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de chaque côlé de l’anse verticale. Comme motifs carac- toi’isliques il faut signaler les bandes formées de méan- dres alternant avec de petits damiers (ces derniers aux cases blanches souvent pointées), qui limitent la partie inférieure des scènes, et, dans le champ même des repré- sentations, les souples tiges de lauriers aux baies dorées.

A côlé des œuvres du style fleuri il faut placer les nombreux petits vases’ dont l’usage est très répandu vers le même moment. Ils portent en général des scènes de genre empruntées soit à la vie des enfants (fig. WSi, 4637, 4(>i0), soit à celle du gynécée. Dans quelques-uns les figures sont extrêmement fines et soignées, souvent rehaussées de retouches blanches et de dorures ; dans d’autres, au contraire, l’exécution est tout à fait négli- gée. Cette école de miniaturistes dérive de celle de Douris, dont la manière n’a pas cessé d’être pratiquée durant tout le v° siècle, conjointement avec les styles dérivés de Polygnote et de Phidias. C’est, au contraire, à ces derniers que se rattache le décor des grands vases à nombreux personnages, à larges retouches blanches, parfois même bleues, et à dorures, qui sont également fréquents à cette époque^ ; les cratères de Talos, à Ruvo, ou de Pronomos, à Naples", en fournissent d’excellents spécimens.

Ces dernières séries nous amènent au seuil du iv" siè- cle, mais la chronologie de cette période est fort mal éta- blie et il est difficile de préciserMl semble que les malheurs de la guerre du Péloponnèse aient, sinon ralenti, du moins détourné vers d’autres voies le commerce des vases attiques. S’il y eut diminution dans la production, elle ne fut que momentanée, et l’industrie attique reprit vite le dessus ; mais l’Italie, qui avait étéjusqu’alorsie principal débouché, commence à produire elle-même des vases de style pseudo-atlique ’ ; par suite, l’importation grecque diminue, et c’est dans d’autres régions, du côté des îles, comme Milo et Rhodes ’, plus encore dans la Russie méridionale et en Cyrénaïque ou à Alexandrie, que les céramistes d’Atiiènes placent leur marchandise.

Les vases trouvés dans la Russie méridionale, spécia- lement dans les tombeaux de Panticapée (Kertch), et décorés suivant le stijie d’il de h’erich, sont les représen- tants les plus caractéristiques de la poterie athénienne au iV siècle*. Le style et la composition y sont tout à fait libres et, dans les vases soignés, ils témoignent d’une souplesse et d’une élégance où se manifeste l’inlluence du grand art [fig. 50.j1). Le style de Kertch dérive du style fieuri de Meidias, mais on constate entre eux une dilTérence notable que Furlwiingler a mise en lumière ; alors que dans le second le contour des figures est conçu comme purement linéaire, on essaie, dans le style de Kertch, d’en faire sentir le volume ; l’aspect du

I Milchhôfcr, Arch. Jahrb. 1891, p. 57 ; Dumonl-Cliaplain. C rramiques.l, p. 3S3 ; FurlwBDglcr, Co// Sa6<juro/7,pl.t ;i ; (*crdnzct,/oiii//esrfc*e//)/ii ;», V,p. 166,ii»363 ; ïîicUtCP. Amer, journ. ofarch. IÏIO",p. H7 ; Oardner, Joitrn. lieli. stitd. !90.T,p. T9 ; Uuf :as, Letempled’Aièa Athénaù r«*(/rf, appeiid. V, n^i-13. Cf. cnlrc autres l’ossclcl duMusi.’eBriUnni<|uc[Slacltclbcrg,Gra6errf(rr//c//e/ien,pl.i3 ; TALUS,(ig.C742) ;ronos d’Krélric( llarln ig, "Eï. i ;y . 1 897. pi. 9- 1 ; osos. fig. 5*08) ; les pyxis avec sci-nes de la vie r«niinine(Kurlw :’tngler’ReiclilioM, Griech. Vasenmal. I, pi. 37). Ln des plus jolis spécimensest l’aryballedela Collection Sabouroff’,i, p. ôb [c(. bumont-Cliaptain, C-^ramii/iies. l,p. 37J).— 2 Furluiingler-Reicliliold. liriech. Vasenmal. Il, p. 194. — ■ilbid. I, pi. 38-39, p 19C. — 1 iloniim.d^lC InstU. III, pi. 31.— 5 La cliroiioiogic la plus vraisemblable esl celle (|u"a prcscnlée récemment M. Oucati {Hendic. Accnd. iincei, 1913. p. 5li). — 6 FurlwSngler-Rciclilioid, Griech. Vasenmal. Il, p. 139, 153 ; Ducati. n’iVn.ya/iresA. 1907,p. S51. — 7 Cf. Tampliore de Milo (Furlwiinglcr-Reich- hold, Griech. Vasenmal. Il, pi. 90-97 ; cf. Uucati, Wien. Jahresh. I9û8,p. 133) ; la pclilc de Cainiros (Salzmann, Nécrop. de Camiros, pi. 58 ; Rajet-Colliguon,

IX.

décor devient ainsi plus pictural. Les scènes, qui com- prennent ordinairement d’assez nombreux personnages, sont souvent des scènes de toilette ; pourtant les épisodes mythologiques sont aussi représentés. Parmi les vases on notera l’abondance particulière des lélianés à cou- vercle et des pélikés. Les motifs végétaux, placés sous l’anse, gardent toujours beaucoup d’importance. Dans la technique on voit continuer l’emploi des rehauts blancs, quelquefois bleus, et celui des dorures".

Le style des vases trouvés en Cyrénaïque est ana- logue à celui de Kertch. mais les motifs sont différents. On y remarque, d’une part, des représentations mytho- logiques, souvent traitées avec une curieuse fantaisie’" ; de l’autre, le fréquent usage, comme décor, d’une tète féminine peinte sur la panse et quelquefois accompagnée de griffons" ; parfois la tète féminine esl remplacée par celle d’un personnage oriental compris entre un buste de ciieval et un buste de grifl’on. Il esl probable que les vases de Cyrénaïque sont en partie des importations et en partie des imitations locales, mais il esl difficile de distinguer dans le détail les unes et les autres, et on peut les considérer tous comme des représentants du style attique au iv° siècle. Les vases trouvés à Alexan- drie ont l’avantage de nous fournir un point de repère chronologique, puisque la fondation de la ville est de 331 ; ils sont donc postérieurs à cette date ’^.

Vases à fond blanc. — Le grand siècle de la céra- mique à figu- res rougesesl également celui de la cé- r a m i q u e à fond blanc. Celte techni- que, connue dans d’autres régions de la Grèce depuis une antiquité très reculée, paraît avoir été introduite en Attique

par NikoSlhé- pig. 73U. — Cc.upo ii fond l.lanc. l.a naissance de randorc.

nés. Elle a,

au v= et au iV siècle, un développement merveil- leux. Les coupes et les lécylhes sont les seules espèces de vases pour lesquelles la peinture sur fond blanc ail été couramment employée, mais on la trouve aussi par exception sur des cratères ou des pyxis ’■'.

Les coupes à fond blanc* paraissent localisées dans

Céramiq. gr. fig. 96) ; cf. aussi une bydrie de Rhodes, S. Rcinach, llev. arch. I9(j0, I, p.87. — 8 Stepliani, C. tt. de la Commiss. Impir. archéol. (1859-81), pas.im ; S. liciuacli, Antiq. du Bosphore cimmrTien, pi. 19-03 ; Pliarmakowsky, Arch. An- leiff. 1907,p. 13V, fig. 3-7 ;. Nicole, fatal, des rases d’Alhines, Supplément, p. in. Cf. FurlwSDgler-Reicbbold, Griech. Vasenmal. Il, p. 39, 102, 153 ; Ducali. Vasi dipinti netlostile del .Uidia, p. SI ; Minns, Scijthians and r,rceks,p. 3i0. - 9 .’^urle caractère de la polvchromie dans la cài-amiiiue alliriue lardive cf. Ducati. Ilendic. Accad. Lincei, 191 1, p. i60. - 10 l’crrol. A/on. r/recs, 1, 1870, pi. m, p. ii ; llcu/ey, lUon. grecs, l, 1879, pi. m, p. 55 ; FurlwSnglcr-Ueicliliold, (.ri- c//. Vasenmal U, pi. 79. 2. — fl Cf. Heuzcy, Mon. grecs, 1, 1879, p. 6s ; 11, I8S5-8, p. 35. - l2FurUvâu- gler-Reicbbold, I, p. 200, pi. 40. — " Dumonl-Chap’ain, Céramiques, H, pi. snppl. A ; Slurrav-Srailb. While athenian ruses, pi. 204. — ’« Klein, Euphronios. p. 240 ; Hartw’ig, 6Wcc/i. Meislerschalen. p. 499, noie ; PoUier, .Mon. Piol, Il ( 1895), p. 42, u. i : Lorimer, Journ. hell. stud. 1905, p. 122, pi. vi, 4 ; Waldslein, Arg. lier. Il, p. 179 ; Wallcrs-Bircb, .tnc/zoCcry. I, p. VU -.i’crrol, Uist. de l’art. X, p. 705.

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