl dansTIndcx : Hestia ; elle rappelle en elTcl la Vesta Giustiniani.