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Fig.

— La fir/us-ïu

en ce qu’il était au cœur même de la ville, sans doute au Capitule, alors que les autres avaient été construits en dehors du pomerium. C’est dans ce temple que le Sénat délibéra sur le rappel de Cicéron exilé ’. La preuve que le culte de Virtus et d’Honos conserva toute sa faveur jusqu’au déclin du paganisme nous est fournie par un historien de la guerre des Golhs- : une profonde consternation s’empara de llome, parce qu’une image de Virtus avait été détruite par des profana- teurs.

Enfin rien de plus expressif à ce point de vue que l’association de Virtus et àHonos dans les textes épi- graphiques qui ornaient les tombeaux des Scipions : (juoei vita defecil, non .=/fS^^^ !!^ ho nos... Honore hic est

sitiis quei numquam rictus est virtutei... Mors perfecit tua ut essent omnia brevia, honos, fama, virlus- que^. La tradition plus récente a conservé ces formules, surtout celle de virtutis et honoris causa, qui résume l’éloge le plus complet d’un illustre défunt. Des soldats les emploient pour commémorer leurs clicfs, notamment l’empereur : Virtus Auqusla, et aussi leur propre valeur : I/onori stationis, où llonos implique l’hommage à Virtus *. Pour les représentations gémi- nées de Virtus et A’ llonos. nous renvoyons à ce dernier vocable ^uo.NOS, p. 248j. S’iIIonos sur les monnaies est re- présenté sous les traits d’un jeune homme vigoureux, avec des cheveux en boucles abondantes, le plus souvent cou- ronné de lauriers, Mrtusesl une jeune femme à l’opulente chevelure, coilTée d’un casque richement ornementé. Sur certaines monnaies nous trouvons l’image de Virtus triumphans qui rappelle le Triumplius personnifié ^ Le caractère guerrier de Virtus apparaît nettement sur le denier de Marius Aquilius frappé vers 34 av. J.-C. : au droit figure la divinité en buste, la tète casquée ; au revers nous voyons le consul debout, armé d’un bouclier et relevant la Sicile sous les traits d’une femme à demi nue, affaissée et les cheveux épars (fig. 7319) *.

J.-A. IIlLD.

VIS (Bi’a, KpxToi). — L’épopée homérique considé- rant les dieux comme tout-puissants (-TtàvTa Suv(ï[ji.évt,ui ;) ’, il était naturel que cette force même fut par elle person- nifiée : d’où les figures de Bi’a et de KpoÎTc ;, dont la cos-

1 Cic. Pro Sest. 54, ilC ; Pro Ptane. 32, 7s ; de Divin, t. S». I.e Icxle ne parle nas d’un lemple à Viriu». Cf. Vitr. III, 2, 5 ; Dio Cass. I,. 4 ; Prop. IV, 10, 45 : Fesl. s. t. summistiorem. Cf. Gilbert, Ceschichie und To/iogra- phie, 111, p. 9S, n. î. — i Zosim. V, 41. — 3 Corp. inscr. lat. I, 635 ; Orolli, /nscr. n’ 553. Cf. Preller-Jordan, Hoem. ilyth. Il, p. iW, note I, qui cite les inscrip- tions, Corp. intcr. lat. 1, 635 et Orelli, 3681, 533, 1216. V. encore, cliez le iiiôrae, 1842 et Corp. inscr. lat. III, 3307 ; VIII, <1Û2C. — * Corp. inscr. lai. II. 16r.2 ; III, 5123 ; VII, 8 ; VIII, 272S, où à Virtus sont associées Spes et Paltentta. — = Cf. Plin. Sat. hisl. XXXV, 27 ; Preller-Jordan, Boem.Mylh. Il, 250. — 6 Babelon, J/on- noie» de la RépubliqM romaine. I,p 213 = noire fig. 7519. Pour Sonos el Virtus associés, V. ibid. I, 512 el II, 236. Une curieuse métiaille du règne de (jalba (Pietro Santés Bartolo el Sig. Haverkamp, Médailles de grand et moyen bronze du cabinet de la reine Christine, infol. 1712, lali. v, n" 2) nous offre llonos et Virtus debout, celui-là le baui du corps nu, appuyé d’une main sur un sceptre el retenant de l’autre une corne d’abou’lance ; eu face Virtus, en tunique courte, la tête casquée, le bras droit appuyé sur une lance. Une variante de la même nif-daillc à l’efljgie de Vitellius, tbid.’-i et 14-15. Les bronzes du Bas-Empire portent souvent en eiergue : Virtus Aurjustnrum. personniliée sous les traits d’un guerrier appuvé sur la lance el posaut le pied sur un ennemi renversé ; i&i<^. lab. xi.i,n’» 13 el 19. Sur les monnaies d’Hadrien, la Virtus Augusti se rapporte à la c basse ; sur celles de Uallien elle a les attributs d’Hercule, Cf. aussi Coben, VI, pi. ui, n«l64 : médaille de

mogonie hésiodique fait les enfants de Pallas et du Styx, sœurs de Zy,Xo( ; el de Ni’xvi, tous ensemble consi- dérés comme des irçoTroXoi de Zeus, qu’ils assistent dans sa lutte contre les Géants et les Titans ^ [titanes]. C’est à Bîa et à Kp’XTo ; qu’Eschyle confie la lâche d’enchaî- ner Promélhée ; les deux noms ont été traduits chez les mythographes latins par Vis et Potestas’^ ; mais à Rome ils n’ont à aucun moment pris une valeur de personnification religieuse.

Il en est autrement chez les Grecs : sur l’Acroco- rinthe, Bîa avait un sanctuaire voisin de celui d’Ananké, sanctuaire dont l’accès était interdit*. Il semble toutefois que même chez les Romains, mais au déclin du paganisme, on ait raffiné sur une expression de religiosité philosophique, employée par Virgile, celle de caelestum lus magna. Les uns y voyaient la personnalité toute-puissante de Junon^ les autres un principe supérieur à l’être même de toutes les divi- nités ’.

En ce qui concerne les Vires ou Virae en l’honneur desquelles existaient de nombreuses inscriptions, elles n’ont avec les personnifications de la puissance divine selon l’esprit hellénique aucun rapport ; elles sont propres au culte de mitiira et à la pratique du tal’ho-

BOLU’M î^p. 48 Sq.]. J.-A. HlLD.

VIS EX CONVERTI] ’. — [interdictum, p. 561].

VIS MAJOR. — Le mot vis, avec cette épilhète et d’autres, divina, naluralis, désigne les cas de force majeure qui, dans difTérents contrats, ainsi dans le con- trat de garde {custodia), n’engagent pas la responsabi- lité de la personne qui a contracté l’obligation ’. Telles sont les calamités imprévues, tempête, inondation, incendie, tremblement de terre, sédition [culpa].

Ch. Lécrivain.

VIS PRIVATA ET PUBLICA’. — Dans le droit romain le mot vis signifie d’abord en général tout acte accompli contre la volonté d’une personne ; c’est le sens qu’il a dans la formule de nombreux interdits, vim fteri veto, ne vis fiât -, par laquelle le préteur assure d’avance sa protection à la partie gagnante, contre tout acte contraire à sa sentence [interdictum]. Dans le droit civil et pénal, avec les épithètes atrox, corpo- ralis, il désigne à la fois la contrainte exercée sur la volonté d’autrui par la peur ^ [metus] et les voies de fait, les violences en général*. La vis n’est naturellement pas délictueuse en cas de légitime défense, ni au ser- vice d’un magistrat ou fonctionnaire, surtout militaire,

Constantin 11, debout, tenant un trophée et présentant à son père un globe sur- monté d’un phénix ; à ses pieds une panthère dans l’attitude de la soumission et svmbolisant les Barbares. En exergue : gi.obia saeculi viutus caes. = notre fig. 7518 d’après Duruy, Hist. des Romains, Vil, p. 550.

VIS. — 1 Xenoph. Cyrop. VIII, 7, 22. — 2 llcsiod. Theog. 385, 397 ; Apollod. I, 2, 4. — 3Aesch. Prom. init., notamment 12. Cf. Choeph. 241 ; De Wille, Le géant l’.i(ens,p. 17 sq. ; Pi-cller-PIew, Griecli. Mythol. l,48etlll. Cf. Ilygin.prae/. p. 30. — * Paus. II, 4, 7 ; Plut. Them. 21,2 ; Corp. inscr. yr, 4379, où lii« porte l’épithdte de IvTeXr. ;. Après l’entreprise de Cylon, les Athéniens élevèrent des autels à nîa et à "rSf. ; ; Cic. l.eg. 11,11, 28. Pour cette association cf. Theogn. 836. — s Serv. ad Aeii. vu, 432 : caelestum vis magna jubel. Il est possible que, dans la pensée de Virgile, Vis ait ici la valeur d’une personnification.

VIS EX CO.’iiVENTO. — «Ajouter à la bibliographie : Saleilles, Nouvelle rev. hisl. de droit, 1892, p. 243-293 ; Boegli, Ueber Ciceros Rede fur A. Cneeina, 1906 ; Chabrun, Nouvelle rev. hist. de droit, 1908, 5-27 ; Girard, .l/anuel de droit romain. Paris, 5" éd. 1911, p. 900, 1 ; 1060. 4.

S MAJon. -I Cic. Pro /"(une. 42 ; Plin. Nat. h !si. xvm, 69, 1 ; ûig. X11I,7, 13 § 1 ; L, 17, 23.

VISI’RIVATAETPUBLICA.— tTeilespiincipaux :fliV/.lV,2 ;XLIII,16et4 ;XLVII, e ;XLVIll,6et7 ;/nsMV,15,6 ;C.rA.IX,10 ;C.yw(.VIll,4,9, 12,33. -2Ûiy.XLIII, 17, lpr. ;XLIll,l8,l,pr. ;XLIll,4.-3/4i<f.lV,2,l.-*/«irf.XLIII,10,l-29 ;IV,2,3,§l.