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que, et c’est à elle que leur manière doit le nom, étrange au premier abord, de style sévère. — Dans les œuvres de Hiéron, la nature est étudiée de façon moins serrée et moins personnelle’. Aussi Hiéron préfère-t-illes figures habillées, qui dissimulent son inaptitude à la représen- tation du corps humain. On lui doit quelques belles com- positions mythologiques et il a employé chez lui un peintre nommé Macron, qui a traité de façon excellente le thème de l’Enlèvement d’Hélène. Il faut surtout rele- ver son goût, dans le choix des sujets, pour les scènes

bachiques, dans la technique pour la coloration l)londe de la chevelure avec du vernis délayé (fig. 2168, 2169, 2629, 4768, .■}820}. — Ce dernier trait se retrouve chez Bnjgos- ; mais ce céramiste fait preuve d’un talent beaucoup plus original que Hiéron. Le choix des motifs est chez lui très varié ; il représente aussi bien les aspects divers de la vie quotidienne que les épisodes mythologiques ; il excelle en particulier dans les scènes qui groupent un assez grand nombre de figures. On peut considérer comme ses chefs-d’œuvre la coupe de l’Ilioupersis du Louvre^ et le skyphos de Vienne repré- sentant la rançon d’Hector (fig. 2124) ’ ; les attitudes des personnages, aussi bien que l’ordonnance du décor, y témoignent d’un véritable sens dramatique qui est la marque propre du talent de Brygos. — Ce sont de tout autres ([ualités qui distinguent Douris ^. Ses person- nages n’ont ni la force d’expression ni le réalisme de ceux de Brygos ou d’Euphronios ; mais dans les scènes de palestre, dans les figures de jeunes gens qu’il repro- duit de préférence (fig. 2398, 2599), on trouve une grâce aimable et un peu monotone, origine de la tendance au maniérisme que nous verrons s’affirmer dans la seconde partie du siècle. Bien que l’œuvre de Douris contienne quelques belles représentations mytliologiques d’un caractère plus grave (fig. 2479, 7202)’, il est avant tout le peintre élégant et facile de la vie éphébique ; son intérieur d’école est une de ses meilleures o-uvres en ce genre (fig. 7313) ’.

I Pollior, Catal. îles tares dn Louvre, III, p. 97.5 ; I.conard, ip. l’aiily. Wissona, neal-Kncyclopûdie, s. i : n- it. Cf. aussi Pollak, Zwei Vasen ans der Werksiatt Hterwis : Lcooard, Ueber einiy : Vasen aus der WerlcslixU des Hiéron ; l’cirol, ofl. t. X,p. 473, Leclier-d’œuvrede Hiéron est sans doule lacoupe du mtisôcdc Berlin représenlanl la danse des Ménades autour du loanon de Dionysos (FurtwBngler, Vnsensamml. im Anliquar. n’ 2i90 ; Wien. VorlegebliUter, A, pi. iv = noire lig. 4768). — 2 Ducali, Osserrazioni sut ceramisla llrirjo Kobcrl. ap. l’auly- Wissowa, Heal-Encyclopûdie, s. v. ; FurtwBnglcr-Ueichliold. Griech. Vasenmal. 1, p. IJl : Pottier, Catal. des vases du Louvre, III. p. 98(i ; l’errot, .. p. 534. — ’ Furtwângler.Keichliold, Griech. Vasenmal. I. pi. i3. — l /bid. II. pi. S (si, du moins, l’altribuliou ,|ui lui en est faite par Furtw.ïngler est jiisie). — » l’oltier, fJouris. et Catal. des vases du Louvre. III, p. O-Hi ; Furtwiinglcr-Keicldiold.rtrrVcA. Vasenmal. I, p. JOS (cf. aussi Aegina,f.3Vi) ; Rliomaios,’ !; :. «pj. 1907. p. il9 : l’er- rot, X, p. 52.1. — 6 p. c. la coupe d’Éos cl llcmnon, au Louvre (cf. PoltiiT, /<ourij, lig, 8 et p. 7i). — ’ Moire fig. 7313 daprfs Pcrrol, ., p. 351, fig. ;II7.

Aux environs de 470 se fait sentir une nouvelle influence, celle de Polygnote*. Alors commence la période dite de sti/Ie pohjfjnoléen, qui semble durer jusque vers 440. La peinture céramique perd cet aspect d’enluminure dont elle ne s’était jamais, jusqu’alors, complètement départie. Les progrès du dessin sont très notables et l’on commence, en particulier, à représenter les visages de trois quarts et de face (fig. .o430). Le style devient plus large et plus libre, la composition plus variée et plus ample. Les figures atteignent parfois, relativement aux dimensions des vases qu’elles ornent, une grande taille ; on sent l’influence de tableaux conçus en vue de décorer de plus vastes surfaces. Mais ce qui est surtout caractéristique de ce style, c’est, d’une part, la puissance d’expression pathétique dont il a su douer certaines de ses créations et dont la coupe d’Achille et de Penlhésilée, à Munich, est le plus saisissant exem- ple ’ ; de l’autre, la distribution des personnages à des niveaux différents et l’indication des replis de terrain, procédé directement imité de la peinture sur fresque et que le cratère d’Urvieto, au Louvre, peiinet de bien apprécier ’°.

On peut placer vers 440 les débuts d’une autre tendance {ntyle phidiexque), dont on rattache l’origine à la sculp- ture de Phidias. Les personnages atteignent une noblesse d’expression, les lignes une pureté de dessin où se sent le même esprit que dans les œuvres les plus achevées de l’époque de l’ériclès ". Les signatures d’artistes devien- nent plus rares ; on peut citer celles à’AristnpIianùs et à’Erginos (fig. 3361) pour cette période. La beauté singu- lière que réalise parfois, à ce moment, le décor de vases peut être rapprochée de ce que le grand art a créé alors de plus parfait. On y constate, en même temps, la liberté et la souplesse complètes conquises par le pinceau du céramiste (fig. 707, 1278, 2428, 2429, 4772, 3207, 3800,

mm).

Le slijle fleuri ’-, qui se développe en Attique ti la tin du v* siècle et dont MeUUait est le principal représentant, témoigne de ce goût pour la linesse et pour l’élégance qui se révèle, à la même époque, dans toutes les productions de l’art (fig. 2430). Les Éros, minces adolescents ailés voletant à travers les scènes, y sont des personnages favoris. Le charme des figures, la grâce vivante des draperies assurent aux hydries de Meidias une place parmi les créations les plus délicates de la céramique athénienne. I)ansce groupe les hydries et les lécythes aryballisques sont particulièrement nom- breux ifig. ()7(), 1426, 6902). Le décor végétal y joue un r(’)le important : le revers du vase est ordinairement orné de rinceaux, entremêlés de palmettes et terminés par des fleurs stylisées, qui se déploient au-dessous et

— s Milchliofer, Arch. Ja/irb. 180i, p. ’i : Pollier, Catal. des vases du Louvre, III, p. 1047 ; Uizio, .I/on. Anlichi. XIV (1904). p. 5 : pour loule la seconde partie du v* s. cf. Winter, Lie Jiinijeren attiselten Vasen ; Waltcrs-Birch, I, p. ..

— ’J FurtHSDgler-Rciclihold, Griech. Vasenmal. I, pl. 6 : cf. I, p. 3, 124, Ï8I : II, p. 8S. — to FnrtwSnglcr-ReicIdiold, Griech. Vasenmal. Il, pl. 108 ; cf. en particulier les cratères ibid. pl. 116-17 et 118-9 ; cf. p. 244, 297, 304. Cf. aussi P. Girard, ^fon. grecs. II, I89.3-7, p. 7. — il FurlwSnglcr-Reicliliold, Griech. Vasenmal. I, pi. 3j ; cf. ibid. I, pl. 7. Pour Aristopli.inùs et Erginos, ibid. III, p. 38 sq. (Hauscr). A celle tendance se rallaclionl la coupe d’Aison (Leroux, Vases du musée de .Madrid, pl. 25-iR), la coupe de Codros (CrSf. Arch. Jahrb. 1898, pl. IV, p. 03) ; cf. Couve, /luit. corr. hell. 1895, p. 104. — 12 Mcolo, ileidins et le style fleuri dans la céramique atttqne ; Ducali, / vasi dipinti nello stile det ccramista A/idia [A/cm. Accad. Lincei, 1909], cl Ilendic. Acead. Lincei, 1013, p. 5i5 ; Frickenhaus, Anuari de l’/nst. d’estud. catal. 1908, p. 228 ; ’n'alters-Birch, I, p. 44C.