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VIN

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VIN

6tv(îfji£>.i ’, H-eXi/pb ; o’vo ; ^ On obtient une boisson analogue en mélangeant le miel à l’eau (lAsXixpaxov, îSpo[jL£Ai) [hydromel)] ’, à l’eau de mer (ôaXasdôiAsXi) ’, au vinaigre (ô ;Û[jle)>i) ’, au jus de fruits ((ATiX(j[j.eXt) ^ Le conditum ou piperatum est fait de vin, de miel et de poivre ’.

En faisant macérer dans le vin des Heurs, des feuilles, des fruits, on obtient des vins aromatiques qui servent surtout pour la médecine ou la parfumerie. Citons par exemple le vin de roses, coôîttiç, roselum ’, de myrte, [jLupTiTTiç, fxupffivtTT, ;’, d’abslnthc, àiJ/iv8iTriç ">. On en dres- serait une longue liste en utilisant Pline " et Diosco- ride ’^ On fait également macérer des parfums dans le vin [aromatites "), p. ex. la myrrhe, murrhina ’*, [Aup^v/ji ; oîvoî ’°.

Au vin proprement dit nous rattacherons des boissons analogues, qu’on désigne du même nom, vinafictilia ’^

Fig. 7515

Fabrication du vin cuil.

Ce sont en particulier celles qu’on obtient avec les fruits ’ telles que les cidres et les poirés", les vins de figues ", de caroubes ’", de grenades ^’, de dattes^’, de jujubes’", de cormes, de mûres, de pignons de pin^’.

3° Usages du vin. — De très bonne heure les Grecs usent de vin, mais avec modération ; les boissons usuelles sont l’eau et le lait ^^ A Marseille, à Milet, la loi oblige les femmes à ne boire que de l’eau ^’. Le vin est servi au premier repas (àxpaxKjjAoç), où l’on trempe du pain dans du vin pur ^ et surtout au sympo- sium, où l’on vide force coupes L’ivresse, pour n’être ni ignorée, ni toujours sévèrement blâmée, n’en parait pas moins un vice de barbares plutôt que de Grecs ^’. Les vins épais et capiteux demandent à être coupés d’eau ; boire du vin pur est le fait d’un Scythe ^’. A Locres, Zaleucos avait prononcé la peine de mort contre quiconque boi-

1 Poil. XII, î, 7 ; Diosc. V, 16 ; Oribas. I, p. 319. — S Alcae. fr. 34 , Albcn. XI, 485 f. —3 Arislol. Melaph. XIII, 6, 1 ; Oribas. I. p. 3S0 ; Plin. XIV, 20, 17. Le meilleur hydromel est celui de Phrygie. Cf. r&i :oi*tX(, Oribas. I,p. 363 ; Diosc. V, 17. — t Diosc. V, 17 et 20. — 6 Hippocr. 393, 43 ; Diosc. V, 22 ; Orib. I, p. 391 : Plin. XIV, 21 ; Alhen. Il, 67 f. Cf. Viliii.un^, Oribas. I, p. 365 ; Hippocr. 652, 23 : o ;unt), ;«6aTov, Hippocr. 410, 3.-5 Diosc. V, 29 ; Colum. XII, 47. Cf. le iciiia,, l’^ixiaioinA., Oribas. I, p. 367, p. 384 sq. ; Diosc. V, 31. —1 Plin. XIV, 108 ; Oribas. I, p. 433 ; Cels. IV, 19. p. 212 ; £"rfic<. Diocl. II, 17. Les marchands ou fabricants de conditum sont appelés conditariuSf con- ditaria, Corp. inicr. lat. VI. 9277. — 8 Dioscor. V, 35 ; Plin. XIV, 106 ; Pallad. III, 32 ; VI, 13 ; Orib. I, p. 401 et 431-2 ; Edict. Diocl. Il, 19.

— 9 Cal. De aijric. 125 ; Colum. XII, 38 ; Dioscor. V, 36-7 ; Plin. XIV, 104 ; Pallad. Il, 18 ; III, 31 ; Orib. I. p. 402 ; Edict. Diocl. 11, 16 ; Aleiand. Trall. VII, p. 124 : Aelian. Var. XII, 31. — lO plin. XIV, 109 ; Colum. XII, 35 ; Dioscor. V, 49 ; Orib. I, p. 435 ; Pallad. III, 32 ; £diç<. Diocl. Il, 18. — " Plin. XIV, 19.

— ’2 Diosc. V, 3S 75. Voir encore Cal. De agric. 122, 123, 126, 127 ; Colum. XII. 32, 35, 36, 42 ; Orib. I, p. 40 5f|. — 13 Plin. XIV, 107 sq. ; Dioscor. V, 64 sq. — " Plin. XIV, 92-93 ; Hiut. Pseud. 741 ;A.Gell. X, 23, 2. —15 Ael. Uar. XII, 31 ; Alhen. I, 32 b, 132 d. — 16 Plin. XIV, 19 ; XIV, 21 ; Hoffmann, op. l. p. 2S5-8. — 1" Sur les vins de fruits en Egypte, Joret, Les plantes dansl’antiq. I, p. 189. — 18 Plin. XIV, 19 ; Pallad. III, 25. — 13 Plin. XIV, 19. — 20 /Jid.

— 21 Pallad. IV, 10, 10 ; Oribas. I, p. 401. Cf. Cant. cant. VIII, 2. — 22 Athen. I, :9 c-d ; Polyaen. Strat. VI, 3, 32 ; Plin. XIV, 19, 3 ; Joret, op. l. I, p. 408 ; Xenoph. Anab. I, 5, 10 ; II, 3. 14. — 23 Athen. XIV, 05. — 34 Plin. XIV, 19 ; Orib. I, p. 382 SUIT. — 25 Sur les buveurs d’eau et de lait, Athen. Il, 44 b sq.

— ’6 Athen. X, 429 a. Sur l'usage du Tin par les femmes en Gri>cc. Complet rendus S<nnt-Pitersb. 1869, p. 166. — 27 Athen. I, Il c-d. — 28 Plat. Ley. 637 d.

IX.

rait du vin pur sans ordonnance du médecin’" ; à Athènes, les oho-K-con surveillent le mélange du vin et de l’eau dans les banquets publics ". Le mélange est fait à l’avance dans les cratères [crater] et l’échanson y puise pour remplir les coupes des buveurs [cyathus]. La proportion de vin et d’eau varie selon la force du vin " et selon les goûts des convives. On obtient des mélanges dans lesquels le vin intervient pour 1/5 ", 1, 4^’, 2/7 ’% 1/3 ^ 2/S ", 1/2 (’icov ’/(Tcu) ’^ V7 ’^ 3/5 ", 2/3 ". Pour rafraîchir le vin, on le .met dans des vases spéciaux ^}/uxTr,p, paûxaXi ; [psycter]. On suspend les vases, en les arrosant d’eau *^ ; on les fait llotler dans le courant d’une eau très froide *’ ou dans un cratère rempli d’eau glacée (fig. 5848) ; on les descend dans les puits, soit en les plongeant entièrement, soit en les maintenant à la surface *’. On met dans le vin de la neige : la neige à rafraîchir se vend à Athènes dès le v« siècle . Dans d’autres cas, on préfère les boissons chaudes ’^

Aussi longtemps que le vin fut une marchandise rare dans le Latium, les Romains en burent peu ". Comme les Grecs, ils se montraient d’une grande sobriété ; il était interdit aux femmes de boire du vin, on ne leur permettait que la piquette ou le passum^’. Le vin s’in- troduisit à tous les repas [coena], mais il fut pris modé- rément, parce que boire, disait-on, émousse le goût". A l’imitation des Grecs, more graeco, il n’est essentiel que dans le souper, comissatio. Le vin est coupé d’eau chaude ou d’eau froide •’". A la coetia chacun se fait verser à son gré de l’eau dans sa coupe ; à la comissatio le mélange est fait d’avance et puisé dans le cratère. Comme en Grèce, on sait rafraîchir le vin en entourant le vase de neige ^’ ou en y plongeant un sac rempli de neige *^, saccus nivarius ^’, colum nivarium^. Les abus de boisson devinrent fréquents à l’époque impé- riale : c’est sous Claude que s’introduisit l’usage de boire à jeun et de prendre du vin avant de manger ^^

L’usage du vin dans les repas a été étudié aux articles COE.NA, symposium, svssiTiA ; la mise en cave et en cellier aux articles amphora, cupa, dolium ; on trouvera dans nos Tables des matières (§ XVI) l’énumération des vases à boire, des vases à puiser et des vases récipients, coupe, skyphos, cyathos, oenochoé, cratère, etc. que nécessitait la

— 29 Anacr. Fragm. 63 Bergk ; Herod. VI, 80 ; Alhen. X, 427 b. — 30 Alhen. X, 429 a.

— 31 Eupol. ap. Alhen. X, 425 a-b. — 32 Le viu est dit noiuçif. !, quand il pi.’ut supporter beaucoup d’eau, o'>.iyo»ôûo ; dans le casconlraire (Scliol. Arist. PI. 853) ; Hippocr. 393, 22 ; Galen. XI, 93 ; Geopon. VII, 23. Cf. l’oT.o ; S5«tiS-,î, Oribas. I, p. 338. — 33 Ce mélange paraît faible, ISafiî, Aleiis ap. Athen. X, 426 d.

— 34 C’est une des proportions jugées les meilleures, Hesiod. Op. et d. 596 ; Aristoph. Equit. 1188 ; Poil. VI, 18 ; Hesych. s. v. îj’ «t.fi Tfia ; — 36 Athon. X, 426 f. — 35 Anacr. (. c. ; Athen. X, 420 d. — 37 Aristoph. Equit. 1187 et schol.

— 38 Athen. X, 426 b, 430 f, 431 b. — 39 Alhen. X, 430 f. — 40 Alhen. X, 430 d.

— 41 Le personnage représenté comme un grand buveur trouve ce mélange encore trop faible et bon pour les grenouilles ; Pherecrat. ap. Alhen. X, 430 e. — *2 Ori- bas. I, p. 312 ; Protagorid. Frarjm. hist. gr. IV, +8i. — <3 Arislacn. Ep. I, 3.

— 44 Athen. III, 12i d ; Oribas. I. p. 312 ; Plularch. Stjmpos. VI, 4. —«5 Xenoph. ilem. Il, I, 30 ; Euthycl. ap. Alhen. III. 13V b. Sur les procédés de conservation delà neige, PluUrch. Syinpos. VI, 6 ; Alhen. 111, 12i e. — 46 Alhen. III, 123 c-e ; Plat. Resp. IV. 437 d. On emploie également l’eau tiède, ■fiti.xi-.t. ;, Alhen. III, 123 d. — »1 Plin. XIV, 12 (13|. — ’.8 Ibid. ; A. Gell. X, 23, 2 ; Alhen. X, 440 e ; Dion. Haï. II, 25. Les jeunes gens, les esclaves ne boivent pas de viu, Athen. X, 426 b. — M Horal. Sat. Il, 8, 38. — M Néron faisait bouillir l’eau pour l’avoir pure avant de la faire refroidir ; Plin. XXXt. 40 ; XIX, 55 ; Juven. V, 49 ; Corp. inscr. lat. IV, 1291. Cf. Bertius, De calido, frigido et temperato antiq. potu, Thesaur. de Graevius, t. XII ; Freinsheim, De ealidae potu, Thesaur. de Gronovius, t. IX, p. 492 sq. — 51 piin. XXXI, 23, 3 ; PluUrch. Symp. VI, 4. Emploi de la neige avec le mulsum, Plin. Epist. I, 15.— S2 Sen. Eimt. LXXVIII, 23 ; .Mari. V, 04 ; VI, 86 ; IX, 22, 8. — •> Cic. De fin. II, 8, 23 ; .Mari. XIV. 103, 104. — 51 Mart. XIX, 103.

— 5i Plin. XIV, 28.

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