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en face de l’enlrée, le grand local A était destiné à la fabrication du vin ; deux emplacements surélevés en A’ et A" supportaient les pressoirs. Un système de canali- sations maçonnées recueillait le moût en un bassin A"’, d’où une nouvelle conduite amenait le liquide dans la salle B, placée en contre-bas. Dans cette salle, de grandes jarres, enfoncées dans le sol, sont rangées en t’iles paral- lèles ; la contenance totale de ces récipients atteignait 750 hectolitres. Des soupiraux percés dans le mur de façade éclairaient ce cellier. De l’autre c(îté du corridor C, dans les quatre pièces D E FG, logeaient probablement les esclaves préposés aux soins dupressoiretdu cellier ;le réduit H parait avoir été occupé par une grande armoire. Plus loin, en I, nous trouvons le pressoir à huile ( !’), avec un réservoir I ) et l’espace J, destiné à contenir la récolte- Des jarres à huile se trouvaient d’ailleurs également dis- posées dans le corridor C, le long du mur de B. En L une grange ouvrait directement sur la cour secondaire.

Une telle demeure est avant tout, on le voit, un centre d’exploitation rustique ; la majeure partie de ses locaux est occupée par les pressoirs à huile et à vin et parles celliers ; le reste est destiné au logement du personnel servile et du villicis chargé de la surveillance de la ferme. Mais le propriétaire et sa famille devaient également y habiter ; les appartements situés au pre- mier étage de l’aile orientale auraient été superflus pour un tenancier de condition servile ou affranchi ; les cubi- cula de la cour et de l’aile occidentale lui auraient suffi ainsi qu’à sa famille. Cependant le propriétaire devait être, lui aussi, un simple paysan prenant pari au travail agricole : l’absence de toute pièce d’apparat, la simpli- cité des bains relégués derrière la cuisine, à proximité de l’étable, l’indiquent suffisamment ; un riche Romain, maître de plusieurs domaines analogues, n’aurait pu se contenter, même pour de brefs séjours, d’une installa- tion aussi rudimentaire.

Au plan de la ferme de Boscoreale on comparera celui d’un autre établissement situé dans son voisinage immé- diat, à quelques centaines de mètres de là, entre Pom- pé ! el Boscoreale, et ayant appartenu, comme l’indique un graffite Incisé sur le rebord d’un vase, à P. Fannius Synislor (fig. 7484). La maison’ était également destinée à la production du vin el de l’huile, industrie principale, semble-t-ii, de la région pompéienne ; mais des bâti- ments d’habitation plus luxueux y ont réduit la place réservée aux travaux agricoles. Elle n’en conserve pas moins le caractère très net d’une villa rustica. On notera l’élroile parenté des deux plans : comme la ferme de Boscoreale, celle de P. Fannius Synislor dessine un rectangle. La façade en esl orientée non plus au sud, mais à l’ouest ; deux petits corps avançants en rompent l’uniformité dans sa moitié méridionale ; mais l’entrée se trouve toujours vers le milieu du mur de front et donne dans une vaste cour à péristyle. Bordée d’une colonnade sur ses quatre cotés et non plus seulement sur trois, celle cour devenait peu praticable aux charrois : c’est celle d’une maison de ville plutôl que d’une ferme. Nous trouvons, sur le côté gauche de la cour, en c el d, des pièces d’habitation. Un autre appartement est com- posé d’une salle e, très largement ouverte sur la cour, servant pour ainsi dire d’antichambre à une salle f plus petite. Les salles f/ et h paraissent être deux grands

Ibariiabci, l.n villa pompeiaiia di P. /’itiiiiio Siitislort ; lioiiia, l.ousclicr, l’Jol,

VIL

ti’iclinia, dont l’un possède deu.x petites salles de service. Décorées de peintures de style architectural, toutes ces pièces semblent réservées au maître plutôt qu’au per- sonnel servile. Elles étaient probablement surmontées d’un premier étage, où pouvaient loger les esclaves. Dans le bâtiment du fond, en face de l’entrée de la cour, la place d’honneur, réservée dans la ferme de Boscoreale au pressoir, est occupée ici par un véritable atrium à colonnade centrale (o). A gauche, en^’-n, on reconnaît le bain ; à droite, des salles de petites dimensions, en p, servaient sans doute, comme les pièces symétriques de la ferme de Boscoreale, au logement des ouvriers. Elles voisinent avec des communs i//}. A l’extrémité méridionale, recevant également la lumière du sud el de l’ouest, on trouve la cuisine (r), avec son foyer (/•’). En X el y sont les pressoirs à vin et à huile, avec leurs celliers. Mais la maison de Synislor se distingue surtout

Fig. 7481. — Ferme de P. F

de celle de Boscorealeparuneentrée monumentale, placée sur le petit côté, au sud des bâtiments. Cinq degrés bordés d’une colonnade (s) donnaient accès à un très ample vestibule ’(). C’est là, contre le mur de gauche, qu’était placé le laraire (v). Un double couloir ( !<î/) con- duisait de là à la cour centrale et à l’atrium. Cette entrée suppose un remaniement des bâtiments primitifs : elle s’ouvre entre les communs et les pressoirs, bien loin des appartements réservés à l’habitation ; elle ne conduil que très indirectement à l’atrium ; le vestibule t et les couloirs uu semblent avoirélé pris sur les locaux précé- demment attribués aux pressoirs et aux celliers. Nous considérerions également comme des modifications apportées au plan original l’aménagement de l’atrium o el la construclion de la cuisine en ;• dans une sorte d’annexé ajoutée après coup. Destinée d’abord à une exploitation rustique, la demeure de Synislor semble avoir été, dans lasuite, transformée en villa de plaisance par l’adjonction de quelques pièces d’apparat el d’une entrée un peu prétentieuse. Ces remaniements dateraient d’ailleurs d’une époque assez ancienne, puisqu’un graf- fite, retrouvé sur l’une des colonnes du vestibule, fournit la date du consulat de Germanicus (an 12 de notre ère). Ce type de riltn nislica ne saurait être considéré comme particulier à Pompéi ou même à la Campanie. Il parait être d’origine grecque. Mais comme il esl con- forme, dans ses grandes lignes, au plan qu’on peut déduire des prescriptions des agronomes latins el de

d’où est lirée notre fin. 7VS4.