Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vie

— 85i —

Vie

Fig. T4 ::j. — Viclorial.

semblent élrc la posLérité clirislianisée des Vicloires impériales. Henri Graillot.

VICTORIATUS ou victoriatus NUMMi’s. — Espèce de monnaie d’argent, particulière à la République romaine, qui doit son nom au type de son revers. On émit le vic- lorial, le demi- viclorial qui est plus rare, et le double vicloriat, qui jusqu’ici n’est connu qu’en un seul exem- plaire’. Les trois divisions ont, au droit, la lète de Jupiter et, au revers, la Victoire couronnant un trophée {fig. 7473) ; exceptionnellement, le semi-victoriat a par- fois, au droit, une tète d’.pollon [lig. 7i74 ; voir dena- RiDS.p. 97, fig. 2324 et 2325 ; tropaeum, p. 509, fig. 7116]. Le vicloriat représentait les trois quarts du denier et valait 12 as ; il pèse originairement 3 gr. 41 ou l/96« de livre ou 3 scrupules. Les premiers vic/oriati ont été frappés dans l’atelier du Capitole après la con- quête de rillyrie par les Romains en 229 avant.1 .-C. , c’est-à-dire 40 ans après l’apparition du denier ré- publicain. La Victoire du revers commémore les vic- toires récentes des armées romaines sur la reine d’Illyrie Teuta-. L’État romain en fit émettre aussi dans ses ate- liers de Luceria, Crolone, Vibo, Canusium etCorcyre^ .Néanmoins, à Rome, le vicloriat fut toujours con- sidéré comme une monnaie étrangère au système romain, admise dans la circulation comme un lingot pesé, ntercis loco, dit Pline*, une pièce originaire d’Illyrie par sa taille, et frappée seulement pour le commerce extérieur. On constate en effet que les Romains adaptèrent la taille duvicloriat non point à celle de leur denier, mais Fig. 71T4. — Denii-iicioriat. à Celle de la drachme illy-

rienne d’Apollonie et de Dyrracliium,au type de la vache allaitant son veau, dont le poids normal est bien de 3 gr. 41. Cette drachme alimen- tait à cette époque tout le commerce méditerranéen et sa taille était appliquée, par imitation, aux monnaies de Cor- cyre, de Rhodes, des villes de la Campanie et de Marseille. Mais Rome, en entrant dans cette espèce d’union moné- taire, ne considéra son vicloriat que comme une monnaie de commerce maritime : pour son usage intérieur elle resta toujours fidèle au denier de 4 gr. 55 créé en 269.

En 217 avant .l.-C, époque de l’établissement du sys- tème de Vas oncial et de la réduction du denier à 3 gr. 89 [as, DENARiuSj, le poids du vicloriat fulégalemenl diminué : il descendit à 2 gr. 92. Cette nouvelle espèce se répandit dans le commerce méditerranéen autant que l’ancienne, et on l’imita à Corinthe, à Rhodes, à Marseille. Plus lard ers l’an 104, le vicloriat fui assimilé au quinaire par a lexClor/ia, et taillé au poids du demi-denier de

MCTOniATlS. — 1 .M. Bahrfelill, Xeil. filr A’umism. t. X, 1883, p. iMl ; Uerberl Urueher, Coim of Ihe Roman Hepublie, t. I, Introd. p. XLVIU. — 2 Borghe«i, Œuvres compl. t. Il, p. 283-305 ; Momrascn-Blacas, A/on», rom. l. Il, p. 104 ; E. Bahclon, Traita, théorie et doctrine, I. I, p. 5.^*. — 3 E. Babe- lon, Monn. de la ItépiM. rom. t. I, p. 55. — ’ Plin. Nnt. hist. XXXIII, 10 : Ka- bclon, Traité, toc. cit. — 6 piUi. XXXIIl, 46 ; Rorgbcsi, lor. cit. p. 304 ; MoramscnBlacas. op. cit. I. Il, p. 101. — « Varr. De limj. lat. X, 41 ; Cic. Pro fonteio, 3, 19. — 1 yuinlil. Jntt.or. VI, 3, SO ; Corp. inscr. Int. VIII, 8 938 ; X, 4643 ; Ilabclon, Traité, /oc. cit.

kirrs. - iBréalelBailly, Z>ic(.<-/ymo ;oyiv. ;,i(iii,p.435 2Fcslus{éil. Miillcr,

1 gr.95 "’.C’est de cette dernière espèce que parlent Varron etCicéron, quand ils disent que le viclorial était la moitié du denier*. A l’époque impériale le quinaire demi-denier, bien que portant des types variés, continue à être parfois appelé par les auteurs, ou dans les textes épigraphiques, du nomde victoriatus’, en raison de l’assimilation pon- dérale que nous venons d’indiquer et qui remontait jus- qu’à la fin du II’ siècle avant notre ère. E. Babelox.

VICUS, VICAXI. — Le mol latin virus remonte à la mémo racine que le grec otxoç = Fo’.xo ;, maison ; par son élymologie, il signifie simplement : habitation ’. L’usage romain lui a attribué des sens divers, que dislingue asssez exactement la définition de Festus : « on appelle tout d’abord vici des établissements ruraux, tels qu’on en rencontre chez les Marses et les Péligniens qui n’ont pas de villas ; parmi ces vici, les uns forment une communauté et ont droit de juridic- tion, les autres ne possèdent ni l’une ni l’autre de ces pré- rogatives ; ils servent cependant de lieux de marchés... — En second lieu, on entend par vicus un groupe d’édi- fices urbains distribués de part et d’autre des rues et formant une subdivision des régions ; ces quartiers sont distincts les uns des autres et, pour éviter toute confu- sion, portent chacun leur nom propre. — Troisièmement ce terme désigne encore, dans une ville, un édifice particu- lier, c’est-à-dire construit sur un terrain objet de propriétt’ privée et aménagé de telle sorte que chacun de ceux qui l’habitent y ait son entrée indépendante - ».

Conformément à cette division, nous étudierons successivement le vicus rural, le viens quartier d’une ville et le vicus maison de rapport.

I. Vicus RURAL. — Le vicus représente donc, dans les campagnes, un « village » par opposition à la « villa », habitation isolée d’une famille. La nature des lieux, les conditions de l’existence et les traditions sociales des habitants ont pu, dans les différentes régions et suivant les époques, faire prédominer l’une ou l’autre de ces deux formes de colonisation rurale. 11 serait vain de rechercher si. d’une façon générale, les peuples primi- tifs de l’Italie ont habile plutôt par villages ou par fermes isolées’ ; les deux types d’établissement ont fort bien pu coexister. Si haut cependant que l’on remonte dans l’histoire et même la préhistoire de l’Italie, la population apparaît le plus souvent associée en groupes locaux plus ou moins compacts. Les stations sur pilotis des lacs italiens *,les terramares de la Lombardie et de l’Emilie occidentale ^, les traces de fonds de cabanes de l’âge du bronze, disséminées par essaims, pour ainsi dire, depuis la plaine du Pô jusqu’à la Sicile S représentent également de véritables villages. Antérieurement à la fondation de la ville de Rome, les peuples du Lalium semblent avoir été répartis en bour- gades ^ Fort modestes suivant toute apparence, malgré le titre d’oppidti que leur attribue Pline, ces bourgades occupaient les sommets des collines romaines’ aussi

|). 37 1 . — 3 Sur le mode d’babital des diiïérents peuples iudo-européens voir les longs développemenls de A. Meilzeu, Siedclung un<t Agraricesen der Griechen, Monter, Kcllcn, Cermanen, etc. 3 vol. Berlin, 1895. — ^ Monlelius, La ciiiliialion pri- mitive en Italie avant l’introduction des métaux, I, Jtalie Septentrionale, Stoc- kholm, 1S93, Icxle el planches. — " Helbig, Die Italiker in der Pocbcne, 1878. — «T. E. Pecl, The stone ami bronze âges in Itaty and Sicily, Oiford, l’J09, cliap. xv-xvii. — 1 Mommsen, Die untergangenen Ortschaften in Latiiim, dans Hermès, XVII, 18Si, p. 49 si|. = Gesammelte Schriften, V, p. 69 si]. ; 0. .<eeck, Urkimdensludien :ur Slteren rôm. Gesch. dioa fllieinisches Muséum, issi.p. l-iô, 398-009. — 8 Pinia, Monumenti antiehi dei Lincei, XV, 1905, col. 770 se).