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comportent de notables divergences *. La chronologie de ce groupe fait remonter vers le milieu du iv« siècle le commencement de la fabrication^ ; celle-ci dure au moins jusqu’au milieu du m" siècle av. J.-C. et se pro- longe sans doute encore plus lard. Une branche détachée de celte industrie a produit des vases à inscriptions tracées en blanc jaune ou même dorées, ou en blanc sur le fond noir. Ce sont les phiales et petits vases dits à « pocolom « (lig. 2535). Ils ont, comme les autres, des origines grecques et leur point de départ dans des pote- ries hellénistiques, portant des noms de divinités aux- quelles le vase était dédiée] [Afrique punique. — Voir ci-dessus, p. GiG.] [Expagne. — Voir plus haut, p. (533. ] Fin du décor peint. — On ne croit plus à la vieille théorie qui voyait dans le sénatus-consulte des Baccha- nales (186 av. J.-C.)’ la cause de la disparition des vases peints Au début du n’ siècle ce système de décor vé- gétait, battu en brèche, depuis plus d’un siècle,- par la grande vogue des vases à reliefs ; et s’il a persisté peut- être jusqu’à la période de l’Empire romain sans dispa- raître complètement (nous avons vu qu’on le pratiquait encore au temps d’Hadrien), on peut dire qu’il fut virtuellement abandonné après le ii" siècle av. J -C. Les trouvailles récentes de Tchandarli ’^ montrent bien ce qu’était devenue la céramique dans les pays grecs aux premiers siècles de noire ère : les vases à décor peint ont disparu, complètement supplantes par la poterie imitée du métal. La transformation du goût et l’essor économique de l’Italie ont eu raison de cette industrie, dont, pendant trois millénaires, nous avons pu suivre l’évolution ininterrompue dans le bassin méditerranéen.

[-2° LES VASES PLASTIQUES". —Dans cette indus- trie, le céramiste s’est rapproché plus du modeleur et du sculpteur que du peintre ; le décor peint, quand il existe, n’y est qu’accessoire. La technique s’en ressent ; bien souvent on a abandonné le coloris usité sur les vases peints, pour adopter franchement les engobes et les tons des terres cuites.

Aux origines, dans les pays orientaux comme en Grèce, il semble que le point de départ ait été, par une sorte dintention fétichiste et magique, l’idée de multiplier dans la maison les vases en forme d’animaux pour ajou- ter à la richesse et à la prospérité du foyer constitué, car l’image façonnée appelle les réalités vivantes et force pour ainsi dire la nature à imiter le travail de l’homme*. En edet, en Élam ° comme dans l’Egypte préhistorique ’", le premier souci du primitif a été de donner à ses instruments et objets familiers, eu particulier à ses

[’ Ibid. p. 195. — 2 Ibid. p. 120 sq. Sur le» origines de ce genre qui rcnionlc au Ti’ siècle, cf. Urc, Dlack i/laze poltery, p. 3S sq. — 3 Rayel-Colligiion, (îg. liT ; Cil. Picard. .Mélanges de l’École de Dôme, XX, l’ilO, p. ’.19 ; /(eu. arch. 1U13, II, p. 17V.] — l Ouruy, llisl. des Humains, II, p. il sq. — 6 Oc Wille, Éludes sur

les ras’S peinlt, IS’iS, p. 11’.' ; cf. Polli>T, Cnlahiinc rns. p. 51. es.

Loesclickc, .4M Mill. ’Jli, p. 34V. — [■ : Sur celle cal< !goric voir (j. Trcu, Tliongefaes>e in Slatiielten iind Dûslenform (XXXV" Programm zum Winckelmannfesle, Bnlin, IS :.ï) ; Klein, Die l’iaslcn, dans Die griech. Vas. mit Meiftersignat. p. JIV ; Ra<et-i :ollignon. Céramig. grecg. p. 270-i78 ; Wailers- Bircli, llist. of nnc. potterg,l,p. i9i ; K. Pollier.dans Mon. et mém. de la Fonda- tion Piot, IX, p. 135, pi. Mil et iiv. — 8 Voir le résumé d.ins l’ollier, iJiphilos, p. 16 sq. : pour l’exposé de la lliéoric, S. Heinacli. Cultes, mythes et religions, I, p. 8G, IÎ5. cl le livre de E. Grosse, Les Débuts de l’art (Irad. Marillier, ItiOi) ; cf. Uconna, dans L’Homme préhistorique, 1913, p. 30">. — s Voir lo lome XIII de» Mémoires de la Délégation en Perse, pi. xxivii. xxxviu. — 10 Voir Caparl, Les Débuts de Cart en Egypte, p. lOÎ, fiff. 69, 70 ; p. IV7 «q. ; p. 18 V, fig. 130 ;

récipients de pierre ou d’argile, l’aspect d’un animal, soit domestique, soit comestible, soit protecteur, pour des raisons superstitieuses : béliers, taureaux, oiseaux, cynocéphales, rongeurs, crapauds, scorpions, ser- pents, etc. Il est remarquable aussi que de très bonne heureons’estattachéàreproduire les formesde la femme, parce qu’elle est, avec le bétail, un élément fondamental de la riciiesse productive ; en procréant les enfants, en gardant la maison et en soignant les animaux, elle est, dans la période de la vie agricole et pastorale qui succède à la période de chasse, une garantie contre la mauvaise fortune et l’anéantissement de la race. Nous voyons donc, dans les plus anciennes œuvres de l’Élam et de l’Egypte, les représentations de femmes prendre place à côté de celles des animaux, et souvent aussi on leur donne la destination de vases".

Les mêmes idées et les mêmes créations se retrou- vent dans les civilisations très anciennes d’Ilissarlik en Troade ’-, de Yorlan en Mysie ", de Chypre  : les vases en forme d’animaux et de femmes y sont fort usités. La Palestine a fourni des poteries analogues ’^ On peut donc en conclure que durant tout le troisième millénaire avant notre ère ces croyances, qui avaient pris nais- sance en Orient à une époque plus reculée encore, ont favorisé une fabrication intense des vases plastiques : ceux de la Crète, de la Grèce, de l’Italie ne furent ensuite qu’un dérivé et une prolongation de ces très anciens usages.]

[. Théra (Santorin i les cenochoés peintes à bec ren- versé et mamelons saillants sur la panse (fig. 7^57) n’évo- quent plus que de loin la structure féminine d’où elles sont issues ’". Dans les Cyclades,à Milo, les vases de l’époque néolitiiique, à décor incisé, répètent volontiers, comme à Chypre, les formes animales. Mais c’est surtout en Crète et à Mycènes que ces formules artistiques ont reçu le développement le plus abondant et l’exécution la plus parfaite. Les trouvailles deSchlieman etd’Evans ont rendu célèbres les vases qui, en argile ou dans des matières pi us précieuses comme l’argent et l’or, expriment soit la forme complète de l’animal, cerf ", taureau bon- dissant " ; soit la tête seule d’un lion -", d’un taureau ’-', d’une vache -’^ d’un chien-"’ ; soit le corps d’une femme ^’, soit le buste d’un homme ’". Les céramistes s’em- pressent de copier avec plus ou moins d’art ces modèles (fig. 594i^. Dès ce moment, que l’on place entre le xv= et le .ii° siècle av. J.-C, le classique rhyton [ruvton] des Grecs est créé et l’art attique lui-même n’en modi- fiera pas la conception. Les vases plastiques émaillés (bustes de femme, prolomes de cheval et de bélier), trouvés à Enkomi de Chypre’-", et certaines fresques de

p. ISC lig. 137. — M Mém. de la Délég. t. c. pi. xxxix : l’.ip.irl, op. /. p. 155 sq. p. lO’J, lig. liV. — 12 Scliliemann, ilios, Irad. Egger, p. VI V sq. lig. 2V1 à iôl ; p. 739, fig. 1391 5i|. ; p. 073, fig. 1082 sq. ; cf. l’errol-Cliipiei, Dist. de lart, VI p. 818. 905. Pour l’exlonsion des « unies à visages a on Europe, voir lloeriics, Vrgcschichte in Europa (1898), p. 173 sq., p. SSC. 330. 507 à SIS. — U Colli. gnou, dans C. Itend. AcaU. Juscripl. 1901, p. 815. — IV Pollier, Vases antiques du Louvre, pi. G ; Catalog. vases peints du Louvre, p. 86, 100 ; Dipliilo^. p. 10 ; Perrol-Cliipiel. Hisl. de l’art, III, p. COi à 093. — 15 H. Vincent, Canaan, p. 315, 310. — lUDuinonl-Cliaplaiu, CA’aniiî. I,pl. I ; Pcrrol-Cliipici, VI, p. 908 ; cf. pour les Cycladcs, Uiimmler, Kteine Schriften, III, p. 56-57. — r £’.ri ;«ia(ions at Phij- lakopi, pi. iT,n7. _i8,/a/irA. /inMOII, p. 263. — 19 /(ci.aicA. lUOl, II, p. îio. — iIJahrb. Inst. I. c. pi. ii. — 21 Bull. corr. hetl. 1907, pi. 23. — SJ pcrroi- Cliipiei, VI, lig. 398. — i»/(fi>. arcA. 1904, II, p.216, 217. — avjlaragliiannis, .In/iv. Cretoises, 11, pi, 29. — !5 Jbid. pi. 50. — aBJlurray, E.Tcaralions in Cyprus, pi. 3. Pour la dalo, icexactcmcnt détcrriiinée p.ar Murray, cf. i’ouiscn, Jabrbuch des arch. Insl. 1911, p. 215.J