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exécutée sous Hadrien, d’un original remontant au siècle d’Auguste[1]. Les douze signes y sont reproduits parmi d’autres constellations de l’hémisphère boréal et de l’hémisphère austral, dont nous trouvons ici les plus anciennes représentations connues. Moins intéressant, le globe de marbre d’Arolsen porte exclusivement le zodiaque entre l’aigle et le foudre, attributs de Zeus[2], et sur un autre, conservé au Vatican, la bande zodiaque s’étend au milieu de vingt-neuf étoiles[3]. Nous possédons d’autres fragments sculptés provenant de monuments analogues[4], et un certain nombre de sphères, avec l’indication plus ou moins sommaire du zodiaque, apparaissent sur des bas-reliefs[5] sur des peintures[6], sur des monnaies et des pierres gravées[7].

On avait appris aussi à projeter sur une surface plane la voûte concave du ciel, aussi bien que la surface convexe de la terre, et à y dessiner les constellations entre les cercles astronomiques qui la coupaient [astronomia, p. 492]. Nous n’avons conservé aucun de ces planisphères datant de l’antiquité, si ce n’est celui de Dendérah, qui est astrologique et non scientifique[8]. Mais les manuscrits du moyen âge donnent des reproductions de ces cartes célestes, copiées parfois avec fidélité sur des modèles antiques. Le luxueux Vaticanus 1291 du ixe siècle, contenant les Tables manuelles de Ptolémée, offre l’image des deux hémisphères, celui du zodiaque boréal et du zodiaque austral, partagés, non comme nous le faisons, par l’équateur, mais par la colure des équinoxes[9], et la même disposition se retrouve en Occident dans deux recueils astronomiques de l’époque carolingienne, preuve certaine qu’elle remonte à une tradition des écoles romaines[10]. Ces illustrations sont uniques en leur genre ; car partout ailleurs le ciel entier, ou du moins la partie qu’en connaissaient les anciens, est reproduite en un seul grand cercle, où les constellations boréales sont à l’intérieur du zodiaque, qu’entourent au contraire les constellations australes. Un certain nombre de ces planisphères ont été publiés et décrits d’après un manuscrit grec et plusieurs manuscrits latins[11].

Un fragment d’un disque de bronze trouvé à Salzbourg est précieux comme provenant du seul monument de son espèce qui nous soit connu à l’époque romaine. Il a appartenu à une de ces « horloges anaphoriques » que décrit Vitruve[12] [horologium, p. 262]. On y voit encore au-dessus de l’écliptique, limite du disque, la partie supérieure des Poissons, du Bélier, du Taureau et des Gémeaux et les constellations boréales voisines, Triangle, Andromède, Persée et Cocher[13].

Beaucoup de cadrans solaires indiquent les lignes zodiacales, c’est-à-dire les points qu’atteint l’ombre du style aux jours de l’entrée du soleil dans chacun des douze signes [horologium, p. 259], et une épigramme grecque décrit une horloge de bronze où ces signes étaient figurés par des images dorées[14].

Les planisphères ne sont pas les seules représentations de ces astérismes que les manuscrits nous aient conservées ; ils sont parfois figurés avec plus de détail, soit isolés, soit groupés. De bonne heure le poème


Fig. 7591. — Miniature d’un manuscrit de Ptolémée.

d’Aratus fut publié en éditions illustrées, dont les miniaturistes préféraient parfois, au dire d’un écrivain du iiie siècle, suivre leur fantaisie plutôt que de s’attacher à leurs modèles[15]. Il ne nous est parvenu aucun exemplaire enluminé du poème grec, mais des illustrations précieuses accompagnent les traductions de Germanicus, de Cicéron ou d’Aviénus, ou encore les scholies des Aratea ou les Astronomiques d’Hygin ou les extraits des Catasterismes, dans plusieurs manuscrits latins, remontait à des archétypes de la fin de l’antiquité[16]. Les manuscrits grecs d’astronomie ou d’astrologie offrent aussi des images peintes du zodiaque[17]. Nous reproduisons la plus curieuse de ces miniatures, tirée du Ptolémée du ixe siècle cité plus haut[18], mais dont on a pu démontrer avec certitude que sa composition date de

    Mithra, I, p. 90.

  1. Thiele a pensé à tort que cet original était la sphère d’Hipparque ; cf. Boll, Sitzungsb. Akad. München, 1809, p. 120, n. 2 sq.
  2. Gaedechens, der marmorne Himmelsglobus zu Arolsen, Göttingen, 1862.
  3. Amelung, Sculpturen des Vatic. Museums, II, 1908, p. 529 (Sala dei busti, no 341, pl. 66).
  4. Fragments à Berlin (Beschreibung der antiken Skulpturen, no 1050 A = Thiele, p. 42) ; à Larissa (Thiele, p. 171). Comparer la sphère magique citée infra, p. 1059.
  5. Clarac, 216, fig. 768 ; pl. 218 = S. Reinach, Répert. stat. I, p. 106, 1 ; 108, 1 = Fröhner, Sculpt. du Louvre ; nos 490, 337. Apothéose d’Antonin ; cf. infra, p. 1058. Buste de Commode, infra, p. 1054 ; Mon. mystères de Mithra, I, p. 88 sq. Zodiaque avec Scorpion autour de la sphère, dans une scène de divination d’un canthare de Berthouville ; Babelon, Le trésor de Berthouville, Paris, 1916, p. 106 et pl. xvi.
  6. Vase de Buvo (douteux), cf. supra, p. 1051 n. 2. Peinture de Pompéi, cf. supra, p. 1051, n. 7.
  7. S. W. Stevenson, A dictionnary of Romans coins, Londres, 1889, p. 928 ; cf. supra, p. 1051 n. 20 et astronomia, fig. 387.
  8. Supra, p. 1049. Le « planisphère » de Bianchini est improprement nommé.
  9. Boll, Sitzungsb. Akad. München, 1899, p. 118 sq.
  10. Cumont, Revue archéologique, 1916, I, p. 41 sq.
  11. Planisphère du Vaticanus graecus, 1087, s. XV, dans Boll, Sphaera. p. 92 et pl. 12 du Cod. Philippicus Berol. 1830, s. IX, dans Thiele, Himmelsbilder, p. 164 ; du Basil. A. N. IV, 8, de Germanicus dans l’édition d’Aratus de Maas, pl. 1. D’autres sont cités par Thiele, p. 103 sq. ; cf. Bethe, Rheinisches Museum, LV, 1900, p. 416 sq. : Cumont, l. c. p. 11, n. 2.
  12. Vitruv. IX, 8, p. 236 Rose.
  13. Jahresh. Instit. Wien, V, 1002, p. 100 sq. et pl. v ; t. VI, 1903, p. 32-49. Peut-être faut-il en rapprocher le disque, où est sculpté un zodiaque, figuré sur le médaillon contorniate décrit atlas, note 37.
  14. Paris et Delatte, Musée belge, 1913, p. 143 sq. ; cf. à Naples, Inscr. Graecae, XIV, 705 ; à Rome, ibid. 1307. L’ « autel » de Gabies (infra, p. 1036) est probablement aussi une horloge.
  15. Achille dans Maas, Comm. in Aratum, 1808, p. 80 § 3 : Ἐλύμηναν δὲ πολλοὶ τοῦτο τὸ ποίημα [illisible]… ἕκαστος αὐτῶν πρὸς τὸ βούλημα τὸ ἴδιον γραφὰς ἰδίας ποιούμενοι.
  16. Ces manuscrits ont été étudiés par Thiele, Antike Himmelsbilder, 1898. Ce sont notamment (p. 77-89) le Cod. Vossianus lat. saec. qto 79, IX, et le ms. de Boulogne 188, s. X, de Germanicus et d’Aviénus, où l’on trouve tous les signes sauf la Balance, dont Aratus ne parle pas (supra, p. 1050).
  17. Ainsi le Bononiensis 2280 (Cat. codd. astrol. IV, no  18) f. 267 v. , f. 334.
  18. Supra, note 9. La figure d’après Boll, op. cit. pl. 1, cf. p. 126 sq. Les signes du zodiaque sont figurés séparément, dans le même ms. ff. 22-37 (Boll, p. 124).