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spérité de l’exploitation. Il y faut, par exemple, une remise couverte [lectum), où l’on puisse abriter les clia- riots et les instruments de travail ; Columelle la ran^e parmi les horrea et il veut que les outils en fer (/’er- rcimenta) y soient tenus sous clef dans un réduit spé- cial’. Beaucoup de cultivateurs ont une porclierie (suile), divisée en plusieurs loges [uara]. A tous il leur faut, comme aujourd’hui encore dans les contrées méridionales, une aire {area), généralement pavée de silex, où le blé est foulé sous les pieds des chevaux ; un hangar (riubilarium), placé à côté, permet d’entreposer les gerbes, en cas de pluie ; il s’ouvre du côté de l’aire et doit être largement aéré^ Il est bon que les eaux de pluie soient recueillies dans une citerne [cisterna] ou dans des bassins [laci s], dont un, dans la cour inté- rieure, servira d’abreuvoir aux bestiaux, et un autre, à l’extérieur, recevra les végétaux que l’on veut l’aire tremper*. On entasse le fumier dans une fosse (ste ?’- quilinium) à deux compartiments, l’un pour le fumier frais {novus), l’autre pour le fumier consommé {velus), à proximité du potager [cibaria, iiortus] et des champs du domaine °.

Le nombre et l’étendue de ces dépendances s’accru- rent de plus en plus avec les siècles, même dans les propriétés où l’on n’avait en vue que le rapport, surtout lorsqu’on y eut développé l’élevage des animaux de basse-cour. De tout temps on avait pratiqué la pastio agrestis ou pecuaria, c’est-à-dire l’élevage des bestiaux qu’on menait paître au dehors et qui souvent même séjournaient en pleins champs, pendant toute une saison, à une distance plus ou moins grande de la ferme [ris-

TICA RES],

11 vint un moment où l’on s’aperçut que l’élevage pratiqué dans la ferme même (pas/io villalica) pou- vait aussi procurer de très beaux bénéfices ; d’où le progrès de certaines branches de l’élevage, en rapport avec les exigences de la gastronomie romaine. Varron, qui l’a noté, consacre tout un livre de son traité, le troi- sième, à la pastio villalica. Il divise en trois catégories les animaux auxquels elle s’applique : 1° les volatiles ; 2° les lièvres, entretenus dans le clapier ou la garenne [leporarium], les sangliers, les chevreuils, les loirs "oi.i- res], les abeilles [apes, mel, mellarius], les escargots [cocuLEARiuji] ; 3° les poissons d’eau douce et d’eau salée, entretenus dans le vivier [vivariim]. Pour ces besoins nouveaux il fallait des constructions spacieuses et bien aménagées ; on peut voir dans les articles auxquels nous renvoyons tout ce qui concerne la seconde et la troisième catégorie ; mais nous devons dire quelques mots de la première. « Xos ancêtres, écrit Varron, n’avaient dans leurs fermes que deux espaces réservés à la volaille (aiiaria) : une basse-cour, où ils nourrissaient les poules,., et une tour [ïirris] pour les pigeons [collmua- iiilm] dans la partie supérieure du bâtiment. On a changé ce nom A’aciaria et nous avons ce qu’on appelle des ornilhoties {o’^'nhô>v= ;), créés par la gourmandise des pro- priétaires, constructions qui occupent plus de place que toute une ferme d’autrefois^ » Même en faisant la part des hyperboles familières aux Romains quand ils parlent de leur luxe, il est évident qu’ils se sont sou- vent livrés à de grandes dépenses pour loger leurs vola-

’ rVmrr. I, 13, î ; Colum. I, (i. — 2 Varr. Il, 4, 13. — 3 Coliiin. I, f,. — t Varr. I, 13, * ; CoUini. l. c. — i lOid. — ■"■ Varr. III, 3, .1 ; Colum. VIII,

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tiles, parmi lesquels, outre les espèces indigènes, il faut compter des espèces acclimatées, comme la pintade et le faisan ; il leur fallait aussi enfermer dans des volières spéciales des espèces sauvages comme les grives, les merles et les cailles, qu’ils voulaient avoir toujours en quantité sous la main, pour satisfaire aux demandes du marché [cibariaI. Varron et Columelle indiquent avec précision comment il faut installer le pigeonnier [columbarium], la basse-cour, le parc aux oies (/Tivoêoaxeïov ; cf. iiARA)et aux canards (vT|( ;ffoTpccf.£ïov). Le poulailler (ôpviOoêoCTxetov, gallinarium) est ainsi décrit par Varron : « Pour deux cents poules il faut prévoir un enclos [locus septus), dans lequel on dispose deux grandes cabanes [cavea] l’une à côté de l’autre, toutes deux au soleil levant. Chacune aura environ dix pieds (2 m. 96) de longueur, la moitié (1 m. 48) de largeur et un peu moins de hauteur. Les fenêtres auront trois pieds (0 m. 89) de largeur, un pied de plus (1 m. 19) en iiau- teur et seront d’osier à claires-voies [clatri], de façon à laisser entrer beaucoup de jour, sans livrer passage à aucune bêle nuisible. 11 y aura entre ces cabanes un passage [ostium) pour le gardien du poulailler {curalor gallina ?’ius, aviayHus). En travers des cabanes seront fixées des perches {perticae) en nombre suffisant pour servir de juchoir [petaurum] à toutes les poules. Vis- à-vis de chaque perche on leur creusera des niches {citbilia) dans les murs. On ménagera par devant une cour fermée {veslibuluni),où elles puissent se tenir pen- dant le jour et se rouler dans la poussière. Il y faudra encore une grande chambre {cplla), servant d’habi- tation au gardien. » Le poulailler de Columelle est plus grand d’un tiers, et à deux étages ; l’auteur s’est efTorcé de compléter et de dépasser son prédécesseur et en efl’el il donne des détails intéressants, tant sur la construction même, que sur ses accessoires, les paniers [qualus] d’osier, dans lesquels on fait cou- ver les poules, les échelles {asserculi, scandulae) par où elles accèdent aux perchoirs, les auges [canalis] à couvercles perforés, propres à contenir leur nourri- ture, etc..

La volière’ de rapport {fruclus causa) est, dans la ferme, un édifice très simple, mais qui peut abriter parfois plusieurs milliers d’oiseaux ; qu’elle affecte la forme d’une rotonde [ïestudo] ou d’un rectangle, on la couvre de tuiles ou d’un filet [rete] ; la porte est basse, étroite, fermée par un tourniquet [coculeaJ ; peu de jour, peu de fenêtres ; car les oiseaux sauvages, qu’on y engraisse pour la vente, ne doivent pas, autant que pos- sible, apercevoir le dehors. Dans le haut, des perchoirs {p.ali) et des planches (tabulata) fixés aux murs ; dans le bas, depuis le sol jusqu’à hauteur d’homme, tout autour du bâtiment, d’autres perchoirs [perticae) en estrade, reposant sur des supports obliques. La pièce communique avec une autre plus petite, un réduit (seclusorium), largement éclairé, où l’on chasse, au fur et à mesure du besoin, les oiseaux que l’on veut tuer. Toute la volière doit être arrosée par un canal, où l’eau, amenée du dehors à l’aide d’un conduit [fistula], puisse courir librement. Une tante de Varron, propriétaire d’une ferme dans la Sabine sur la voie Salaria, entre liome et Rieti’, possédait une volière de ce modèle ;

I. _7 Varr. 111,9, 6-7 ; Coluin. VIII, 3. Cf. Ilabel, arl. AviariuB, dans l’auly cl Wissowa, Real Encyclop. Il, p. 2378, — « Au i*’ mille, prés île Cuies).

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