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tout exprès pour y rassembler les animaux sauvages capturés pour lui en Rthiopie, particulièrement les élé- phants ; ils étaient parqués dans une presqu’île dont on avait fait une ile à l’aide d’un fossé et qu’on avait entourée de murs de tous côtés [veinatio, p. 689-6 !J0_ ’. A Rome les empereurs établirent un vivarium (^lêipiov) pour les besoins du Colisée, et probablement à la même époque ; il était situé à l’Est, dans laV^ région de la villCj contre le mur d’Aurélien qui le limitait du côté de l’extérieur^. On a cru quelquefois, d’après des indices douteux^, qu’il touchait au Camp des Prétoriens [pRAETûRiAE couoRTES, fig. 5783]* ; M. Iliilscn ’• le place enlre VAmphitheati’iim castrenseeX. la porte Prénestine (auj. portaMaggiorc), sur le bord de la Voie Labicane. La surveillance était confiée à des gardiens [custodes], pris sans doute parmi les venalores des cohortes préto- riennes et urbaines, ou au moins en rapport avec eux [venator]. Il est possible que l’administration appartint au pi’ocurator du Ludus malutinus [venatio] ; mais il semble que la place de Vadjutor ad feras’ fût plutôt au Vivarium. Les herbivores formaient une section particu- lière, qui avait pour che ! le praeposilus licrbariannn ’. Un historien nous a conservé l’inventaire des animaux que renfermait, sous Gordien III ’" (238-2’('< ap. J.-C), la ménagerie impériale de Home ; il se décompose ainsi :

Éléphants (dont 12 envoyés par Gordien lui- même et 10 par Alexandre Sévère) 32

Élans 10

Tigres 1(J

Lions domptés (iO

Léopards domptés 30

Hyènes ’. 10

Hippopotames (i

Rhinocéros 1

Lions dits arcoleontes { :*) " 10

Girafes 10

Onagres 20

Chevaux sauvages 40

Total 239

Mais l’historien assure que ce chiffre 239 est encore bien au-dessous de la réalité et qu’il faudrait ajouter d’autres espèces dont il ne parle pas. Philippe, succes- seur de Gordien, évidemment soucieux d’économiser sur l’entretien, donna tous ces animaux ou les fit tuer dans les Jeux séculaires de l’an 248. Il y a eu assuré- ment d’autres ménageries à Rome à diverses époques, par exemple dans l’arsenal du Champ de Mars [navalia], où l’on devait débarquer les animaux au moment de leur arrivée par le Tibre ’^ La ménagerie installée par Néron

• Slral). XVI, p. 770. Sur les ménageries de l’Orii-ul v. surlouL Loisel, Hist. des ménageries, I, p. 9-63. — 2 procop. Bell. golh. 1, ii, p. lOiJ ; i’i, p. III.

— 3 Corp. inscr. lat. VI, 130. — * Lanciani, Forma urbis Homae, pi. xi.

— 9 Ed se fondant surtout sur Frocope l. c. — ^ Jordaii-Hiilseu, Topogr. d. Stadt Rom im Alt. I, 3 (1907), p. 305 el pi. v ; cf. p. 39i, n. 48. — 7 Corp. inscr. lot., l. e. (sur les fondions du custoslv. Colum. IX, I). — 8 Jitid. 10^08.

— 9 Jbid. 10209. Affranchi impi^rial, comme le préciJdent. — 10 Hist. Aug. i’ éd. Peler (1884), Gordiani très, 33 ; l.oiscl, Op. l. p. 103-109. Cf. p. 135.

— 11 Leçon et eiplicalion douUuse’. Sans doule des lions non domptés par opposition à cent qui précédent. Scaliger a conjecturé agrioleontes.

— li C’est ainsi qu’il faut entendre Plin. .at. hist. XXXVI, 40. Gilbert, Topogr. d. Stadt Itom. III, p. 14fj el 149. n. 1 : Jordan-Hûlsen, op. t. I. 3, p. 485 et p. 486. n. 43. Cf. VF.SATU», p. "06. co.. 2. oii il -faut corriger ilans c«’ sons rinterprélalioii erronée du Icjle de Pline. — U Suet. A’ero, 31, I. — 1» D’après le nom médiéval

Vivaiolo : FriedISnder, op. L II, p. 399, D. 6, 7 ; cf. Hiilsen, /. c. p. 367.

dans sa fameuse Maison d’Or ’^ ne lui survécut pas. Mais peut-être y a-t-il lieu de distinguer du vivarium de la porte Prénestine un autre vivarium qui aurait été con- tigu au Camp des Prétoriens ’*. Le nomde Vivaro, fréquent dans les environs de Rome, y perpétue le souvenir d’établissements semblables ; car beaucoup de particu- liers, qui aimaient élever des bêtes {9Y,pioTp&<peïv) "^ pour se donner le plaisir de grandes chasses, imitaient les installations luxueuses de l’empereur et c’était souvent dans les parcs eux-mêmes que les animaux étaient pour- suivis et tués ’".

Il ne faut pas oublier que ces troupeaux sauvages, rassemblés de tous côtés avec tant de peine, ont beaucoup contribué aux progrès de la zoologie à partir du temps d’Alexandre. D’après une tradition très vraisemblable, le conquérant, ayant confié à Arislote le soin d’organiser l’étude de celle science, mit à sa disposition, en Grèce et en Asie, plusieurs milliers d’hommes, pourvoyeurs ou gardiens de ménageries ; c’est avec leur aide qu’Aris- tole réunit les matériaux de Y/fisloire des animau.x, continuée par ses disciples etrésumée par Pline l’Ancien dans le livre Vlll de son Histoire naturelle ".

IL Les viviers (t/9uoTsocf/eïa, piscinae, vivariu pis- rium) étaient encore peu connus des Athéniens au temps de Platon ; c’était alors en Egypte, sur les bords du Nil, que l’on pratiquait en grand la pisciculture (c/Oùiov Ti9a- (lEi’a) ; les étangs royaux (pactXtxal Xt[xvat) qui y étaient affectés peuvent être considérés comme ayant servi de modèles aux âges postérieurs ". On commença en Grèce par les réservoirs (oE ;7.[A£vat, sy/eÀewveç) dans les- quels les éleveurs d’anguilles {iy/_s.’kuo- :f6<foi) favorisaient la multiplication de ces animaux très recherchés [ciBARiA, p. 1103, col. 2] ; ils étaient sans doule établis sur les bords du lac Copaïs, en Béotie, et du Strymon, en Thrace-". Mais déjà on avait fait beaucoup mieux en Sicile dès le commencement du v^ siècle : les Agrigen- tins avaient construit une piscine (xoXufAfiviOpa) qui mesu- rait sept stades (129.j mètres) de tour et vingt coudées (9 m. 24) de profondeur ; ils y conduisirent les eaux des rivières voisines et y rassemblèrent une grande quantité de poissons pour alimenter le luxe de leurs tables ; ce bel ouvrage, faute d’entretien, disparut par la suite’". Les Romains n’eurent qu’à suivre ces exem- ples de l’étranger-- : à une époque qu’on peut supposer être le n® siècle av. J.-C, on eut l’idée d’établir des parcs d’élevage dans les lacs de l’Ombrie et de la Toscane, lacs de Rieti, de Bracciano, de Bolsène et de Vico, et on essaya même d’y multiplier certaines espèces marines^’. Mais au temps de Cicéron on com- mença à dédaigner les méthodes primitives ; on ne voulut plus entendre parler que de poissons de mer et

— 13 Hiilsen, (. c. p. 307, n. 03. — 16 Sen. De ira, II, 31 ; III, 23 ; Ue clem. I, 18, 2 ; Lampr. Liad. 5, 6 ;Claudian. De consul. Stil. III, i72, 322 ; Syram. Epist. Il, 27’ ;Tcrlull. Ad mart. ; Chrysost. Homil. in Matth. 60. — " Amm. Marccil. XXVIII, 1 ; XXXI, 10, 19. v. encore Plin. Nat. hist. VllI, 115, 211, 224 ; IX, 173 ; Corp. inscr. lat. X, 444, 1. 24-25. Vivarium près de l’ampliilljéàtre de Cologne : Corp. inscr. lat. XIll, 8174, avec une clôlure élevée par un ccnlurion de la légion VI ; cf. 8172, 8173 ; Friediander, .•iillengesch. II, p. 593. — ’» Hlin. A’nï, hist. VIII, 44. Cf. Pouchet, Biologie aristotélique (1885), p. 10-15 ; Pcrrier, L<i philosophie zoologiqueavant Darwin [i%M) : LoiseUBist. des ménageries, I, p. 61, 139. Sur les conliouatcurs d’ Arislote v. Susemilil, Gesch. de gr. LUI. in d. Alexandrinerzeit, 1, p. 166, 367, 442, 830. — 19 Plat. Politic. p. 204 c. — 21) Arist. De anim. htst VIIl, 2, p. 592. Cf. Decolor.5, p. 794. —21 Diod. XI, 25, 4 ; Attjen. XII, p. 541 c. Vivier in Lois et en plomb k bord du fameux navire de Hiéron II : Atliou. V, p. 208 a.

— 22 Varr. /ler. rust. lii. III, 3 et 17 ; Colum. De re ruât. lib. VIII, », 16, 17.

— 23 Cf. Lièvre, Les huitrcs nourries en eau douce, Rew archéol. 1883, II, p. 102.