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variées, qui ne sont pas toutes des chambres à coucher et cil le maître promène sa fantaisie suivant l’heure du jour, l’état de l’atmosphère ou ses occupations du moment ; non seulement il a à sa disposition plusieurs salles de bain en enfilade avec baignoires [baptisleria), piscine, étuve {hypocauslum] et antichambre de l’étuve (propnigeiun), mais encore une bibliothèque, puis toute une série de pièces désignées par leurs noms grecs : sphaeristerium (jeu de paume), apotueca (office), prb- coeton (antichambre), solheca (véranda), heliocamints (poêle solaire) ’. Comme Pline éprouve quelquefois un grand besoin de tranquillité et de silence, il s’est fait con- struire, sur ses propres plans, un pavillon séparé au bout du jardin, une sorte de casino [diaeta], « ses délices »,

Fig. 74-89. — Villa de plaisance.

OÙ il peut s’isoler même de sa villa, sans sortir de chez lui : Trianon à côté du palais de Versailles. Il a ainsi de part et d’autre, rien que pour son usage personnel, sui- vant son humeur du jour, deux salles à manger, plu- sieurs chambres à coucher, deux belvédères, etc.. Cependant il assure que cette demeure, commode et spacieuse, n’exigeait pas de grands frais d’entretien ^ Point de terres de rapport aux alentours ; car on est là sur du sable ; point d’eaux courantes ; rien que de l’eau de puits, qui suffit cependant pour alimenter les bains et arroser le jardin. Sa propriété de Tifernum, en Toscane, ses Tusci {agi’i) ’, est d’un tout autre genre et s’il a écrit deux longues lettres descriptives sur ses deux villas, c’est précisément parce qu’il comptait sur le con- traste des lieux mêmes pour renouveler l’expression. En effet, la villa de Tifernum est située dans la montagne, au- dessus de la vallée du Tibre ; elle est abondamment arro- sée ; ce ne sont partout que bassins, fontaines et chutes d’eau, qui répandent la fraîcheur jusqu’à l’intérieur de l’habitation, protégée tout autour contre les ardeurs du soleil par de grands arbres. Les jardins sont aussi plus vastes et plus ornés qu’à Laurente ; Pline y a donné un libre cours à son goût pour les topia ; c’est bien la demeure d’un grand propriétaire, qui surveille de là un domaine de rapport ; quelques-unes de ses fenêtres donnent sur ses vignobles. Néanmoins, malgré cesdilfé- rences, nous avons bien affaire au même système de construction. Il n’est pas question d’étage, sauf dans

t En Provence un cagnard. — 2 Plin. Episl. Il, 17, 3.-3 md. V, C ; voyez §i5. Cf..lV,l clC ; V, 18 :V1I1, 2 ; IX, 15, dO, 3C, 40 ; Garaurrini. i. c ; Corp. ii,scr. lai. XI, 59 J8 à 5953 ; il est douleui que le n. 6689, 171, se rapporle à Pline, comme le suppose Gamurrini, — -^ Beaucoup de villas avaicnl ainsi chambres d’hiver et chambres dV-lé : Colum. II. r. I, 0. — 6 Winnefeld, (. c. p. iO.’,. _ 6 Varr. Jler. TMs/. /i6. III, 4el 5. Sur l’emplacement V. Hijlscn, Cafr’niim, ap, Pauly-Wissowa, fleal-Encycl. III, p. 1651 ; Pirro Mgorio ap. Monlfaucon, Aniiqu. expl. (1734), III, r«parl. p. 13-, pi. i.xvii ; Segner, Z>e ornilhone Vnrronf’t, dans les Script, rei rnst.

quelques rares parties des thermes : les pièces semblent avoir été juxtaposées à la file, au fur et à mesure des besoins, el ces besoins sont raffinés. Nous retrouvons ici un sphiieristerinm ; les bains, organisés avec plus de luxe encore, comprennent trois salles distinctes pour l’eau chaude, l’eau liède et l’eau froide, avec des bnptis- teria (baignoires), un hypocaustum (étuve) et un apo- dijtei’ium (vestiaire). Quant aux pièces d’habitation proprement dites, elles sont représentées par plusieurs pavillons {diaetae), complètement indépendants les uns des autres, qui sont rarement dans le même axe et que l’on a reliés par des portiques ou des corridors [cryp- toporticus) ; chacun peut contenir plusieurs chambres {cubicut(i)e maître se transporte del’un à l’autre, quand il lui plait de changer son installation. Il a ainsi une salle à manger pour tous les jours et une salle à manger de réception ; une troisième, où l’on accède par une cryplo- porlicHS aestiva, est bonne surtout pendant l’été’. Tel portique est agréable avant midi ; tel autre, après. Tout un côté de la villa donne sur un hippodrome, longue piste, ornée, à son extrémité, d’un pavillon avec colonnes de marbre, où l’on peut encore manger et coucher, si l’on veut. Il faut observer que, dans sa description si minu- tieuse, Pline ne dit rien des pièces destinées à sa famille et à ses domestiques et qu’il a été préoccupé uniquement de faire valoir les aspects qui dénotaient chez le proprié- taire l’homme de goût et de haute culture ^ Il est donc possible que les plans que nous dressons d’après lui soient incomplets sur certains points ; mais, malgré ces lacunes, l’impression qui se dégage très nettement de l’ensemble a toutes les chances d’être exacte. La même fantaisie régnait dans la villa de Yarron à Casinum (San Germano au Mont Cassin) ; cet admirateur de la simpli- cité antique a décrit dans le plus grand détail une volière {omit/ton, oi’nic/iotrop/ieium), qui faisait un des princi- paux ornements de sa demeure"*. M. Laenius Strabo était le premier qui eût ajouté une volière à sa villa de Brindes ; Lucullus en possédait une autre, à Tusculum ; mais parmi celles qui n’étaient destinées qu’à l’agrément du maître (animi, deleclationis causa) aucune ne pouvait rivaliser, à la même époque, avec la volière où Varron avait réuni des oiseaux chanteurs, notamment des rossi- gnols ; elle se dressait au bord d’un cours d’eau, près de son cabinet de travail [muséum) ; c’était un édifice en forme de rotonde [tholu.’ !), entouré de deux rangées de colonnes qui emprisonnaient les oiseaux entre des filets tendus sur le pourtour ; des perchoirs [mutuli) réunis- saient la colonnade extérieure à la colonnade intérieure. .u centre de la rotonde on voyait un bassin [slagnum) où nageaient des canards, et, au milieu du bassin, une petite île avec une table et des lits qui permettaient d’y prendre un repas’. Les villas chantées par Stace témoi- gnent aussi de ces habitudes dispendieuses ; nous y remarquons le même goût pour les pavillons isolés [diaetae], dont chacun a son emploi distinct’ ; mais le poète nous fait connaître en outre ce qu’on n’aperçoit

éd. Gesner{1773} ; Ooitl’on, Observ. sur ta volière de Varron, dans les Script, rei ritst.èd. Schneider (1794-1797), I, comment. ; Hirt, Ueberdas Vogelhaus des Varro, Abhandl. d. UerHn. Akad. 1797 ; Sliegliti, ,4rc/i. d. Daukunal mai). II, p. Î75 ; Hirt, Gesch.d. Haukunst, III, p. 318 ; Dezobry, Home an siècle d’Auguste, nouv. éd. (1847), IV, p. 60 ; Loisel, Hisl. des ménageries (191i), I, p. 81, pi. v et vi. — ^ Dans la coupole, iinerose des vents, dontl’aiguillecorrespond avec lagirouctte, etc. Varr. Op.l.H, 17. — 8Slal. Silr. I, 3 et II, i ; voyei surtout vers 83. Cf. III, 1. 78 ; innumerae domus.