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Vie

remontait gcnéralement hcaiicoiip plus haut que la conquête romaine, aient représenté le centre d’un terri- toire, qu’ils fussent restés les chefs-lieux de pngi et qu’ils aient joui d’une organisation quasi-municipale’. Les vici au contraire paraissent de création récente ; ils fixent au sol une partie de la population indigène, en majorité nomade, ou réunissent en groupes locaux les colons immigrés.

C’est ainsi que nous voyons de grands propriétaires prendre soin de constituer une sorte de garnison autour de leurs villas ’ ou établir sur leurs domaines des villages auxquels ils font attribuer le droit de mar- ché ’. Les empereurs en firent certainement autant dans leurs vastes sal/tis * et sans doute aussi le long des grandes routes publiques ^ Les établissements mili- taires également donnèrent naissance à des vici ; nous en trouvons deux autour du seul camp de Lambèse, celui de Lambèse et celui de Verecunda. Ce dernier porte le nom officiel de ihcus Atigustor(um) Verecun- densium^ ; ses inscriptions commencent en 147-8, date à laquelle les possessores rici élèvent une statue à Anlonin le Pieux. Sous Marc-Aurèle et Verus, nous trouvons mentionnée la respublica du riens, ses décu- rions, sa curie, ses pontifes, ses augures, son fiamine perpétuel. L’organisation de la bourgade se rapproche donc de celle d’un municipe [mimciphm]. Le ricus cepen- dant ne doit pas encore être émancipé du camp voisin, car il semble ne pas posséder de magistrats proprement dits. C’est seulement sous Valérien etGallien (233-200), qu’il devint un véritable municipe. Le développement du village de Lambèse avait été sans doute plus rapide, puisque dès 208 ce viens castrensis se prévaut déjà du titre de municipe ’.

En Espagne, à côté des oppir/a eleaslella indigènes se rencontrent de bonne heure des riei romains. A l’un d’eux, le viens Italicensis, en Bétique, Mummius offre une part du butin fait à Corintho ^ Ce viens aurait été, conjecture Mommsen, une bourgade de citoyens romains fondée par Scipion lui-même pour donner asile aux vétérans et aux blessés de son armée’, une sorte de colonie, si l’on veut, mais sans le droit de colonie. Cor- doue aurait été de même, à l’origine, un viens ou coneiliubnlum eivinin romnnorum ’". Mais, sitôt la période des guerres de conquête ou de pacification terminée, ces établissements furent transformés en municipes et en colonies. I-es localités indigènes, répar- ties sur les territoires attribués aux villes, conservèrent seules la dénomination de viens. Nous connaissons les noms de quelques-uns de ces vici, soit par des dédicaces provenant des vicani ", soit par des inscriptions funé- raires qui indiquent soigneusement le village d’origine du défunt ’-. Par une simple coïncidence, probablement, la plupart de ces documents nous faisant connaître des viei ou émanant de vicani ont été trouvés en Lusitanie.

  • A. Schulten, Die Landgemeinden itn rùm. lieich, Pltilotogus, LUI, ls9i, p. tiTo

s’|. — SMarqiiardt, Organisation de VKmp. rom. I, p. 10 ; Fronton dans Lactmiaiiu, liromatiei, p. 53.-3 Corp’^inicr. lai. ^l,n. 8280. — t A I entrée iiusa((ui77iur- ritanuSf près de l’endroit où devait se découvrir l’inscription d’Ai’n-cl-Djcmala, le D’ Carton signale unenscmbledoruincs qui luip.iraisscntôlrecellesd’nn bourg assez étendu ; cf. J. Carcopino, L’inscriplion d’Ain-el-Djcmata, Mélanges de VL’c. franc, de Home, XXVI, I90G, p. 339. — E Toutain, Les dits romaines de la Tunisie, Bibliolhèque des Écoles franc. d’Athènes et de Home, fasc. 72, iS90., p. 3kC et n. I. — 6 Corp. imcr. lat. Vlll, p. ^iî. — T Jbid. p. 263. — 8 Uid. II, n. 1119 ; cf. I, n. 540 et p. IVJ. — /liid. Il, p. 146. — t» Jbid. Il, p. 3011. — Il Ibid. Il, n. 170, 7H. — 12 /lii.l. Il, n. 305, 433 ; cf. ’iOD ? : inscription d’un

Plus curieuse est la mention d’un virus dans la Lex metalli l’ijuiseensis ". La concession minière dans son ensemble devait constituer un territoire indépendant du municipe ou de la colonie la plus voisine et placé sous l’autorité du proeurator metalli. Elle peut être com- parée aux grands salins africains ou bien encore aux domaines impériaux des Champs décumates en Germanie, tels que le salins ou civitas Setnnloeennensis. Nous avons indiqué que les colons des salins d’Afrique devaient être groupés en viei ; en Germanie, il semble bien, quoique nous n’en possédions pas la preuve expli- cite, que le territoire de Semnloeenna ait eu pour centre un viens du même nom ’*. La lex metalli nous apprend que les ouvriers employés à la mine formaient une agglomération portant le titre de viens.

En Gaule, il nous faut distinguer entre les régions administrées à la romaine et celles qui, plus éloignées de l’Italie, n’ont subi que plus faiblement l’influence de Kome. Dans les premières, dans la Narbonnaise certaine- ment et sans doute aussi autour des trois colonies primi- tives, Lyon, Nyon et Bâle, le territoire avec les bourgades qu’il contient est attribué aux villes. C’est aux villes, par conséquent, que revient, de même qu’en Italie, l’admi- nistration des vici. De Nemausns (Nîmes) dépendent, par exemple, vingt-quatre oppida ignobilia, nous dit Pline  ; il faut entendre évidemment vingt-quatre viei. Une inscription de Nîmes fait connaître les noms de onze d’entre eux ’*, tandis que d’autres documents per- mettent de leur attribuer au moins un rudiment d’or- ganisation municipale. Les uns, comme Ur/ei’nnni (Beaucaire), possèdent un collège de cenlonai’ii  ; d’autres ont des décurions ’*, plusieurs des édiles" ; mais ces édiles faisant fonction dans les vici n’étaient peut-être autres que ceux de Nîmes, la capitale. Il en était de même du territoire de Vienne-".

Dans les parties montagneuses de la Province romaine, au contraire, chez les Voconces et en Savoie, les vici dépendent non plus des villes, mais du pagus et de son praefeetns^K C’est là, semble-t-il, l’ancienne organisation nationale, celle du temps de l’indépendance gauloise, durant lequel les peuples [civilates) parais- sent divisés en pagi dont dépendent également les villes {oppida), les bourgs (vici) et les fermes isolées [aedipcia) --. A l’époque impériale, ce même état se retrouve en Gaule, partout où une mesure expresse du gouvernement romain n’a pas conféré à une ville le titre de colonie. Le viens y est subordonné au pagus -^ Une ville comme Agedincum (Sens), la capitale des Senons, n’est encore au m siècle qu’un simple viens et le même personnage y est successivement édile des vicani, édile de la cité, aetor praediorum du pagus, duumvir quin- quennal de la cité et duumvir trésorier-*. Elle semble occuper, au point de vue administratif, la même situa- tion que l’agglomération des ouvriers fabricants de

mayislcr d’un vicus inconnu. — 13 Ibid. II, a. 31SI, I. 37 : condiiclor frui debelo ita ne aliiis in v[ieo {vicis conj. Biiclieler) metalli Vipascensis neve] territorio ejus tonslrinum guaestus causa facial. — i*(’or/). injcp. tal. XIII, 2, 1, p. 214, 216, n. 63,-)8, 0303. — 15 Nat. Iiist. III, 37. — 16 Corp. inscr. lat. XII. n. 3302 ; cf. p. 340. — n Ibid. n. 2824. — 1» A Sextantio, près de Casteinau, ibid. n. 41 9U.

— li Sestanlio, ibid. n. 4190 ; Araniou, ibid. n. 2808. — ^0 Ibid. p. 219.

— 21 l’J. Korncniann, Zur Sladlenstehung in den ehemals keltisch. u. german. Gebielen d. Mmerrcichs, disserl. Uiessen, 1S98, p. U, 12, 17 sq. ;cf. Cor/i. inscr. lat. XII, n. 2395,2538,2500, 2502 a. 2346. — 22 C. Jullian, Jieitie des étudias anciennes, 1901, p. 77-97 ; B. Koi-nemann, Zur Stadtentstehnng. p. 7, 8. — SSE, Kor- ncmaun, ib<d. p. 31, 32. - 21 Corp. inscr. lai. XIII, n. 29*9 ; cf. p. 4U.