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désigné que des mesures individuelles el successives, et non une disposition générale applicable à tous les cas’. Elle ne concernait donc que ceux qui venaient à Sparte sans but utile, personnages peu intéressants qu’un néologisme récent a appelés « les indésirables ».

Des règlements analogues dans leurs effets, et portant le même nom que la xénélasie de Sparte, paraissent avoir été en vigueur, à une époque que nous ne pou- vons déterminer, dans d’autres cités grecques où l’in- fluence dorienne se faisait sentir. C’est ainsi qu’à Apol- lonie d’Épire-, colonie de Corinthe et de Corcyre^, on expulsait, au dire d’Élieu, tous les étrangers, comme on le faisait, dit-il, à Lacédémone, tandis qu’àÉpidamne, cette autre colonie de Corcyre*, située un peu plus au nord de l’Épire, on pratiquait au contraire une large hospita- lité toute pareille à celle d’Atliènes. En Crète, où les Doriens restaient volontiers fermés aux influences du dehors, il n’est pas fait mention de mesures semblables à la xénélasie, mais par contre on défendait aux jeunes gens’, comme Lycurgue l’avait fait, de voyager dans les pays voisins, de peur qu’ils n’oubliassent ce qu’ils avaient appris chez eux. L’interdiction de séjour ne parait y avoir été prononcée, si l’on en croit Sextus Empiricus", que contre les professeurs de rhétorique.

Aprie> Krebs.

XÉXIA (Ti liviT.). — Ce pluriel neutre (xô iéviov est très rare) représente le terme usuel pour désigner, soit les dons d’hospitalité, soit plus particulièrement le repas d’apparat offert à l’hôte, habituellement le second jour. Le mot se trouve déjà dans Homère avec sa double signification. Il est employé pour l’hospita- lité privée comme pour l’hospitalité publique (récep- tion d’ambassadeurs, de Ihéores, d’étrangers de mar- que) ; celle-ci, d’ailleurs, dérive de l’hospitalité privée et suit les mêmes principes. On trouvera dans l’ar- ticle uospiTUM tout l’essentiel sur la question ; nous nous bornerons ici à préciser et à compléter quelques points.

Il faut noter que -à Una semble avoir parfois un sens plus général el signifier l’action de recevoir un étran- ger, l’exercice de l’hospitalité, différant ainsi de t, ;£vîa, qui désigne plutôt le devoir de l’hospitalité ’. Il aurait ce sens en particulier dans l’inscription, récemment découverte, relative à l’envoi annuel en Troade déjeunes Locriennes ; 1. 4 : çcvîcov [xr ; à7r£Àa09iu.£v xarà ;ev ;a< ; èXOovTa (passage où se voit l’opposition des deux termes) : « on ne refusera pas Ihospilalité à l’Aiantéen) qui viendra

• Sch.,.,.a,„.-..a,.iïky, û. c. I. p. .i(7, n. s. — 2 Aelian. Vnr. Ai»/. XIII, -16.

— 3 Slrab. p. 3lii C ; Scvranus. Periegesis, «8 s<|. — » Thuc. I, H ; Scyiiinus, O. t. 43+ sq. — i l’Iat. Protag. 342 d ; Schômann-Galusky, O. l. 1, p. 356.

— 6 Seil. Emp. Ath : Math. Il, 20. — Bibuocrapuib. L. de la Nauze, De la loi de* LacétUmoniens qui défendait l’entrée de leur pays aux étrangers (Mém. do l’Acad. dos ioscr. XII, p. 159 sq.) ; C. Cromc, Comm. de peregriiiorum éipud Lacedaemonios loco ac dtgnilate, DâsselâoTt, 1843 ; Sch&mann-Galuskv, Antiquilét grecques, 1, p. 317 sq., 335 ; Gust. AUingcr, Essai sur Lycurgue et tes institution», Ncuchàlcl, l !î9i. p. 33 ; Hermann-Thumser, Staatsaltertùmer, p. IS3 ; C. Trieber, Quaestiones taconicae, 1. De Nicolai Damasceni Laco- niciSt Berlin, 1667, où I’od Irouvcra réunis tous les passages qui concernent la xéni^lasie.

XKNIA. — I Cr. A.Wilbelm, Jahresheftedes oestcrr. arch. Inst. XIV, 1911, p. ii)7. Cf. J.-ll. Uoulton et G. .Milligan. Lexical notes from jiapyri, XVll, dans ’Expositor, 7i» séries, vol. IX. Londres, 1910, p. 266. — 2 Étude de celte inscription par A. Wilhelm, op. /. p. li.S sq. (sur le passage en i|ueslion, pp. Î06-8). Nikilikf, dans Journal Minist. Instr. publique. 1913, a de noufcau éludié fort longuement cette inscription ; l’article est en russe ; mais les principales leçons proposées sont reproduites par P. Koussel, Jlev. des H. gr. XXVII, 1914 [Bulletin épigr., p. 45i. — 3 Bull. corr. hell.

comme hôte ^. » Mais il n’y a pas de raisons de traduire

?éviapar « hospitalité, devoirs d’hospitalité », dans une 

inscription d’.^rgos (traité entre Cnossos et Tylissos) pu- bliée par M. Vollgraff’ et que M. Wilhelm semble citer à l’appui de son dire. A la ligne 20, l’éditeur traduit les mots otî 8è [il Soîev ;évta par « si quelqu’un refuse l’hos- pitalité ». Il vaut mieux comprendre ici iévta de la même façon que quelques lignes plus haut (1. 17i : ;évta itipîjç^Ev « donner des présents d’hospitalité » ’ ?

Le mot ;£v’.a se trouve dans des papyrus du m’ siècle av. J.-C, avec le sens de présents offerts à l’occasion de la visite d’un roi ou d’un haut fonctionnaire °.

Il conserve, à l’époque romaine, cette signification pré- cise : dons à des envoyés officiels, et aussi cadeaux de départ aux fonctionnaires d’une province [hospitium] ; il est employé ainsi dans les documents rédigés en grec*.

Sous l’Empire, en particulier, il est très ordinaire dans la vie privée ; il change légèrement de sens en se latinisant et désigne les présents offerts aux invités à la suite d’un dîner de cérémonie. Il est assez difficile de distinguer nettement les xéiiia des apopho- réla [apophoreta], usités à la même époque et dans les mêmes occasions. Faut-il entendre que les xénia s’offraient au début du repas ", tandis que les apophoreta (à7 ;o-(yopT|Ta) étaient les cadeaux que les convives empor- taient à l’issue du festin ’ ? Des « devises » accompa- gnaient souvent ces présents. On sait que Martial a composé toute une série de distiques répondant à cet usage : groupés sous le titre Xenia, ils forment le XIlIMivre de son recueil^ Le XIV’ livre contient des distiques semblables sous le titre Apophoreta ’". On peut remarquer que les épigrammes des Xenia de Mar- tial se rapportent surtout à des victuailles ; celles des Apophoreta à des objets plus variés, livres, etc.

Le mot îèvia, avec son double sens de présents et de repas, est surtout fréquent dans les inscriptions.

.u sens de présents", usité dans les diverses cités grecques, il est très rare en Attique. On cite habituelle- ment, comme unique exemple de présents offerts à des étrangers, un décret athénien assez mutilé ’^, où l’expres- sion Tx v£vou.i<ju.£va, d’ailleurs restituée, peut s’entendre de cette façon. Cependant, dans une autre inscription, iÉvia désigne nettement des présents". D’ailleurs plu- sieurs décrets, s’ils n’emploient pas le mot vi :x, men- tionnent des dons à des étrangers (invités d’autre part au Prvlanée) ".

XXXIV, 1910, p. 331 sq. (milieu du v siècle). — » Dans un uourel article (Bullet. corr. hell. XXXVll, 1913. p. 301), .VoUprafT traduit d’ailleurs le mùme passage par les mots : « En cas de refus d’accorder les présents ».

— ô Moultou et Milligan, f. e. — 6 Cf. poland. De légat. Graec. public, p. 113, n. IS. On ne saurait dire avec V. Bérard, /le arbitris inter liber. Graecor. cirit. p. 101, que l’usage des cîvta, dons oITerts par l’État (particulièrement aux arbitres^ soit un usage plus romain que grec et se soit répandu en Grèce à l’époque où les Romains inlerviurenl dans son liistoire (con/ra, P. Bœsch, Qnaaii, p. 76 et n. 3). — 7 Cf. l’auly. Healencycl. ( !•• éd.) s. r. Xenia ; — 8 Cf. APOPHORETA. Lcs apopliorcta étaient emportés par les convives à la fin du repas, enveloppés dans la serviette (> ainsi que les mets de la desserte «) ; cf. MarquardI,

Vie prière des Boniunis, trad. V. Henry. 1, p. 364 (Paris, 1892). — 9 Cf. Martial. XIII, 3 : Omnis in lioc gracili Xeniorum lurba libellolConslabit nummis quattor empta tibi. — i*^ Noter que les apophoreta suivent les xenia. — n Cf. Poland,

op. t. p. 112 sq. — 12 tnscr. Graec. Il, 84, 1. 7 ; tîjv Pau)lf,« ïitt(»i)i[,iSj ;v«ï St :» ; iv ta v..oi»ii>n]iv. 4-oSoSi ; faOxoiî]. Cf. 1. 3 : «vî.v. — H Inscr. Graec. V ; 38,î«.

— H Jnscr. (3* partie), I. 15 : t»» ; |>1> <n ;(xtii7où : 4>!o»s«iX«i c<v.« (Gn du m» siècle). Croec. I, Suppl. 116 c (p. 24) (don d’argent) ; IM, Ib (403-i av. J.-C.) (somme de 500 drachmes à un Samien, portée par ameDdemont à 1 000 drachmes).