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Grâce à des découvertes récentes, nous connaissons mieux aujourd’hui comment étaient organisés dans l’antiquité les grands dépôts de manuscrits. Les fouilles exécutées à Pergame, à Ëphèse, à Timgad (Algérie) et aussi à Rome, dans l’église de Sainte-Marie-Anlique, ont ramené à la lumière des restes importants de biblio- ttièques [bibliotueca] ’ ; ceux qu’on a découverts à Éplièse surtout, identifiés grâce aune inscription recueil- lie sur les lieux mêmes, donnent une idée très nette

Fig. 7366. — Le défunl lenanl un lo/i

des édifices affectés à cet usagée La bibliothèque fondée à Êphèse, sous Trajan, par un ancien consul, en riionneur de son père C. Julius Celsus Polemae- anus, était précédée d’une colonnade élevée sur cinq marches ’ ; on accédait dans l’intérieur par trois portes, flanquées de pilastres qui encadraient des niches ornées de statues allégoriques : la Science, la Sagesse et la Vertu. La salle mesure 10 m. 50 sur 11 mètres. En face de l’entrée s’ouvre une grande niche demi-circulaire, destinée à recevoir une statue colossale ; autour de la pièce sont ménagés dans l’épaisseur du mur dix placards hauts de 2 m. 80, larges de 1 mètre et profonds de m. 50 ; ce sont les armaria dans lesquels on conservait les rou- leaux ’BiBLiOTaEC.]. Peut-être y avait-il au-dessus un autre étage de placards semblables, auquel on accédait par un escalier et une galerie ; une ouverture pratiquée dans le plafond éclairait toute la pièce. Autour des murs s’étendent extérieurement deux couloirs, larges de i m. 20 environ ; ils avaient l’avantage d’isoler complètement la bibliothèque des constructions avoisinantes ; ils proté- gaient les livres, non seulement contre l’incendie, mais encore contre l’humidité. Les anciens paraissent en effet avoir pris de grandes précautions pour préserver

d. Akad. in W’ien, philos, hitt, Klasse, LUI (1910), p. S6, llg. fS. — ! Ajoulc2 à la bibliographie : N. Jlichaul, De Oibliolh. iieter., Paris (ISTO) ; C. Caslcll ; Bibliot. nellantich., Bologne {IS84) ; SI. Ilim, Centralbl. fur BibUothekawes. X iis93l,p. m-.Itev.archéol. (S94, 1, p. 285, n. Î8 ; Poland dans les Uistor. Forach dcdic«s à Fôrsteroann, Dresde (1891) ; Fil. Garbelli, Le bibliut. in Halia alV epûca rom.. Milan (1894) ; Dzialzko, art. Bibliotheca dans Pauly et Wissowa, Reat- Encyclop. III (IS99) ; W. Clark, The carc of books (1902), p. i05 ; Scimbarl, Das Buch bei d. Gr. u. R. (1907) ; Boyd, Public Ubraries and Hier, culture in anc Rom, Cliicago, 1915. — 2 Cagnat, Les bibiioth. municip. dans l’emp. rom., Mém. de l’Acnd. des inscr. etb. I. XXXVllI (1 !100), avec la bibliograpliie. Pour les fouille- de Santa Maria Antica (bibl. d’Auguste), Hiilsea dans les Neue Jahrb. 1904, p. 40 Dos Forum roman, p. 158. — 3 Wilberg, Jahreshefte d. ôsterr. arch. Inst. XI (190S), p. liO, Dg. îi. Pour plus de détails, cf. Ileberdey, ibid. VU (1904), p.

de la pourriture leurs frêles rouleaux de papyrus ; c’est aussi pour cette raison que la bibliothèque de Celsus était orientée vers le levant, comme le recommande Vitruve’. Enfin la niche du fond recouvre un caveau funéraire, dans lequel on a retrouvé encore en place le sarcophage de Celsus ; l’édifice prenait par là un carac- tère sacré, celui d’un hérôon ; c’est ainsi que le rhéteur Dion de Pruse avait fait ensevelir sa femme et son fils dans la bibliothèque de celte ville ^

M. Birt a réuni des renseignements précieux sur le classement des volumina dans ces grands dépôts. Là où il y avait des armoires, chacune d’elles portait un numéro" ; mais on s’est servi aussi de casiers (7rY,Y(iiaTa, lociilamenta), qui pouvaient couvrir entièrement les murs et monter jusqu’au plafond’ ; en pareil cas il est probable qu’on numérotait chaque case (loculus, nidus, fo/’iilus)’ ; on n’imagine pas qu’il pût en être autrement dans certains dépôts qui contenaient des milliers et des milliers de volumes ^ La fig. 7567 reproduit un bas- relief trouvé à Trêves au xvii" siècle et qui est aujour- d’Iuii perdu ; on y voit les rouleaux empilés les uns au- dessus des autres et rangés par cases ; plusieurs portent, suspendue à leur extrémité, une étiquette destinée à recevoir le titre ; un homme en tient un, qu’il remet en place’". La case de gauche paraît avoir été faite pour contenir dix-huit rouleaux en trois rangées de six, superposées". Pour les ouvrages d’une très vaste éten- due, chaque case devait correspondre à une de ses grandes divisions ; ainsi les Annales de Tite-Live com- prenaient 142 livres, soit 142 rouleaux ; on n’aurait jamais pu s’y reconnaître ni les prendre en main com-

Fig. 7507. — Rouleaux rangés dans les casiers.

modément, si l’ensemble n’avait été divisé par groupes : d’où les décades, ou séries de dix rouleaux, dont chacune occupait une case portant un numéro, de l à XV. Il semble aussi que la série de cinq, ou pentade, ait été quelquefois employée. Au lieu de rangées égales on pouvait encore former, sur les tablettes des armoires, des pyramides par cinq ou par dix rouleaux, dont cha- cune représentait soit un ouvrage, soit une de ses

Vlll (1905), Beiblatt, p. 297 ; IX il’JOO), Beibtatt, p. 59. Uisposilious à peu prés semblables à Pergame. Timgad, Rome, Ponipéi ( ?), Herculanum ; plans et des- criptions dans Gagnât, /. c. — 4 Vitr. VI, 4, l : usus matutinum postulat lumen, item in bybliothecis libri non putrescent. - 5 Plin. Episl. X, 81. - 6 Vopisc. Tac. 8, 1 : in bibliotheca Ulpin, in armario sexto, librum elephantinum. Birt, np cil. p. 243 ; cf. Vitr. Vil, l ; Sencc. Tranqu. au.i,6.— ’ Senec. op. cit. 9,7 ; Cic.AdA». IV, 8>; fl.yesÉ. XXXII, 52, 3. - 8 .Mart. 1,117, 15. - 9 C2000 eliei le savant Sammonicus Serenus : Capitolin. Gordian. 18, 2 ; cf. Suid. ». i). ’EraofdSuoî. — 10 Birt, Op. cit. p. 247, Bg. 159, d’après Brower et Masen, Antiguil. et annal. Trevir. lihri XXV, Leodii (1671), I, p. 105. - " La case de droite est proba- blement mutilée. Le dessinateur de 1071 a iuterprété à sa façon le costume du personnage ; mais laulb-nlicilé du monument ne peut être m.se en doute.