Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VIL

— 892 —

VIL

reusement mutilé, du Plan antique de Rome’ nous permet de préciser l’emplacement de la Villa, que les textes nous font connaître approximativement-. Elle s’élevait à côté des Septa Iulia, où se tenaient les comices [comitia, saeptum], entre le Sérapéum, le Por- ticiis divorum et le temple de Bellone (fig. 7-496) ; l’église du Gesù est située à peu près sur le même terrain ’. A en juger par le Plan, la Villa formait à l’une de ses extrémités un angle très aigu ; on conjecture qu’elle avait subi des amputations considérables depuis le temps d’Auguste, quand on bâtit autour d’elle de grands et somptueux édifices ; et peut-être aussi son importance dans la vie publique de Rome avait-elle beau- coup diminué ’. Georges Lafaye.

VILLICUS ’ . — Esclave - régisseur d’un domaine rural [villa], dont le propriétaire garde pour soi tous les béné- fices. Ce n’est donc pas un fermier au sens propre de ce mot [coLO.NUs], puisque, n’étant pas libre, il n’a aucun droit sur les produits de son travail ; ses fonc- tions coQsistent essentiellement à distribuer la besogne entre les autres esclaves du domaine et à en surveiller jour par jour l’exécution. Il remplit, en somme, dans la ferme latine le même office que Yi-KiT’.oitoc dans la ferme grecque’. Quand l’exploitation est modeste, ce contre- maître, chef des cultures, peut avoir aussi à tenir les comptes, surtout si le propriétaire est absent ; il rentre alors dans la catégorie des adores ou dispensatores [actor, dispexsator] ’. Mais si le domaine est étendu, ou si le propriétaire possède sur le même terrain plusieurs domaines, il peut arriver que le villicus ait au-dessus de lui un intendant ’procl’rator], spécialement chargé de la partie financière et administrative ,"rl"Stica res, p. 918, col. 2]. Columelle veut que dans la ferme ils soient logés l’un à côté de l’autre, le villicus contre la grande porte, le procurator au-dessus, afin qu’ils puis- sent à tout moment surveiller les entrées et les sorties [villa]’. Les agronomes ont défini avec le plus grand soin les attributions de l’agent si important appelé par les Latins villicus^. Xénophon recommande au maître de le choisir parmi ses propres esclaves et de le former lui-même, parce que c’est le seul moyen de ne pas avoir de déceptions. Columelle, qui cite le témoignage de Xénophon et qui lui emprunte surtout les considéra- tions morales qu’il mêle aux conseils pratiques de Calon, reconnaît la justesse de ce principe ; mais il se hâte d’ajouter que, par malheur, ce qui était possible au temps de Xénophon est devenu impossible au moment

I Jonlan, l’orma urbis Somae, pi. xv, n" 97 et 103. Complété et restitué par Hûlscn, /tôm. Mittheil. XVIII (1903), p. 47, pi. i (= noire lîg. 7493) ; cl dans Jordan, Topogr. d. St. Jlom, I, 3 (1907), p. 568, pi. x. — 2 Cic. ad Alt. IV, 16, 14 ; Varr. et Slrab. t. c. ; T. Liv. Epil. 88 ; Flor. II, 9, 2k ; Aur. Vict. De »ir. i7(. 75, 9 ; Val. Mai. IX, 2, I ; Stiab. V, p. 249 ; Plut. Suit. 30, 3 ; Scncc. De clem. I, 12, 2 ; Lucan. Il, 197 ; Gilbert, Gesch. u. Topogr. d. StadI Rom, (1890), III, p. 144, 157, 176. — 3 Hiilseu, d.ins Jordan, Topogr. l. c. pi. ii ; plan un pou différent dans Lanciani, Forma urbis Itomae,. pi. 21. — * Hûlscn, l. e. p. 572. Cf. p. 480, 494.

VILLICLS. — ’ L’orlhograpbe liticus, qui peut sembler anormale à coté de ii//a, est allcsléc par les meilleurs mss. de Caton, Jt. r. 5 et 142 ; Varr. /(. r. I, 2, 14ct 16, 5 ; Cic. Pro Plane. 23, 62 ; C/«en<.59, 161 ; Caecin. 55, 63 ; J-’taee. 1 1, 88 ; Tull. 17 ; Verr. III, 119 ; V, 15 ; ad Atlie. XIV, 17 ; llor. Epist. I, 14, 1 ; Juven. IV, 77. Elle remporte de beaucoup dans les iuscr. (t. plus bas, p. 893, n. 3 cl 7). Sur les ciplicalions qu’on peut donner de ce phénomène v. Lindsay, Lalin ianfjuage. II, § 130 ; Icrd. Sommer, Bandljuch d. latein. Laut.u. Formen- lehre (1902), p. 294. — S Ln alTranchi : Corp. inatr. lut. III, 7147. — 3 Xcnoph. Oeeon. 12, 13, 14, 15, traduit par Cic. Oecon. fragni., pracf. et 14-15, Urclli, et cilé par Colum. XI, 1, oii il traite du rillicus. — • Coluni. I, 7, 7 ; I, 8, 5 ; VI, Ï7, I ; XII, 3, 6 : Plin. Bpiit. III, 19, 2 ; Cod. Jutt. Il, 12 (13) et 16 ; Dig. XI,

OÙ il écrit ; car il faudrait d’abord que le maître connût le métier d’agriculteur et le plus souvent il n’en a pas la moindre teinture. Donc, en pareil cas, si on ne veut pas acheter un régisseur tout formé, le mieux est de choisir des adolescents, que l’on confie, pendant une certaine période, à un agriculteur expérimenté, pour qu’il les prépare, sous sa direction, à leur tâche future ; dans le nombre il s’en trouvera bien un qui donnera toute satisfaction. Et, à ce propos, Columelle, défendant une conception qui n’a été réalisée que par les modernes après une longue suite de siècles, se demande pourquoi il n’y a pas d’écoles spéciales pour l’agriculture, comme il y en a pour la rhétorique et la philosophie. Il a voulu combler cette lacune regrettable en écrivant son traité et particulièrement le livre XI, où il passe en revue les devoirs du villicus’. Celui-ci doit d’abord être exempt des défauts les plus ordinaires dans la classe servile : la paresse, l’ivrognerie et la luxure. Bien entendu, on exigera de lui la fidélité, une probité scrupuleuse et une parfaite exactitude en toutes choses. Puis il faut qu’il saclie se faire obéir des autres esclaves, et cela par la douceur et la persuasion autant que par la fermeté. Il célébrera pour la familia rustica les fêtes tradition- nelles ; mais il se gardera avec soin de la superstition et il évitera le contact des diseurs de bonne aventure qui courent les campagnes. S’il a la passion de la chasse, il fera bien d’y renoncer, parce qu’elle le détournerait de ses occupations essentielles, etc.. Bref, en traçant le type idéal de la profession, les agronomes nous ont suffisamment fait comprendre combien la réalité en était souvent éloignée ^ Le bon villicus, le plus apte à bien remplir ses fonctions, est un homme sain et robuste, de trente à soixante ans ; il fait exécuter par les ouvriers les travaux de grande culture et il en prend aussi sa part ; mais le soin du potager [cibaria, hortis] rentre dans ses attributions spéciales, parce qu’il exige plus d’attention et qu’il est nécessaire à la subsis- tance journalière du personnel’. Le villicus prend ses repas à part, et toujours assis, suivant l’antique cou- tume, sauf les jours de fête, où il lui est permis de manger couché. 11 a la surveillance et la responsabilité de la chambre de garde où sont logés les esclaves enchaînés [ergastulim] ; il y fait l’appel et vérifie les fers tous les jours. Enfin il s’assure que les travaux sont exécutés au moment voulu, dans l’ordre des saisons et des mois ; d’où la nécessité pour lui d’avoir sans cesse présent à l’esprit, et même aux yeux, le calendrier rus-

3, I § 3 ; XXVI, 7, 39 5 18 ; XXXIll, 7, 12, 38 ; L, 16, 166 ; Salviaa. De gub. Pei, IV, 3, 15 ; Corp. inscr. tal. III, 3 616 ; V, 473, 5 005 ; X, 3 550, 6 392 ; Marquardt- Mau, Vie privée des Jlom. I, p. 163, n. 1 ; p. 182, n. 4. — 5 Colum. I, 6, 7. Cf. Cic. De or. I, S8 ; Ad Allie. XIV, 16, 1 ; Plin. Epist. III, 19, 2 ; Orelli-llenzen, Inscr. 5144 ; Becker-Gôll, Gallus, ll.p. 135. — 6 Xenoph. Oecon. ll.ec. ;C»l.fl. r. 5 et 142 ;Varr. H. r. 1, 2, 14 et 16, 5 ; Colum. II. r. I, 7, S, repris sous une forme plus déreloppée dans XI, 1, 7 ; Hor. Epist. I, 14 ; Plin. Aat. hist. XVIll, 36. Cf. Dezobry, Home au siècle d^Auguile, i’ éd. (1847), III, p. 276. — 7 Colum. XI, 1. Cf. I, pracf. et 1 : Âgricolationis neque doetores gui se profiterentur, neque discipulos cognovi. — 8 V. les doléances plus explicites de Columelle et les raisons pour lesquelles il met le fermier de condition libre {colonus) bien au-dessus du vitiicus de condition sorvilc, ordinairement voleur ou négligent, ou les deux à la fois : I, pracf. et 7, On. Cf. Cod. Theod. Il, 30, 2 : IX, 30, 2. Le ri ;/icus d’Horace, £■ ;»>(. 1, 14, esclave transporté de la ville à la campagne, rcgrelle les jeux publics, les cabarets el les bouges de Rome. Horace n’avait pas tenu compte des conseils des agronomes en lui confiant ses intérêts ; mais la faible étendue de son dom.vinc rendait moins graves les inconvénients de ce choix malheureux. — 9 De là Tient que Columelle en Ir.iile dans le livre du villicus |XI, 3), à la suite des chapitres qui le concer- ucul.