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Au nord de Boslra, une autre route, suivant à peu près la lisière du plateau volcanique du Safa, et passant par Saltaha {Nemara), atteignait, après un long par- cours très difficile dans des régions desséchées ’, la grande cité de Palmjre, née dans une oasis fertile, centre commercial de premier ordre pour les produits de riran et de l’Inde, et devenue sous les empereurs romains une base d’opérations contre les Parthes. Mais Palmyre était principalement reliée à Damas, suivant un itinéraire qui est encore celui des caravanes-, et dont la surveillance était assurée par quelques postes mentionnés dans di Notitia dignitalum^. De Palmyre on parvenait aussi à l’Euphrate par une voie aujourd’hui assez généralement abandonnée, qui longeait la ville- sanctuaire Résapha-Sergiopolis et débouchait sur le fleuve aux abords de Sura. Celte Strata Diocletiana comme l’appelle un des milliaires qu’on y a déchitTrés % dut exister avant notre ère, dès le début de l’occupation romaine . De Damas, les convois de Palmyre traver- saient péniblement l’Anti-Liban et le Liban et, après une halte à Héliopolis, entre ces deux chaînes, venaient prendre la mer au port de Béryte’. Enfin, en dehors d’une voie secondaire qui la rattachait à Emcse (Iloms), Palmyre, grâce à une route ouverte par Antonin le Pieux, continuée ou refaite sous Septime Sévère*, trouvait encore une issue vers Epiphania {Hamà) et Apamée, du coté de l’Oronte et de la grande métropole d’Antioche, qui communiquait avec la mer par le port, aujourd’hui ensablé, de Séleucie de Piérie. Émèse elle-même, ou Epiphania, était rattachée au port d’Antaradus, et quant à la voie colière venant d’Egypte, elle se prolongeait, au delà de Césarée de Palestine, par Plolémais Acé, Tyr, Sidon, Béryte, Anlaradus, Laodicée, Séleucie et Antioche’, pour ne citer que les relais les plus notables. La dernière de ces villes était capiit vicie, d’après un milliaire de Néron ’", et il semble bien que son terminus se plaçait à Plolémais Acé. Il y avait là une très ancienne voie d’invasion, que le gouverneur de ce temps ne fit qu’entretenir, améliorer ; elle dut être fort utile lors de la grande insurrection juive ; mais après la pacification elle n’eut plus qu’une valeur com- merciale, même un simple intérêt local pour chacun des points indiqués ; elle desservait les alentours de chaque cité".

Mésopotamie, Arménie. — Les caravanes d’Orient avaient aussi à leur disposition d’autres tracés plus sep- tentrionaux, tous aboutissant à Anlioche. La voie rive- raine de l’Euphrate (fleuve navigable aux bateaux plats à partir de Thapsaque environ , qui passait àCircesium, dernier poste romain, Nicephorium-Callinicum, Sura, avait surtout une importance militaire et n’en prenait une pour le négoce que de là à Antioche par Barbalissus et Chalcis’-. La Mésopotamie, entre la moderne Mossoul

«.Quelques traces reconnues par Cvril Graliam iJourn. of the R. Ceogr. Soc. X.tVIII^I85S),p.i39) :ad’/.lecampniinusculereievépardeV«guéprè5du/)/e4e ;-.St» (Syrie centrale. Paris, 1865-77, p. 71, fig. î6-i7). — 2Cf. V. Cliapot. La frontière de l’Euphrate, Piris, 1907, p. 333 sq. — 3 A’o/. Or. XXXII. — ’Clermonl-Uanneau, «ec. (Carch. or. VI (ISOIi, p. 69-7* et 112 113. — 3 Corp. inscr. lut. 6719 ; cf. 6717-6721. — 6 r.hapot, op. cit. p. 329. — 7 Celle voie, déjà ravinée au milieu du t" siècle, fut relaile, vers 60-70, par l’affriinchi duo télrarque (C. i. gr. 4321 ; Dittenberger, Or. Gr. i. ». 6fl«). — » Corp. inacr. lat. 6722-6723. Réparée pro- bablement aussi sous Dioclélieu (Itiid. 1*3’J7(. Oes traces de ceUe roule sont encore visibles au nord dWpamée (^addinglon, Inscr. de Syrie, ad n. 2643).

— S Cf. R. Moulerde, ilélang. de la Fae. orient. Bcjroutli. Il {1907), p. 336-34.5.

— 10 Moulerde, p. 339. — • ! Elle fut réparée par Septime Sévère et Caracalla

et Zeugma, passage souvent cité dans les auteurs pour son pont de bateaux, était traversée par deux voies qui se rejoignaient à chaque extrémité’^ : l’une suivait le cours supérieur de l’Aborras ’ et, comme nous le mon- tre la Table de Peutinger, passait à Résaina-Tliéodo- siepolis, entourée par Justinien de forteresses nom- breuses’», Carrhae et Balnae, ville de grandes foires annuelles ; l’autre avait pour stations principales Nisibe, Dara, dont Justinien fit une place formidable, Constan- tia et Êdesse. La première était plus courte, mais plus désertique et plus brillée.

Il est infiniment probable que tous ces chemins ont été l’objet de réfections sérieuses, surtout à l’époque oii la Mésopotamie devint une marche militaire de premier rang, c’est-à-dire au Bas-Empire et principalement sous Justinien qui, selon Procope, releva ou renforça toutes ces villes frontières ; mais l’auteur du De.aedifiriis ne dit pas grand’chose de l’entretien des chaussées ", et de son temps il ne se faisait plus de milliaires.

Les deux grandes artères mésopotamiennes croisaient de distance en distance des chemins secondaires : l’un rattachait Dara à Circesium par le coude de l’Aborras ; un autre, qui ne figure pas dans les anciens routiers ’ Constantia à Résaina. Une troisième voie, d’intérêt bien supérieur, ne reliait pas seulement Carrhae et Édesse ; ces deux villes, au cœur d’une région qui, servit plus d’une fois de centre de rassemblement militaire et vit des quartiers généraux d’armées, se rattachaient direc- tement aux deux grands fleuves ". Carrhae communi- quait avec l’Euphrate par son affluent le Bélias, qui con- fluait à Nicephorium, itinéraire jalonné précédemment d’une série de stations parthiques’^ ; Édesse avec le Tigre par une route qui atteignait celui-ci à Amida et en suivait désormais les berges. Enfin, vu l’importance stratégique du grand quadrilatère déterminé par le Bélias et la boucle incomplète de l’Euphrate^", autre- ment dit l’Orshoène, d’Édesse on arrivait encore à l’Euphrate par deux autres routes, l’une sur Samosate, elle-même reliée à Constantia, l’autre par Batnae dans la direction d’Hiérapolis.

Al’ouest del’Osrhoène, dans une contrée très peuplée jadis et fort peu aujourd’hui, toutes les voies conver- geaientvers Antioche, à la seule exception de celle qui, à Epiphania, quittait l’Oronte et, dans la direction du nord, couverte par des châteaux forts-’, poussait vers Chalcis, Béroéa (-Vlep) et au delà.

Avant d’arriver aux moyens de communication en Asie Mineure, il convient d’étudier les voies des régions fron- tières qui la protégeaient. Les limites de l’Empire ont beaucoup changé, au cours des siècles, dans les con- trées montagneuses à travers lesquelles serpente l’Euphrate supérieur-- ; toutefois il posséda presque toujours, sous le nom de Petite Arménie, le pays situé

(Waddington, op. l. ls :)S, 1844), puis sous Aurélien ou Claude 11 (M. p. COij. u m« siècle, le comput des milles est secLiouné ; pour un Lronroo, il pari de Tyr.

12 Chapol, op. cit. p. 282-297. — 13 Ibid. p. 301 sq. — ’* Après avoir franclii un

de ses aflluenls par un ponl qu’Uppenlieim a retrouvé [Zeitachr. fiXr Erdk. ,XXVI, p. gj). _ 13 Chapot, op. cit. p. 303. — 16 Justinien en ouvrit de nouvelles dans les impraticables monlagncs du pays des Tjanes (De aed. 2J8), au sud. est de la Uzique. — " Mais que j’ai relevé sur une notable partie de sa longueur {Frontière de l-E,iphrale. p. 304). - i« Amm. Marc. XXIII, 3, I ; Zosim. 111, 12, 3. _ 19 Kd. Sacliau {/leise in Syrien und Meaopotamicn, Lcipz. 1883, p. 217) en a reconnu le pavement de gros blocs la.llés. - i» Ce que K. Regling appelle le parallélogramme mésopolamien {BeitrOge zur alten GeicMclite, 1 (1902), p. 443-476). - 2i Oppiu- heim. Byz. Zeitschr. XIV (1905), p. 5. — « Chapot, op. c., caries 1-2, p. 9 10.