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Dans les inscriptions relatives à l’envoi de tliéores (épangélie ou annonce d’une fête à diverses cités), dont les fouilles de Magnésie du Méandre ont fourni tant d’exemples curieux ’, on mentionne fréquemment loctroi de xihiia aux théores ; ces ^évca, cadeaux per- sonnels en quelque sorte, sont distingués nettement d’autres dons : rètséaTiov (èviVtiov, UosTov èv’TTcov téXeiov), ofVrande d’une victime à sacrifier aux dieux ; l’IxÉ/Eipov (mut en relation avec Ixs/Eipi’a, la trêve qu’annonçaient les théores), argent destiné vraisemblablement à des saerifices ; l’àîrap/ïi, part destinée aux dieux-.

Les mêmes inscriptions nous ont donné de nouveaux exemples de la fixation, par loi ou décret, du montant des présents à distribuer aux envoyés étrangers ^ [uos- fitium]. Les expressions ex toù vôfxou, xh. vo[xi^dfAsva, etc. usitées en ce cas, sont un argument en faveur de l’expli- cation proposée pour une inscription alli(iue mentionnée ci-dessus *.

Mais c’est surtout dans l’expression f.ici çivta^, pour désigner l’invitation à un dîner officiel, que l’on ren- contre ce mot dans les inscriptions ; elle est particulière- laent fréquente en Âttique. A Athènes, comme dans la plupart des cités grecques, le banquet a lieu au Fry- taïuje, foyer de la cité, qui est d’ailleurs presque tou- jours explicitement désigné. On trouve aussi, au lieu du mot T :puTav£îov, des mots comme oau.iopY£Ïov (Cnidej, UpoSu-Etov (Rhodes), Ttâvôsov (Laodicée du Lykos) ’. On rencontre en Crète (et à Sparte à une époque tardive) des invitations aux syssities, aux repas en commun des ciloyens’. Le jour fixé pour le banquet (qui n’a lieu i|u’une fois^ est habituellement le lendemain du vote du décret honorifique (e’tç rjpiov) ; il y a d’ailleurs des excep- tions [cf. iiospiTiLMj. Il faut noter à Camarina l’invitation de théores aux xénia pendant toute la durée de leur séjour ’. C’est d’ailleurs une mesure qui se rencontre ailleurs fnosprnuM].

Le banquet, ayant lieu au Prytanée, a souvent un caractère religieux assez marqué ; on trouve l’expres- sion £T ! ri tepk sî ; xo itpuTavîtov ’. C’est le cas Surtout, comme il est naturel, pour les réceptions de théores ; les inscriptions de Magnésie du Méandre nomment par- fois les victimes que doivent sacrifier les envoyés’".

l/expression iiz : cévia est réservée aux hôtes étran- gers ; à Athènes on distingue soigneusement les çévia du SiÎTTvov, qui s’applique aux Athéniens. Toutefois, excep- tionnellement, des étrangers peuvent être invités au o£Ï7 :vov. M. Poland pensait que ce mot, appliqué aux étran- gers, était dùà une inexactitude ou à une négligence du rédacteur". M. Larfeld let c’est l’opinion la plus vraisem- blable et la plus généralement admise) y voit une marque

1 Cf. Otlo KerQ, Die Inschriften u. Magneaia ani MAander. L’ouvrage de Bœsch, 8 £w pot ,esl composé ea grande partie d’après les inscriptions de Magnésie (sur ces divers présents aui théores, cf. p. 73-82). — "- E.. très net de ces distinc- tions dans Inschr. c. Ma<in. 44 (réponse de Corcyre). — 3 Bœscli, op. l. p. 76, u. V ; p. 81. — * Inscr. Graec. H, 84. — ^ Pour les variantes telles que Ut -sr.v »e’..iiv tvtiav, à Athènes et ailleurs, cf. l’art, hospitidm ; Larfeld, Oriech. Epigr. 3* éd. p. :{9- ; Bœsch, op. t. p. li. Noter l’expression xaAcgat ~ t’ov Sôotov dans Jjtschr. V. Àlagn. 82, I. 13 (invitation de théores). Dans une inscription en l’honneur des juges étrangers venus d’. dro8 à Adramyltion (Inacr. Graec. Xll, 5, 722), â la ligne 14, ItX Uvtffixôv (employé aussi ailleurs) désigne le banquet, et à la ligne 16, ;£vi«. les dons d’hospitalité. Exemple le plus ancien de l’expression i^na.via à Athènes, Inscr. Graec. lA^ (454-3). — 6 Cf. Biesch, op. i. p. 72. —7 Cf. Corp. inscr. graec. 2354 : f ; « ipuTaW,*/ >a’t àïSp>iJ o. t ; «on«i, îj, :i,,„, (Crète). L’àv4^ !Tov opposé au r^uTavsTov ne peut désigner que le local destiné au repas public des ciloyens. Cf. Poland, op. l. p. 108. n. 21, et Vollgraf)’, B’jII. corr. hell. .VX.XIV, p. 345. n. 2. .Notons que celle hospilalilé piiMique n’est offerte qu’à un seul magis- trat (.i. !!’. ;! venant dans la cité amie ; s ris sont plusieurs, les autres rccou-

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d’honneur particulière ’-. Il n’y a sans doute entre les deux expressions oetTtvoi/et ;£vta qu’une simple différence de formulaire, mais aucune dillerence entre les deux repas ainsi désignés, puiscpie dans un même décret cer- tains des hôtessontinvitésÈTt’i oeï-itvov si ; aûpiov et les autres £711 ;évia s !;aûptov On trouve une seule fois la curieuse

expression iiA oeÎtivov elç itpuTaveïov, ETtî ;£vta sic aupiov ’^ ;

évidemment ici c’est une négligence du lapicide.

On cite parfois ’^ un décret en faveur d’Arybbas, roi des Molosses, expulsé par Philippe de Macédoine et accueilli à .Vthènes", pour montrer que l’expression iirl Ô£ !Ttvov, employée en parlant d’un étranger, indique l’intention d’honorer particulièrement un hôte distingué : en effet Arybbas est invité km osî-ir/ov et ses compagnons èiti^Évia pour le même Jour. Mais le cas semble avoir été mal compris ; car le titre de citoyen est conféré à Arybbas dans les premières lignes subsistantes de cette même inscription (dont le début est mutilé), où’ on lui confirme les distinctions décernées autrefois à son père et à son aïeul, et la restitution... [•}] TtoXixjEia vj Zat((s(x [tw TtaTpî]... peut être considérée comme certaine. En outre, on spécifie plus loin que, si Arybbas est victime d’un meurtre, il sera vengé « comme les autres Athéniens » ; il est donc citoyen, et par suite invité au Ssîitvov ; ses compagnons, restant étrangers, sont invités aux ;Évia ; et il estclair d’ailleurs qu’il s’agit ici du même repas désigm’ ? de deux noms dillerents, selon la qualité de l’hôte.

Dans tous ces exemples les présents ou le banquet sont oH’erts par FÉlat. Notons un cas particulier de çévia à signification « politique », offerts par des particuliers : Lysias raconte qu’à l’époque des Trente, quand Fau- sanias devint l’arbitre des partis athéniens, le roi de Sparte refusa les xénia des Trente, tandis qu’il accepta ceux que lui offrirent quelques-uns de leurs adversaires. Naturellement les Trente, qui étaient alors au pouvoir, faisaient ces présents non pas au nom de l’État (il eût fallu un décret du peuple), mais au nom de leur parti, it titre privé. 11 y a là, si l’on veut, quelque chose d’in- termédiaire entre les xénia officiels et l’hospitalité privée.

En tout cas l’État n’obligeait jamais les particuliers à remplir les devoirs de l’hospitalité. Dans l’inscription d’Argos que nous avons citée (traité entre Cnossos et Tylissos) on lit (1. 20 sq.) : al Sa pià Soïev çsvta, poXi

Inixykxo àûxtov SÉxa araxéoov auTÎxa Ètt’i xoufxo ;. M. Vollgralf

traduisait : « Si quelqu’un refuse l’hospitalité, la poXà £7t !xo(7fjLùç lui infligera à l’instant une amende de dix sta- tères » ". Mais à la suite de l’étude de M. Wilhelm’" et de remarques communiquées par M. Homolle, l’éditeur a modifié sa lecture (en lisant êtt’i xod.uoçen deux mots ; ^. Le

renl à l’hospitalité privée (1. 36 : >iiii)«.v Snii »al ISiStui) ; cf. le commentaire de Bœckh sur ce passage. — S Inscription de Co9 signalée par Bœsch, op. I. p. 72. Le cas est diirérenl de la distinction honorifique parliculièremenl fréquenle à Athènes après 340 environ, et qui consiste a ranger les étrangers (comme les citoyens) au rang des Aisitoi (nourriture perpétuelle au Prytanée), au lieu de les inviter à des civta. Cf. Larfeld, Bandb. rfer griech. Epigr. Il, p. 811. — 9 t’orp. inscr. graec. 11, itiZ’i* [Addenda et corrig. p. 985). Cf. Poland, op. t. p. 108. Inscr. de Pharos (île delà côte illyrienne). Ce sont des presheules de Delphes qu’on reçoit. La suite montre qu’il n’y a pas seulement sacrifices, mais ri’pas an Prylanéc. On remarquera que les hôtes sont nourris aux trais de l’Étal pendant tout leur séjour (t... ; i. naotii.Sï»i[ ;ai ; ). — 10 Bœsch, op. /, p.73. — " Op. (.p. 110. — ’2 Uandb. dcr griech. Epigr.il, p. 811. — n P. ex. /nsci-. Graec. Il, H 5. Cf. plus bas. — i*/nscr. Graec. U, iii ;n formiilam pteniorem n, dit l’oland.p.Hl. — Sic folind, l. c. ; Larfeld, l.c ; Lécrivain [hospitcdmI. — ’6 Inscr. thaïe . Il, 113. — n XVIll (sur la vente des biens du frère de Nicias), 13. — •* Bult. corr. hell. XXXIV, f.iil.-njnhreshefU, XIV, p. 207._2"fl-(«. corr. hell. XXXVII, 1913, p. 301. Dans cet article (p. 279-30 ;»i Vollgralf pnhlie nu uonvcau fragment de l’inseriplion,

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