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inique athénien ; les plus en faveur sont l’hydrie, l’œno choé, le cratère, le cotyle, le rhylon, surtout la coupe ; cette dernière, qui est presque toujours à pied bas et à vasque peu profonde, est Tobjet d’un soin particulier, aussi bien en ce qui concerne l’élégance du galbe que la richesse de l’ornementation. Quant au décor, il devient à la fois plus varié et plus savant ; c’est une véritable et complète illustration de la vie et de la légende athé- niennes ; scènes mythologiques et scènes de genre, suivant les maîtres et les ateliers, y sont également traitées. En même temps, sous l’influence des grands peintres et des grands sculpteurs, se développe l’art de composer un tableau gracieux ou dramatique, tandis que l’utilisation décorative du motif végétal (palmettes, feuilles de lierre, rinceaux) atteint son maximum de perfection. Entin les écoles locales ont presque entière- ment disparu, de sorte que la poterie athénienne, fabri- quée en quantité considérable, est exportée sur tous les marchés méditerranéens ; et cette expansion com- merciale, dont la raison n’est pas seulement dans le merveilleux essor économique d’Alhènes, mais aussi dans l’exécution achevée de ses poteries, contribue, à son tour, à stimuler l’activité des ateliers el à leur assurer des débouchés.

La céramique du v’ siècle a été l’objet de multiples études tendant à distinguer, classer et dater les divers ateliers. Grâce aux nombreuses signatures d’artistes, à la distinction faite entre la signature i-Koir^’ss.v et la signature Ivpofl/sv, il a été possible de déterminer sûre- ment les noms des chefs d’ateliers et ceux des peintres céramistes ’, tandis que, grâce aux acclamations (un tel xaioç) on a pu, par rapprochement avec des per- sonnages historiques, établir des repères chronolo- giques certains’-. On est ainsi arrivé à esquisser un ta- bleau assez précis et complet de l’industrie céramique au V’ siècle. .Mais ici nous ne pouvons, encore moins (|ue pour la période archaùiue, entrer dans les détails, et nous nous bornerons à indiquer les principaux courants.

Comme il était naturel, les premiers vases à tigures rouges continuent les traditions de lu peinture à ligures noires. Pourtant, si le dessin précis et soigné, mais raide. des maîtres archaïques prédomine encore, on constate aussi cette tendance à un style plus souple et plus libre qui apparaissait déjà chez Nikosthénès et qui se développera chez les peintres suivants. C’est surtout dans les représentations naturalistes qu’elle se fait jour. Celles-ci prennent une place de plus en plus grande et les scènes de genre sont préférées aux scènes mytholo- giques ; les banquets, en particulier, deviennent un des motifs favoris de la peinture de coupes. Un soin spécial est apporté à la décoration intérieure de cette sorte de vases, généralement négligée aux époques précédentes. Pamp/iaios et Epiktétos sont les représentants les plus notables de ce qu’on peut appeler le shjle archaïque à figures rouges ; pour ce groupe voir fig. :211o {Épidro- mos), fig. 4938 (Épilykos)

1 Cf. la bibliographie, p. 6il, n. 1. — 2 Studniczka, Arch. Jahrb. I887, p. 156 ; Klein. Die t/rieeh. Vasen mit Litblingsinschriften ; Harlwig, Grieeh. Afeisfcr- schttlen, p. 6. — 3 Klein, Euphronios, p. 14 ; Hartwig, Grieeh. iSeisterschai-.n, p. li ; Perrot, op. l. t. X, p. 338 sq. — * Sur toule cette pcJriode cl I oiivrase tondamental île Harlwig, ùie grieeh. Schalen der Biûthezeit îles tirengen rolfigur. Slilei, el Perrol, op. /., l. X, p. 333 sq. ; cf. aussi Berchnians, L’eiprit dieoratif dont la eéram. gr. à fig. rouget {Ann. de la Soe. darehêol. de Bruxellet, XXIII (1909)]. — i Sludniczka, ,4rc/i. Jahrb. 1867,

La période dite du s/g/e sévère *, qui lui fait suite, peut être placée dans les quarante premières années du v« siècle. La décoration céramique paraît subir à ce moment l’inlluence de Cimon de Cléones ’■, qui, à la lin du VI siècle, inaugura une peinture plus naturaliste (perspective et raccourcis, notation des veines et des muscles*). C’est surtout grâce à Euphronios. le plus

lig. TSIi. — Coupe d Eupliionios. Thésée chez AmphilnU-.

illustre potier de cette époque, que ces inventions du grand art sont adoptées par l’art industriel. Mais, en même temps que lui, d’aulres artistes, dont les princi- paux sont Douris, lliéron, Brygos, concourent à donner à la céramique athénienne un incomparable éclat (pour le style général des peintures, voir lig. 8.j, 182, i’2o, 830, 8i0, 133o, «(590, tJSH’t à 1)888). — Euplironios’, peut- être élève de C’hur/i ry I ion , chez qui il a peint une coupe, semble de ces maîtres le plus original ; le cratère d’. lée fig. 329)’ et la coupe des exploits de Thésée (fig. 7312)’*, tous deux au Louvre, peuvent donner une idée de ses qualités essentielles (cf. aussi les fig. 3739, 4301, i9t)7). Si on les compare aux teuvres antérieures, on y remarquera, outre un très grand progrès dans le dessin, dont la plupart des difficultés sont maintenant résolues, d’une part l’elfortvers la représentation minu- tieuse et précise de la nature, de l’autre l’éveil du goût pour l’expression psychologique, qui est chose toute nouvelle. Mais, en même temps, on y retrouvera, aussi bien dans la construction des figures que dans la com- position des scènes, les traces de la tendance archaïque

i la schématisation ; cette tendance est, d’ailleurs, plus

ou moins apparente chez tous les artistes de cette épo-

p. 156 : Harlwii ;, Grieeh. Meisterschaten, p. tH. — 6 Cf. Berchmans, L’esprit décoratif dans la eéram. gr. p. 38 et 78. — ’i Klein, Euphronios ; Pollicr, Catal. des vases du Louvre, Ml, p. 9i7 ; C. Robert, ap. Pauly-Wissowa, Real-Encyclopiidie, s. v. n’ ; Perrol, X. p. 378 sur Chachrylion ; p. 390 sur Euphronios. — 8 FuPtwâiigler-Rciclihold, Grieeh. Vasenmal. Il, pi. 92-3 ; Pollier, Calalog. p. 930 ; Vos. aniiq. du Louvre, pi. 100-101. — 9 FurlwSn- gler-Reichhold, I, ol. 5 ; Pollier, Catal. p. 933 ; Vas. antiq., pi. 10» ; Perrol, X, pl. IX et 1 ; noire fig. "31i. = RavcLCoUignon, Céramiq. p. 74, fig. 69.