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318. — La Virlus impériale.

exemple au jardin de ville et aux plantations qui entourent les tombeaux [uoRirs] ; d’où il suit peut-être que le viridarium, en général, occupait moins d’espace que Vhortus, qui pouvait atteindre les dimensions d’un véritable parc’. Georges Lak.we.

VIRILIS TOGA [tOG. .

VIRTl’S. — Il est possible que le premier, et long- temps le seul vestige, d’une personnification de la valeur morale soit à chercher dans ’Ap/jr,, la femme d’Alki- noos, roi des Phéaciens, chez Homère, sa sœur dans la poésie hésiodique. Mais le sens et l’étymologie d’Apr,rr, sont obscurs’. Il faut donc nous tenir à la forme ’ApExrp qui seule mène à l’idée de la valeur guerrière et de la force morale. Comme personnalilé divine, elle apparaît pour la première fois dans la célèbre allégorie de Prodicos, nous montrant Héraclès arrêté au carre- four entre la Volupté et la Vertu-. Sur la tombe d’Ajax Télamon, après que la ruse d’Ulysse eut triomphé de la vaillance du héros, était repré- sentée Arété en deuil’. Une autre légende raconte que Zeus Sôter en- gendra avec Praxidiké, sa sœur, un fils du nom deKtésiosetdeux filles, Omonoiaet Arété, qui reçurent elles-mêmes le surnom de Prnxidicoe^. Pline mentionne parmi les œuvres d’Euphranor un groupe co- lossal représentant Relias personnifiée, que couronne Arété. Les peintres Aristolaos et Parrhasios, celui-ci lui donnant Dionysos pour compagnon, la représentèrent également dans des œuvres célèbres. C’est à eux que les monétaires de Rome empruntèrent les traits de ]’irtus, soit seule, soit groupée avec d’autres figures ou allégoriques ou représentatives de contrées personnifiées et d’empereurs (lig. 7518) ^ Mais il n’est question nulle part en Grèce d’un culte ni d’un temple en l’hon- neur d’ Arété ; sa popularité y est toute poétique et artistique*.

Il en est autrement chez les Romains ; très an- ciennement déjà il y existait une religion de Vir- lus, soit seule, soit apparentée à d’autres divinités analogues. Cicéron’en parle dans des termes, et sur la foi de documents, qui ne laissent pas de doutes à cet égard, quoiqu’il y mêle des considérations de philosophie religieuse étrangères aux anciens temps’ : « La Sagesse et l’Intelligence nous sont venues des dieux et c’est pour cette raison que nos ancêtres ont consacré et publiquement honoré JlJens, Fides, Virlus, Concordia. Comment pourrait-on nier que ces personnifications soient au nombre des divi- nités, puisque nous les vénérons sous la forme d’images augustes et saintes ? » Le même, parmi les prescriptions de la Loi des Douze Tables relatives au culte des dieux célestes, cite Mens, Virlus, Pielas

1 Bull. d. commits. 1. c. : viridarium de 1150 pieds (3 lu mètres) de loiir, pro- bablement funéraire.

VIRTl-S. — 1 Od. vil, 34 9i|. ; avec le Schol et Eustli. ad h. loc. Cf. Nilzscli, ad Odyst. VII, 73 sq. Un fils de Nestor s’appelle ’Afr.Toi ; Qd. III, 4U ; cf. 11. XVII. 535, un fils de Priam. — 2 Xenoph. Memor. II, 1, îl sq. — 3 Anthol. Palat. Vil, 145. Cf. pour les représenlations, Welcker, Annal, d. Jnstit. IV, 385 ; 0. Millier, Handbuch.UOi, 3 ; Corp. injcr. jr. -2786.— iSuid.s u. nja-iS.’.r.. — spiin. iVal. hiat. XXXIV,8, 19 ; XXXV, 10, 36 ; cf. Brunn, I, p. :u ;iet l’urgold, 4r< ;Aioeo(oji«/ie flemerfcimj7«n,p.l3. Pourlafig.7518v. plusbas,p.9i7,n.6. — 6Enréalit<Sc’eslAtli6na qui, dans la mythologie grecque, personnifie les qualités quiconviennent à Arélé. V. Prcller.CriccA.il/y/A. I, p. 177.- ’Cic. jVdf. flcor. 11,31,79 ; iej. 11,8, 19. Juvénal, 1, 115, s’est souvenu plus lard de eus passat^es, lorsqu’il cite les cultes de Virtus a^ec

et Fides, et proclame que « par elles l’homme s’élève jusqu’au ciel ; les temples auxquels elles ont droit sont justement refusés aux personnifications des vices ».

Sous l’Empire, les calendriers mentionnent, à la date du 29 mai, une fête en l’honneur d’Honos et de Vir- lus’. Lorsque Auguste adopta, en 17 av. J.-C, ses neveux Gaius et Lucius, il profita de l’occasion pour remettre en honneur une fête plus ancienne, qui persista sûrement jusqu’à la fin du n" siècle et probablement au delà. Mais le culte de Virlus associé à celui d’IIonos remonte à une haute antiquité ; les deux divinités sont à grouper dans le cortège de Mars et leur signification dominante est toute militaire’. La preuve, c’estque Rome possédait, à la fin de la République, plusieurs temples érigés en leur honneur et tous à l’occasion de victoires remportées. Le plus ancien, qui est aussi le plus connu, est celui dont la construction datait de 243 av. J.-C. ’° ; il avait été construit par C. Fabius MaximusVerrucosus, qui l’avait voué durant la guerre de Ligurie, à l’inten- tion d’Honos seul, sans aucune mention de Virlus. Un quart de siècle plus tard, M. Marcellus, le vainqueur de Syracuse, renouvela (c’est le terme employé par Cicé- ron, qui a dû l’emprunter aux Annales des Pontifes) le culted’//o«o5en y associant Virlus^’ . 11 en résulta un con- flit avec l’autorité sacerdotale, qui, par scrupule pieux, refusa d’admettre qu’un même édifice fût placé sous l’invocation de deux divinités distinctes. En consé- quence, on construisit un sanctuaire double, où les images d’Honos el de ]’/ ;■/(« recurent des cellae sépa rées. Le grand incendie du règne de Néron le détruisit et il fut réédifié sous Vespasien. Dans la langue courante il est désigné tantôt au pluriel, tantôt au singulier ; Symmaque, au déclin du paganisme, l’appelle aedes gemella. Le scrupule de la dualité fut respecté sous Vespasien, deux peintres difl"érents ayant été chargés d’y peindre les images des deux divinités ; Marcellus déjà l’avait orné d’œuvres d’art emportées de Syracuse, premier exemple de cette pratique qui devint usuelle ensuite. Virtus, toujours en société avec Honos, avait un autre temple encore, situé devant la parla Col- lina ’-. La construction en fut motivée par la découverte, dans le sol, d’un autel et d’une lamelle de métal, sur laquelle était gravé le mot Honoris. L’existence en est garantie par une inscription archaïque qui remonte pour le moins au commencement du ii’ siècle av. J.-C. Les calendriers qui mentionnent une fête pour le 12 août à l’intention d’Honos et de Virlus précisent qu’elle est célébrée in Iheatro marmoreo, c’est-à-dire au théâtre de Pompée, et que Venus Victrix et Feli- cilas y ont leur part ; le caractère guerrier de cette fête est manifeste ’^ 11 en est de même des hommages rendus à Honos et Virlus dans un sanctuaire voué par Marins en l’année 103 ; ce sanctuaire dilïérait des autres

ceux de Pax, de Fides, do Victoria et de Concordia. — 8 Fast. Phil. ; Uio Cas». LIV, 18. Cf. Momnisen, Corp. inscr. lai. 1, p. 394.— s V. Wissona, Jleligion und Kullus, p. 135 sq. ; article honos, 111, I, p. 248 ; cf. ibid. 59J, . ; 7S4, A ; Duruy, Hisl. nom. 1, p. 492. — ’C Cicéron, Xal. deor., loc. cil. le nomme avec les temples en l’honneur de Fides, li’Ops, de Salus, de Concordia, de Liàerlas, de Vic(oria ; cf. Plin. .at. hisl. XXXV, 10 ; Symmach. fpist. I, 29 ; Plut. Marc. 21 et 28. Pour remplacement, V. Bcckcr, Handbuch, 1,509. — "T. Lit. XXVII, 55,7 ; XXIX, M, 13 ; Val. Mai. I, 1, 8 ; Cic. Leg. Il, 23, 58 ; Plut. /or(. Hom.5. — 12 Cic. leg. Il, 23, 58 ; Corp. inscr. lat. VI, 3692 ; cf. Jordan, Topographie. 1, I. p. Î2I sq. — 13 Vi.NRHi viciRici, lluN(ori), ViBT(uti), Fklicitati., etc. Calcnd. Amit. Atlif. Cf. Bocter, Topogr. p. 676. Wissowa. (oc. ci(., fait remarquer que le temps est proclo’ (lu temple de Mars.