Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vil

— 87- ? —

VIL

Vitruve, nous devons supposer qu’il avait été adopté par la civilisation romaine et répandu par Rome dans les provinces de l’Italie. Les fouilles, qui relèvent cependant assez fréquemment la présence de restes d’iiabitations antiques dans les campagnes d’Italie, ne nous ont mal- heureusement fait connaître Jusqu’ici, autant que nous sacliions, aucun exemple de ferme tant soit peu complet dans le reste de la péninsule. Nos renseignements se réduisent à quelques indications sommaires des écrivains de l’époque impériale, qui, décrivant l’antique simplicité, s’étonnent de la médiocrité des habitations rustiques où résidaient souvent les grands hommes de l’ancienne Rome ’. Mais ce même genre d’exploitations agricoles que nous ont fait connaître les fermes pompéiennes, nous le retrouvons dans les diverses provinces de l’empire romain, depuis l’Afrique jusqu’à la Germanie et à la Bretagne.

Les provinces. Fermes à cour oiii^er/e. — Telle est, sur la côte illyrienne, en Istrie, la ferme de Brioni Grande, fouillée par M. Gnirs, dans la région de Pola -. Plus petite que celle de Boscoreale et destinée unique- ment à la production de l’huile, la ferme de Jiriuni a la forme presque carrée et non plus rectangulaire. L’entrée se trouve sur le côté nord-ouest, qui ne présente en façade qu’un simple mur. Elle donne accès dans une vaste cour intérieure, bordée sur trois côtés par un portique. L’aile droite, au sud-ouest, contient les logements de la familia ; l’aile gauche tout entière est occupée par un vaste magasin à huile. Près de là se trouvaient les pressoirs à huile, communi- quant par une conduite avec un grand récipient. Puis vient une cave, placée peut-être au-dessous de la cuisine. Les deux pièces voisines servaient proba- blement de bain et les salles adjacentes, de communs ; le bain et les communs sont séparés par un corridor, conduisant à une sortie sur la face postérieure de la ferme. On reconnaît dans un tel établissement un plan étroitement apparenté à celui des fermes de Pompéi ; c’est le type, consacré par la tradition, de la villa rustica latine. Fermes àyalerie antérieure. —Ce type ne reste naturel- lement pas invariable et subit certaines transformations qui modiiient à la fois l’aspect extérieur et la disposition intérieure des bâtiments. Dans les fermes que nous avons étudiées jusqu’ici, les constructions ne s’élevaient que sur trois côtés de la cour ; un simple mur, percé d’une large porte, formait la façade. En Gaule, en (iermanie, en Bretagne, au contraire, dans des fermes qui peuvent être datées, d’une façon générale, du second siècle de notre ère, la cour nous apparaît entourée de bâtiments sur ses quatre côtés. Nous trouvons généralement en façade, non pas un simple mur, mais une galerie, occu-

I C’est ainsi qu’Aulu-Oclle, Noct. ail. XIII, 23 (ii) , rajipellc i|ue jusqu’à l’âge de Toans, malgré sa rorlunc privée el ses hautes ronctions publiques, Calon s’abstint «le Taire stuquer les chambresde ses maisons de campagne. Le même Caton, raconte Hlutarque, Cat. maj. M, I. avait pour voisins de campagne, au temps de sa jeu- nesse, Fabius Maximuset M’.Curius. [.o jeune homme s’étonnait du peu d’étendue des domaines et de la pauvreté des habitations. H admirait notamment que M’.Curius, après avoir chassé Pyrrhus d’Italie, revint labourer lui-même son champ el, après trois triomphes, habitat encore une si misérable cabane. — 2 Gnirs, Islihche Utispiele fur Forinen d. anlifc. romiscken Villa rustica, in Œsterr. Jahrb. /’. Allerlumsl :. II, 190S, p. 124-143 ; cf.Jalircshefle d. oesleir. arch. liist. IX, 1906, Beifjtatt, p. 25-48 ; Kropatscheck, VI BericlU d. rôm. tjerni. Kom. 1910-11, p. 36. — 3 Eug. el R. iMalgel, Annales de l’inst. arch. du Luxembourg (Arlon), XLIV, 1910, p. 35* sq. ;cf. Kropatscheck, W Bericht d. ràm. gcrm. Kom. 1910-11, p. 73, fig. M. De ce plan on peut rapprocher celui de la ferme de Bollendorf, trouvée dans la même vallée de la Sûre, mais en pas trévirc : Kropatscheck, ihid.

pant toute la longueur de la ferme et flanquée à chaque angle d’un pavillon avançant. C’est surtout la présence de celte galerie qui distingue les fermes de ce type, dites souvent rt corridor, des fermes à com/-5. Comme exemple tout particulièrement bien caractérisé de ferme à corri- dor, nous citerons celle de Bilsdorf, récemment fouillée, dans le Luxembourg belge’. L’entrée, large d’environ trois mètres, s’ouvrait au milieu d’un ample vestibule unissant les deux ailes. Une seconde porte, en face de la première, conduisait à la cour. Le pavillon est contenait le bain. Le pavillon nord est occupé par une seule grande salle, où un espace pavé de briques parait marquer l’emplacement du foyer. La cour était entourée d’un appentis, soutenu à chaque angle par un poteau do bois, que supportait un soubassement de pierre ; au centre était un bassin rectangulaire, un véri- table impluvium ; le sol de la cour’ était tout entier cimenté comme le bassin. A gauche, deux salles étaient chacune précédées d’un espace non bétonné, contenant un praefurnium. En face, au milieu de la cour, s’ouvrait une chambre également précédée d’une installation de chaufTage. Au fond, un grand local pouvait servir de communs ou de logement des esclaves. Les habitations de ce type ne présentent plus, il faut le reconnaître, que de faibles analogies avec les fermes de type gréco-latin que nous avons étudiées tout d’abord. Essaiera-t-on de rapprocher la galerie servant de façade, etses deux pavillons d’angle, du bàtimentque nous apercevons à l’arriôre-plan sur la mosaïque de Tabarlva(lig. 7483) ? L’aspect, sans doute, n’en devait pas être très différent. Comme le prouve quelquefois la pré- sence d’escaliers, les ailes flanquant la galerie, ou du moins l’une d’entre elles, pouvaient s’élever d’un étage au-dessus des autres parties. Mais l’économie de ce corps de logis n’a rien de commun avec ce qu’on peut observer soit à Tabarka, soit aux environs de Pompéi. La galerie, en effet, se trouve en façade et non plus au fond de la cour ; elle ne contient ni granges, ni communs ; elle se réduit laplupartdu temps, semble-l-il,à un simpleappentissou- tenu en avant par des poteaux ; elle n’est qu’une entrée, protégée par un auvent qui se prolonge tout le long du bâ- timent entre les deux ailes’ ; c’est un large passage cou- vert, mettant en communication les pavillons, la cour et les différentes pièces de l’habitation. Cette disposition est-elle originale, est-elle imitée des portiques servant fréquemment de façade aux grandes villas de luxe ? Ou bien villac urbanae et villae rusticae reproduisent-elles également un même modèle ? Nous n’en saurions juger. Plus frappante encore est la transformation de la cour. L’étroit couloir qui conduit parfois à une sortie sur sa partie postérieure ne pouvait livrer

p. 7i, Gg. 1 ; cf. UragendorlT, Wesldeutschland zur Hoinerzeit (VHl), p. 43, fig. 6. Ferme de Stockbronncr Hof : Schumacher, Wcstdeutschc Zeiisclirift, 1890, p. 1 sq. L’rfuleur publie les plans de plusieurs fermes analogues : fermes de Tic- fenbach et de Neckarzimmer. Ferme de Stahl dansl’Eifel ; Aus’m Werth. Boimer Jahrbûcher, t. 62, p. 1 sq. De la villa de Slahl on peut rapprocher plusieurs de* plans publiés par J. Naeher, même recueil, t. 79, pi. u ; notamment celui de la ferme de Sinsheira, p. 87, fig. 0 ; cf. Kropatscheck, VI BiriclU rbm. gcrm. Kom. 1910-11, p. 58-39, fig. 3-4. — » Cette particularité est très nette dans la ferme de Sinsheim (Bade) (cf. note précédente) et dans plusieurs fermes belgo-romaiues de la province de Namur : A. Béquet, villa de Sauvenière et villa de Ser- ville, Anualea soc. arch. de IVamur, XXIV, 1901, p. Il sq. ; pi. i el ii. A la ferme de Try-Salet, ibid. XXX, 191, p. 1911 sq. on ne trouve pas de galerie de façade, peut-èlre simplement parce que les poteaux de boi«, en- foncés directement en terre, sans soubassement de maçonnerie, n’ont laissé aucune trace.