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deux thalamos avec porte, un grenier à blé (citoP&Xwv) sans porte, une grange (à/jpciv) sans porte..., une étable à bœufs sans porte, une étable à moutons sans porte. deux appartements pour les hommes, avec porte, un premier étage (û-epcoiSiov) avec porte, un four sans porte, des vignes, des figuiers, etc...’ ». Un autre inventaire mentionne encore un cellier (TtiOciv). Toutes ces listes concordent assez exactement entre elles ; plus ou moins complexes, les fermes de Délos et de Rhénée appa- raissent bâfies sur un plan à peu près uniforme. Essayons de nous représenter ce plan.

Nous trouvons constamment mentionnée soit eu pre- mier lieu soit, bien plus souvent, en dernier lieu, une porte de cour, sans doute une grande porte à deux bat- tants, comme il sied dans une ferme. L’élément essen- tiel doit donc être la cour et sur cette cour donneront les diverses pièces ou constructions énumérées. Mais on tenterait en vain de ranger les appartements autour de la cour suivant la disposition traditionnelle de la maison grecque. La première description que nous avons citée mentionne sans doute un t/ialaiiios, que l’on serait tenté de placer, comme l’appartement noble tii.lamis], en face de la porte, en guise de prostax. Mais dans le second état de lieux ce thalamos n’apparail plus que comme une dépendance, attenante au xÀsiciov ou loge- ment des esclaves ; il est séparé par une chambre à meules, un moulin, de l’appartement des hommes (ivopiôv’.ovi, qui peut avoir autant de droit que le tha- lamos lui-même à occuper l’espace central. Dans la ferme de Rhénée nous trouvons deux thalamos et deux àvopwvia, séparés des granges et des étables et flan- qués respectivement du logement des esclaves et de la chambre à four. Le premier étage ici semble être con- struit au-dessus de l’appartement des hommes ; à Délos, il surmontait le thalamos. On ne saurait donc trouver, dans ces fermes de Délos. une pièce comparable au mégaron des maisons urbaines. Elles diffèrent égale- ment de ces fermes de la région de Pergame dont nous possédons par Galien une substantielle et précieuse description ’domvs, p. 337^ Nous n’y apercevons pas de grande salle, au milieu de laquelle serait le foyer et que llanqueraient de part et d’autre les étables. Les habitations les plus riches ne se distinguent pas, comme dans le pays de Galien, par une pièce de réunion, s’ouvrant, en face de la porte, dans le mur du fond de la salle principale, et par deux chambres à coucher, disposées de chaque coté de cette pièce de réunion. Les comptes déliens ne fournissent nul indice de celte symétrie qui semble caractéristique de la maison grecque classique. On rapprochera plutôt ces métairies des autres habitations de Délos, des maisons particulières ou des magasins, qui donnent, ainsi qu’on l’a remarqué, un complet démenti à la description faite par Vilruve de la maison grecque. . la ville comme à la campagne, l’élément commun à toutes les habitations déliennus est une cour intérieure, autour de laquelle se groupent, sur trois côtés, les divers appartements -. L’entrée s’ouvre, au milieu d’un des petits côtés, par un étroit vestibule, resserré entre deux chambres. Nous suppo-

1 Ibid. 1 170 sq. — 2 Cou»c, Bull. corr. AeH. XIX (1895), p. t63 ; Jardé, ibid XXIX (lOnr.) p. S ; Chamonard, ibid. XXX (1906), p. .55V sq. — 3 Varr. /(. riij/ic. 1. 13, î ; Vilniv. bt archilecl. VI, 6, I. — » Cal. De agric. 3 : Un aedifices ne tilla fundum ijuaera nere fundut villnm ; Varr. 7 ?. rusiic. I, Il à 13 : Vi-

serons que, dans les fermes suburbaines, la porte s’ouvrait au contraire largement dans le côté du mur d’enceinte, contre lequel ne s’appuyait aucune con- struction. Quant au péristyle à colonnade, ornement habituel des cours de la ville, il était soit supprimé, soit remplacé par une simple galerie à auvent ; dans une ferme, en efîet, il n’aurait été qu’une gêne. On admettra sans peine que les inventaires déliens énu- mèrent les différentes pièces des fermes dans l’ordre où celles-ci se présentaient au visiteur ; ils nous font faire, pour ainsi dire, le tour de la cour. Le premier local signalé de façon constante dans le voisinage de la porte de la cour est le ^Xeiaiov, le logement des esclaves, auquel est toujours associé un thalamos, et quelquefois deux. Ce thalamos est probablement la salle commune ofi résidait la maîtresse de maison, où mangeaient les serviteurs de la ferme, où s’accomplissaient les travaux domestiques. Il pouvait être surmonté d’un étage où couchait sans doute le fermier. Le xXeîccov et le thalamos devaient occuper l’une des faces latérales de la cour. Contre le mur du fond pouvaient trouver place, dans la première ferme, l’étable à bœufs ; dans la seconde, la chambre à meules et l’andrônion ; dans la troisième, la grange et l’étable à bœufs. Sur le troisième côté nous trouverions, soit l’étable à moutons et la chambre à four, soit la porte du jardin et la chambre à four, soit enfin, dans la villa de Rhénée, deux andrônia surmon- tés d’un étage faisant face aux deux thalamos, la chambre à four et l’étable à moulons.

Italie. — Ici encore l’élément essentiel semble être la cour {coliors, c/iors, cors) ; d’ailleurs n’en est-il pas de même dans les fermes modernes ? Les dimensions de cette cour doivent être calculées sur le nombre des troupeaux, des paires de bœufs, des chariots et des macliinesagricoles^ La ferme, dans son ensemble, doit être proportionnée au domainequ’elleexploite *. Près de la porte, surveillant l’entrée, placez, dit Varron, la cella du viLuci’s" ; aménagez dans le voisinage un local où le personnel servile puisse se reposer et s’abriter com- modément du froid et du chaud ; une autre pièce, dans le sous-sol, servira de logement aux esclaves enchaînés I^ergastvlumI. La cuisine [culina] ne devra pas être éloi- gnée ; c’est là qu’avant le lever du jour, en hiver, les serviteurs exécuteront quelques menus travaux, là aussi qu’ils prépareront et prendront leurs repas*. Elle doit donner, ajoute Vitruve, sur la cour, au lieu le plus chaud, et elle se trouvera en communication avec l’étable à hœi(s{bubUe, bot’ile, stabllum). A proximité on placera le bain des esclaves [balneum] elles pressoirs à huile ’torcvlar, cella olearia]. Ceux-ci doivent ouvrir au midi, tandis que les pressoirs et les caves à vin [cella vinarin] ne prendront jour qu’au nord. Les gre- niers ^iorreum] occuperont le premier étage, du côté de l’aquilon. Sur la cour donneront encore les abris pour les moutons et les chèvres {orile, cnprile) et l’écurie des chevaux [eoi’ile, stabllim, prenant jour à l’est.

Ce sont là les parties principales du bâtiment ; mais il n’est guère de ferme qui ne comporte des dépendances plus ou moins étendues, pour la commodité ou la pro-

tniv. De architecl. VI, 6, i : Columell. I, 4 i6, commentaire de Schneider ad t. e. dans son<^d. des Script, rei nist. /u/.(Lcipiig, 1T9H797) : Tallad. I, 8. — 5 Varr. 1, 13, I. — S Uid. I, 13, î ; CoUim. I, 6, 3. — 7 Vilriiv. VI, il ; Colum. I, C, 18 ; Pallad. I, 18, ÎO.