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tagnes côtières, puis, quelque part, vers Myos Hormos, tournait vers le Nil, traversant dans sa plus grande lar- geur le désert arabique. L’empereur la pourvut large- ment de postes armés ’ et de citernes où s’engouffrait le ruissellement des montagnes. Plus tard il n’est plus question de cette voie et on peut se demander si elle a subsisté ; néanmoins quelques traces en ont été relevées de notre temps ^. La voie fluviale ne suffisait pas, appa- remment, pour les transports de la vallée ; le Nil, en effet, était longé par une route’ qui, partant d’Alexan- drie, passait à Chéran fKabylone), Hermopolis, et conti- nuait au delà de Fliilae, où commençait un nouveau comput des milles* ; Trajan y donna ses soins". D’autre part, la mer Rouge était reliée au Delta par un chemin qui, par Serapeum, rattachait à Herôopolis le havre de Clysma, au fond du golfe de même nom’^ et, coupant la péninsule de Sinaï, gagnait la pointe du golfe Aelanitique ’. On voit encore par la Table de Peu- tinger qu’une route conduisait aux grandes oasis à l’ouest du Nil et qu’une voie côtière se prolongeait, par Cyrène, d’Alexandrie jusqu’aux Syrtes.

Ai’abie, Sijrie, Palestine, Phénicie. — Le commerce de l’Inde et de V Arabie diec le bassin de la Méditerra- née, outre son itinéraire d’Egypte, en avait un autre du côté est de la mer Erythrée ’. Un marchand d’Egypte, qui écrivait sous Vespasien, cite’ le cppoûpiov de Leucè Kômè, sis à peu près en face de Bérénice, point de départ des voyages vers Pétra et les États du roi naba- téen ; les chefs de caravanes, xa[Aï|X£(ji.7topoi, emmenaient avec eux une telle foule de gens et de bêtes de somme qu’on eût dit, aux étapes, des campements militaires ’". Les Romains surveillaient ce transit avec grande atten- tion. Pline cite un tronçon raltacliant Pétra et Gaza par le sud de la mer Morte", et qui, à Gaza, rejoignait une autre grande voie commerciale, devenue aussi plus lard une route de pèlerins, conduisant de Damas au delta du Nil". Suivant V 1 1 inéraire d’ Anlonin , après Éleulhéropoliselle n’atteignait la côte qu’à Ascalon ; plus tôt dans la Table de Peutinger, qui la montre arrivant de Caesarea Panéas à Tyr, Ptolémais Acé, Joppé, Jamnia. Le commerce n’avait sans doute pas qu’un seul passage ; il s’agit de deux tracés confluant à Gaza et poursuivant ensuite, par Raphia, Ilhinocolura, Péluse, Dapiiné, jusqu’à Iléliopo- lis et Memphis.

Les caravanes qui passaient à l’est de la mer Morte et du Jourdain ne jouirent d’une véritable sécurité que lorsque Trajan, ayflnt formé la province d’Arabie, eut créé les voies stratégiques qui en protégeaient le limes, à la lisière de l’Arabie déserte. On en connaît actuelle- ment deux ", également établies par le gouverneur C. Claudius Severus : l’une, aclievée en 111, allait en droite ligue de la frontière nord de la province vers la Syrie, se dirigeant par la capitale Boslra, dont les ruines grandioses révèlent aujourd’hui l’importance, vers Philadelphie I^Amman), non moins étendue et pros-

1 Milno, Cntal. des Mua. du Caire, Gr. Inscr. !ii91 ; Inscr. gr. ml r. / ;. pi-rt. I, lUî ; Dilleubei-ger, Or. Gr. mscr. sel. 701. — 2 Cf. la relation manu- scrite, à la Kililioihèquo do Turin, publ. par G. Lumbroso, L’Egitto dei Grcci e dei Jlomimi, Koma, 1893, p. 39 sq. (cf. 33 sq.). — 3 Jii„_ ^„ion. p. 151 ; Corp. inscr. lai. liliSl. — ^Ibid. liUH3 (a l’hilis) sous Diocléticn. — B JUd. U 148,5. — Ibid. ti633 (milliairo de 3110/7). — 7 Tab. Peut. — ! Mominsen, Htsl.

rom. .i.M.—f> Peripl.mar. Erylhr. 19. — lO Strab. XVI, 4,St, p. 781 H jV«/.

hiil. V, UV. — li Cf. R. Hartmann, Die Strnsse von Uamascus iiach Kairo {/.ritichr. d. d. inori^«n(<ïii(/. GetW/jcA. LXIV (1910) ; Toy. p.e69-(i7l). — 13 R. E. firùnoow et Alfr. v. Domaszcwski, iJic Proviucia AraOia, Strasbourg, 111 (1909)

père, et de là, en plein sud, par Pétra, vers la mer Rouge ; la seconde, qui existait déjà en 105, fut restaurée en 112 ou seulement alors transformée en voie mili- taire ; elle menait de Philadelphie à Bostra par Gérasa et Adraha. La première " avait jusqu’à 6 mètres de lar- geur ; elle était soigneusement empierrée en appareil polygonal de basalte. De très nombreux milliaires ont été retrouvés tout le long, aux noms de Trajan, Marc- Aurèle et Vérus, qui la restaurèrent dans les années 161 et suivantes. Commode, Pertinax, Septime Sévère, Cara- calla, dont le légat P’urnius Julianus, en 213, montra dans ces régions une grande activité, Maximin, Vabal- lath, Dioclétien. L’autre’", au bord de laquelle on lit les mêmes noms, avec ceux d’Hadrien et de Julien, quoique beaucoup plus longue, était plus pratique, car elle ne traversait pas les mêmes solitudes dépourvues d’eau, dans lesquelles il avait fallu creuser des citernes ; elle desservait, outre la cité considérable de Gérasa, où se voient encore des restes de portiques et de construc- tions fort importantes, de petits centres actifs, Arbéla [Irbid), Adraha [Derat) ; la première ne comportait, comme station intermédiaire, que l’insignifiante Than- tia de la Table de Peutinger. Réunies à Philadelphie, toutes deux n’en faisaient qu’une jusqu’à Ilesbon et Médéba ; plus au sud, au contraire, les derniers explo- rateurs ont retrouvé avec surprise un certain nombre de fragments de routes, semblant se doubler les uns les autres, mais qui devaient servir à relier entre eux les nombreux postes militaires jalonnant ou avoisinant le li7nes extérieur de l’Arabie ". A part Aréopolis (Rabbath- Moab) et Pétra, les noms romains, sur tout le parcours, demeurent inconnus ; mais la multitude des ruines encore visibles de Bostra à Maan et Akaba, grands camps (principalement celui d’El-Ledjoun) et postes militaires d’étendue variable, montre à quel point cette zone était fortifiée.

En Palestine’*, une grande roule romaine reliait Bos- lra à Damas par Phaené, où subsistaient récemment encore des ruines importantes ; une autre menait de Damas à Gérasa, par Névé et Adraha ; un embranche- ment se détachait de Névé vers Tibériade par la rive sud du lac, mais on atteignait aussi cette dernière ville, au départ de Damas, par la rive nord. De Gérasa, un tron- çon gagnait à Scythopolis la voie samaritaine partant de Tibériade ", qui suivait, à une distance irrégulière, la rive droite du Jourdain jusqu’à Jéricho, d’où montait vers Jérusalem (Aelia Capitolina) celle qui venait de Médéba. Aelia était elle-même un grand carrefour, d’où rayonnaient : vers le nord la voie de Samaric, Néapolis (Naplouse) et Ptolémais Acé ; vers l’ouest la voie de Joppé (Jaffa) par Emmaus-NicQpolis (avec embranche- mant de là sur Gaza par Éleuthéropolis) et Lydia-Dios- polis ; vers les régions montagneuses du sud, un chemin à itinéraire douteux, qu’on ne distingue qu’avant llébron, desservait des villes peu connues.

p. 2(ii. — H Ihid. Il (1905), p. i2l- ;-27, 31î-3i.1. — 15 /bi,l. p. ; ;8-S33 ; cf. p. ;i3, fig. 855, uuc vue photograpliique de la route. — ’S Jbid. 1 (1901), p. «9- 479, et tout le tome 11 en général. Certains trajets sont imlubitablcs, mais d’autres itiui-^raires restent pour partie supposés. Des plans cottS do toutes les ruines de cette rôeion sont relevés dans cet ouvrage. — " Pour la voie d Akaba à Maan, cf. Al. Musil, Arabia Petraea, Wien, Il (1907), p. 260 »q. — 1» V. la carte VI des Formac orirs aniii/ui de Kiepcrt, 1910 ; add. Gramma- tica, Hiv. di studi religios. 11 (190 :i), p. 136, l :il, 5ii. — i» Oe Tibériade roule vers Ptolémais Acé, par Itiocùsaiée. doù uu embraucbcinent sur Scytbopolis.