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pas dans les descriptions de Pline : la décoration ; ce ne sont partout que marbres rares [marmor], lambris dorés, portes d’ivoire, galeries de sculpture et de peinture, où Ton a réuni ;i grands frais des chefs-d’œuvre de l’art grec, tableaux d’Apelle, statues de Phidias, de Polyclèle ou de Myron ’. Pline déclare qu’en matière d’art il ne se rangeait point parmi les connaisseurs, qu’il n’était qu’un pauvre apprenti ; ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était la nature ^ De ces aveux modestes on a conclu, peut-être un peu vile, que la sculpture et la peinture faisaient défaut dans ses villas ^ 11 a eu au moins dans sa pro- priété de Toscane des statues d’empereurs, dont il s’est défait, à un certain moment, en faveur de la ville de Tifernum, pour une fondation pieuse ; il est difficile de croire que l’art fût tout à fait absent de ce domaine, où quatre colonnes en marbre de Carystos [marmor] soute- naient une tonnelle du parc^

Représentation !^ figurées. — Des villas ou des parties de villas ont été souvent représentées dans les fresques des villes ensevelies par le Vésuve. M. Rostowzew a donné deces peintures un catalogue instructif ; elles con- firment entièrement l’idée que nous pouvions nous faire de la villa romaine d’après les textes ’■. Il est manifeste que les architectes anciens n’ont point cherché à pro- duire un efï’et harmonieux par l’unité de l’ensemble, mais qu’au contraire on leur demandait de viser à l’effet pittoresque par la variété, comme si on avait voulu cor-

Fig. 749i>. — Villa au bord de la mer.

riger par là ce que les lignes droites de l’art classique ont d’un peu rigoureux. Nous sommes frappés de voir les corps de logis, multipliés sur un faible espace de ter- rain, se succéder sans ordre, suivant des axes diver- gents ; d’où résulte quelquefois pour l’oeil une certaine impression d’éparpillement ". Les deux fresques repro- duites dans les fig. 7489 et 7i90 décoraient à Pompéi

1 Sur les colleclious de Cicéroii dans son Tu^culanuni v. Lichtenberger, Op. I. p. 12. Elles n’empochaient pas Cicéron de dire avec sérénilù, en parlant de Verres et de ses pareils : « Totam Asiam, Achaiam, Graeciam. Siciliam jam in paucis villis inclmas esse videtis « ( l’eir. V, 48, liT). Cf. Varr. Ji. r. III, 2.8 : Suel. Aug. 7î ; Mart. Vil, 30. Sur les collections de Silius Ualicus v. riin. Epist. 111,7, 8 ; cf. IV, 3 ; VIII, 18, 11. —2 Plin. Epist. III, C, 1 ; Vlll, 20, 10. — 3 Winnefcld, t. c. p. 217. Pliue dit {111, 6, 4) : nejiifi enim ullum adhuc [aes’ Corinthium domi habeo : mais il ne s’agit là que de sa maison de Rome et d’un certain bronze, ancien et rare. — 4 Plin. Epist. X, 24 et 23 ; cf. 1 V, 1 . (iaœurrini, /. c. a prouvé, surtout d’après X, 24, 6, que celte ville est Tifernum. — 3 Plin. Epist. V, 6, 36. Revêtements de marbre et fresques, ibid. 22 et 38. Pline semble surtout avoir voulu respecter l’antique couvenlion (pii imposait aux orateurs romains l’obligation d’ignorer l’art grec. Il s’exprime dans 111, G, 1 comme Cicéron le faisait, en pareil cas, ilans ses discours. — •» Rostowzew, . Jal,rb. d. arch. Jnst. XIX (1904), p. 103. 11 étudie, au point de vue de leur ar- clutecture, les fabri<|ues des paysages pompéiens d.ins les Mittlwil. d. arcli. /ust. nom. A’jlheU. XXVI (1911) à la p. 1 ^67 vignettes et II pi.), et plus particulière ment les villas à la p. 72. — 7 Ce caractère, très justement indiqué par Boissier, Promet, arcluiol. p. 238 ; Afrique rom. p. 130, est mis en lumière

la maison de M. Lucretius Fronto’. La première nous montre la façade d’une riche villa ; nous avons devant nous le corps de logis principal et tout y est combiné avec une parfaite symétrie pour donner dès le seuil une sensation d’élégance et de bien-être ; on remarquera aussi que l’habitation, toute en longueur, est d’un bout

à l’autre ouverte à l’air et à la lumière’. Au-devant s’étendent les plates-bandes d’un parterre, enfermées entre des balustrades de marbre et ornées, sur les bords, d’arbustes isolés qui se font pendant. Une allée, limitée par un parapet, sépare le parterre delà terrasse un peu plus élevée qui longe la maison. Celle-ci se compose d’un corps central, flanqué, à droite et à gauche, de deux ailes terminées en avant par deux pavillons demi-circu- laires. Un portique orné de colonnes court tout le long de la façade. Au-dessus du rez-de-chaussée il n’y a qu’un seul étage, de moitié moins haut, ouvrant aussi sur un portique, et qui doit contenir les chambres à coucher. Le milieu du corps central, en forme d’abside, est précédé par un pavillon circulaire surmonté d’une coupole. Des statues se dressent sur le devant de la terrasse. Derrière l’abside doit venir Vatrium ; des arbres touffus encadrent toute la partie postérieure de l’édifice. Voilà l’aspect qui s’offre au premier coup d’oeil. Mais dans le fond on aperçoit une colline, dont les pentes sont couvertes d’autres constructions moins importantes, étagées sur des plans différents, entre autres un por- tique de forme courbe, et partout encore une grande profusion de colonnes et de décoration architecturale. La villa de la fig. 7490 est située au bord de la mer ’" ; une barque sillonne les eaux au premier plan ; un quai, orné d’hermès et de statues, s’étend devant l’habitation.

par Winuefeld et Rostowzew, //. ce. (Jn pourrai !, sans changer un mot, appli- quer aui grandes villas romaines ces observalions de l’errot, Uist. de l’art, I, p. 463, sur les palais de l’Egypte et de l’Orient en général : « Sous la diver- sité des ornements, qui varient suivant les siècles et les lieux, vous serez frappé d’un même aspect, d’un même caractère général ; le palais est mul- tiple, complexe el, si l’on peut ainsi parler, diffus. 11 ne se compose point, comme les palais modernes de l’Occident, d’un édihcc unique rjui forme un ensemble homogène et se laisse embrasser tout entier par un i^cul regard... C’est une collection de bâtiments d’importance très inégale et qui ont été construits par des princes différents ; c’est une suite de pavillons, que sépa- rent de beaux jardins ou des cours plantées de grands arbres ; pour mieux dire, c’est tout un ’(uartier. c’est toute une ville à part, une cité royale, qu’une muraille élevée enveloppe de tous côtés. » Pline, Epist. Il, 17, 27, ne parle pas autrement des villas voisines de la sienne à Laureufe ; quand on les voit de loin, contiguës ou séparées, elles font l’cITet d’autant de villes distinctes ; Nunc continua, nunc intermissa tecta viUarum praestant multarum urhinm /’acu-m. Cf. Sali. Catit.i,3. — 8 Découvertes en 1900-1901. Rostowzew, Jalirti. I. c. pi. 3 u» 1 et 6, a’ 2 (= nos fig. 7489, 7490). — 3 Cf. Vitr. VI, s. — m Ou p :’ut-êlre d’un étang, comme le veut Rostowzew.