Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/358

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trat, un pacte très net entre l’homme et la divinité, il convient maintenant d’examiner dans quelles circon- stances riiomme proposait ce contrat, quels en étaient les termes les plus fréquents, par qui et comment le pacte ainsi conclu était mis en pratique.

Quelles faveurs l’homme, dans ses vœux, demandait- il le plus souvent à la divinité ?I1 faut ici distinguer les vœux privés et les vœux publics. Les vœux privés dont le souvenir a été conservé sont très nombreux et fort variés. Il est possible cependant de les grouper en catégories : vœux relatifs à la santé, soit du personnage qui contracte le vœu, soit de ses proches, femme, enfants, etc. ; — vœux relatifs au retour, soit d’un voyage lointain, soit d’une expédition militaire ; — vœux relatifs à la réalisation de quelque ambition, telle que l’accès à une magistrature élevée ou à un sacerdoce ;

— vœux d’esclaves aspirant à la liberté, etc., etc. ’. Parmi les vœux publics, contractés pour le bien de la

ville ou de l’État, dont les documents font mention, les uns furent exceptionnels, les autres devinrent pério- diques. La Grèce ne semble pas avoir connu les vo’ux périodiques, qui furent institués d’assez bonne heure à Rome. Les vieux publics portaient, en général, sur l’issue heureuse des guerres entreprises ou des négociations engagées- ; l’histoire de Rome fournit en outre plu- sieurs cas particuliers : vœux pour la fin d’une sécession de la plèbe " ou d’un tumullus ’, pour l’apaisement de discordes civiles^ ou d’une sédition militaire S pour l’approvisionnement de la ville en cas de disette’. Kn de telles conjonctures, le rite du vœu était pratiqué pour solliciter la protection divine contre des périls particu- lièrement graves. En outre, l’esprit religieux des Romains eut recours au même rite pour assurer la pros- périté courante et normale, pourrait-on dire, de la cité. Chaque année, en prenant possession de leur charge, les consuls s’acquittaient des vœux contractés un an plus tôt parleurs prédécesseurs et contractaient à leur tour des vœux analogues pour l’année qui commençait. Cette double cérémonie, so/ulio et numapatio volorum, s’adressait à Jupiter Optimus Maximus et avait lieu au Capitole ’. A partir de l’année 30 av. J.-C, les rola annua furent contractés pour le salut de l’empereur ; la date indiquée par tous les documents est le 3’= jour avant les nones de janvier’. Le texte même de ces vœux nous a été conservé par les Actes des Frères .rvales ’". La solutio et la nuiicupatio en étaient pratiquées par les magistrats et les collèges sacerdotaux de l’État romain". Outre les vœux annuels, Rome imagina, dès l’époque républicaine et sous l’Empire, des vœux à plus longue échéance. Dès la fin du ni* siècle avant l’ère chrétienne, Tite-Live mentionne des vœux quinquennaux et des vœux décennaux. En -111, sous le consulat de C. Flami- nius et de Cn. Servilius, le préteur urbain M. .Vemilius, après avoir fait célébrer des ludi inar/ni, lit vœu que ces mêmes jeux seraient célébrés in (juinijuennium ’-. En 207 le dictateur T. Manlius Torquatus voua aussi in inser/uens lustt’um des jeux et des sacrifices ; en 202 le vœu fut accompli ". De même en 217, à la

ï A. Deilaxchi,]lcultoprivatodiIïomaantic(ji,p. 171 sij. — ^Ct. supra, p. 97u si(

— 3 Liv. IV, 12. — ILiv. IV, 37. — 5 Plut. Camill. 42 ; OviJ. Fasl. 1, 639 el sq.

— 6 Liv. XXII, 33 ; XXVIII, 38. — 1 Dioo. Ualic. VI, 17. — 8 Bouché-Lcclercq, ifaii. d. Imt. rom. p. 59. — 9 Dit/est. L, 10, i33 ; Corp. inscr. lai. |2, p. 305 ; Aela Fratr. Arvai. éd. Ilcnxcn, p. 89 et s«|. — li* Cf. supra, p. 971. — U Tacil. annal. XII, M ; XVI, ii ; Uio Cass. LIX, 3. — 12 Liv. XXVil, 33, «. — 13 Jil.

suite de nombreux prodiges, le préteur C. Atilius Ser- ranus contracta des vieux décennaux ’*. Dans l’un et l’autre cas, que l’échéance du contrat passé avec la divi- nité fût à cinq ans ou à dix ans, la formule du vœu était : si per quinr/uennium iUud respuhlica eodem statu fuisset ’S si in decem nnnos respublica eodem slr- tissetstatu^^. Comme les t’o^a annua,es rola quinquen- nalia et les rota decennalia continuèrent d’exister sous l’Empire ; ils étaient contractés pour le salut et la pros- périté de l’empereur et de la maison impériale ; nous en avons au moins la preuve formelle pour les rota decen- nalia ’ On a cru que ces vota decennalia en faveur des empereurs avaient été institués parce que les pou- voirs suprêmes d’Auguste lui furent renouvelés à plu- sieurs reprises pour dix ans, et l’on a fondé cette opi- nion sur certains passages de Dion Cassius" ; mais il n’est pas question de va^ux dans le texte de l’historien . il est seulement fait allusion à des fêtes (le terme employé est àiôpTairavj célébrées à la fin de chaque période décennale. Il est possible qu’au cours de ces fêtes des vieux fussent prononcés en faveur de l’empereur ; mais les rota decennalia sont beaucoup plus anciens el, comme les cota a«/u<a, remontent à l’époque républi- caine. Les monnaies impériales mentionnent les rota decennalia à partir d’Antonin le Pieux [^decennalia]. On connaît aussi des vota quindecennaiia et des rota ricen- nalia, dont le caractère est analogue à celui des vota quinquennalia et decennalia [vicennalia].

Par l’institution des vœux périodiques, annuels, quin- quennaux, décennaux, etc., la piété romaine plaçait ainsi la cité, plus tard l’empereur et la maison impé- riale, sous la protection continue de la divinité ; le rite du vœu, exceptionnel ou du moins temporaire chez les particuliers, acquérait ainsi, en faveur de l’État et de ceux qui le représentaient, une valeur pour ainsi dire permanente, dont l’efficacité se trouvait sans cesse renouvelée et comme ranimée.

Les effets du rœu. — En échange des faveurs nette- ment définies et de la protection générale que l’homme demandait à la divinité en contractant ses vœux, que lui promettait-il ? Comme il est naturel, il pensait surtout aux cérémonies du culte, à la construction, à la décora- tion des sanctuaires. Des sacrifices, souvent considé- rables (des hécatombes), des oll’randes, des processions, des jeux ; des temples, des autels, divers ornements destinés à l’embellissement du sanctuaire ", un terri- toire ou encore une augmentation du domaine sacré ^° : voilà une catégorie fort abondante d’actes ou de dons votifs que nous font connaître les documents. A Rome, beaucoup de temples furent construits à la suite d’un vœu, beaucoup de jeux furent donnés pour la même raison. Quant aux olïrandes votives, elles s’entassaient dans tous les sanctuaires ; on en trouvera l’énumération au mot DONARiiiM ’•'. Parmi ces ex-voto de caractère cul- tuel, on doit une mention particulière aux chevelures, que lesjeunes gens et les jeunes filles promettaient de consa- creriiladivinité(fig.2.ji3j^’-,aux dépouilles des ennemis, quel’ondisposaitentrophéesfïROPAEUM], ainsi qu’àladîme

XXX.i, 27. -I*M. XXI,62. — 15 /rf. XXX, 27. - ’«/</. XXI, 02 ; cf. XLII, 28.

— r-ActaFratr.Ari}al.ii.Kemea,f. 100107 ; Ann. ly-ii/r. (912, ii»33. — I»L11I, 13 ;LVIl,2i ; LVlll, 24. — 19 Coi-p. inscr. lat.W, 1 38 1 tp. 970 ; cf. Dessan, /nscr. lat.’sel. 4283 ; Corp. inscr. lai. XII, 354 ; Inscr. ijr. ad r. Itom. perlin. I, 1358.

— 20 /nscr. Graee.septentr. Vil, 1 (Mcgar. el Boeot.), 413 ; Corp. inscr. i/raec. 3103.

— -il II, p. 308 el sq ; cf. HV188A, l. Il, p. 1U24. — 2i /nscr. yraec. XU {Insulae),